nationale affirmée. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement de populations
absorbées par les nécessités d’une dure existence de travail à la mine ou à l’usine
qui, depuis 1870, ont connu, chez elles ou à proximité d’elles, quatre changements
de frontière. Comment s’étonner, dans ces conditions, qu’un cinquième change¬
ment de frontière, surtout s'il aboutit à ressusciter une délimitation antérieure, ne
soit pas de nature à les frapper particulièrement?
Aucune objection sérieuse ne saurait donc être élevée contre une union de la Sarre
à la France et l’attribution à ce territoire, où domineraient désormais des intérêts
français, d’un régime d’administration spécial propre à sauvegarder ces intérêts. Le
nouveau statut sarrois se traduirait dans les faits:
A - Au point de vue économique, par:
1° - Une union douanière et monétaire;
2° - Une administration financière autonome;
3° - Le transfert au Gouvernement français de la propriété des houillères ainsi que
des intérêts allemands dans les grandes entreprises métallurgiques: Aciéries Roech-
ling de Voelklingen, Forges et Aciéries de Dilling, Aciéries de Neunkirchen,
Aciéries de Homburg, Forges et Fonderies „Halbergerhütte“ de Brebach', l’indem¬
nisation des ces expropriations devant rester à la charge de l’Allemagne.
B - Au point de vue politique et administratif par:
1° - L’instauration d’une administration centrale dont les cadres supérieurs seraient
français et les cadres subalternes mixtes et qui devrait, aussi rapidement que pos¬
sible, être entièrement bilingue.
2° - Cette administration dépendrait du Ministère des Affaires Etrangères et serait
dirigée par un Haut-Commissaire, assisté d’un Secrétaire Général, à l’instar de ce
qui existe dans les autres territoires relevant du Département. Il est nécessaire, en
effet, de confier l’administration de ces populations étrangères à des agents rompus
à la pratique de l’étranger, seuls capables d’éviter des erreurs psychologiques
graves et de pratiquer une politique d’assimilation souple et progressive. Pour ces
mêmes raisons, les fonctionnaires spéciaux, détachés des Administrations métro¬
politaines devraient, en règle générale, être originaires de nos régions de l’Est.
3° - Une représentation des intérêts sarrois sous la forme d’un Conseil Consultatif
librement élu.
3 Les intérêts étrangers étaient, dès avant la guerre, fortement représentés dans la métallurgie
sarroise: les Aciéries de Burbach appartiennent à la Société luxembourgeoise A.R.B.E.D.
(Aciéries réunies de Burbach, Eich et Dudelange), les Aciéries de saint Ingbert a la Société
Luxembourgeoise H.A.D.I.R. (Hauts Fourneaux et Aciéries de Differdange, Saint Ingbert et
Rumelange) d’ailleurs contrôlés par le Groupe français des Forges et Aciéries de la marine et
de Homécourt. Les intérêts français dominaient totalement dans les Forges et Aciéries de
Dilling (Groupe de la Marine et Homécourt), dans les Forges et Fonderies „Halbergerhütte“
(Forges et Fonderies de Pont-à-Mousson) et étaient représentés dans les Aciéries de
Neunkirchen (Aciéries du Nord et de Lorraine). [Anmerkung aus Originalquelle]
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