les incursions tartares. Les Tartares du Khanat de Crimée étaient les vassaux de la
Turquie, ils avaient adopté l’islam en fin du Moyen Age. Pendant plus de deux siècles
ils servirent d’auxiliaires dans l’armée turque et faisaient aussi pour leur compte des
incursions de rapine. Même des talus primitifs étaient suffisants contre les Tartares,
aussi aux XVIe et XVIIe siècles de tels talus entouraient de nombreuses villes du Sud-
Est.
Aussi bien là que dans le centre du pays il n’y avait pas de forteresses plus
modernes. Disons juste que le nombre relativement réduit et la faiblesse des fortifica¬
tions de villes n’étaient pas en désaccord avec la doctrine militaire polonaise et la pra¬
tique aux XVIe et XVIIe siècles1. En faveur était la guerre de mouvement, à l’aide
d’une cavalerie prédominante, tandis que toute l’Europe mettait au premier plan le
siège des places fortes. L’armée polono-lituanienne se composait principalement de la
cavalerie. L’armée régulière peu nombreuse était augmentée au moyen de la convoca¬
tion de l’arrière-banc seulement pour la période de la guerre. La réforme de 1718 vint
enfin moderniser son organisation, son armement et l’exercice sur le modèle des au¬
tres armées européennes, l’infanterie et l’artillerie y occupèrent donc une place égale à
celle de la cavalerie. A côté de l’armée du roi c.-à-d. de l’Etat, il y avait en Pologne
jusqu’à la perte de son indépendance, de nombreuses armées privées des magnats qui,
en temps de guerre, étaient tenues de soutenir la force militaire de l’Etat. Ceci se
rapportait également aux châteaux privés et aux villes fortifiées de magnats.
Il faut aussi souligner qu’aux temps modernes, l’initiative de fondation des villes
passa du souverain à la noblesse2. Le roi, de plus-en-plus majoré par les magnats, très
rarement pouvait subventionner des villes et leurs constructions militaires. Les plus
grandes fortunes et la puissance politique de la noblesse se formèrent depuis la fin du
XVIe siècle dans les provinces orientales du Royaume. La culture latine importée par
les Polonais y rencontrait une culture autochtone de tradition gréco-byzantine. Ces
terres souffrirent jusqu’à la fin du XVIIe siècle des incursions constantes des Tartares,
des invasions temporaires des Turcs, des troubles religieux causés par l’emprise de
Rome sur une population orthodoxe, des guerres privées entre les nobles, des insur¬
rections des Cosaques et des révoltes des paysans, dont les flambées atteignirent même
la seconde moitié du XVIIIe siecle.
Il y avait toujours peu de forteresses royales et encore moins de villes royales forti¬
fiées. Aussi la défense de ces terres reposait surtout sur les places fortes privées. Il faut
ajouter qu’en Pologne, contrairement à de nombreux pays d’Europe, la permission
royale n’était pas nécessaire pour édifier des châteaux et fortifier les villes. Aux temps
modernes ce fut même une sorte de devoir moral, souvent récompensé par le roi en
accordant des fiefs ou des dignités aux fondateurs.
Il est donc évident, qu’en tous ces circonstances, depuis la fin du XVIe siècle, la for¬
tification de villes en Pologne ne concerna presque exclusivement que les régions du
Sud-Est.
1 W. Majewski et J. Teodorczyk, Wojsko, dans: Polska w epoce Odrodzenia, Warszawa,
1970, p. 184—196; J. Wimmer, Wojsko, dans: Polska XVII wieku, Warszawa 1969, p.
169—1971.
2 W. Kalinowski, Miasta polskie w XVI i pierwszej polowie XVII wieku (Kwartalnik Arch-
tektury i Urbanistyki, Vol. 8, 1965), p. 169—197.
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