savoir: Josef Fleckenstein par la Hofkapeile, Theodor Schieffer grâce à ses admirables éditi¬
ons des diplômes des deux Lothaire et à son étude de la chancellerie de Zwentibold.27
Drogon fut le premier archichapelain, il se fit assister d'un archichancelier, successivement
Agilmar qui devint archevêque de Mayence, puis Hilduin, ancien abbé de Saint-Denis, qui
fut élu à Cologne et devint encore abbé de Bobbio. Lothaire II confia un rôle important à
Cunther archevêque de Cologne, dont le frère Hilduin devint chapelain. Gunther fut déposé
en 863, car il était trop fidèle à son maître; il ne fut pas remplacé. Il y eut encore deux cha¬
pelains, Heinard, abbé de Saint-Mihiel et Jean qui fut évêque de Cambrai.
La chancellerie reprit vie avec Zwentibold; les notaires étaient lorrains, l'archevêque de
Cologne reçut la direction de la chapelle et son collègue de Trêves fut chancelier. L'idée
d'une chancellerie lotharingienne se maintint quelque temps encore à l'époque ottonienne
au profit de l'archevêque de Trêves. L'existence de la chapelle donnait réalité au gouverne¬
ment du roi, aidait à la réunion des conciles et des synodes, à la mise au point et à la dis¬
tribution des résolutions et des statuts.
4) Dernier point: La continuité du royaume aurait dû être assurée enfin par la dynastie
royale, on sait qu'il n'en fut rien. Le royaume ne dura que de 843 à 869, soit pendant un
quart de siècle. C'est tout le problème des mariages de Lothaire II, de sa première union,
fertile, de la seconde, infructueuse. La publication promise de Pierre Toubert sur une affaire
qui a fait couler beaucoup d'encre sur beaucoup de parchemin nous éclairera sur cette ques¬
tion. Lothaire n'était pas le premier à avoir un amour de jeunesse et un enfant de cette liai¬
son; la femme du moment pouvait être une noble dame, l'union n'en était pas moins non
officiellement reconnue. C'est une fois roi que Lothaire a cru bon pour sa politique d'aller
chercher Teutberge et de lui donner une reconnaissance officielle, religieuse et politique.
Peu de temps avant de s'apercevoir qu'un mariage de raison politique ne pouvait remplacer
un lien sentimental profond. Le mal était fait, le divorce ne fut jamais reconnu et la dynastie
de Lothaire perdit toute chance de survie. Certes Hugues, fils de Waldrade, tenta la recon¬
quête du pays de son père, mais il n'était pas de force face à de redoutables adversaires, il
fut manipulé, mutilé et rejeté. Le premier point faible de ce royaume fut l'absence de conti¬
nuité dynastique, et comme le voit ailleurs Régine Le Jan, l'incapacité de l'aristocratie à se
donner un roi tiré d'elle-même.
Ainsi un royaume est né, un espace politique qui prend une cohérence géographique entre
Meuse et Rhin, qui se trouve une cohérence aristocratique dans le pays qui fut le berceau
des Pippinides et des Carolingiens. Il est né avec Lothaire 1er déjà, car il constitue une par¬
tie distincte de la Bourgogne à laquelle il est attaché. Il est confirmé avec Lothaire II, il ne
se perdra plus et recevra même un jour un nom.
27 Josef FLECKENSTEIN, Die Hofkapelle der deutschen Könige, I. Teil: Grundlegung. Die karolingische
Hofkapelle, Stuttgart, 1959, p. 121-125; Theodor SCHIEFFER, Die lothringische Kanzlei um 900,
Deutsches Archiv, 14 (1958), p. 16-148.
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