Mannichfaltigkeit daran dargeboten finden muss"5. L’auteur désigne par "relation
unitaire de la multiplicité" une correspondance qui lie les parties d’un ensemble selon
certaines modalités tout en permettant une divergence selon d’autres modalités.
Fechner conclura: "An sich kann einheitliche Verknüpfung nicht ohne Mannich¬
faltigkeit bestehen, denn ohne solche hätten wir einfache Identität".6
Camillo Sitte dans son "Art de bâtir les villes", publié en 18897 se réfère implicite¬
ment à ce principe lorsqu’il s’exclame: "Trois places et trois paysages urbains diffé¬
rents les uns des autres et formant chacun un ensemble harmonieux".8 En même
temps apparaît ici l’idée d’une ville qui se présente au spectateur comme une succes¬
sion de vues différenciées.
Il en va de même pour Joseph Stübben. Lui aussi écrit en 1890 dans son "Städtebau":
"Dabei ist das ästhetische Grundgesetz von der Einheit in der Mannichfaltigkeit
niemals zu verleugnen"9 et il requiert des perspectives agréables et des points de vue
fascinants.
On peut constater que les trois auteurs, Baumeister, Sitte et Stübben fondent l’esthéti¬
que urbaine sur un même principe. Nous sommes confrontés en même temps à une
esthétique qui rejoint l’art du paysage. La ville est considérée comme une succession
de tableaux variés et identifiables que traverse un spectateur. Camillo Sitte fera même
ressortir à leur propos le rôle social qu’ils sont susceptibles d’assurer. Il parle de la
fierté des habitants et de leur sentiment d’appartenance à une communauté.
Metz pittoresque
Commencée en 1903 l’extension de Metz (111. 1) offre une remarquable application
des principes esthétiques qui sous-tendent l’art urbain allemand de cette époque. A
titre d’exemple on pourrait citer à Metz les lieux suivants: le Ring (actuelle Avenue
Foch) (111. 2-3), son débouché sur le canal (actuellement extrémité de la bretelle de
raccordement avec l’autoroute A 31), le parc urbain en bordure de canal (entre
Boulevard Clemenceau et canal), et le quartier d’habitation qui jouxte le parc (actu¬
ellement Rue Migette, Rue Bossuet, Rue Paul Ferry, Rue du Génie). Ils offrent des
tableaux variés. Chaque tableau se présente comme un tout identifiable.
Le Ring constitue la limite entre la ville ancienne et l’extension. C’est une avenue
urbaine atteignant 45 mètres de large. Elle offre un espace vert central planté d’une
double rangée d’arbres. Cette avenue est bordée d’un côté par des grands immeubles
de commerce et de rapport mitoyens de 18 mètres de haut. Elle est bordée de l’autre
côté de villas urbaines isolées ou jumelées dont la taille concorde avec le tissu ancien
5 Ibid.
6 Ibid., p. 55.
7 Camillo Sitte, L’art de bâtir les villes. Traduction de D. Wieczorek. Ed. de l’Équerre, 1980.
8 Sitte (N. 7), p. 63.
9 Joseph Stübben, Der Städtebau. Reprint de la 1ère édition, Braunschweig und Wiesbaden
1980, p. 51.
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