Full text: Le péage lorrain de Sierck-sur-Moselle

sur le Rhône valentinois: 131 passages à Baix en 1447-48, 132 et 127 au cours des 
deux exercices suivants12. Toute conclusion s’avère éminemment délicate même 
si la Moselle est nettement moins fréquentée que la Meuse moyenne ou que la Seine 
rouennaise en 1477-78. Les chiffres relatifs à ce dernier fleuve et au Rhône, un 
quart de siècle plus tôt, relativisent la médiocrité apparente du trafic sierckois13. 
Compte tenu de la proximité géographique, mention doit encore être faite de 295 
chargements taxés à Saarburg en 1581 et, en l’espace de six mois, de 226 en 
158914. 
Pour le trafic intercepté à Sierck, l’absence de véritable mois creux et de moment 
d’intense activité n’exclut pas toute composante saisonnière en étroite relation avec 
le rythme de la production15. La non-concordance de l’exercice comptable et de 
l’année-récolte, jointe aux lacunes de la documentation, biaise assurément certaines 
perspectives. 
Les porcs, principal article de commerce au XVe siècle, sont taxés essentiellement 
en automne et en hiver. Ces passages correspondent d’une part à une transhumance 
vers des zones de glandée et d’autre part à l’acheminement de bêtes engraissées 
vers les marchés consommateurs. L’état des récoltes et les réserves disponibles dans 
les régions traditionnellement importatrices, en aval de Sierck, déterminent des 
impositions de céréales plus ou moins proches de la moisson16. Pour les vins, le 
rythme s’avère assez capricieux. Les aléas de la production, tant régionale qu’étran¬ 
gère, et des facteurs psychologiques - espoirs ou appréhensions quant à l’abondance 
et à la qualité de la récolte future - créent des profils annuels assez différenciés17. 
Les bateaux chargés de cabus animent par contre la Moselle, avec une belle régula¬ 
rité, entre octobre et décembre, tout spécialement en novembre. Enfin l’abattage des 
sapins vosgiens en l’absence de sève, condition impérative à leur bonne flottabilité, 
12 DENEL, Navigation, p. 289. 
13 On dispose encore d’estimations relatives au trafic à Chartres sur l’Eure, ainsi que sur l’Èbre. Au 
premier endroit, BILLOT évalue à environ 530 le nombre de bateaux imposés en 1455 et à environ 
330, trois ans plus tard (Chartres, p. 248). À Mequinenza, à la limite de l’Aragon et de la 
Catalogne, en 1445-46, CARRÈRE propose le chiffre de 220 ou 230 passages (Navigation, p. 107). 
14 HERRMANN, Saarburger Zollregister, p. 104. 
15 Sur d’autres voies d’eau, la nature des produits transportés et, dans une certaine mesure, les 
conditions climatiques créent des rythmes saisonniers plus ou moins accusés. Voir notamment, pour 
la Loire, BOUGOUIN, Navigation, p. 485-486; pour la Meuse, FANCHAMPS, Commerce, p. 287; pour 
le Pô, Racine, Aperçu, p. 263; pour le Rhône, Denel, Navigation, p. 289, etRossiAUD, Haleurs, 
p. 302, note 31; pour la Seine, Favier, Commerce, p. 95-96, et MOLLAT, Commerce, p. 303 et 
306-307. 
16 À titre comparatif, voir le mouvement saisonnier du trafic des céréales à Champtoceaux sur la Loire 
en 1355-56 (BOUGOUIN, Navigation, p. 490-491) et à Meulan sur la Seine en 1454 (BAUTIER et 
MOLLAT, Trafic, p. 263). 
17 Rythme saisonnier des taxations de vin à Champtoceaux sur la Loire en 1355-56: BOUGOUIN, 
Navigation, p. 490; sur ia Meuse moyenne: FANCHAMPS, Commerce, p. 289; à Lobith sur le Rhin: 
Jappe ALBERTS, Rheinzoll Lobith, p. 45; à Meulan sur la Seine en 1454: Bautier et MOLLAT, 
Trafic, p. 260-262. 
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