Full text: Lotharingia (26)

2. La bataille autour du royaume de Lothaire 
Le sort voulut que, tandis que le royaume voisin de Bourgogne survivait dans un relatif ano¬ 
nymat, grâce à la fécondité et à la longévité de trois rois successifs,28 le royaume lothairien 
à peine adulte fut menacé, convoité, partagé, annexé, il eut un sort bien difficile. L'histoire 
en est complexe, elle dure de 869 à 925, soit pendant plus d'un demi-siècle, 50 ans d'er¬ 
rances, de basculements, de partages et de regroupements. Il serait vain d'énumérer des 
faits, des hommes, des conditions qui évoluent d'année en année. Je m'en tiendrai donc aux 
deux données extrême: au couronnement de Charles le Chauve d'une part, au choix d'un 
roi par les grands d'autre part, deux faits qui, l'un et l'autre, soulignent l'existence et la con¬ 
science de ce royaume. 
a. Le couronnement de Charles le Chauve 
Le couronnement à Metz de Charles le Chauve a une importance symbolique considérable 
pour l'histoire de la Lotharingie. On pourrait dire que s'il y eut bien un acte constitutif de ce 
royaume, un acte qui en attestait la réalité historique, ce fut le couronnement de Charles, 
qui venant d'un autre royaume, reconnaissait, en en prenant la couronne, l'existence d'un 
royaume indépendant. Il faut donc en souligner certains points 
1) La mort de Lothaire II marqua la première fin de ce royaume indépendant. Il décéda le 9 
août 969. Sa mort était guettée. Il était à Plaisance en Italie quand il rendit l'âme. Il faut 
imaginer qu'un cavalier très rapide porta la nouvelle à Charles et aux nobles iothairiens. 
Charles se trouvait alors à proximité des frontières. De Compiègne il venait de passer à 
Attigny quand il apprit la nouvelle. Les Annales de Saint Bertin nous rapportent que les 
fidèles de Lothaire vinrent alors le voir, les uns pour lui demander d'attendre de voir Louis 
le Germanique et de s'entendre avec lui pour un partage (déjà envisagé plus tôt), les autres 
pour l'encourager à venir à Metz.29 Quand cela eut-il lieu? A la fin d'août sans doute. 
Déjà par conséquent Charles agrège des nobles autour de lui. Deux évêques sont là: Hatton 
de Verdun et Arnoul de Toul, qui font acte de fidélité. Tous se dirigent vers Metz, où ils 
retrouvent Advence, évêque de Metz, partisan de Charles, et Francon de Liège. 
2) En combien de temps tout cela s'est-il fait? Robert Parisot souligne la hâte de Charles30 
mais a-t-on calculé la rapidité avec laquelle le roi a dû contacter des partisans, se décider, 
se mettre en marche? De Plaisance à Attigny, il faut compter environ 650 km à vol d'oiseau, 
bien plus en réalité par le col du Saint-Bernard, Lausanne, Besançon, Langres, Châlons-sur- 
Marne. Comment le courrier, délégué par qui ?, a-t-il su que Charles était à Attigny? Rapi¬ 
dité, recherche, hésitation, il fallait déjà deux semaines, et nous voilà aux environs du 23 
août. Il faut que dans la semaine qui suivit les évêques de Toul et de Verdun aient été préve¬ 
nus, et il fallait davantage encore pour prévenir celui de Liège, et les comtes aussi, qu'ils 
accourrent, nous voilà donc fin août. On se met en marche vers l'est, en 3-4 jours on atteint 
Metz le 5 septembre. A cette époque où le téléphone et le télégraphe n'existaient pas 
encore, on savait aller très vite quand la situation pressait. 
28 René POU PARDI N, Le royaume de Bourgogne (888-1038), Paris, 1907. On verra aussi du même 
auteur: Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933 ?), Paris, 1901. 
29 Quellen (cf. note 6) zweiter Teil, p. 192 et suiv. 
30 PARISOT, op. cit., p. 343. 
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