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l’esprit, acte pur
cessus végétatif, c’est-à-dire du développement de la plante
comme différenciation progressive et multiplication de
l’unité primitive. Dans cet exemple, on croit concevoir le
développement de la plante, tandis qu’en réalité il n’en est
rien, car la plante ne se développe et vit non pas en étant
simplement la succession de divers états, mais bien en étant
l’unité de tous ses états, à partir du germe îui-même. Et
lorsqu'on oppose le germe et la plante minuscule, à peine
surgie du sol, à l’arbre qui étend déjà ses branches, l'on cesse
de considérer la plante vivante pour rapprocher deux images
abstraites, comme on rapprocherait deux photographies
inanimées représentant une personne vivante, et l’on a
devant soi la multiplicité, au lieu de la réalité qui va se
multipliant à travers diverses formes mais reste toujours
une. Un autre exemple de la même erreur, emprunté
aux systèmes philosophiques et scientifiques, nous est
offert, d’un côté, par l’ancienne physiologie vitaliste, et de
l’autre, par la physiologie mécaniste qui, ayant prévalu
durant le siècle dernier, tomba dans la même erreur que la
première, précisément par réaction envers celle-ci, et
aussi, bien entendu, parce que les extrêmes se touchent.
Le vitalisme faisait de la vie l’antécédent nécessaire
ou le principe des diverses fonctions organiques. Il la con¬
sidérait comme une force organisatrice, au-dessus de toute
spécification particulière de structure ou de fonction. Le
mécanisme abolit cette unité antécédente aux divers pro¬
cessus organiques qui devinrent ainsi, privés de cette base,
de simples processus physico-chimiques. Et il rêva d'une
unité posthume, postérieure au jeu multiforme des forces
physico-chimiques que l’analyse positiviste découvre dans
tout processus vital. Pour les mécanistes la vie ne fut plus
principe mais résultat, et ils crurent substituer à une ex¬
plication métaphysique, ayant son point de départ dans
une idée ou dans une entité purement idéale, une
explication vraiment scientifique et positive, parce que le
nouveau point de départ était constitué par des phéno¬
mènes qui, pris un à un, pouvaient être objet d’expérience.
Us crurent, avons-nous dit, mais bien à tort. En réalité,
la métaphysique spiritualiste et finaliste venait à être