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l’esprit, acte pur
sonne ne saurait rejeter dans le facendum comme nous
l’avons dit ; terrain sûr, où l'on peut marcher et s'appuyer
tranquillement. On ne saurait dire que toute réalité
fasse défaut à la pensée telle que Platon la conçut et telle
qu'elle est toujours conçue (c’est-à-dire comme un univer¬
sel qui n’est pas le particulier des choses particulières) ;
mais la réalité réalisée qu’est le positif lui manque et
elle ne saurait la produire puisque l’idée, pour irréelle
qu’elle soit en comparaison de la réalité dont nous venons
de parler, est néanmoins réalisée en elle-même. L’indi¬
vidualité tant cherchée est donc tout simplement le
positif.
19. Le positif posé par le sujet et le positif posé par les
autres. — Le positif lui aussi peut être compris de deux
façons, car, si toute chose posée peut être dite positive,
elle peut être posée par le sujet pour qui elle est posivive
ou par quelqu’un d'autre. Or le positif dont la pensée en
tant que pur universel a besoin, ne saurait être posé par
le sujet. Il importe de faire observer ici que même les idées
platoniciennes, tout comme celles de Descartes ou le logos
hégélien, constituent elles-mêmes un positif en tant que con¬
cevables comme déjà réelles (réelles en qualité d’idées) , et
par conséquent comme n'étant plus à réaliser. Elles ne
sont pourtant pas positives au même titre que les choses
qui doivent en naître et en comparaison desquelles elles
ne sauraient être réelles. L'intelligence qui pense aux
idées, et seulement aux idées, les pense déjà comme réelles,
(comme une réalité positive, qui peut être imaginée
comme l’objet d’une expérience réelle et positive dans l’Hy-
peruranien), tandis que lorsqu’elle les pose en rapport avec
les choses, celles-ci seules sont positives et les idées ne le
sont plus. Il est donc impossible, malgré toute leur transcen¬
dance, de considérer les idées comme un résultat, ou comme
quelque chose de positif par rapport auquel le processus
subjectif dont elles sont l’objet serait posthume dès qu’on
les met en face des choses. Les idées appartiennent intrin¬
sèquement à l'intelligence, puisqu’elles servent à la con¬
naissance des choses et accomplissent la fonction qui leur