Le 5 septembre les évêques et d'autres fidèles se retrouvent à Saint-Etienne de Metz et l'ar¬
chevêque de Reims Hincmar, vite accouru, nous transmet, ou réécrit, les quelques discours
qui auraient alors eu lieu. On peut se fier aux faits, à défaut de retenir les paroles, car Hinc¬
mar était bien présent. Advence défend la légitimité de Charles, son ami, comme étant le
prince naturel des habitants du royaume de Lothaire. Charles accepte cette élection et fait la
promesse habituelle de sauvegarder la loi et la justice. Hincmar, dans un discours comme il
aimait en faire et avec toute sa science, fait référence à Louis le Pieux, le père de Charles,
et au premier Louis roi consacré à Reims par l'évêque Remi, Clovis, et à saint Arnoul, évê¬
que de Metz et fondateur de la lignée. Il termine par ces mots: „Et parce que, comme nous
le lisons dans les histoires sacrées, les rois, quand ils ont obtenu des royaumes, se sont mis
sur la tête les diadèmes de chaque royaume, il n'apparaît pas incongru à ces vénérables
évêques, si cela plaît à votre unanimité, qu'au moment de l'obtention du royaume, d'où
vous êtes venus spontanément vers lui pour vous recommander à lui, Charles soit couronné
devant cet autel par la main des prêtres et consacré à Dieu par l'onction sacrée. Si cela vous
convient, criez ensemble" Ce qu'ils firent tous.31
On respecta les jours de jeûnes et de prières annoncés par Advence et le couronnement eut
lieu le vendredi 9 septembre. On n'attendit pas le dimanche, tant la hâte était grande.
3) Les actes suivants furent une prise de possession progressive du royaume par le nouveau
roi :
- occupation du palais royal de Florange, et prise de diverses dispositions (des diplômes
sont préparés pour des abbayes, avec référence au début du règne dans le royaume de
Lothaire),
- chasse royale dans les Ardennes comme faisait Louis le Pieux, (ici R. Parisot qui s'éton¬
nait de la hâte manifestée plus haut s'étonne de la lenteur du roi: que fait-il donc, au lieu
de parcourir le pays et de se faire reconnaître ? La chasse automnale était-elle sacrée?).32
- nomination de prélats: à Bertulfe neveu de l'évêque Advence de Metz qui s'était montré
très coopératif, il donne Trêves et il confie Cologne à l'abbé de Saint-Omer, Hilduin, un
parent de l'archevêque déposé Gunthar. Il savait flatter les familles locales.
- voyage en direction d'Aix-la-Chapelle, capitale politique de la Francia, où il devait rece¬
voir l'hommage des autres grands.
- son épouse Ermentrude étant morte le 6 octobre à Saint-Denis, il prend aussitôt pour con¬
cubine la soeur du comte Boson, Richilde, dont le père Bivin avait été abbé de Gorze et
la tante Teutberge épouse de Lothaire II: choix très habile, car il se rallie une famille puis¬
sante, qu'il récompense par des donations à Boson, dont Saint-Maurice d'Agaune, et en
agissant ainsi, il prend parti pour le droit de l'Eglise, en recueillant une parente de la mal¬
heureuse Teutberge.
Ce couronnement est quelque chose de singulier. Charles avait reçu la couronne royale
depuis longtemps, dès 837 pour être plus précis quand son père Louis le Pieux lui remit
31 Quellen, (cf. note 29), p. 194-200.
32 PARISOT, op. cit., p. 350.
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