Hadwige16 et Gerberge.17 On peut penser que Giselbert et les Lotharingiens espéraient que
la Lotharingie continuerait à former un regnum placé sous l'autorité d'un duc allié à la
famille royale otton ienne.
Cependant, la mort d'Henri 1er en 936 et le couronnement de son fils Otton à Aix-la-Cha¬
pelle, au coeur même du regnum Lotharii, montrèrent clairement qu'il ne pouvait être que¬
stion de recréer une Lotharingie autonome.18 Aussi, lorsqu'en 939, Henri, jeune frère du
nouveau roi, suivit Thankmar dans sa révolte, Giselbert se rallia à lui, avec les comtes Otton
de Verdun, Isaac de Cambrai et Thierri de Westfrise.
Selon Liutprand de Crémone, Giselbert soutint le jeune Henri de Bavière, parce qu'il rêvait
de devenir lui-même roi.19 Comme Giselbert avait du sang carolingien dans les veines, il est
possible qu'il ait à ce moment espéré que la Lotharingie redeviendrait une entité propre
dont il aurait été le chef.20 Selon la Translatio sancti Servatii, une source du Xle siècle, Ger¬
berge aurait soutenu son mari, et elle l'aurait même poussé à se rebeller contre Otton.21
Mais Giselbert ne devint pas roi et les Lotharingiens firent appel au roi de Francie Louis IV.
Après avoir hésité, car la situation intérieure du royaume franc était difficile, Louis IV finit
par céder au vieux rêve lotharingien en répondant à leur appel22 et l'année 939 se passa
donc en combats et sièges confus qui ravagèrent la Lotharingie23 sans résultat tangible. La
mort de Giselbert, noyé dans le Rhin le 2 octobre 939, alors qu'il battait en retraite devant
des comtes saxons,24 sonna en fait le glas du regnum lotharii. De toute manière, sa tentative
était intervenue trop tard, car les évêques qu'Otton tenait déjà fermement en main n'avaient
pas suivi les proceres laïques...25
16 Nom d'une soeur de la mère.
1 7 Nom de l'arrière grand-mère maternelle. La troisième fille fut nommée Alberade comme sa grand-mère
paternelle.
18 W. GLOCKER, Die Verwandten der Ottonen und ihrer Bedeutung in der Politik. Studien zur Famili¬
enpolitik und zur Genealogie des sächsischen Kaisershauses, Köln-Wien 1989, p. 31.
19 LIUTPRAND DE CRÉMONE, Antapodosis IV c.23, M.G.H. SS. rer. Germ. 41., p. 116: „Gislebertus
autem Heinricum hac arte decipere voluit ut; dum suo adiutorio regem devinceret, ipsum deponeret
si bique regni solium obtineret."
20 W. GLOCKER, op.cit., p. 43.
21 LOCUNDUS Translatio sancti Servatii, c.78, M.G.H. SS.XII, p. 1 23: „Erat,...domne imperator, matrona
quedam dicta Gerberia, imperatoris soror Ottonis, et hec Giselberti uxor, omnium Lotharie principum
eo tempore nobilioris atque ditioris. Illis sane diebus pax erat et concordia universi regni in partibus,
sed non diuturna, quia cicius transitura. Nam multi ex principibus insurgunt in regem, eumque depo¬
nere querunt, memoratum Giselbertum elevare in regni solium volunt. At ille, ut iustus, ut bonus, eis
adquiescere noluit, sed viriliter restitit et fortiter, vehementer abhorrens hoc scelus et nefas. Quid plura?
Eius auxilio tandem Otto remansit in regno, ipse mercedis benedictione accepto ducatus fotharici
honore, redit domum, indicat uxori. At illa nimio furore accensa, maritum despexit, nec ultra ad eum
accessit, quia eius inscicia, dum fratre minor non esset et genere ingenii et virtute, sibi regnare non
licuit... Idcirco, domine, non iuniusta huius matronae indignatio. Dux vero non ferens iniuriam coniu-
gis, non ferens obpropria hominum, invasit regnum, vastavit atque spoliavit. Cognovit rex, et quia non
potuit sustinere eum, velociter transivit Renum. In parte illa positus, magnum congregavit exercitum,
adversarius autem, paucis secum retentis, venit post eum; occurunt et speculatores regis, et inventum
occiderunt. Quem enim, fratres, non perdit mens impia, mens perversa mulierum?..."
22 Ph. LAUER, Le règne de Louis IV d'Outre-Mer, Paris 1900, p. 40-41.
23 FLODOARD, a. 939, op.cit., p. 72-73.
24 Continuateur de Réginon, a. 939, op.cit., p. 618.
25 FLODOARD a.938, op.cit., p. 70.
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