Full text: Le péage lorrain de Sierck-sur-Moselle

par les glaces32. Les chroniques messines conservent par ailleurs le souvenir de 
saisons peu propices à la navigation. Ainsi Jacomin Husson rapporte que, en juillet 
et août 1493, la Muzelle en aulcun lieu estoit aussy petite que ung russiaulx*3, 
Autre sécheresse mémorable en 1517 alors que une nef ne fust point allée en huict 
jours de Mets à Trieves, tellement estoient les rivières courtesM. Mais les chroni¬ 
ques doivent être utilisées avec prudence. On y évoque des inondations désastreuses 
provoquant à la fin de 1523 et au début de 1524 des dégâts de Saint-Nicolas-de-Port 
à Sierck33 35. En fait, ces hautes eaux n’empêchent pas tout trafic: 16 transports - 
dont plusieurs assurément par bateau - sont enregistrés dans la seconde localité en 
janvier 1524. 
Ce sont les conditions de navigabilité qui déterminent l’aspect, la forme et la capa¬ 
cité des embarcations36. Le principe de construction "à fond plat" serait toutefois 
original et propre à l’Europe de l’Ouest37. Lors de 458 taxations38, les péagers 
sierckois précisent que le droit est acquitté pour des marchandises contenues dans 
une embarcation. Le terme bateau est employé à 425 reprises39 40. Il est question 19 
fois de nacelles, 9 fois de nefs, 3 fois de trubortt ou traubert, 2 fois de gezauwen 
ou gezouwenw. Les montants d’imposition n’amènent pas d’éléments décisifs quant 
aux contenances respectives. Pour un chargement de même nature, une nef est nor¬ 
malement redevable du même droit qu’un bateau41. Une nacelle serait moins 
taxée42 43. Un trubortt43 de cabus paie la moitié du droit exigé d’un bateau en 1535, 
mais près du double 14 ans plus tard. Pour cette époque, le tonnage et les dimen¬ 
33 ADMM, B 9360, f° 29'. 
33 Cité par Stiller et Ancel, Thionville, p. 44. 
34 HUGUENIN, Chroniques, p. 712. 
35 Ib., p. 806. 
36 SUTTOR, Navigation, p. 61. 
37 RJETH, Construction; SUTTOR, Navigation, p. 95. 
3* 20 taxations sur 299 entre 1424 et 1428, 106 sur 1 080 entre 1474 et 1494, 332 sur 2 177 entre 1520 
et 1549. 
” Sur la Meuse moyenne, le terme bateau, toujours employé de manière générique, désigne norma¬ 
lement des unités de grandes dimensions. Celles-ci jaugent entre 25 et 170 tonnes, le plus souvent 
entre 70 et 110 tonnes, et mesurent de 33 à 39 mètres de long, de 2,7 à 3.2 de large, de 1,15 à 1,35 
de haut (SUTTOR, Navigation, p. 86 et 92-93). 
40 1425-26, 14 et 36. 
41 Maguin constate qu’en Lorraine centrale, aux XIV' et XV' siècles, le terme nef est employé aussi 
bien pour des bacs que pour des embarcations transportant du vin ou d’autres marchandises (Vigne, 
p. 250). 
43 Les nacelles de la Meuse moyenne sont souvent de grandes barques à usages multiples. Leurs dimen¬ 
sions sont de l’ordre de 12 à 13,5 mètres de long, 1 à 1,5 m. de large, 0,6 à 0,75 m. de haut 
(SUTTOR, Navigation, p. 65-67). 
43 On appelle traubert (ou trubortt) une embarcation de facture sommaire qui est démontée à l’arrivée 
et dont les pièces de bois sont alors vendues (communication du Professeur H.-W. Herrmann). 
D’après GRIMM (Deutsches Wörterbuch, t. XI/1, col. 1322), le mot désigne un petit bateau à fond 
plat. 
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