PRÉFACE
XI
essentiel de vérité, sans toutefois rien devenir de plus qu'un
moment.
Historique, gnoséologique et métaphysique, ce système
se distingue en outre par la fusion du théorique et du pra¬
tique, qu’il nous révèle aussi intime dans l’actualité de la
vie que celle du subjectif et de l’objectif dans l’acte de
l’esprit. Ceci porte naturellement à une pédagogie, une
philosophie du droit et une morale toutes nouvelles,
l’identité entre la volonté et l’intelligence des citoyens
d’un côté, la loi et l’État de l’autre, ayant des appücations
aussi simples et directes qu’inattendues. Telle est la
raison pour laquelle ce système si hautement spéculatif
entre presque de plain pied dans la vie, et certains de
ses concepts viennent à être actués, vécus, par des gens
incapables de saisir la portée du système philosophique
dans son ensemble.
La philosophie des derniers siècles, qui insistait de plus
en plus sur les différences, a eu et devait avoir des
applications politiques, pédagogiques et scientifiques qui
ont morcelé, pulvérisé le monde philosophique et pratique.
Giovanni Gentile semble marquer un tournant. Il in¬
siste sur l’identité qui unit les termes de toute différence
et rend la relation différentielle possible ; la différence,
loin d’être annulée, subsiste cependant au point de rendre
absurdes et mal fondées les accusations de panthéisme
et de mysticisme que des critiques mal préparés pour le
comprendre lancent à son système.
L’intuition fondamentale de l’œuvre que je présente au
public français en est la meilleure preuve : point d’objet
réel, point de sujet réel, en dehors de l’acte qui les pose en
les opposant l’un à l’autre ; seule, leur relation actuelle leur
confère la réalité et cette réalité est nécessairement dépen¬
dante de leur position, qui entraîne leur opposition.
Rien donc, qu’il me soit permis d’insister, rien qui soit
moins mystique ou panthéiste. L’opposition des termes et
la différence qui en est la conséquence sont surmontées,
sans être jamais annulées, car ce sont elles qui fournissent
l’articulation de la vie dialectique à l’unité de l’acte, hors
de laquelle les termes n’existent pas. C’est toutefois le