saire décentralisation des services dans l'espace transfrontalier pense bien évi¬
demment à donner de l'autonomie aux agences locales pour l'emploi (ce qui est
difficilement compatible dans une logique d'ANPE), et des pouvoirs effectifs à la
commission intergouvemementale Saar-Lor-Lux, sous-estimant le fait que cette
commission régionale, si on veut lui donner des moyens effectifs, touche à
l'organisation d'ensemble des pouvoirs publics en France et au Luxembourg.
D'autres difficultés viendront de l'approche différente en matière d'élaboration des
politiques économiques qui doivent conduire à l'intégration régionale. Faut-il
intervenir par la loi, la négociation paritaire entre partenaires, aboutir à des
conventions? Si le contrat entre partenaires est vital en Allemagne, les syndicats
français restent plus favorables à une approche légaliste de la protection sociale.
La loi, estime-t-on, permet de mieux fixer des droits acquis que le contrat, qui
peut être remis en question en fonction des aléas de la conjoncture. En revanche,
le système de la cogestion, qui autorise les différences de situation, est une
pratique difficilement applicable en France. Un débat se met également en place
- et cela dans les trois Etats - pour savoir quelle est la meilleure structure de
défense des salariés. La structure confédérale ou les fédérations professionnelles?
Les puissantes fédérations des métaux ou des mineurs estiment qu'elles sont en
mesure de pratiquer une coopération directe pour défendre de manière cor¬
poratiste leurs intérêts. Après tout l'espace transfrontalier ne repose-t-il pas sur te
charbon, le fer et la sidérurgie? Dans ce contexte, 1' IG Metal 1 Saar cherche sou¬
vent à imposer sa vision au DGB, comme les Fédérations des Métaux de la
CFDT ou de FO s'imposent au sein des Unions Régionales. Soucieuses d'une
démarche plus politique et d'un accompagnement d'ensemble de la reconversion
industrielle, qui permettent aux différentes composantes de s'exprimer, les struc¬
tures confédérales ont du mal à tenir la barre face à ces puissantes fédérations qui
fournissent l'essentiel des militants et des moyens. Le dialogue entre mineurs
lorrains et sarrois passe alors souvent au-dessus des instances confédérales.
Les orientations et les calculs politiques ne sont pas absents dès la constitution
du CSI. Un exemple permet de l'illustrer. A ceux qui souhaitaient intégrer la
CGT dans ce dialogue transfrontalier, FO répond par un veto. 11 faut pour Force
Ouvrière que la CGT renonce à participer à la FSM (Fédération syndicale mon¬
diale d'obédience communiste). Le syndicat allemand chrétien CGB n'est pas
sollicité pour faire partie du CSL Dans ces conditions que peut attendre de cette
structure la CFTC qui aurait souhaité l'adhésion du syndicat chrétien? Ou encore
la CFDT qui pratique l'union avec la CGT en France?
Difficile également de s'entendre lorsqu'au début des années 1980, lors de la
crise des euro-missiles, les syndicalistes allemands sont sensibles au pacifisme,
alors que certains syndicats français (FO en particulier) sont à priori beaucoup
plus atlantistes. La question de l'énergie nucléaire (Cattenom en est un exemple
parlant) soulève les mêmes approches différentes, il est dès lors patent que les
succès du CSI viendront davantage de sa capacité à approfondir le dialogue
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