chevêque détruisent le poste de tonlieu établi par les Luxembourgeois sur une île
en aval de Grevenmacher. Le comte porte alors la guerre autour de Trêves mais,
ses troupes étant prises de panique, renonce au siège de la ville13.
Un tonlieu luxembourgeois est perçu à Remich en 1318 et un autre, au confluent
de la Moselle et de la Sûre, à Wasserbillig en 133914. Pour faire cesser le dom¬
mage naissant de ce dernier et pour prévenir des difficultés, assurément avec
Trêves, l’empereur Charles IV ordonne, le 9 janvier 1354, à son frère, le comte
Wenceslas de Luxembourg, et à tous les fidèles de l’Empire de supprimer le
poste15. La disposition demeure longtemps lettre morte16. Pour les bateaux, le
bureau n’est toutefois plus mentionné après 1381. Un autre est installé à Greven¬
macher avant 140317. Les tonlieux de Thionville, Remich et Grevenmacher - le
premier appartenant incontestablement au domaine au XVe siècle - jalonnent jus¬
qu’au traité des Pyrénées le parcours luxembourgeois de la Moselle. Ceci n’exclut
pas des créations ou restaurations plus ou moins éphémères: à Wasserbillig au début
des années 142018, à Blettange en amont de Thionville vers 152519. On notera
encore la perception à Cattenom, entre Thionville et Sierck, d’un tonlieu mouvant
en fief de la seigneurie de Rodemack et mentionné pour la première fois en
147420.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, on relève donc cinq postes de tonlieu
(Thionville, Cattenom, Sierck, Remich et Grevenmacher) sur les quelque 100 kilo¬
mètres séparant Metz de Trêves. Cette concentration n’a rien d’exceptionnel. Sur
le Rhin, de Strasbourg à la mer, il y avait en moyenne un péage tous les 8 à 10
kilomètres; sur la Garonne, des environs de Toulouse à Bordeaux, un poste tous les
7 kilomètres21.
13 Gesta Boemundi archiepiscopi Treverensis, p. 486.
14 REICHERT, Landesherrschaft, t. I, p. 156.
15 MGH, Leges. Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, t. XI/1, p. 21-22, n° 28.
14 Des rentes sont encore assignées sur le tonlieu en 1357, 1358 et 1381 (VERKOOREN, Inventaire, t.
III, n° 983 et 1305; WURTH-PAQUET, Table chronologique, in: PSHIL 24 (1869), n° 199 et 925;
Coblence, Staatsarchiv, Bestand 15, n° 302, 6°). - Le revenu du tonlieu est comptabilisé pour les
années 1368 à 1377 (AGR, CC, reg. 22736).
17 thonneul et passage de l’eaue de Machre (ANP, KK 290, f° 14').
18 VERKOOREN, Inventaire, t. IV, n° 1600; WURTH-PAQUET, Table chronologique, in: PSHIL 26
(1870-71), n° 66, 86, 87, 89-95 et 111; Schiltz, Wasserbillig, p. 25-27.
19 VERKOOREN, Inventaire, t. V, n° 2165.
20 WURTH-PAQUET, Table chronologique, in: PSHIL 34 (1880), n° 463, et 37 (1884), n° 279.
21 HlGOUNET, Géographie, p. 106-108. - La multiplication des péages se constate dans de nombreuses
régions, ainsi en Anjou dès les XI' et XIIe siècles (Bienvenu, Recherches, p. 223), dans le bassin
de la Meuse moyenne aux XIIF et XIVe siècles (Fanchamps, Étude, p. 242) ou encore sur la Seine
(MOLLAT, Commerce, p. 298). Voir aussi STOLZ, Zur Entwicklungsgeschichte.p. 26-27; Bautier,
Circulation fluviale, p. 20.
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