de Phalsbourg et de Sarrebourg consolidait les communautés acquises à la religion
romaine.
Celle-ci d'ailleurs se ressentait dans son organisation et ses structures du flottement
qui s’observait dans les frontières territoriales. Où s’arrêtait à l’Est la juridiction de
l'évêque de Metz? En 1680 encore celui-ci prétendait que Dabo et La Petite-Pierre
étaient soumises à son autorité spirituelle. Mais l’évêque de Strasbourg avait des pré¬
tentions semblables et ce fut lui, finalement, qui l’emporta3. A Lixheim ia situation
était encore plus complexe puisque la ville, située à la frontière des deux diocèses de
Metz et de Strasbourg, échappa, en réalité, à l’un et à l’autre pendant la plus grande
partie du XVIIIe siècle et fut administrée au spirituel par un vicaire apostolique
nommé par la cour de Nancy4. Elle ne revint au titulaire du siège de saint Clément
qu’après 1766. Quant aux paroisses, leurs limites étaient encore incertaines. C’était le
cas, bien entendu, des régions où le catholicisme avait été introduit récemment et se
trouvait encore dans une situation de grande fragilité. Mais il en allait de même dans
des communautés pourtant restées attachées à la religion romaine mais à l’écart des
voies de communications telles que Saint-Quirin, Walscheid, Sarrebourg, Dabo. Bref,
le réseau paroissial restait marqué jusqu’à la fin de l'Ancien Régime par l’inachève¬
ment. D’où l’importance, comme toujours en pareil cas, du Stift, véritable centre
d’évangélisation dans une région encore insuffisamment desservie par ceux qui
devraient être ses pasteurs naturels, les curés et les vicaires. Les collégiales, celles de
Sarrebourg et de Fénétrange, tenaient cette place traditionnelle. Il en allait de même
pour l’abbaye de Haute-Seille et le prieuré de Saint-Quirin5 6.
Surtout, les ordres récents issus soit de la grande famille des ordres mendiants, soit
liés à la réforme catholique du XVIe siècle, étaient spécialement désignés pour
accomplir les tâches pastorales en ce milieu difficile. Tels étaient les Tiercelins de Lix¬
heim, les Cordeliers et les Capucins de Sarrebourg, les Capucins encore de Phals¬
bourg et, principalement, les Jésuites de Bouquenom\ Ces derniers furent les princi¬
paux éléments dynamiques dans cette région de frontière politique et religieuse. Le
moyen privilégié qu’ils utilisèrent, eux et leurs successeurs, pour leur apostolat, fut
celui des missions rurales.
3 Artur Benoît, Essai sur les limites du diocèse de Strasbourg dans le departement de la
Meurthe, Nancy, 1869.
4 AD MM, 9 B 86 (Papiers de l’abbé de Mahuet vicaire apostolique de la la principauté de Lix¬
heim 1715-1729). Voir sur cette question, Jacques-Henri Heck, Une visite épiscopale dans la
principauté de Lixheim en 1669, Les Cahiers lorrains, n° 4/1984, p. 291-296.
5 Haute-Seille, commune de Cirey, canton de Lorquin, arrondissement de Sarrebourg (abbaye
de Cisterciens), Saint-Quirin, canton de Lorquin, arrondissement de Sarrebourg (prieuré de
bénédictins, dépendance de l’abbaye de Marmoutier au diocèse de Strasbourg), Dom L. H.
Co11ine a u, O. S. B., Répertoire topobibliographique des Abbayes et Prieurés, Maçon, Pro-
tat frères, 2 vol., 1936-1937, T. I, col. 1385, T. fl, col. 2862.
6 Sur les Tiercelins de Lixheim, AD MM, 9 B 86; sur les Cordeliers et les Capucins de Sarre¬
bourg, François-Yves Le Moigne et coll., op. cit, p. 160-162; sur les Capucins de Phals¬
bourg, P. Morand Hartmann, Le couvent des Capucins de Phalsbourg 1626-1792, Bulletin
de la Société d’Histoire et d’archéologie de Saverne et environs, Cahier 70-71 (numéro spécial
«Phalsbourg 1570-1970»), 1I-III 1970, p. 27-31; sur les Jésuites de Bouquenom, Pierre Delat¬
tre, S. J., Les établissements des Jésuites en France depuis quatre siècles, Enghien-Wetteren,
5 vol., 1949-1956,1.1, col. 840-853.
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