Une approche saisonnière du trafic au cours des 5 exercices dépassant les 3 000
mld. (graphique XI) révèle trois profils d’années. En 1520, 1535 et 1549, 63,2 %
à 84,5 % des quantités sont taxés avant fin avril. La chute est ensuite très nette sans
véritable reprise en fin d’année. En 1547 par contre, les trois quarts des 3 763 mld.
imposés passent entre septembre et décembre. L’année 1537 accuse quant à elle un
profil mixte avec d’importants passages en février (24,9 %) et mars (20 %) ainsi
qu’en décembre (17,4 %). Les besoins annonaires des régions importatrices déter¬
minent vraisemblablement des envois plus ou moins proches de la nouvelle récolte.
L’ampleur de ce commerce dépend bien sûr aussi du niveau de celle-ci dans les
zones productrices et d’éventuelles facilités ou entraves aux échanges.
La ventilation des chargements selon leur importance est riche d’enseignements (ta¬
bleau XXX). Petits et moyens transporteurs côtoient de grands entrepreneurs mobi¬
lisant, selon toute vraisemblance, des trains de bateaux. 79 taxations portent sur un
maximum de 5 mld., 66 sur 6 à 10 mld., 194 sur un maximum de 20 mld. En ter¬
mes de tonnage c’est peu de chose à côté des 104 chargements déclarant entre 101
et 200 mld., de 30 autres entre 201 et 300 mld., de 15 surtout entre 301 et 600
mld. Une catégorie intermédiaire - entre 21 et 100 mld. - s’adjuge 157 passages
(31,4 %).
Cette fois encore, la carte de l’origine géographique des imposés ne ménage aucune
surprise (carte IX). Les points les plus nombreux voisinent le fleuve entre Metz et
Trêves, quelques uns s’inscrivent en aval de la cité archiépiscopale mais, exception
faite de Coblence, aucun n’apparaît dans la vallée rhénane. Trêves totalisant 24 203
mld. en un peu plus de 9 ans16 éclipse complètement Thionville (6 761 mld.)17,
a fortiori Rettel (3 736 mld.)18, Metz (2 595 mld.)19 ou Sierck (1 646 mld.)20.
Fort sensible aux aléas climatiques, la vigne réclame par ailleurs des soins attentifs
et constants. Elle est donc particulièrement vulnérable en période d’hostilités récur¬
rentes21. Des crus étrangers alimentent vraisemblablement aussi le trafic fluvial.
iA Des Trévirois se portent acquéreurs de grains du domaine de Sierck: achat de 126 mld. d’avoine par
Philippe Nuynhuser en 1537 (ADMM, B 9365, f° 53r), de 33 mld. de froment et de 30 mld.
d’avoine par le même en 1538 (B 9367, f° 5r-520, de 12 mld. de seigle par le même encore et la
veuve de Bouscheid en 1539 (B 9368, f° 57v), de 100 mld. d’avoine par le receveur de l’archevêque
en 1541 (B 9372, f° 55f).
17 Achat par Jacquot nanellier de Thionville, en 1544, de 7 mld. 5 bichets d’avoine provenant du
domaine de Sierck (ADMM, B 9378, f° 59r).
'* Achat par le maire de Rettel, en 1541, de 85 mld. de froment, 85 mld. de seigle et 60 mld. d’avoine
provenant de la recette domaniale de Sierck (ADMM, B 9372, f° 54v-55r). - Voir aussi supra, p. 88,
note 15.
19 Dans le dernier quart du XVI' siècle, la ville de Metz se plaint à plusieurs reprises au duc de
Lorraine d’entraves mises à Sierck au passage de grains descendant la Moselle (Duvernoy, Corres¬
pondance, n° 19, 22, 35, 36 et 281).
20 Voir supra, p. 26 et 88 (note 15).
21 L’état du vignoble régional dans la première moitié du XVI' siècle demeure mal connu. Dans les
années 1540, la conquête et l’occupation du Luxembourg par les Français doivent provoquer pas mal
de dégâts et de destructions (Yante, Activité, p. 106).
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