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L’ESPRIT, ACTBîPUR
révélée à elle-même. Aussi l'idéalisme de Platon n’est-il
pas un spiritualisme, mais un vrai naturalisme, la position
d'une réalité qui n'est pas esprit. Et du fait même qu'elle
est, l’esprit n’est plus possible. Voilà précisément ce qui
caractérise aussi bien l’idéalisme transcendant que le maté-
tialisme le plus grossier.
4. Déduction de la nature. — Si l’on éprouve quelque
difficulté à se rendre compte de cette nouvelle façon de
déduire de l’idée en tant que penser la nature, c’est que l’on
perd de vue l’abstraction de la nature qu’il s’agit de déduire,
et que l’on se renferme dans le concept ordinaire et erroné
de la nature considérée comme réalité concrète et actuelle,
en méconnaissant complètement le caractère propre du
penser actuel comme réalité absolue. Car le naturalisme
a été à toute époque une conséquence nécessaire et presque
un second aspect de l’intellectualisme, qui peut être défini,
la conception de la réalité comprise comme l’opposé, et
rien que l’opposé, de l’esprit. Or si ce dernier a la réalité
en face de lui, il ne peut la connaître qu’en la présupposant
comme déjà réalisée et par suite qu’en se limitant au
rôle de simple spectateur ; il ne peut donc, après l’avoir
connue, s’y retrouver (ce qui serait du spiritualisme),
et ne peut y voir exclilsivement que le non-soi : précisé¬
ment la nature. Mais ce n’est pas à la nature selon l’in¬
tellectualisme que nous devons aboutir. Si nous y étions
réduits, cela prouverait que l’intellectualisme est dans le
vrai, et il n’y aurait plus lieu de trouver la nature par
déduction, puisque dans la position intellectualiste elle est
elle-même le principe. Le problème de sa déduction ne se
présente en somme que lorsque la fausse position de l’intel¬
lectualisme a été surmontée, et que l’illusion d'une réalité
naturelle vient en conséquence à disparaître.
5. La nature comme nature abstraite. — C’est ainsi qu’il
devient facile de reconnaître le caractère abstrait du penser
en tant que tel, c’est-à-dire de la nature en tant qu’opposée
à l’esprit. Le fait est que cette nature mystérieuse, impéné¬
trable à la lumière de l’intelligence, nous apparaît alors