LE POSITIF EN TANT QU’AUTOCRÉATION ÇI
ments distinguées par lui selon la qualité, la quantité,
îa relation et la modalité, il ne pouvait mettre que des juge¬
ments ayant une seule et même origine : le « je pense ».
Aussi doit-on au contraire sous-entendre que le jugement
{qui peut être assertoire, problématique, ou apodicti-
que) est dans tous les cas le contenu d’un jugement fonda¬
mental qui échappe à toute classification. La conséquence
grave de la critique ainsi faite à la théorie kantienne est
qu’elle ne classe pas des jugements, mais de mortes abstrac¬
tions; c’est-à-dire que les jugements qu’elle a classés ne sont
pas les actes spirituels qu’ils devraient être, mais des faits
naturels comme le deviennent les jugements et tous les
actes spirituels lorsque, par une considération abstraite,
ils sont pris hors de leur actualité concrète. Dans le juge¬
ment affirmatif de Kant, le rapport réel, qui n’est pas
nécessaire mais contingent, n'appartient pas en réalité au
jugement, mais au fait naturel, empiriquement appris,
et considéré dans son objectivité abstraite indépendam¬
ment de l’esprit qui se le représente. Ainsi la distinction
établie par Kant n’a sa raison d’être que sur la base de
l’empirisme, qui voit l’objet du penser mais non le penser
lui-même, qui pourtant lui confère son objectivité.
4. Incohérence de Kant. — Cet exemple est d’autant
plus significatif que Kant est le créateur de l’idéalisme trans¬
cendantal, dont le principe surpasse et de façon défini¬
tive, l’empirisme, en reportant l’expérience de l’objet au
sujet qui l’actue. Dans ce cas, comme en tant d’autres,
cet illustre philosophe s’applique laborieusement à exposer
d’artificielles doctrines, qui sont en outre insoutenables,
parce qu'il ne parvient pas à fixer avec stabilité ce principe,
que l’on pourrait appeler le principe de l'immanence de la
pensée abstraite dans le penser concret.
5. Le penser en tant que forme concrète de Vuniversel et
de l’individu. — Cherchons donc dans le penser concret
la positivité de l’iiniversel et de l’individu qui échappe
à la pensée abstraite. L’abstrait universel est l’objet du
penser, mais il n’est pas le penser. L’abstrait individuel est