architectes préférés du maire Schwander; il participera au concours de Stockfeld et
l’un de ses projets sera primé, l’autre acheté par la Coopérative.10
Parmi les grands acteurs du projet de cité-jardin nous pouvons compter les deux
principales centrales syndicales: les syndicats libres dirigés par les sociaux-démocrates
et les syndicats chrétiens contrôlés par le parti catholique. De nombreuses études de
l’époque et même actuelles insistent sur l’aspect positif de l’appui des syndicats -
membres et dirigeants - donné au mouvement des cités-jardins de l’Europe. C’était le
cas surtout dans le modèle de cité-jardin où une coopérative était à la base de
l’expérience ou lorsqu’elle était un partenaire important. C’était en somme naturel
dans le cas des syndicats libres, puisqu’ils ont très tôt, sous l’influence de leurs mem¬
bres, inclus dans leur statut la défense des idées et des pratiques de la coopération.
Pour des raisons différentes, les syndicats chrétiens de Strasbourg ont eux aussi décidé
d’appuyer le projet. Pour le mouvement des cités-jardins du continent il était aussi un
fait important que l’architecte anglais Raymond Unwin (1863-1940) - qui a construit
avec Parker, pour Ebenezer Howard, sa première cité-jardin à Letchworth en 1904 -
était un socialiste fabien très favorable à la Coopération.11
La Baugenossenschaft consulte donc les deux centrales syndicales - dont les deux
leaders, Bemhard Boehle et Paul Müller-Simonis, siègent dans la direction - au cours
des phases essentielles de l’élaboration du projet. De plus, les syndicats mobilisent
leurs membres pour qu’ils regardent les projets retenus par le concours d’architecture
exposés à l’Aubette à Strasbourg en automne 1909. Les délégués syndicaux auraient
même distribué à cette occasion une brochure tirée à 15 000 exemplaires et diffusée
dans les usines. Le leader alsacien de la SPD, Jacques Peirotes, a obtenu de Schwan¬
der et de la Coopérative "qu’une commission spéciale fût élue par le Cartel des syn¬
dicats libres et celui des syndicats chrétiens et prît part aux discussions concernant le
plan de la future cité, ainsi que le projet du Foyer du Célibataire", - comme en
témoigne la grande enquête sur le problème de l’habitation à Strasbourg menée en
1925 par l’Union des Syndicats Ouvriers Confédérés de la Région Parisienne.12
10 Jutta Schuchard, Carl Schäfer 1844-1908: Leben und Werk des Architekten der Neugotik,
München 1979; N. Bongratz, F. Werner, P. Dübbers: Paul Bonatz 1877-1956, Stuttgart 1977;
Denis Durand de Bousingen, Les architectes Paul et Karl Bonatz: une préface alsacienne à
une carrière européenne, in: Revue d’Alsace, No. 111, 1985, pp. 157-168; Rudolf Pfister,
Theodor Fischer. Leben und Wirken eines deutschen Baumeisters, München 1968.
11 Raymond Unwin, Town planning in practice - An introduction to the art of designing cities
and suburbs, Fisher Unwin, London 1909 (Le dernier chapitre du livre est consacré à la Coo¬
pération).
12 Le Problème de l’Habitation; enquête faite à Strasbourg du 8 au 13 janvier 1925, Edition
de l’Union des Syndicats Ouvriers Confédérés de la Région Parisienne (Seine et Seine-et-
Oise), Paris 1925, 28 p. Le rapport a été présenté par Gaston Guiraud, Secrétaire de l’Union
des Syndicats Confédérés de la Région Parisienne et Raymond Figeac, Rédacteur du journal
Le Peuple.
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