la lettre 64 écrite au nom d'Adalbéron en juin 985, on parle d'un élève Gausbert venu tra¬
vailler à Reims et que Nithard réclame; de fait Gausbert est également réclamé par Egbert
dans la lettre 56.7 Un autre élève, mieux connu, est Rémi, disciple bien-aimé de Gerbert. A
l'automne 988 (lettre 134) Gerbert écrit pour expliquer des problèmes d'arithmétique à pro¬
pos du calcul sur l'abaque puis il lui dit qu'occupé par les affaires politiques il n'a pas pu
encore lui envoyer la sphère que Rémi réclamait. Enfin il lui demande la transcription cor¬
recte de l'Achilléide, le livre de Stace: „Alors que tu ne peux avoir gratuitement cette sphère
à cause de ses difficultés de réalisation, tu réussiras à me l'extorquer pour les services ren¬
dus". A la fin de 988, écrivant à son amantissime frater; Gerbert le tient au courant du tra¬
vail de la sphère et évoque la copie de rAchilléide. En février 989, après la mort d'Adal¬
béron qui désespéra Gerbert, l'écolâtre se plaint des demandes de son frère Rémi: „Ce n'est
pas le moment de s'occuper d'une boule de bois, écrit-il, souffre donc avec patience les
retards qu'impose la nécessité et attend les jours meilleurs où puissent renaître les études
depuis longtemps mortes au fond de nous-mêmes." En novembre 989 (lettre 162), il
demande à son dulcissime frater des prières après le sac de Reims. Enfin au printemps 990,
il répond à une demande pour un remède à une affection hépatique.
Ce Rémi est connu d'autre part par des travaux. Il a écrit une histoire de saint Eucher à la
demande d'Egbert, il a commenté des textes de la grammaire de Priscien et fait un travail
sur l'abaque. Il devint abbé de Mettlach et selon l'auteur des Miracles déjà cités, il attire les
élèves, moines et clercs, de toutes les régions de la Gaule. Rémi a eu un neveu qui fut
maître à Prum, Metz et Trêves.
Si nous passons au monastère d'Echternach nous n'avons pas directement ce nom dans les
lettres de Gerbert sinon celle qui est envoyée à Sigefroy, oncle d'Adalbéron de Reims, abbé
laïc et réformateur de l'abbaye. Les liens entre Mettlach, Trêves et Echternach sont très étro¬
its grâce à l'abbé Léofsin, un anglo-saxon qui passa par Mettlach et se réfugia à Echternach
et grâce à l'abbé Ravanger (971-1007). Du scriptorium d'Echternach sont sortis de nom¬
breux classiques latins conservés de nos jours à la Bibliothèque nationale de France. Jean
Schroeder a montré les relations entre le programme de l'école et celui de l'école de Reims
et même si cette thèse est discutée par la suite dans d'autres ouvrages, l'essentiel demeure
valable. Nous constatons qu'un manuscrit mentionne l'épitaphe écrite par Gerbert après la
mort d'Adalbéron,8 que dans le manuscrit 1093 de Trêves au folio 137 est inscrite l'éloge de
Boèce par Gerbert lorsqu'il était archevêque de Ravenne. Enfin les lettres de Gerbert ayant
servi comme modèles aux élèves ont été recopiées dans un manuscrit d'Echternach au
début du XIe siècle.
Suivons Gerbert et dirigeons-nous vers Liège où est évêque un autre ami de l'écolâtre Not-
ker de 972 à 1007. Notker, chancelier impérial au service d'empereurs, intervint dans les
luttes politiques d'où de nombreuses lettres d'Adalbéron et de Gerbert à partir de mai 984.
Lorsque Gerbert est en conflit avec la papauté, il envoie un dossier à Notker, mais à aucun
7 J. Schroeder, Bibliothek und Schule der Abtei Echternach um die Jahrtausendwende, Publications de la
section historique de l'Institut Grand-Ducal de Luxembourg, vol. XCI 1977; cf aussi Michele Camillo
Ferrari, Sancti Willibrordi venerantes memoriam. Echternacher Schreiber und Schriftsteller von den
Angelsachsen bis Johann Bertels, Publications du CLUDEM tome 6, Luxembourg 1994, p. 24-29.
8 BN Paris, Ms. latin 9344, 42 r.
171