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l’esprit, ACTE PUR
comme terme de son activité transcendentale ; mais
quant à l’esprit lui-même, en disant qu’il est nous
entendons simplement dire, pour peu que nous en
ayons une conception philosophique, qu’il est son propre
développement, ou plus précisément que ce développement
s’actue.
3. Nature et esprit. — La pierre est, parce qu’elle est déjà
ce qu’elle peut être, et nous pouvons dire qu’elle a réalisé
toute son essence. La plante est-elle aussi, ainsi que l’ani¬
mal, en ce sens que toutes leurs déterminations sont les
conséquences nécessaires et préordonnées de leur nature,
qui est tout ce qu’elle peut être et n’a pas la faculté de
pouvoir se déterminer librement en de nouvelles détermi¬
nations impossibles à prévoir, c’est-à-dire ne dérivant pas
de ce qui est déjà leur nature, dans laquelle elles sont
implicitement existantes. La plante et l’animal sont donc :
« deux processus de réalité logiquement achevés, bien qu'ils
ne soient encore actués ni l’un ni l’autre dans le temps.
Leur existence est actuée idéalement, et partant les mani¬
festations de leur être doivent être conçues comme con¬
tenues par des limites, prescrites comme des termes presque
infranchissables de leur développement. Ceci est une
conséquence de la position dans laquelle chaque être se
représente par rapport à l’esprit en qualité de réalité dont
l’être est présupposé par l’acte de l’esprit qui ia contemple,
c’est-à-dire de l’esprit qui la connaît.
L’esprit au contraire se soustrait dans son actualité
à toute loi préétablie : il ne peut être défini comme un être
lié à une nature déterminée, dans les limites de laquelle
le développement de sa vie s’accomplit et s'épuise. Une
telle définition lui ferait perdre en effet le caractère
de réalité spirituelle qui lui est propre et le confondrait avec
toutes les choses, auxquelles il doit au contraire s’opposer
et s’oppose effectivement en tant qu’esprit.
Dans le monde de la nature, tout est naturellement.
Dans le monde de l’esprit, rien ni personne n'est naturel¬
lement, mais est au contraire ce qu’il devient par son œuvre,
par sa propre activité et rien n’est encore fait, rien n’est