l'abstrait universel et le positif 8i
est propre dans la pensée. Aussi n'ont-elles d'autre valeur
que celles qu’elles ont dans cette même intelligence où elles
sont reproduites par l’anamnésie, sans laquelle l’intimité
de cette cohabitation serait aussi inutile que vaine. En
d’autres termes, les idées n’ont rien de positif en tant qu’im¬
manentes à l’intelligence, mais elles impliquent et exigent
un processus de l’intelligence qui a son principe dans l’im¬
manence même des idées, encore implicites et obscurcies
par les ombres de l’expérience immédiate et sensible
ou, comme le dit si poétiquement Platon, par les ténèbres
de la prison dans laquelle tombe l’âme. Cette immanence
n’est du reste que la présence immédiate de la vérité dans
l’intelligence, qui néanmoins doit encore prendre conscience
de son contenu. De fait et en général, pour Platon comme
pour tous les partisans de la connaissance a priori ou des
idées innées, l’universel n’est jamais positif, puisqu'il accom¬
plit sa fonction dans la connaissance. Pour eux il n’est ja¬
mais quelque chose d’étranger ou de présupposé au sujet,
mais il est l’acte qui pose une activité propre dont il est aussi
déploiement réel. Ce concept fut accentué par l’empirisme,
qui oppose précisément au concept la sensation ou expé¬
rience immédiate, parce que ce concept par le sujet en
est l'abstraction, la construction, le présupposé, etc., sans
en être le positif. Car le positif, quand il se présente au sujet,
est déjà, et doit être déjà précisément pour pouvoir se pré¬
senter à lui, n’existant pour lui qu’à cette condition.
Le véritable positif est donc ce qui est effectivement posé,
mais ne l'est pas par nous ; c’est l’individu et dans sa particu¬
larité, tandis que l’universel est soit ce que l’empiriste dit
qu’il est, c’est-à-dire ce que nous le faisons, soit ce qu'il
est déjà en tant que refait par nous, comme disent les aprio-
ristes. Le philosophe italien Vincent Gioberti affirme un con¬
cept analogue, car tout en présupposant l’intuition directe
de l’universel (ou de la connaissance nécessaire), il
ravive et absorbe en même temps l’intuition dans la
réflexion, et celle-ci prenant graduellement conscience de
l’intuition à travers l’activité du sujet, il en fait la
base de notre connaissance.
GENTILS
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