Full text: Le péage lorrain de Sierck-sur-Moselle

transporteur. Une quinzaine de points s’inscrivent dans la vallée de la Moselle entre 
Thionville et Sierck ainsi qu’au sud-sud-ouest de cette ville. Thionville avec 8 
passages, Berg et Monneren avec 7, Sierck avec 5 émergent du lot mais restent bien 
en dessous de Cattenom avec 33 taxations. Les régions en amont de Metz ne sont 
représentées que par Gondreville, Toul et Épinal sur la Moselle, Nancy et Saint- 
Nicolas-de-Port, haut lieu du commerce lorrain4, sur la Meurthe. Des droits sont 
acquittés par des Rhénans originaires de Sankt Goar, Boppard, Andemach, Cologne 
et, à 6 reprises, de Coblence. Ahrweiler, à l’ouest du fleuve, apparaît 11 fois. 
Quelques individus viennent encore des confins méridionaux de l’Eifel et de 
localités à l’est de la Sarre (Grimburg et Lemberg). 
Les trois quarts des noms n’apparaissent qu’une seule fois au cours d’un même 
exercice (tableau XXXIV). Si l’on y ajoute ceux mentionnés à deux reprises, on 
obtient 86,3 à 97 % des imposés. Quelques transporteurs attestent une activité plus 
régulière: en 1425-26, 11 d’entre eux (soit 12,5 %) passent entre 3 et 5 fois. Un 
seul individu est taxé entre 6 et 10 fois en 1425-26 et en 1426-27. Ils sont deux en 
1427-28. Il faut aussi tenir compte des opérations effectuées par des membres d’une 
même famille: les Lusschart de Trêves interviennent dans 32 chargements en 
quelque 40 mois5. 
La moitié des taxations portent sur des bestiaux, tout spécialement des porcs. On 
sait que les progrès de l’élevage provoquèrent, du XIVe siècle au milieu du XVIe, 
une transformation profonde de toute l’économie européenne et que l’alimentation 
fit une place croissante à la viande6. Face à une demande urbaine en pleine expan¬ 
sion, la Lorraine pratique aux XVe et XVIe siècles un élevage "commercial et donc 
systématique". Des troupeaux de centaines de têtes sont taxés aux péages régionaux 
et alimentent un commerce d’exportation7. 
Sans compter cinq passages de quantités non précisées ni calculables, on dénombre 
à Sierck 18 331 porcs en l’espace de 40 mois. L’année civile 1426 culmine avec 
près de 11 000 porcs. L’automne et l’hiver amènent les contingents les plus impor¬ 
tants (graphique XIII). En 1425, 79,9 % de ces animaux - soit 2 739 unités - sont 
imposés entre début septembre et fin décembre. Si on y ajoute les passages de jan¬ 
vier à mars de l’année suivante, on atteint un total de 7 833 têtes8. En 1427, les 
mois de novembre et décembre fournissent 64,9 % de l’effectif annuel. À l’époque 
de la glandée, une transhumance vers les massifs de l’Eifel et du Hunsrück, faisant 
fi des frontières, expliquerait les taxations automnales. Celles fin décembre et au 
début de l’année porteraient sur des bêtes engraissées prêtes à l’abattage. 
4 Pleine expansion de la ville au XIVe siècle et dans la première moitié du XVe: Kammerer- 
SCHWEYER, Lorraine, p. 16. 
5 Cf. infra, p. 59-61. 
6 BAUTIER, Mutations agricoles, p. 2 et 26. 
1 Kammerer, Carrefour, p. 88. - Importance de l’élevage et du commerce des porcs dans le Verdunois 
dans la seconde moitié du XIVe siècle et au XVe (GiRARDOT, Droit, t. II, p. 546-548). 
" plus un passage d’un nombre non indiqué de porcs 
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