- Déjà dans les diplômes de confirmation des biens des grandes abbayes, on ne manquait
pas de mentionner de façon générale les espaces au-delà de la Loire, du Rhin, de la
Seine, car chacun savait d'expérience ce que cela voulait dire.
- Quand en 837 un nouveau partage fut envisagé en faveur de Charles, devenu roi à l'âge
de 14 ans, il se vit promettre ce qu'il y avait „entre la Meuse et la Seine" et l'on énuméra,
pour la Bourgogne, les comtés qui lui étaient rattachés.8
- En 838 les Annales de Saint-Bertin font état d'une donation supplémentaire de l'espace
entre Loire et Seine.9
- En 839 à la veille de la mort de l'empereur Louis, un nouveau projet de partage vit le
jour. On laissa de côté la Bavière définitivement accordée à Louis connu sous le surnom
de Germanique. Puis „Lothaire choisit pour lui l'espace méridional à partir de la Meuse
et laissa le reste à son frère Charles".10 Ainsi la Meuse était-elle choisie pour séparer les
parts de Lothaire et de Charles. Cette frontière faisait se rejoindre deux notions géogra¬
phiques: d'une part celle de la Champagne, qui est un espace géographique reconnu
depuis l'époque mérovingienne et qui fut même duché, d'autre part celle du fleuve dont
le tracé est souligné par les cités de Verdun et Liège.
Quand il apprit cela, Louis le Germanique protesta et quicquid regni trans Renum fuit, sibi
vindicandum statuit, il décida de réclamer pour lui la part du royaume située au-delà du
Rhin.11 L'affaire était ainsi jouée pour la partie centrale du royaume où se trouvaient tous les
fiscs royaux les plus importants, et qui se trouva partagée entre les différents héritiers. On
voit que le partage de Verdun découle naturellement de ce qui a précédé, il n'est pas une
invention soudaine.
Quelques années plus tard, Nithard, qui revient sur ce partage, nous apporte le dernier
stade de l'évolution, quand il mentionne que fut fait le choix d'un royaume „entre le Rhin
et la Meuse", et d'une limite qui part de la source de la Meuse, passe à la source de la
Saône jusqu'au confluent avec le Rhône et va le long du Rhône jusqu'à la mer Tyrrhéni-
enne.12 Nous avons là la frontière de la Francie occidentale : Rhône, Saône, Meuse. Quant
à l'Escaut, cette rivière entra dans le jeu quand Lothaire, soucieux de ne pas être désavan¬
tagé, arracha à Charles les deux diocèses de Cambrai et de Liège, qui donnèrent à son
royaume sa forme définitive.
8 Ibidem, zweiter Teil, Annales Bertiniani, p. 34 : quicquid inter Mosam et Sequanam usque ad Burgun-
diam una cum Viridunense consistit.
9 Ibidem, p. 36 : Karolo .. pars Niustriae ad praesens data est, ducatus videlicet Cenomannicus omnisque
occidus Galliae ora intra Legerim et Sequanam constituta.
10 Quellen (cf. note 6) erster Teii, Anonymi vita Hludowici, p. 368 : Hlotharius a fluvio Mosa australem
sibi tenendam delegit partem, occiduam vero Karolo fratri habendam reliquit. Dans australem il faut
plutôt comprendre oriental.
11 Ibidem, p. 370.
12 Ibidem, p. 396.
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