manuscrits comme Ta bien vu (ean Vezin.15 C'est donc à Luxeuil, puis à Toul qu'Adson a pu
acquérir sa grande culture.
Un autre correspondant de Gerbert est Haymon de Verdun, élève de Notker de Liège. Ce
bavarois connaît bien le français puisqu'il est interprète au concile de Mouzon en 995. Ger¬
bert l'a peut-être connu là et lui a écrit deux ans après en 997, une lettre dans laquelle il
parle d'un disciple commun „si connaisseur des sciences de la nature".16 Autre indice des
relations entre Reims et Verdun, Richard, futur abbé de Saint-Vanne (1004-1046) a été
formé à l'école de Reims sans doute après le départ de Gerbert. Il a pu acquérir un
manuscrit des „Annales de Flodoard" qui vient de Reims, il a recruté le moine Gervin qui
devint l'écolâtre de son monastère qu'il réformait.
Gerbert avait deux correspondants à Metz: l'évêque Thierry 1er (965-984), puis son succes¬
seur Adalbéron II (985 - 1002). En 984, Gerbert prête sa plume à Thierry dans une diatribe
contre Charles de Lorraine, page fameuse qui se retrouvera dans un texte scolaire étudié à
Echternach. Il écrit également pour Charles contre Thierry et s'en excuse auprès de l'évêque
de Metz dans une lettre maniérée, pleine de figures de rhétorique que devait comprendre
un lettré.17 Sigebert de Gembloux, dans la Vie de Thierry de Metz, fait l'éloge de la ville au
temps de cet évêque. On pourrait dire à bon droit: „heureuse l'époque d'Otton: des prélats
illustres et des hommes de haute sagesse ont restauré l'Etat, rendu la paix aux églises et
institué à la religion son honnêteté." On pourrait voir et constater dans les faits la vérité de
ce dicton des philosophes: „heureux l'Etat où les rois sont des sages et où les sages sont des
rois, présidant aux destinées du peuple et du royaume, non des mercenaires mais des past¬
eurs illustres."18 Thierry était du nombre. Thierry 1er au cours de son séjour en Italie avait pu
acquérir des manuscrits copiés à Vérone qu'il donna au monastère de Saint-Vincent.
Comme pour Toul des manuscrits ont été faits à Metz pour l'église de Freising. Le succes¬
seur de Thierry, Adalbéron II est le fils de Béatrice et de Ferri, duc de Lorraine. Il reçut Ger¬
bert au printemps 997 lorsque ce dernier s'en allait en Allemagne après avoir quitté Reims.
C'est sous Adalbéron II que les Irlandais jouèrent un grand rôle dans l'église de Metz
comme en témoigne le Carmen mettense écrit par un certain Carus dont le regretté Jean-
Charles Picard a cité quelques passages dans le colloque de Metz.19
Terminons ce tour de Lorraine par le monastère de Sénones dirigé par l'abbé Romulf, un
autre correspondant de Gerbert. En 988, Gerbert écrit à ce Romulf pour lui commander un
manuscrit en lui envoyant pour cela deux sous. Vers 990 en plein désarroi après la mort
d'Adalbéron et l'élection d'Arnoul, son successeur, Gerbert écrit à Romulf: „Offrez à ma soif
des fleuves cicéroniens. Que Cicéron s'impose au milieu des soucis qui, après la prise par
traîtrise de notre cité, nous enserrent si fort que, heureux aux yeux des gens, nous nous
tenons, à notre sens, pour malheureux". Peu après vient une lettre dans laquelle il demande
15 J. Vez i n „Les manuscrits en Lotharingie autour de l'an mil dans Religion et culture ..., (note 2) p. 309-
314.
16 Gerbert lettre 21 2.
17 id lettres 31, 32, 33.
18 Sigebert de Gembloux, MGH SS IV p. 462.
19 „Le recours aux origines. Les Vies de saint Clément premier evêque de Metz composée autour de l'an
mil" dans Religion et culture ... p. 291-300.
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