l’esprit comme développement
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sépare l'objet du sujet et si on le considère en lui-même
dans une transcendance insaisissable, où il est impossible
du reste de le mettre si ce n’est en qualité d’objet-:, déjà
pensé et par conséquent inséparable du penser, mais que
l’on considère abstraitement pour l’en séparer. Il est main¬
tenant évident qu’on ne saurait y trouver que ce que
l’esprit y aura mis.
17. Critique de la dialectique hégélienne. — Hegel a eu
le mérite d'affirmer la nécessité de penser dialectiquement
la réalité dans sa forme concrète, après avoir reconnu
l’impossibilité de penser dialectiquement toute réalité que
l'on se propose de penser, tant qu'on la considère comme
réalité en soi, présupposée par l'acte par lequel on la
pense, et tant qu’on fait abstraction de ce même acte.
Il s’était aperçu que l’on ne conçoit pas dialectique¬
ment la réalité si on ne la conçoit pas comme pensée et
il distingua l’intellect, qui conçoit les choses, de la raison
qui conçoit l'esprit ; le premier se représentant abstrai¬
tement et analytiquement les choses, une à une, et chacune
d’elles comme identique à elle-même et différente des
autres, tandis que la raison les comprend toutes dans l’unité
de l’esprit qui voit chacune d’elles comme simultanément
identique et différente d’elle-même ; différente de toutes
les autres et cependant identique à elles.
En étudiant la dialecticité de la pensée, qui se comprend
elle-même comme unité de la diversité et comprend les
choses comme variété de l’unité, Hegel voulut la déterminer
dans les divers instants de son rythme ; il se mit, lui
aussi, à la considérer comme la loi archétype du penser,
et en fit par conséquent le présupposé idéal. Naturelle¬
ment il ne put éviter, ce faisant, de la fixer, lui aussi, dans
des concepts abstraits, forcément immobiles, complète¬
ment étrangers à toute dialectique, et dont on ne saurait
concevoir le passage automatique de l’un dans l’autre ni
l’unification dans le réel et continuel mouvement logique.
On sait les difficultés qu’il rencontra, comme tous
ceux qui ont tenté de le suivre dans la déduction des
premières catégories de la Logique qui constituent le con¬