redevable de 22 gros (monnaie de Lorraine)22 mais, la composition des trains ayant
évolué depuis la codification des droits, le receveur exige un supplément -
fréquemment de 11 gros - pour 457 corroyés plus grandes que d'ancienneté (sur un
total de 667). Pour 4 d’entre elles, il est précisé en 1494 qu’elles sont plus grandes
de deux planches sur chaque petit bosseP-3. Quant au mairien, il est tarifé à 3 gros
par bosset. Quoique l’espèce ne soit jamais précisée, on peut admettre que le sapin,
largement répandu dans le massif vosgien et seul mentionné dans les comptes
sierckois, occupe de loin la première place.
L’importance du trafic dépend tout à la fois de l’ampleur des coupes dans le massif
vosgien, de la demande en aval et des conditions météorologiques fort variables
d’année en année: minimum de 11 impositions en 149224, maximum de 33 en 1489
(Tableau I). L’activité fluctue aussi selon les saisons: le froid et les glaces arrêtent
plus ou moins durablement le flottage en hiver, celui-ci reprend au printemps avec
la fonte des neiges mais peut alors être entravé ou interrompu par de hautes eaux, la
sécheresse estivale risque de faire échouer les trains25. Avec un total de 317
impositions en 17 exercices - moins de 20 par an -, l’échantillon se prête mal à un
traitement statistique.
Au cours de 134 mois de flottage, 5 seulement comptabilisent plus de 5 passages
(maxima de 8 en mai 1489 et juin 1493). La faible amplitude du trafic est facteur de
biaisage. Quelques tendances néanmoins se dégagent. L’animation culmine en mars
(48 taxations au total, soit 15,1 %). Avril (9,8 %), mai (10,7 %) et juin (10,4 %)
prolongent ce temps relativement fort. Ces quatre mois interviennent ensemble à
concurrence de 46 %. Le creux estival est nettement marqué: 3,2 % en juillet, 5,4 %
en août. A 11 reprises, aucun bois n’est imposé au cours du premier mois; 8 fois, au
cours du second. Les voiles demeurent rares en septembre et octobre. Si le trafic
récupère quelque peu en novembre (14,2%), le constat s’assortit d’exceptions:
aucune flotte en 1476 (pour des raisons politico-militaires), 1479, 1480, 1488 et
1499. Un nouveau recul s’enregistre en décembre (8,5 %), prélude aux piètres
scores de janvier (4,1 %) et février (5,4 %)26. A respectivement 8 et 7 reprises,
aucun passage de bois n’est consigné au cours de ces deux mois.
Il s’en faut que les profils annuels correspondent à ces données moyennes. Aucun
exercice n’accuse une activité ininterrompue: maxima de 10 mois en 1481, 1489,
22 Édition du tarif en vigueur en 1479/80: O. SCHWEYER (voir note 9), annexe III.
A Raon-l’Étape, pour les voiles qui se chargent, on exige au XVIe siècle 2 gros par 100 planches (M.
Schneider (voir note 10), p. 67). A propos des multiples péages établis sur la Meurthe entre Raon et
Nancy: ibidem, p. 79.
23 Quelques taxations mentionnent le nombre approximatif de planches par corroyé (sans supplément de
droit): en 1489, 650 planches pour deux corroyés (à deux reprises), 1100 planches pour deux autres,
1400 pour trois autres; en 1495, deux corroyés totalisent 1600 planches; trois autres, 2200.
24 On ne tient pas compte ici de l’exercice 1476 totalisant 4 passages dont aucun, du fait des guerres
burgondo-lorraines, postérieur au 8 juin.
25 O. GUATELLI (voir note 13), p. 30-31. Dans le massif ardennais, pour la qualité du bois et sa bonne
flottabilité, l’abattage se faisait en l’absence de sève, c’est-à-dire entre fin octobre et fin janvier (L.
Marquet, Le flottage du bois, in: Enquêtes du Musée de la Vie wallonne 13 (1978), p. 171).
26 Sur la Meuse moyenne, les trains de bois ne passent presque jamais en hiver, particulièrement en
janvier. Ils descendent essentiellement au printemps et en été (M.-L. FANCHAMPS, Le commerce (voir
note 4), p. 292).
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