bien définis et divergeants suivant la langue, la religion, l'ethnie et la culture, une
tension qui fait ressentir la frontière comme phénomène historique et individuel.
Dans sa conférence sur "Les définitions de la frontière et de ses marquages en
italo-roman et en gallo-roman", le philologue Max Pfister (Sarrebruck) a repris
cette même idée lorsqu'il a montré, de façon très précise à l'aide de définitions
différenciées dans certaines langues, à quel point les concepts historiques des
frontières sont individuels. L'historien Reinhard Schneider (Sarrebruck), de son
côté, a analysé, dans son exposé "Les frontières linéaires. De l'époque
mérovingienne au bas Moyen Age", les bases et premières évolutions d'un concept
de frontières politiques, qui deviendra dominant à partir de l'apparition de l'État
absolutiste, au XVIIe siècle. Il s'est avéré, avant tout, que des frontières linéaires
ont déjà existé au Moyen Age, et cela en Europe orientale et occidentale.
Trois autres conférences ont rendu compte de l'histoire de la frontière franco-
allemande en Sarre et en Moselle, et cela sous les points de vue archéologique,
linguistique et d'histoire générale. L'exposé de Frauke Stein, de Sarrebruck,
spécialiste en proto- et préhistoire, a sondé les trouvailles archéologiques de
l'antiquité tardive et de l'époque mérovingienne pour en extraire leur témoignage
ethnique. La situation de la colonisation par Romans et Francs se déduisant des
sources archéologiques, peut-elle être considérée comme condition essentielle pour
la formation de la frontière linguistique franco-allemande? Dans un travail
comparatif, Wolfgang Haubrichs (Sarrebruck) a cherché une réponse à la question
de savoir si les frontières linguistiques linéaires se développent toujours en
fonction de zones d'interférences bilingues et de structures dispersives. Les trois
zones de contact entre la Romania et la Germania qu'il avait choisies comme
exemples (pays de Salzbourg, Suisse, Sarre et Moselle) semblent indiquer que,
depuis le début, à côté de structures dispersives, on trouve aussi des secteurs
linéaires de frontière ce qui demande encore une explication historique plus
approfondie. L'historien François Roth (Nancy) a étudié, dans son exposé sur "La
frontière franco-allemande 1871-1918", le 'Reichsland' Alsace-Lorraine, époque se
situant entre la guerre de 1870/71 et la Première Guerre mondiale. Cette époque
est de grande importance pour la compréhension de la complexité de la situation
actuelle (divergeance des frontières politique et linguistique), tout comme de la
situation d'une région bilingue qui était obligée de vivre dans le champ conflictif
de deux nations ayant élevé la langue comme on élève un étendard.
Les exposés suivants ont comparé la situation en Sarre et en Moselle avec celle
d'autres zones de contact et d'interférence en Europe. Volker Bierbrauer (Munich)
a examiné, sous le point de vue de l'archéologie de colonisation, les procédures
répétées et réciproques de superposition de Romans et Lombards dans la région
frontalière des Alpes centrales, aux Vie et Vile siècles. Guntram Plangg
(Innsbruck) a présenté la genèse graduelle et extrêmement complexe des frontières
linguistiques dans la Romania alpine du Tyrol (en particulier dans la région de
contact entre Ladins, Italiens et Bavarois, au Sud-Tyrol méridional). Elle a duré
des siècles, et aujourd'hui encore elle ne s'est pas arrêtée car, dans son dynamisme,
elle est dépendante de facteurs politiques. Ernst Eichler (Leipzig), sans doute le
chercheur le plus renommé des dernières décennies dans le domaine des contacts
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