Stefanie Woite (S. 159-178)
La construction de la gare de Metz au centre des intérêts divergents de la population,
de la municipalité et des pouvoirs publics du Reich (1898-1908)
Le démantèlement d’une partie de la fortification, décidé en 1898, fut le point de
'départ de l’agrandissement de la ville. Aussitôt, la municipalité commença à élaborer
des plans d’aménagement pour mettre en valeur les nouveaux terrains acquis. Cepen¬
dant, il y avait encore des autorités plus puissantes engagées dans la planification. Les
militaires, en accord avec la Direction des Chemins de fer, exigeaient, pour des
raisons stratégiques, un remaniement du réseau ferroviaire et la construction d’une
nouvelle gare. Ainsi, non seulement les grandes perspectives de l’urbanisme à Metz
étaient indissolublement liées à des contraintes militaires, mais la réalisation ar¬
chitecturale de la gare comme objet de prestige revêtait une signification nationale.
Les projets des chemins de fer prévoyaient l’implantation de la nouvelle gare au
milieu du terrain que la municipalité voulait réserver à la construction de grandes
rues commerciales et résidentielles. Dès que ces intentions, d’abord gardées secrètes,
furent connues, une protestation de plus en plus vive s’éleva à Metz. Pour combattre
ces projets un rapprochement s’effectua entre les autochtones et les immigrés qui
auparavant avaient formé deux groupes antagonistes. Les intérêts communaux furent
aussi défendus par toutes les autorités civiles du Reichsland qui constituèrent ainsi
une alliance contre le cartel des militaires et la Direction des chemins de fer. Finale¬
ment, ce conflit fut tranché par l’Empereur.
Stefan Fisch (S. 179-198)
Planification et restrictions du droit de propriété dans une ville sous régime autori¬
taire. Remarques concernant l’évolution de Strasbourg de 1871-1918
L’agrandissement de Strasbourg après 1918 confronta la municipalité à de multiples
problèmes car les normes juridiques d’origine française ne permettaient guère d’impo¬
ser des conceptions planificatrices contre des intérêts privés divergents. Pour cette
raison le maire de Strasbourg Otto Back se mit à la tête d’un mouvement réformiste
afin d’introduire des stratégies d’urbanisme, des principes juridiques et des règlements
de constructions qui avaient déjà fait leurs preuves dans d’autres grandes villes du
Reich allemand. Cette nouvelle législation avait pour but également de ménager les
fonds communaux car les dépenses engagées lors de la construction de nouvelles rues
étaient couvertes par les taxes imposées aux riverains.
Un autre aspect de cette politique interventionniste en matière d’urbanisme fut
l’acquisition clandestine de terrains sur le marché immobilier pour opérer la Grande
Percée après 1909. Cette mesure de prévoyance sur le plan foncier s’inscrit dans le
cadre d’une politique qui vise à améliorer les conditions d’hygiène et à assainir les
taudis dans la ville historique. Un autre élément de la même stratégie fut l’introduc¬
tion du bail emphytéotique lors des cessions de terrains situés au centre-ville qui
confère jusqu’à nos jours à la municipalité la maîtrise du sol. Tout cet éventail de
mesures démontre qu’une politique résolument moderne a été conçue par une muni¬
cipalité qui, à d’autres égards, passait pour un modèle de régime autoritaire.
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