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200e ANNIVERSAIRE
Notes et Hemmseences Historiques
PUR LA VILLE
SARRE-LOUIS.
Rechtsanwalt
1680-1850 Dr, Heinrich -Schneider
VOSUdiE
BÜCHEREFI - ARCH \
Nr.
Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j'en suis. Si même
Ils ne sont plus que cent ! je brave encore Sylla !
S’il en demeure dix, je serai le dixième,
Et s’il n’en reste qu’un. je serai celui-là.
VICTOR HUGO,
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VILLE DE SARRE-LOUIS
Les quelques pages qui suivent sont dédiées par une
des nombreuses victimes de la conquête :
“ Aux mânes de nos ancêtres qui, du haut des cieux,
“ veillent religieusement sur notre cité en deuil ; à nos
“ compagnons d’enfunce qui, témoius des efforts de nos
“ pères, ont été nourris par leur mère dans le culte de la
“ patrie; à nos frères d’Alsace-Lorraine qui partagent
“ aujourd’hui le triste sort de Sarre-Louis, et à toi, chère
“ France si souvent éprouvée, mais toujours adorée.
L’AuTeur :—UN SARRELOUISIEN.
TROIS PERIODES=TROIS DATES
—_p—
PREMIÈRE PÉRIODE
1680 — 1697
-—0
La paix de Nimègue (1679) venait d’être signée.
La politique des grandes traditions françaises venait
d'obtenir un de ses plus brillants succès.
Cependant Louis XIV et les hommes qui l’entou-
raient ne méconnurent point la responsabilité qui leur
incombait : riche en expérience depuis la ratification du
traité de Munster, placé pendant trente années vis-à-vis
la politique à double face de l’Empire, ils savaient se
garantir contre les éventualités de l’avenir.
À peine les préliminaires établis, il fut décidé d'élever
sur la Sarre une place forte, reliant Longwy à Phalsbourg,
en communication directe et facile avec Metz, et destinée
à mettre le N. E. de ia France à l’abri d'une invasion
Germaine.
Au mois de décembre 1679 et janvier 1680, nous
trouvons Vauban à Vaudrevange, occupé à examiner le
terrain et à mettre la dernière main à son ‘“ projet ins-
tructif de la fortification de Sarre-Louis.”
Thomas de Choisy, marquis de Moigneville, Lieut -
Général des armées du Roi, fut nommé gouverneur de la
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future place. Digne disciple du grand Maître, ce co-
auteur du hardi tracé fut en même temps chargé des
travaux de construction de la forteresse, véritable chef-
d’œuvre du génie militaire. Savamment secondé, par
Richerand, ler Ingénieur du Roi, par Favard, directeur
du génie, et par une foule d'autres ingénieurs, dont nous
trouvons encore de nos jours de nombreux descendants
parmi les Sarrelouisiens, les ouvrages préliminaires avan-
cèrent rapidement.
le l4 avril, le premier détachement de sapeurs
arriva à Vaudrevange, pour abattre les bois et dégager
et niveler le terrain.
Et le 5 Aour 1650, dix jours avant la date fixée par
Vauban, on posa la première pierre
Escorté d’un brillant Etat-major, entouré de la pompe
officielle et des splendeurs ecclésiastiques, de ces temps de
magnificences royales, le représentant de Louis XIV
avait la légitime satisfaction de pouvoir bientôt offrir à sa
patrie un rempart nouveau, un boulevard avancé, destiné
à protéger en première ligne le cœur même de la France.
C’est donc le 5 août 1680 qui est la première date
mémorable de Sarre-Louis.
Dès le commencement de cette époque se place un
curieux incident.
En Décembre 1680, apparut soudainement la grande
comète de Halley.
Astre aux proportions gigantesques, inconnues jus-
qu’alors, splendide et brillant, couvrant de sa vaste
traînée de lumière près de 80 © de l’horizon.
Les esprits se portèrent à toutes sortes de rêves. à
toutes sortes de préoccupations.
On travaillait alors à la construction de Sarre-Louis ;
ne nous étonnons donc pas, si d'extravagantes destinées,
d’étranges malheurs, furent prédits à la nouvelle ville.
Hélas! malgré la science, on est forcé d’admettre que
certaines superstitions du peuple, reposent sur une sorte
d’intuition innée. Il y a chez lui un pressentiment inex-
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pliqué de l’approche du danger, de l'existence d'immenses
espoirs et de grands redressements de torts dans un
avenir plus ou moins éloigné.
Certes hélas! trois fois hélas! les malheurs et les
douleurs ne nous manquaïent pas……
La construction de Sarre-Louis fut poussée avec la
plus grande activité. Six mille hommes, tant ouvriers
que soldats, y travaillaient sans relâche.
Les régiments de Vaubrecourt et d’Hamilton furent
les premiers.
Ceux de St. Mori, de Coursol et de Navarre, suivirent
de près.
Trois autres régiments y travaillèrent pendant quatre
ans.
C’était le régiment Dauphin-Infanterie, qui laissa,
ainsi que le régiment Picard, leurs noms aux villages
bâtis sur l’emplacement de leurs camps, et à l’empläce-
ment du Beau marais, de nos jours, campait le régiment
Beauvoisy.
D’autres régiments vinrent, par intervalles, camper
au dedans et au dehors de la nouvelle place. Près de
cinq millions de livres y furent dépensées. Le sol étant
marécageux, on dut construire les assises des murs sur
des pilotis, reliés entre eux par force madriers en chêne.
La plus grande partie des pierres fut extraite des
carrières de Bous et de celles du Limberg. Pour en
faciliter le transport, on creusa un canal, qui reliait les
étangs du Mockenloch avec la Sarre.
Voici comment Dom Calmet décrit la nouvelle ville,
dans son histoire de la Lorraine. “ La ville qui se for-
“ mait dans cet intervalle et qui est située dans l'Isme
“ d’une presqu’isle que forme la Sarre, a une figure hexa-
“ gone régulière de six bastions. Le côté qui est sur la
“ rivière est plus étendu que les autres. Au-devant des
“ courtines sont placés de petits ouvrages, appelés tenail-
“ les ; cing de ces fronts sont couverts de demie-lunes, le
“ tout revêtu de bonnes maçonnerics. Le fossé qui
“ entoure tous ces ouvrages, et qui est accompagné d’un
‘‘ bon chemin couvert est plein d’eau. Au-delà de ce
‘‘ chemin couvert règne tout autour un avant fossé dans
( lequel on a élevé neuf redoutes revêtues de pierres. Cet
‘ avant fossé est défendu d’un autre chemin couvert du
“ côté de la terre, c’est-à-dire depuis le retranchement des
“ Capucins jusqu’à la rivière. On entre par deux portes
“ diamétralement opposées, etc., etc.”
Le ler mars 1681, l’on planta les jalons pour l’aligne-
ment des rues, c'est-à-dire que de ce jour là date, à propre-
ment parler, la construction de la ville même.
Dès ce moment on s’occupa de lui assurer un sort
digne d’elle ; à lui procurer par tous les moyens, une
existence aisée, un avenir facile et même brillant.
Et c'est alors—n’en déplaise à Messieurs les Prus-
siens, et leurs peu véridiques historiens de la trempe de
celui qui écrivit l’article sur Sarre-Louis, pour le
“ Bœdeckers guide des voyageurs ” ou bien de ces savants
anonymes du ‘“ Leipziger Grentz Bote ” et du Frankfurter
Zeit, 1862,—c'est alors que nous voyons déployer un
zèle tout à fait inusité, même pour cette époque de prodi-
gieuse énergie de Louis XIV, afin d’atteindre prompte-
ment le but proposé.
Car on voulait non-seulement, par la construction
d’une nouvelle forteresse, dans l’une des parties les plus
exposées du royaume, élever un rempart solide, contre
une invasion du côté de l’Allemagne, mais encore fallait-
il résoudre une question de haute administration politi-
que.
Par le traité de Nimègue, qui pour la France, confir-
mait en tous points le traité de Westphalie, Louis XLV
fut non-seulement mis en possession de la plus grande
partie de la Lorraine, mais encore de presque tous les
pays de l’Empire situés entre le Rhin et la Moselle.
Il fallait trouver une capitale à cette nouvelle pro-
vince ; et cette capitale devait réunir des conditions toutes
spéciales. Elle devait, avant tout, pour satisfaire les
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justes exigences de l’Etat, être éminemment françuse et
d’un accès facile, et, par sasituation, former un centre d’une
valeur relativement importante, et surtout ne pas éveiller
les susceptibilités jalouses des différentes principautés ou
villes, qui ne tarderaient pas à se disputer le siége du
Gonvernement.
C’est en cherchant à concentrer dans un établisse-
ment entièrement nouveau, ces conditions variées et
essentielles, que Sarre-Louis fut choisi pour chef-lieu de
la province de lu Sarre. En attendant la fin de ln
construction, l’Intendant Antoine Bergeron de ln Gou-
pillière, Conseiller du Roi et adiministrateur en chef de
la nouvelle Province, se fixa provisoirement à Hombourg,
dans le Palatinat.
Vers la fin de 1683, la nouvelle ville, née capitale, fut
remise rayonnante et pleine d'avenir, au gouvernement
par ses fondateurs.
De cette année aussi date son existence municipale.
Son premier magistrat ‘“‘ Ferdinand Heyl ” (de Vaudre-
vange) fut installé comme Maire, et deux Pères Récollets
de Paris furent chargés de l’adtninistration du culte.
Le 7 juillet 1684, Louis XIV, la Reine, le Dauphin,
et toute la cour, arrivèrent du camp de Bouquenom à
Sarre-Louis.
Apparemment, pour rendre visite aux déportés de la
nouvelle colonie pénitentiaire et à leurs dignes épouses
triées dans la fange parisienne—selon l’assertion fantai-
siste et bienveillante de certains Prussiens—T'as de Tar-
tufes, qui veulent bien par là nous reconnaître UNE ORI-
GINE FRANÇAISE.
Après un court séjour à Vaudrevange et dans la
nouvelle place, le cortège royal retourna à Versailles par
Teterchen et Metz.
Au cours de cette même année, l’Académie des Ins-
criptions fit frapper une médaille commémorative de la
fondation de Sarre-Louis. Sur face, l'effigie de Louis
XIV avec la légende : 2
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* LUDOVICUS MAGNUS FEX CIHRISTIANISSIMUS.”
et au revers, la nouvelle ville, en la figure d’une femme
couronnée de tours crénelées, présentant le plan de son
enceinte à la Sarre, qui est couchée dans les roseaux,
appuyée sur une urne ; pour légende :
SARLOISUM CONDITUM, MDCLXXXITI
Médaille dont—entre parenthèse —cent cinquante années
plus tard, une copie en or fut offerte par la municipalité —
lisez Landruth, (espèce de gouverneur prussien) —à un
roi de Prusse, Guillaume ITT lors de sa 1ère visite à Sarre-
Louis :
** Bei hoechst dero anwesenheit dasselbest unter-
‘ thaenigst ueberreicht und allergnaedigst angenomumen,
‘ seine Majestaet haben hierauf geruth, der Stadt hoechst
‘ dero Bildniss als ein huldreiches Geschenk uebersenden
‘“ zu lassen.”
Selon la véridique et édifiante chronique officielle de
nos présents maîtres.
Nous venons d'indiquer sommairement, quelles
étaient les raisons politiques et administratives qui firent
Sarre-Louis, capitale de la nouvelle province. Nous
allons essayer d’expliquer en peu de mots, pourquoi on
éleva la nouvelle forteresse. sur l’emplacement qu’elle
occupe.
Lorsque l’on étudie l’histoire des avant derniers
siècles et que l’on cherche à se reconnaître dans ce dédale
de complication politique, d’évènements aussi étranges
qu’imprévus, de guerres civiles et religieuses, d’ambitions
effrénées et de crimes épouvantables, on est—en écartant
la question religieuse—frappé de la persistance caractéris-
tique de deux choses: lo. de la guerre acharnée de la
royauté contre la féodalité; 20. de l’aspiration instine-
tive des peuples à l’unité nationale.
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A l'époque dont nous parlons, la première, en ce qui
concerne la France au moins, était en partie gagnée, mais
la seconde de nature beaucoup plus compliquée, qui n’était
qu’à l’état d’embryon, fut rigoureusement poursuivie par
les chefs de la politique alors régnante.
Mais nous ne voulons pas faire ici de traité sur la
marche des évènements de ces temps mémorables, nous ne
voulons pas toucher à ces querelles séculaires, entre l’Alle-
magne et la France, datant, sans interruption, de la succes-
sion de Charlemagne; nous avons même pas à juger de la
validité plus ou moins contestée des traites de Westphalie
et de Nimègne, ni les (hambres de Réunion résultant des
dits traités; nous n’avons qu’à enrégistrer les faits tels
que l’histoire nous les fournit, et nous borner de présen-
ter la variété des procédés appliqués à la fortune de notre
ville.
Dès 1661 Vaudrevange appartient de droit et de fait
à la France, et cela en vertu d’un traité spécial, conclu le
6 février de cette année, entre Charles, Duc de Lorraine
et Louis XIV. Cette session, librement consentie, fut non
seulement antérieure au traité de Nimègue, mais absolu-
ment hors de toutes contestations du genre de celles qui
se produisèrent contre une partie des annexions, résultant
des décisions des Chambres de Réunions.
Vaudrevange et son territoire était donc doublement
pays de France.
Mais cette ville autrefois si florissante, fortifiée et
siège présidial d’un des trois grands Baillages de Lorraine
était depuis longtemps déjà vouée à la décadence.
Les misères des guerres du 17e siècle, surtout les hor-
reurs de la guerre de trente ans et le sac de 1034 ache-
vèrent sa ruine.
La place n’était plus tenable ; sa position stratégique
était absolument contraire à toutes les nouvelles règles de
l’art du génie militaire. Il n’y avait donc pas à songer
à l’utiliser, ni à relever la ville par une reconstruction
partielle ou totale.
Ceci établi il fallait aviser.
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Une place forte, construite sur un terrain étant pro-
priété française incontestable, située d'un côté
au sommet des réc:ntes acquisitions relevant des Trois
Evêchés, de l’autre côté, sur l’extrêmne froutière du duché
de Lorraine, une pareille forteresse, mieux que toute
autre, pouvait servir aux trois fins que l’on se proposait
d’atteindre :
lo. Protéger les premiers ;
2o. Couvrir la seconde ; et,
80. Boucher la large trouée entre la Moselle et les
Vosges.
Vauban en conséquence fut chargé d'exécuter les
volontés du maître et Choisy eut l’honneur de trouver la
place favorable ; et c'est ninsi que Sarre-Louis s’éleva sur
son emplacement et que Vaudrevange fut absorbée par lu
nouvelle ville.
Dansle “ projet instructif de la fortification de Sarre-
Louis fait à Vaudrevange le 8 janvier 1680 par Vauban)”
nous relevons le passage suivant :
‘“ En bâtissant cette place. il ne faut pas oublier
‘ d’achever de défaire les murailles du dit Vaudrevange,
‘“ jusqu’aux fondements et d'employer les matériaux en
‘“ provenant, au revêtement de la place et des ouvrages
“ extérieurs. À l’égard des habitants de ces lieux qui
‘“ peuvent faire nombre de 110 à 120 feux au plus, en
‘ transporter une partie dans la nouvelle ville, leur accor-
“ dant quelques franchises, et laisser d’autres en ceslieux
“* pour continuer la culture desterres. Au reste, à mesure
“ que quelqu’un de ses habitants ira demeurer à Sarre-
* Louis, il faudra démolir sa maison à Vaudrevange et
“ réduire tout ce lieu en village.”
* Défricher tous les environs de la place et tout le
“ pays qui en dépendera, et le peupler d’hommes et de
“ bestiaux, cur al me contient pas présentement la dixième
‘ partie de ce qu’il y a eu autrefois; et sur cela recher-
“ cher des expédients les plus favorables, les mieux ave-
“ nants pour ce dessin, qui sont de mon avis de ‘“ soulager
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“ les peuples qui y restent et leur accorder des exemptions
“ pour douze ou quinze années.”
Tels furent les avis de Vauban, militaire avant tout,
mais non moins bon politique.
Louvois. Colbert et Louis XIV profitèrent de ces
avis : Par lettres patentes du 30 avril 1681, l’on exempta
les habitants de Vaudrevange et de Listroff, allant habiter
la nouvelle ville, de tous impôts, leur accordant moitié de
la valeur de leur maison existante, à condition de les
abattre, avec permission de se servir des matériaux de
démolition pour rebâtir en la nouvelle ville. Le terrain
était donné gratis, avec une pièce de terre en dehors des
glacis, pour y faire un jardin.
Par lettres patentes du 30 novembre de la même
année, enregistrée an parlement de Metz le 29 décembre
suivant, le roi accordait “aux Etrangers s’établissant à
Sarre-Louis et y construisant des maisons, Lettre de Natu-
ralisation.”
Au mois de novembre de l’année suivante, une décla-
ration enregistrée au parlement, en avril, accordait de
nouveaux privilèges, soit : ”
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lo. Exemption des droits d’entrée et de sortie des
vins, denrées et marchandises ; exemption de la taille et
autres impositions, ainsi que du logement des gens de
guerre.
20 Construction d’un hôtel de ville, installation des
échevins choisis parmi les bourgeois.
30. Trauslation des marchés de Vaudrevange à Sarre-
Louis, portant le nombre de foires de quatre à six,
lesquelles six foires étaient franches.
4o. Translation de Vaudrevange à Sarre- Louis, du
siège de justice, des maîtrises et confréries.”
Favorisée par de tels avantages, la nouvelle ville se
peupla rapidement,
L’on avait nullement besoin d’appliquer les mesures
de coercion aux habitants de Vaudrevange, c’est-à-dire
brûler leur ville et les traîner à coup de crosse de fusil,
dans la nouvelle place ; ni de recourir à l’ignoble procédé
cité plus haut, et dont les séides de nos maîtres firent, avec
un sans gêne tout prussien, un thême d'engeignement
contre la France et contre Sarre-Louis. pour leurs écoles.
Loin de là. Lorsqu’en 1685, Louis XIV, par le
fameux édit du mois de février, créa à Sarre-Louis, le
Baillage et le Siège Présidial de la nouvelle Province,
l’importance de la ville, prit subitement des proportions
extraordinaires.
De près et de loin on s’empressa d'accourir dans ses
murs.
Après Vaudrevange et les environs, les provinces de
la France et de la Lorraine offrirent le contingent le plus
important. Et cela autant par de nouveaux émigrés que
par la foule d'entrepreneurs et d'employés intéressés aux
travaux de la fortification et de la place, et qui s’y fixèrent
définitivement.
En outre, en examinant les actes publics et la chro-
nique locale de l’époque, nous voyons que l’Italie, la Suisse,
la Hollande et le pays de Trèves fournirent, en de propor-
tions faibles il est vrai, des individus, des familles entières,
qui se hâtèrent de prendre une part active à la fortune de
la nouvelle cité.
Cet empressement du reste est assez facile à expli-
quer. Le siége présidial en question avait pour ressort
les offices et prévotes de : Vaudrevange, Siersberg, Shanen-
berg, Merzig, Sarreguemines, Putlange, Castel, Forbach.
Berus, Boulay, et la seigneurie de l’abbaye de Tholey, qui
comprenait la majeure partie de l’ancien Baillage d’Alle-
magne dont le siège était avant à Vaudrevange.
La Lorraine y ajoutait : “ les prévotes et seigneuries
de Freistroÿ, Longueville, Dieurze, Hombourg, St. Avold,
Surreverden, Bouquenom, Sarre bourg, Amance, Condé,
Marsal, Lixin, Phalsbourg et Fenèstrange.”
L’Empire y ajoutait : “le duché de Deux-Ponts, le
comté de Sarrebruck, le comté de Sponheim, le rhingraviat
du RJun : le landgraviat de Linange ; le comté de Falken-
steim, le comté de Veldentz, les seigneuries de Bliescastel.
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d'Ottweiler, de Birkenfeld, de Trarbach, Obers*ein, St. Wen-
del, Lanuterec et Meissenheim, formant un total de vingt-six
villes, et mille six cent cinquante villages.
On attacha au dit siége deux présidents, un lieute-
nant général civil et criminel, huit conseillers, un avocat
du Roi. un substitut, un greffier et quatre huissiers. Peu
après on y ajouta un grand Bailly, un lieutenant particu-
lier civil et criminel, un conseiller, d’honneur, un second
substitut, un payeur des gages, huit procureurs et deux
notaires.
L’on créa une Chancellerie, et par un édit de janvier
1687, une Maîtrise des Eaux et Forêts. Cette juridiction
était regie par les coutumes de la Lorraine. Les appels
se portaient dans les premiers temps au parlement de
Metz, mais peu après directement à Paris.
Dès ce moment l’influence de Sarre-Louis grandissait
de jour en jonr.
Chef lieu de la province de la Sarre ; siége d’une juri-
diction, qui s’étendait jusqu’à l’Alsace, le Rhin et la
Moselle ; place de guerre de 1ère classe, ville libre de par
ses institutions. indépendante par son commerce, Sarre-
Louis, ne pouvait être qu’ure place privilégiée dont on
était heureux de faire sa demeure et fière de partager sa
destinée.
La société en ces temps y était des plus brillantes.
Gens de robe et d’épée y étaient nombreux, rivalisant
d'éclat et de savoir vivre.
Les Récollets et les Augustins y représentaient digne-
ment les lettres, les sciences et les arts.
La noblesse des environs, attirée par ce milieu-choisi,
véritable cour en miniature, accourut dans ses murs.
Les abbés de Wadgasse, de Metlach, de Tholey et de
Freistroff, le Commandeur de Becking, l’abbesse de Frau-
loutre, s’empres-èrent d’y construire des maisons, ou plutôt
des hôtels au petit pied.
La rue “ des Seigneurs,” tout un quartier de la ville
même, attestaient, il n’y a pas longtemps encore, des splen-
deurs de cette époque.
Une bourgeoisie libre, instruite, et au-dessus des
besoins matériaux emboîtait le pas à la noblesse, et fière
de ses privilèges, elle maintenait haut et ferme les vertus
de son état.
Les armes de la Ville, qui à quelques détails et à la
devise près ressemblent à l’emblême personnel de Louis
XIV, le salon de réception de l’hôtel de Ville, avec ses
meubles, ses tentures des Gobelins, présents précieux et
vraiment royaux du fondateur—tout cela ne permet pas
de se méprendre sur la valeur de notre cité, sur l’impor-
tance de notre municipalité, et sur la considération avec
laquelle on traitait alors ses habitants.
Tel était Sarre-Louis au moment de son apogée de
1685 à 1697.
Iélas ! premier hélas ! le traité de Ryswick fut
pour Sarre-Louis presqu’aussi désastreux, que devait l’être
le traité de Paris (1815).
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SECONDE PÉRIODE
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1697 - 1815
PREMIÈRE PARTIE
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Le traité de Ryswick fut la ruine de Sarre-Louis.
Par ce traité la nouvelle Province fut disloquée, les
pays conquis à l'Empire furent restitués, la Lorraine fut
rendne à son Duc.
L'article 32 fit de notre ville et de six petits villages
d'alentour la seule terre de France restant de cette splen-
dide mais éphémère province.
Séparée de la mère patrie par une distance de plu-
sieurs lieues, elle ne formait plus. qu’un simple avant-
poste, d’une valeur stratégique incontestable, il est vrai,
mais parfaitement isolé et le plus souvent oublié au mi-
leu de pays redevenus étrangers.
En dépit de cette position si précaire et si cruelle on
s'attendait à voir, les Sarrelouisiens, conserver intact
l'attachement À la patrie, porter haut et ferme le drapeau
de la France.
Tandis que les habitants cherchaient à ne pas faillir
à ce devoir, le cercle de fer formé par l’électorat de Trèves,
par le duché de Nassau-Sarrebruck, par la, Lorraine, par
les pays de l’Empire, de l’Espagne et de la Suède, com-
mençait à les étouffer.
Membres, naguère, d’une même famille, formant un
tout homogène, sans trop de frontières intérieures, exer-
gant leur commerce sans entraves, ils ne trouvaient plus
alors, au sortir des portes de leur ville, que le fisc étran-
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ger, Âpre à la curée, malveillant ou hostile selon les cir-
constances, et souvent les deux à lu fois.
Du reste, les relations entre des peuples de différentes
nationalités étaient très difficiles à cette époque.
Le morcellement des Etats, les formes variées de
gouvernement, les systèmes divers d'économie politique,
(lorsque toutefois il en existait), étaient peu faits pour
développer le commerce, peu faits pour aider au progrès
de la civilisation ; et lorsque la formule sacramentelle de
la monarchie absolue eût été érigée en dogme par Louis
XTV, religieusement recueillie par les puissances de
l’Europe, ridiculement singée par toutes les princi-
pautés de l’Allemagne, toute marche ascendante vers un
idéal plus élevé fut plus que jamais enrayé, et le mouve-
ment civilisateur arrêté pour longtemps.
Quels sentiments de fraternelles relations pouvaient-
on bien demander à des peuples, alors que chaque pays
était la propriété personnelle de son prince, sa “ chose ””
et que pour toute alternative les Nations n’avaient qu’à
accepter des faits accomplis, c’est-à-dire les coups du hasard
et de l’arbitraire, fournir des fonds aujourd’hui à Pilate,
pour appartenir le lendemain à Caïphe ?
Comment tronver autre chose que de l’égoïsme chez
le voisin ? Où chercher de l’attachement, lorsque le senti-
ment de la ‘“ patrie” n’était encore qu’à l’état d’embryon,
ignoré par le vassal, foulé aux pieds par les souverains ?
Que pouvait faire dans de semblables circonstances
une ville de quatre à quatre mille cinq cents âmes, déta-
chée de la mère patrie, jetée au gré du hasard, ou plutôt
de parti pris, dans un milieu forcément hostile !
Il n’y avait donc pour ses habitants aucune chance,
pas le moindre espoir de se tirer d’une position des plus
fâcheuse, ni par opposition à la volonté du maître,(car vain-
queur, Louis XIV aurait pu dicter à Ryswick des conditions
moins dures pour elle,) ni par une vigoureuse initiative
commerciale : mesures ou ressources qui auraient pu leur
fournir une existence au moins passable.
Mais non ; la situation politique changée, le com-
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merce si brillant et si étendu auparavant, était irrévocable-
ment arrêté. Le libre passage de la Sarre une fois aboli,
les murailles de Chine s'élevèrent de toutes parts, et
l’étranglement fiscal fit promptement son œuvre.
Le siége présidial, qui avait dans le principe pour
ressort l’étendue d’un petit royaume, finit par ne plus être
qu’un simulacre de juridiction.
De toute sa splendeur il ne lui restait plus que les
localités de la banlieue, les prévotés de Phalsbourg et de
Sarrebourg et les quelques villages de la route militaire
conduisant à Metz.
La Chancellerie fut révoquée, la Maîtrise des Eaux et
Forêts fut transférée à Thionville.
L’Exode alors commença:
Les fonctionnaires judicidiaires, qui avaient acheté
leur charge fort cher, quittèrent, pour aller s'établir
ailleurs. De ce nombreux personnel, huit seulement
restèrent.
Beaucoup de résidents aisés, les ouvriers de luxe, les
gens non attachés au sol firent partie de cette première
émigration.
Le déplacement n’était pas chose facile, à cette époque,
pour ceux qui avaient des biens fonds, pour les négociants
tenus par leurs engagements.
Bon nombre cependant tentèrent l’aventure, mais
retournèrent bientôt plus découragés que jamais Les
militaires et les employés du gouvernement, le clergé et
les divers établisse:ments religieux restèrent.
Et ce même 17e siècle qui avait vu l’agrandissement
rapide et la fortune merveilleuse de Sarre-Louis, en vit
complètement disparaître la prospérité, et sa population
réduite à moitié.
Un espoir pourtant restait.
Choisy, le constructeur de la ville, bien plus, le pre-
mier Surrelonisien, * le véritable bienfaiteur de sa ville
d'udoption, continua à rester Gouverneur de la place.
* Mort en 1720; son corps fut transporté à Moigneville, mais son
cœur fut déposé dans l’évlise de Sarre-Louis où il repose encore.
I, —
Il usa de tous les moyens possibles, pur rémédier ou
au moins atténuer les effets de malheurs si inattendus et
surtout si immérités.
La France s'étant obligée d’abandonner et de détruire
la ville de Montroyal sur la Moselle vis-à-vis de Trarbach
par le même traité de Ryswiek. Choisy obtint que les
archives de cette plave ainsi que ses fonctionnaires et habi-
tants seraient transférés à Sarre-Louis. On donna à ces
nouveaux venus du terrain, le moven de bâtir, un jardin
et un terrain de culture.
La garnison fut doublée et les fortifications élargies.
Le crédit des travaux pour 1698 fut fixé à 710,768 livres.
Les impôts avaient été doublés dans le reste de la
France, Sarre-Louis conserva ses franchises.
Tels étaient les moyens employés pour venir en aide
à une population dont les ressources avaient subitement
manquées et enrayer ainsi l’émigration.
Un bien-être relatif, si ce terme peut s’employer ici,
se fit bientôt sentir, mais, triste destinée des choses d’ici
bas, à peine sortie d’une crise affreuse, que déjà les mal-
heurs d’une nouvelle guerre vinrent la frapper.
La guerre de Succession éclata !
Guerre impolitique et désastreuse s’il en fut jamais.
et qui prépara toute une série de misères.
Nous avons déjà eu l’occasion de dire qu’à travers les
voies sombres et tortueuses de la politique des siècles, on
pouvait au moins distinguer un but grandiose et vraiment
français : “ L’aspiratim à l'unité nationale” C'est en pour-
suivant cette œuvre patriotique que nos grands hommes
des 16e et 17e siècle ont laissé leurs traces dans l’histoire,
et tant que dura cette légitime aspiration, la France et la
monarchie étaient vraiment grandes. \
Mais lorsque les esprits éminents eurent disparus de
la scène, ou plutôt lor«qu’ils eurent cédés leurs places à
des courtisans et à des créatures ; lorsqu’une ambition
personnelle et effrénée remplaça la politique nationale et
que les rêves de domination universelle firent reprendre
au Grand Roy le rôle de Charles Quint et de Philippe,
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celui du chef armé du catholieisine et de gendarme de l’Eu-
rope, provoquant ainsi une coalition formidable, le règne
de Louis XIV arriva à la décadence. et cette politique
d’ambition fit le malheur de la France.
Au lieu de relever le pays, de consolider ses fron-
tières, on courut après des chimères. Au lieu de préser-
ver les avantages conquis en Flandre et sur le Rhin, on
abandonna, cnnme à Ryswick, et cela au grand étonne-
ment de nos ennemis même, les résultats d’un siècle de
sacrifice et de luttes.
L’empire des mers. l'avenir des colonies, tout fut
sacrifié à l'ambition insatiable d’un Roy, à la folie stupide
d’un homme ; et lu révocation de l’édit de Nantes, avec
son cortèsre d’atrocités et de procédés misérables, qui vint
couronner cet édifice.
Quelles ruines n’amoncelaient-on pas dans le pays?
Quelles fureurs ne soulevaient-on pas sur les frontières
contestées ?
Mais, ne cherchons pas trop à relever le voile qui
couvre les plaies de ces monarchies, qui tiennent tant à
s’intituler du “ Droit divin.”
La guerre continua avec ses chances diverses de
succès et de revers.
Durant la première période nous n’en sentions que le
contre-coup, le théâtre de la lutte étant éloigné de nos
frontières. Mais l’étoile de la France pâlissait de plus en
plus. Dès le mois d’avril 1703, les troupes de l’Euipereur
inondèrent nos environs et rançonnèreut jusqu’à nos vil-
lages de Roden et de Loutre. L'année suivante, après
notre défaite à Blenheimn, et 1 perte de l'Allemagne,
Malborough à la tête de ses Anglaiset Hollandais, s'avança
à travers le Palatinat, passa sous le canon de Sarre-Louis
et se porta sur Trèves, d’où il força nos troupes à se
replier sur la rive gauche de la Moselle. Une partie de
son armée établit ses quartiers d'hiver sur le terrain aban-
donné par nous.
Les événements se compliquaient et devenaient très
2e
sérieux.
D’après le calcul des alliés, la campagne de 1705
devait être décisive.
Battue dans les Pays-Bas et en Espagne, rejetée de
l’ Allemagne et de l'Italie, la France semblait perdue.
De formidables préparatifs furent faits pendant l'hiver
1704-05, et pour achever la défaite définitive, vingt puis-
sances s’apprêtèrent à se ruer sur nos frontières.
La situation était des plus graves, le danger des plus
éminents, un effort suprême seul pouvait la sauver. Alors,
dans ce pays épuisé par tant de pertes successives, au granrl
étonnement de l’Europe entière, cinq armées se formèrent
et marchèrent à la défense de la patrie. Le Maréchal de
Villars avec 40.000 hommes fut opposé à Malborough, le
vainqueur des Pays-Bas et de l’Allemagne.
La tâche était éminemment rude, mais l'honneur non
inoins grand.
Le plan d’opérations d'entrée en campagne des alliés,
portait en première ligne le siége de Sarre-Louis. Cette
place prise, l’envahissement de la Lorraine et des Trois
Evêchés, puis réunion de l’armée de Malborongh, et de
celle du Nord, et enfin marche combinée sur Paris.
L'expérience chèrement acquise par de cruels
désastres, ordonnait à Louis XIV et à ses généraux une
prudence excessive, et les instructions de De Villars, pres-
crivalent une stricte défensive.
En général habile, de Villars, retrancha le gros de
son armée dans une forte position aux environs de Sirck,
s'appuyant sur les trois forteresses de Thionville, Luxein-
bourg et Sarre-Louis et les couvrant en même tenips,
opposant ainsi une barrière redoutable. quoique très-
étendue, à l’ennemi.
Les communicationsentre ces places étaient fortement
établies; par deux ponts jetés sur lu Moselle pour les deux
premières, et pour Sarre Louis, par de forts détachements
cantonnés près de Bouzonville et de Bourg-Esch.
En cas de défaite, l’armée pouvait promptement se
replier sur un autre camp retranché établi sur la Nied,
entre Nied-Altroff et Siersberg, et s’y appuyer en toute
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confiance, sans crainte de voir ses lignes rompues, étant
protégée des deux côtés par Sarre-Louis et par Metz.
Notre ville, étant le point de mire’ de l’ennemi, fut
Inise sur un pied de guerre formid#ble ; sa garnison portée
à 6G0OU homumes.
Sa défense fut confiée à Choisy.
Le 4 mai, Malborough, quittait LaHaye, s'avançant
avec 40,000 Anglais et Hollandais sur la Moselle, où il es-
pérait rencontrer le contingent de l’Allemagne. N’en
trouvant qu’une partie, il se rendit avec le duc de Wur-
temberg et le prince de Hesse, jusqu’à Trèves, rallia son
armée, et, malgré sa déception, il commença, sans perte de
temps, à exécuter ses mouvements sur la Sarre. Mais, le
voisinage immédiat de Villars, le manque de parole de
plusieurs des Princes allemands, et par suite l'insuffisance
de son matériel de siège, non seulement contrariaient Mal-
borough, mais le mettaient dans une position dangereuse
et le forcèrent à changer tous ses plans.
Il fallait absolument, avant d’entreprendre quelque
chose contre Sarre-Louis, forcer de Villars à accepter ba-
taille.
Avec ses 70,000 hommes, Malborough, prit position
sur les deux rives de la Moselle, du contluent de la Sarre
jusqu’à la Sauer, espérant ainsi attirer de Villars hors de
ses retrauchements.
Mis son espoir fut déçu, le sang-froid du général
français ne se démentit pas.
Alors le 3 juin, toute l’armée ennemie se porta sur la
Moselle, et son Commandant en Chef établit son quartier
général à Perl, presque vis-à-vis de Sirck. De là il se pro-
posait d'attaquer de Villars, dans ses retranchements
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mêmes.
Marches et contre marches, mouvement sur mouve-
ment furent exécutés, le tout en vain.
Les Français ne bougèrent pas.
Exaspéré par cette obstination calme et réfléchie,
Malborough voulut forcer la position et risquer l'assaut.
Son conseil de guerre plus timide ou plus sage, l’en dis-
suada.
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Irrité de cet échec, (c'était son premier) le fier géné-
ral anglais abandonna la partie et évacua le terrain.
Malborough retourna dans les Pays Bas, avec 50,(00
hommes, laissant 6000 à Trèves, et en envoyant 16,000
sur le Haut Rhin.
À son tour de Villars s’avance sur Trèves, prend la
place sans combat, et laissant 6000 hommes à Kéthel pour
garder les ponts de la Moselle, marche avec le reste de
son armée sur Sarre-Louis, et campe le 23 juin sous ses
murs, dans la prairie de l’Isle des Capucins.
Lie 25 il fit repartir la gendarmerie, avec la maison
du Roi, deux régiments d’infanterie et un de dragons.
Le lendemain il fit suivre huit bataillons d'infan-
terie, deux régiments de cavalarie et deux de dragons
sous les ordres du comte du Bourg. Deux mille hommes
furent laissés en garnison à Sarre-Louis, et de Villars se
dirigea avec le reste de son armée sur l’Alsace.
Ainsi finissait presque sans coup férir, inais non suns
de grands dégats et de pénibles sacrifices, pour nos envi-
rons, la fameuse campagne de 1705.
Le génie de Vanban, en opposant aux alliés les
redoutables remparts de Sarre-Louis, (que Malborough,
d’après la tradition, examina anxieusement du haut du
Limberg) et le sang froid de De Villars sauvèrent, pour
cette fois au moins, la France.
Aucun fait à signaler ensuite pendant cette guerre
sous les murs de notre ville, sauf en 1710, où quelques
détachements allemands inquiétèrent nos environs ; mais
une ou deux sorties bien dirigées, empêchèrent toutes
conséquences fâcheuses,
En 1712, on établit encore un nouveau camp d’obser-
vation sous le canon de Sarre-Louis ; inutile précaution,
car le traité de Rastadt suivant de près celui d’Utrecht
mit fin à toutes les hostilités, et après treize années de
guerre cruelle, l’Europe n’était pas plus avancée, mais la
France était complètement ruinée.
Les guerres de Louis XV, plus ineptes et plus impo-
litiques que les dernières du rèvne précédent, ne nous
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affectaient pas directement, pourtant durant l’automne
UT43, le fameux baron de Mentzel, chef de partisans de
l’Impératrice, exerça quantité de déprédations et leva
forces contributions dans nos environs.
Il passa même la Sarre près de Relling, assiégea le
château de Siersberg, et se répandit de là en Lorraine.
On craignit un moment pour la ville,en conséquence on
abattit les arbres aux abords de la place.
En 1754, pendant la paix. il y avait un grand camp
d’exercice dans l’île des Capucins, près de Listroff. Il était
commandé par M. de Chevert, Lt. Général ayant sous ses
ordres le comte de Mailly, aussi Lt. Général. Le corps
d’armée était composé de 13 bataillons d'infanterie, 16
escadrons de cavalerie et | de hassards, le tout campés
sur deux lignes, appuyées, la droite au couvent et la gauche
à la ville. Le Général Commandant logeait au couvent
des Capucins et l’Etat Major à Listroff. Le 10 septembre
les grandes manœuvres ont commencées ; le 13 le Maré-
chal de Belle-Isle, gouverneur de la Province et le marquis
de Paulmy, secrétaire d'Etat de la guerre, arrivèrent au
camp où ils assistèrent aux exercices et repartirent le 18.
L’année auparavant il y avait déjà un camp d’exer-
cice sur lu même place, mais il était loin d’être aussi cen-
sidérable.
Louis XIV mourut le ler septembre 1715. Le Régent
et Louis XV lui succédaient, c'est-à-dire après l’épuise-
ment et la ruine venaient la aissclution et la banqueroute.
L'inflexible loi de la logique ajouta la misère morale et la
honte.
Tel fut l’héritage légué à la France par ce “ Grand
Roy ” que l’Univers nous envia. Sarre-Louis pria pen-
dant 40 jours pour le repos de son âme :—après tout il en
était le fondateur.
Le 9 octobre, les habitants adressèrent à Louis XV
une lettre de condoléance au sujet de la mort de son aïeul
le priant de vouloir bien leur continuer les bontés et les
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y
grâces que le feu Roy n'avait cessé de leur témoigner.
Une autre lettre fut adressée au Duc d’Orléans pour le
féliciter de son avènement à la régence. Au mois d'octobre
1716 les priviléges de Sarre Louis furent confirmés.
L’année suivante on fit le recensement de la ville.
L'on y trouva 260 maisons habitées, et 695 familles payant
capitations.
Les métiers divisés en 43 spécialités, comptaient 455
membres et 118 employés.
La milice se composait de 6 compagnies de bourgeois
à 60 honimes, et une compagnie de jeunesse, en tout 460
bommes. Il y avait en outre une compagnie pour le
service d’incendie.
La magistrature de l’Hôtel de Ville se composait d’an
Lieut. Général Présidial, de 2 conseillers du Maire, 2
échevins, 1 Procureur du Roi, 1 Greffier. Le Maire et les
échevins seuls, étaient électifs. La police était de la juri-
diction de l’Hôtel-de-Ville.
La justice du Baillage et du Présidial était exercée
par 1 Président Lieut.-Général, 1 Lieut. criminel, 2 avo-
cats, 4 procureurs, 1 greffier, à huissiers. 1] exempt et 4
archers de la sénéchaussée.
Les appels se portaient à Metz.
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Tel était Sarre-Louis dans la lère période du 18e
siècle, vingt années après le traité de Ryswick,
Mais sous ce dehors quasi respectable se cachait la
misère profonde du temps.
L’'occupation de 260 maisons seulement, indiquait le
vide de près de la moitié de la ville. Sur 695 familles,
il n’y en avait guère plus de 25 p. c. dont l’avenir était
assuré, les autres vivaient au jour le jour.
Des 485 maîtres des diverses corporations, le quart à
peu près était en état de travailler pour son propre compte,
les autres étaient obligés de travailler comme ouvriers.
Le corps municipal et celui de la justice, avec leurs
titres ronflant et des dehors brillants, ne formaient en
réalité qu’une réunion de pauvres diables, qui, s'ils
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n’eussent été les privilégiés par des moyens personnels,
n’auraient jamais pu faire honneur à la situation.
Les derniers avaient chèrement acquis leurs places,
véritables sinécures, et les premiers avaient la rude tâche
d’équilibrer notre budget.
En 1700, la ville n’avait que 780 livres de recettes,
lorsque les dépenses s’élevaient déjà à 2665 livres. Il
fallait donc établir un droit d’entrée, ce qui ne fut fait
qu’en 1703, sur les boissons.
Le rendenient donna pour le premier exercice 5500
livres Excédant de recettes inattendu,—chose très-rare
alors dans notre beau pays de France. Hélas! cela ne
devait pas durer!
Après la mort de Choisy, en 1710, le gouvernement
de Sarre-Louis passa entre les mains de quelques grands
Seigneurs de la Cour, qui ne daignèrent Jamais y résider.
Ce fut d’abord le comte d’Albergotty à qui succéda bientôt
le Prince de Talmont. C’est alors que nous voyons appa-
raître la variété sans fin des impositions; les dons gratuits
et de joyeux avènements, les bouquets et autres bénédic-
tions de ces temps fortunés.
Nous avions pourtant nos franchises et nos priviléges
précieusement couchés sur de beaux parchemins et signés
en grosses lettres “ Louis.” (lesquels parchemins, soit dit
en passant, et le reste de nos documents historiques allant
jusqu’à 1815, ont été depuis, par l’administration prus-
sienne, donnés à ronger aux rats sur le plancher du grenier
de l’Hôtel-de-Ville). Mais les grands étaient si puissants
et les fermiers généraux si rusés, que malgré un second
octroi et de nombreuses capitations, dont naturellement le
riche et le privilégié était exempts, nous voyons Sarre-
Louis en 1760 avec 31,190 livres de dettes.
Mais après tout, de quoi nous plaindrions-nous! Pour
peu que l’on jette un regard sur ce passé abominable nous
n’étions pas plus mal partagé que le reste de la France, et
surtout que le reste de l’Europe. Au contraire ; le passage
dans les “ Caractères ” de La Bruyère, où le moraliste
parle de *‘ certains animaux farouches répandus dans les
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campagnes ”’—cette appréciation historique ne s’appliquait
pas encore chez nons. Et puis! la dette du pays, n’était-
elle pas déjà en 1715 de deux milliards 400 millions de
livres. et n’allait-on pas payer vers 1786 près d’un milliard
d’impôts ?
Qui certes, il fallait un miracle de dévouement à cette
pauvre France, une incroyable vitalité, une élasticité sans
exemple, pour que la nation, endurant ces iniquités sans
nombre et ces hontes sans pareilles, n’éclata pas déjà sous
ce règne d'opprobres et de débauches, pour que sa fortune
ne sombrât pas mille fois dans ce tourbillon infernal, dans
ce déluge sans fin, que se préparait, de gaîté de cœur, ln
monarchie d'alors !
Sous ces gouvernements “ du bon plaisir,” avec leurs
systèmes de priviléges et de faveurs. la jalousie et la bas-
sesse n’ont dû que rarement quitter l’ordre du Jour
Car, pour obtenir il fallait ramper, prier et bien payer
pour préserver un droit ou réclamer justice. Les obstacles
les plus variés et les plus inattendus s’accumulaient peur
chaque chose et à chaque pas.
Les corporations et les maîtrises arrêtaient l’essor de
l’industrie ; le commerce avait à combattre contre des
restrictions et des monopoles funestes, enfin, les douanes
intérieures rendaient, en isolant les Provinces, leurs rela-
tions aussi difficiles entre elles, qu’avec l’étranger. Et,
pour comble de fatalité, les effets déjà fortement ressentis
de la politique néfaste du commencement du siècle, qui, en
bannissant du territoire la partie la plus industrieuse de
la population— Les Réformés—établissaient. au profit de
nos voisins, cette redoutable concurrence dans toutes les
branches de l’industrie nationale, dont nous éprouvons,
même jusqu’à nos jours, les conséquences de plus en plus
fâcheuses.
Il est donc vraiment surprenant que sous de telles
circonstances, la France et surtout son commerce ait pu,
non seulement résister, mais encore progresser, et Sarre-
Louis, malgré ses malheurs personnels. faire honneur à ce
courant progressif.
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En 1756, on y comptait 22 maîtres drapiers, 14
métiers et 35 ouvriers fabriquant 300 pièces d’étoffes par
an. Vingt-neuf tnaîtres tanneurs, ayant 107 fosses, tra-
vaillant peaux de bœufs, de veaux et de moutons à
l’écorce et à l’orge et produisant 4000 cuirs forts. Un
métier à bas, etc.
Pour les draps et les tannerieg, Metz seule dans la
province, pouvait rivaliser avec Sarre-Louis.
Ces produits s’écoulaient principalement sur les mar-
chés de Metz, Thionville, Dieuze et Strasbourg.
De vastes chantiers pour la construction de navires
étaient établis le long de la Sarre, près de Loutre.
Dès 1655, M. de Lenoncourt, avait fondé à Dilling
des forges et hauts fourneaux, d’où l’on avait tiré les fers
nécessaires à la construction de Sarre-Louis ; on y fabri-
quait également des faulx, des scies et des poëles ; des
laminoires pour la fabrication des tôles y furent ajoutés
en 1756.
Dans cette même année on y voit s'établir une pape-
terie, d’où dépendait une imprimerie, à qui l’on doit plu-
sieurs ouvrages hébreux très estimés.
La verrerie de Wadgasse fut primitivement établie
à Dilling.
La fabrique de fayence de Sarreguemines ne füt
transférée à Vaudrevange qu’en 1789.
Tels étaient nos progrès industriels.
Notre commerce faisait de son mieux pour ne pas
rester en arrière.
Il se faisait chez nous une grande transaction des
bois des Vosges ; il y avait un mouvement considérable en
vins de Bourgogne et du Messin qui, avec les nôtres,
s’écoulaient facilement à l’intérieur et se vendaient bien
au-delà de nos frontières.
Aussi le recensement de l'74, donne 4089 âmes ce
qui faisait une augmentation de 25 p. c. sur l’année 1717.
Le nombre des maisons habitées, qui était de 250 monte
à 460 c.-à-d. augmentation de 80 p. c.
Ce progrès doit être en grande partie attribué à la
3U
rétrocession de la Lorraine en 1735, et surtout à la réu-
nion définitive de ce duché à la couronne de France, lors
de la inort de Stanislas en 1766.
Les rigueurs du sort, nous tenant éloignés de la mé-
tropole, s'étant enfin relâchés, nous faisions de nouveau
partie intégrante et indivis de cette grande patrie tant
aimée, la France !...……
Et lentement, sans évènements Importants et sans
grandes secousses, mais non sans de vigoureux efforts
pour recouvrir une partie de notre ressort judiciaire nous
arrivons au premier centenaire de Sarre-Louis.
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SECONDE PÉRIODE
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DEUXIÈME PARTIE
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“ In qua a Deo roncessa Nativitatis Delyhini celebratur anni
“ centesimi post urbem conditam felicissima dies”
Telle était la devise qui brilla en lettres de feu au-dessus
du portique de l’Hôtel-de-Ville, 7e soir du 11 Novembre
1781.
Pour une raison à nous inconnue, notre municipalité,
reculant la date historique, choisissait ce jour pour célé-
brer le pretnier centenaire, et en même temps la naissance
du Dauphin.
Ce fut une splendide fête, que cette double fête de
Sarre-Louis. Toutes les rues décorées, les maisons pavoi-
sées le jour, illuminées le soir.
Dès le point du jour un mouvement extraordinaire
par toute la ville : Salves d'’artillerie, revue de la garni-
son, Ze Deum officiel, tout un vaste programme de réjouis-
sance s'exécute sans encombre. Les rues droites et larges,
les maisons symétriques, les édifices publics, la place
d'armes, les ramparts enguirlandés de verdure et de
lumière, de devises et d'emblêmes, formaient un coup-d’œil
féérique, et d’immenses feux de Bengales brillant sur le
haut du clocher, signalaient au loin dans les campagnes
l’allégresse répandue dans nos murs.
Le bourgeois frondeur, accompagné de sa famille,
oubliant pour un instant les rigueurs du sort et les maux
de la patrie parcourait par bandes les rues de la ville ;
les uns festoyaient, les autres dansaient. La jeunesse
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débordée par le trop plein des réjouissanceg, se noya dans
des plaisirs jusqu’alors à eux inconnus,
Cependant, cette Joie et ce bonheur n’était que passa-
ger ; mais, fière de fêter son premier Cuntenaire civique,
heureux d’y Joindre une ombre d’espérance, le peuple
reléguait toute pensée sérieuse au lendemain. Car déjà
on entendait au loin l’orage qui s’approchait.
Les événements en ce temps là marchaient à pas de
géants.
Notre fête avait donc vraiment une signification peu
commune. Tombant à pareille époque, elle éclaira d’un
côté, un passé dont les peuples allaient se séparer pour
jamais, et de l'autre elle illumina de ses mille feux l’au-
rore d'une ère nouvelle.
Le vieillard courbé sous le poids des iniquités endu-
rées, n’aspirait plus guère qu’au repos, mais bénissait un
dernier jour de bonheur. Dans l-s yeux bleus de maints
gamins s'allumait un feu étrange à l'aspect de cet enthou-
siasme civique, au souvenir des misères endurées par
leurs aînés; et dans le plus profond de leur cœur, a dû se
faire sentir pour la première fois, cette sensation sublime,
prélude du feu sacré, qui fait vibrer les cordes intimes
du patriotisme, et qui prépare les héros et les martyrs.
Car ces enfänts, c'étaient les Ney, les Grenier, les
Renauld, les Muller, les Toussaint, les Jeannet, enfin
toute cette légion de vaillants soldats, qui, sous la Répu-
blique comme sous l’Empire, souvent les pieds nus, mais
toujours le cœur de bronze, allaient défendre le sol de la
patrie, conduire ou suivre le drapeau victorieux de la
France.
Ils étaient là, ces humbles enfants du peuple, le
regard étonné, fixé sur cette mer de lurnière :
Ils révaient à l'avenir...
Tel était Darre-Louis lors de son premier centenaire,
Quatre vingt neuf approchait, la Révolution était
prête à éclater.
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Le 5 mai 1789, les Etats généraux s’assemblaient à
Versailles.
Sarre-Louis y envoya un de ses enfants, M. de Las-
salle, Lieut.-général au baillage de Sarreguemines.
Son cahier de demande, élaboré avec beaucoup de
soins, et semblable à ceux remis à la majorité du Tiers-
Etat, contenait en grande partie les réformes qu’on
appela plus tard “Les Principes de 89.”
Homme pacifique, mais résolu, Lassalle soutint par-
tout et toujours les droits et les demandes de ses com-
mettants.
Dès lu première réunion des députés, la nécessité
d’une constitution ne fut pas même discutée; et lorsque
l’Ibvêque de Nancy termina son sermon de la messe d’ou-
verture des Etats-Généraux par ces mots :
‘* Sire, le peuple sur lequel vous régnez a donné des
‘‘ preuves non équivoques de sa patience.……… c’est un
“ peuple martyr à qui la vie semble n’avoir été laissée
‘“ que pour le faire souffrir plus longtemps : ”……… toute
l'assemblée, le roi en tête, dut se rendre à l’évidence.
Se séparer d’un passé est toujours une tâche doulou-
reuse, mais lorsque ce passé fait l’unique force et la toute
puissance d’une classe privilégiée, cette tâche et cette
renonciation devient une vertu bien rare et bien difficile
à appliquer. —Vouloir la chercher dans la société privilé-
giée du 18e siècle, c’était chercher l’impossible. Pareille
abnégation était au-dessus de ses forces.
Cependant, grâce à la fermeté du Tiers-Etat, on
arriva à la fusion des trois ordres. Cet acte patriotique
du clergé et de la noblesse permettait d’espérer les meil-
leurs résultats.
Mais la cour, loin de suivre cette voie, que dictait la
sagesse la plus élémentaire, d'accepter franchement les
réformes et d’entrer dans le mouvement populaire, et de
la sorte le contenir et le guider, ne rêvait qu’opposition
violente.
Le roi trop faible se laissa entraîner à une résistance
qui devait venir fatale.
A
Des troupes furent concentrées autour de Paris et de
Versailles. —Le peuple répondit en prenaut d'assaut et
en démolissant la Bastille : (14 juillet 1752.)
Et les événements de se précipiter. Le 4 août l'as-
semblée Nationale abolit les priviléges, et décrète les
droits de l’homme.
Les teimnps étaient accomplis.
L’émigration commença :—La noblesse, les conseil-
lers imprudents du Roi, le comte d’Artois son frère, les
princes de Condé et de Conti, les ducs de Bourbon et
d’Enghien en tête, allèrent de par l'Europe, non pas
seulement mendier auprès des cours étrangères les moyens
d’arrêter la révolution, mais encore exciter les Rois, contre
ce peuple que l’on accusait d’attenter aux oints du Sei-
gneur.
Bien triste besogne pour ces fils de St. Louis, alors
que Paris, la France entière, mourrait de faim! Aussi
l’exaspération du peuple se changea-t-elle en fureur, et
produisit des excès sanglants bien regrettables,
Pour comble de malheur, la peur, mauvaise conseil-
lère, justifiée cependant à bien des titres, çe mit de la
partie.
Le roi voulut fuir—Il fut arrêté.— L'autorité royale
fut suspendue.
Il était trop tard maintenant pour enrayer la révolu-
tion, et l’assemblée Nationale, sublime de courage et de
dévouement, acheva de rédiger la Constitutiôn, au milieu
de difficultés sans nombre.
Le 30 septembre 1791, sa mission était accomplie.
Tandis que ces événements se passaient à Paris et à
Versailles, leurs échos se répercutaient en province. Les
populations, aigries par de longues souffrances, épuisées
par la disette du moment, ivritées par l’opiniâtre résis-
tance de la cour, étaient loin d’être dans leur état normal.
et peu disposées aux idées pacifiques.
Déjà en 1788, des troubles avaient eu lieu à Sarre-
Louis. Peu graves dans le fond, mais néanmoins assez
significatifs.
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L'année suivante, le 13 juillet, veille de la prise de
ia Bastille, un attroupement considérable se forma et
chassa les employés de la ferme des Tabacs: en octobre on
en fit de même pour ceux de l'Octroi et du Fisc.
Le Conseil municipal, se sentant incapable de calmer
l’effervescence, donna sa démission.
En 1791, des troubles sérieux éclatèrent entre les
troupes de la garnison, par suite d'opinions politiques
différentes.
Des soldats du Régiment d’Aquitaine ayant, dans une
rixe, blessé plusieurs hommes du régiment de Nassau, dont
un succomba, ces derniers vinrent au secours de leurs
camarades, en blessèrent une quarantaine, dont plusieurs
à mort.
Les deux régiments envahirent l'arsenal, et sans la
louable conduite des hommes du régiment de cavalerie,
qui les séparèrent et les gardèrent pendant quatre jours,
on aurait eu à déplorer les malheurs les plus graves ;—la
ville allait être mise à feu et à sang.
On fit partir à la hâte Aquitaine pour Bitche. et
Nassau pour Thionville.
En août, le régiment de Picardie, se révolta, consi-
gna ses officiers, exigeant le paiement de 23,835 livres
qu’il prétendait lui être dues. Le lendemain on fut obligé
de leur payer 15.060 livres et de porter le reste à leurs
masses de linge et de chaussures.
Quelques jours plus tard éclate une émeute entre
soldats et bourgeois.
Un nommé Froment, soldatdu Royal Liégeois, portait
la cocarde tricolore Sur le rapport d'un sergent, le major
devient furieux, arrache le ruban tricolore et le foule aux
pieds, et après avoir terrassé sa victime, la fait mettre en
prison ; le soldat remit le ruban ; le major le condamna à
recevoir deux cents coups de bâton.
L'affaire s’ébruita en ville et exaspéra la population à
tel point, que sans les efforts de la municipalité, le major
et ceux qui le soutenaient eussent été égorgés.
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Afin d'éviter des scènes sanglantes, on fit partir le
régiment dans le plus bref délai.
Et c’est ainsi que l’on vit, par des manifestations
suffisamment dangereuses, se développer dans notre petit
centre, les phases diverses des événements révolution-
naires —
Sarre-Louis, comme toutes les autres villes de France
subissait un changement radical dans sa constitution.
Par ses réformes civiles et politiques, l’Assemblée
nationale ayant aboli le système des priviléges et des
faveurs, le droit commun les remplaça, et l’Egalité devant
la loi, devenait le partage de Tous.
Les divisions par Province, faisant place à celles par
départements, notre ville fit partie'de celui de la Moselle,
arrondissement de Thionville. et fut le chef-lieu du Canton
de Sarre-Louis.
Ce canton contenait neuf communes. La municipa-
lité administrait non-seulement notre ville, mais encore
les villages des environs compris dans le canton.
Tous les administrateurs furent élus par le peuple.
En 1790, le chef de notre municipalité était le Sr.
Bogart, et ceux du canton, MM. Barreault, Altmeyer,
Fiscal, Anheiser et Frantz. Le mode d’administration
était en tout point semblable à celui en usage dans toutes
les communes de la France. —
La révolution, qui, pendant sa première période fit
des progrès relativement lents, et qui, avec l’appui sincère
de la cour et des classes privilégiées eût certes pu régé-
nérer la France sans grande secousse, cette révolution prit
tout à coup une marche alarmante.
La nouvelle de la fuite du roi (21 juin 1791) qui
tomba comme un coup de foudre au milieu d’une excita-
tion déjà grande, acheva le bouleversement du pays.
Dans cette fuite, on ne voyait que le roi passant à
l'ennemi, qui déjà se portait en nombre considérable sur
nos frontières prêt à les envahir et à exécuter ses menaces.
La frayeur et l’anxiété qui éclatèrent dans notre milieu
étaient loin d’être imaginaires.
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Les tristes pressentiments que partageaient notre
population avec le reste de la France. la peur de la tra-
hison partout, était pleinement jJustifiés par la situation.
Comment ne pas se méfier, lorsqu’on laissait la garni-
son de la place la plus exposée du royaume, réduite à un
bataillon d’infanterie avec un escadron de cavalerie, dont
la plupart des officiers étaient déjà passés à l'étranger,
point de munitions, un armement illusoire, presque point
de vivres et l’armée des émigrés et les impériaux à deux
pas de nos portes ?
Sous la pression de ces diverses sensations, la munici-
palité, de concert avec les quelques chefs militaires qui nous
restaient, assumant un pouvoir discrétionnaire, prit pour
la défense de la ville les mesures les plus énergiques.
L'Etat de siége fut décrété.
On arma là où l’on pouvait armer, on créa des muni-
tions. Le service intérieur et celui des remparts furent
confiés à la garde nationale, la troupe prit possession des
forts et des avant postes.
On fit un appel à Paris, et le commissaire des guerres,
administrateur du département Wagner, un Sarrelouisien,
répondit immédiatement, promettant du renfort, et exhor-
tant en même temps ses concitoyens à un attachement
inébranlable à la cause du peuple, à un courage à toute
épreuve, “ car à vous, ” leur disait-il, “ est confié en ce mo-
ment l’honneur et le salut de la patrie.” Il annonçait aussi le
départ de Versailles de trois Commissaires délégués de
l’Assemblée nationale pour l’armée de la frontière. —Ceux-
ci arrivaient à Sarre-Louis peu après et inspectèrent minu-
tieusement la place et les environs. Après avoir pris les
mesures sérieuses contre toute agression, établi le com-
mandement militaire, défini les pouvoirs de l’administra-
tion civile, ils partirent pour Montmédy où le danger était
non moins imminent.
Tout l’été 1791 se passa ainsi dans d’alternatives
inquiétudes.
Pendant ce temps la Constituante avait terminé son
œuvre, Son courage et son dévouement ne furent pas
3s-
appréciés de tous. Les émigrés la traitaient de révolu-
tionnaire, tandis qu’à Paris dans certains centres, on la
disait trop aristocrate. La Législative, qui devait formu-
ler les lois du pays, la suivait. Mais sous l’influence des
parties extrêmes, l’œuvre de cette nouvelle assemblée ne
devait guère arriver à la hauteur de sa mission.
Bientôt, hélas ! deux torrents allaient se déchaîner sur
le pays, et, dans des excès épouvantables, chaque partie
allait trouver sa part de responsabilité.
Le premier club révolutionnaire s’établit à Sarre-
Louis le 20 novembre 1791, dans le réfectoire des Augus-
tins. Semblable à ceux de Paris, ce club allait exercer
son influence, souvent aussi néfaste, sur nos affaires pu-
bliques et privées.
Le résultat le plus regrettable mais inévitable, pour
nous, fut la division de la population, jusqu'alors si unie,
en deux fractions diamétralement opposées. Les Modérés—
les Exaltés.
Et dès ce moment chez nous aussi la situation empi-
rait.
Durant cet intervalle la guerre éclate.
Brunswick lance son manifeste, les prussiens franchis-
sent la frontière, entrent à Longwy et à Verdun, s'avancent
dans la Champagne et menacent Paris.
Alors s’échappa du sein de la nation, ce cri d’angoisse
et de fureur : “ La Patrie est en danger !” et à ce suprême
appel retentissant d’un bout de l’autre de la France, jeune
et vieux, riches et pauvres, tout court aux armes. Dans
les défilés de l’Argonne, Dumouriez à la tête de ses vail-
lants déguenillés sauvait la France.
Les alliés battent en retraite, mais à Paris on détrône
le Roy. |
La Législative abolit la royauté, et proclame la Répu-
blique,
La monarchie s'était écroulée, le peuple régnait en
souverain ; au milieu d’une tourmente effroyable le pauvre
et faible Louis XVI paya de sa tête les crimes et les
erreurs de ses devanciers.
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Le 22 juillet 1793, Sarre-Louis changeait de nom
et prenait celui de Sarre-Libre.
Ces redoutables événemen*s portaient aux quatre coins
de l’Europe leurs échos sinistres et produisaient partout des
effets et des impressions divers. Les rois y virent une
attaque directe contre leurs droits, les peuples, au con-
traire, se réveillèrent à l’espérance d’un avenir meilleur.
De tous côtés on demandait des réformes, et dans nos
environs immédiats, dans les duchés de Sarrebruck et de
Zweibruck, dans l'électorat de Trèves, ou réclamait à
haute voix une constitution, l'abolition des priviléges et
l'égalité devant la loi.
En Belgique et dans les Pays Bas le peuple se con-
tieut à peine, et sur les bords du Rhin, on acclame non-
seulement nos efforts, mais on reçoit à bras ouverts les
Soldats de la Liberté.
Le vieux monde ébranlé jusque dans ses fondements
se disloguait, et les Rois effrayés se coalisèrent, afin d’arrê-
ter la marée montante des idées nouvelles et ne pas som-
brer eux aussi dans la tempête.
De tous les côtés à la fois, on ullait attaquer la France,
essayer d’écraser l’hydre de la Révolution, et enterrer,
sous ses décombres fumants, le dernier des Régicides.
L'histoire nous apprend comment le peuple français
répondait aux Rois.
Dès l’été 1792, un mouvement extraordinaire de
troupes eût lieu sur notre frontière.
Le 30 août on commença à abattre les haies, les gla-
cis et les arbres de nos jardins. On arma la place et
on l’approvisionna pour 4,400 hommes de garnison.
A près la bataille de Valmy (20 sept.) Kellerman avec
25,000 hommes prit ses cantonnements dans nos environs
et campait avec le gros de son armée sur le Geisberg, près
de Listroff. Cette armée couvrait la Sarre et contenait l’en-
nemi, qui, sur la rive droite était fortement établi, prin-
cipalement'’ dans les villages entre Mertzig et Tholey, et
avait ses avant-postes dans les bois de Becking à Dilling.
Le ler novembre, Kellermann, appelé à ‘l’armée des
10 —-
Alpes, remit son commandement au général Beurnonville.
La victoire de Dumouriez à Jemmapes ayant forcé les
Autrichiens à abandonner les Pays Bas, Beurnonville fut
chargé d’opérer un mouvement offensive sur Trèves, afin
de continuer vers le Rhin les avantages obtenus dans la
Flandre.
Le général Ligneville, qui dès la fin d’octobre occupa
Sarrebruck où il fut accueilli avec enthousiagme par la
population, reçut ordre de porter une partie de ses troupes
sur Trèves. Comme l’ennemi en face de nous s’apprêtait
de porter secours à cette place, le général Beurnonville de
son côté renforça Ligneville.
Mais en janvier 93, nos deux détacherents ayant
échoué dans leurs entreprises et subi un échec assez sérieux
près de Pellingen, (qu’à peine une année après notre com,
patriote, le général Renault, y vengea glorieusement) ils
retournèrent dans un état pitoyable.
Ils reprirent leurs campements primitifs, Sarrebruck
et le Geisberg, et contenaient dans ces positions l’armée
prussienne, qui sous les ordres du général Mœllendorf oceu-
pait tout le Hunsruck, et avait à plusieurs reprises tenté
des coups de mains infructueux sur Sarre-Louis.
La campagne de 1793, s’ouvrit avec un redoublement
de vigueur de la part des alliés.
Le duc Brunswiek et le général de Wimpfen refoulè-
rent l’armée républicaine, et leur avant-garde apparut
bientôt dans nos environs.
Au mois de juin le Général Kalkreuth chercha, avec
des forces considérables à renouveler les attaques contre
notre place.
Nous étions alors peu préparés à répondre et à offrir
une vigoureuse défense. Néanmoins on ferma les écluses,
mit le pèrimêtre de la place sous l’eau, et attendit de pied
ferme. Et comme dans les conditions d’alors, le siége en
règle de Sarre-Louis n’était guère possible, sans un maté-
riel de guerre considérable, et que d’un autre côté l’enne-
mi n’était pas maître de la ligne des Vosges, ni la popula-
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tion ni l’armée républicaine échelonnée de Landau à Kai-
serslautern n’y prirent grande attention.
L’ennemi se donna force mouvement, mais ses évo-
lutions n’aboutirent à rien de sérieux.
Ces tentatives diverses, se succédant rapidement,
eurent néanmoins pour résultat de décider nos autorités
militaires à mettre la place dans un état de défense plus
efficace. À cette fin on élargit les défenses de ceinture,
et on ajouta quelques ouvrages du côté de Felsberg et de
Vaudrevange, tout en établissant une ambulance dans
l’ancien couvent des Capucins.
Le représentant du peuple, Hentz, approvisionna la
place pour 4 mois.
En cas de blocus, ordre était donné de faire évacuer
la place par les femmes, les enfants et lee vieillards ; en un
mot, l’état de siége le plus vigoureux fut établi.
Le Comité du Salut public fit des efforts surhumains
pour suppléer à tout ce qui manquait à notre pauvre
France, et les populations s'imposèrent, de leur côté, les
plus durs sacrifices avec un dévouement sans bornes.
Sarre-Louis ne restait pas en arrière.
Non seulement ses enfants volèrent au secours de la
patrie, mais encore dans ce petit canton, réunit-on 4099
francs en numéraire, 5520 chemises, 2016 aunes de draps,
une quantité d’habillements, des armes, des munitions et
des vivres en dons gratuits.
Pour alimenter notre vaillante armée, qui, dépourvue
de tout, grelottait de froid et de misère, le pays se trans-
forma en un vaste atelier, où travaillaient nuit et jour
ceux qui ne pouvaient courir au frontières,
En décembre 1793, Nicolas Toussaint, père du futur
général et François Hannal établirent une fabrique de
poudre dans l’ancien couvent de Loutre.
En janvier 1794, les frères Gouvy montèrent une
fabrique d’armes à Wadgasse et une autre à Hombourg.
À Dilling et à Betting on fondait des boulets, On établit
aussi un bureau de poste pour communiquer avec l’armée.
Et tandis que le danger fixait l’atcention de la majo-
6
rité sur les frontières, les Comités de Surveillance cher-
chaient à découvrir et à conjurer les complots et les défec-
tions à l’intérieur ; car la tranquillité était bien loin d’être
établie.
La diversion d’opinion politique créa non seulement
de déplorables divisions entre les populations qu’il fallait
tâcher d’emmener à la conciliation, mais encore les intri-
gues des contre-révolutionnaires et des émigrés exigeaient
une rigoureuse surveillance. Ces comités, nés d’un véri-
table danger, avaient force raisons d’être, mais, étant
donné la faiblesse de la nature humaine et le péril immni-
nent de la situation, il ne faut pas s'étonner si ils ont
souvent outrepassé leur but et, le côté malsain de la
passion populaire une fois déchaîné, dégénérés en maintes
occasions en ealatnités publiques.
Sous la pression de notre comité de surveillance, là
direction du canton fut obligée de faire des perquisitions
et des confiscations chez plusieurs de nos concitoyens.
En janvier 93, il lui soumit un rapport d’après
lequel il avait découvert un complot contre la sûreté de
l’Etat. Il prétendait, non sans raison cette fois, que
plusieurs personnes de Sarre-Libre et des environs entre-
tenaient des relations suspectes et des correspondances
secrètes avec les émigrés.
A Vaudrevange on arrêta un nommé Dominique Phi-
lippe qui devait se rendre à Ober-Esch. On trouva dans sa
gibecière des habillements, sur sa personne 300 frs en
vieux écus et quinze lettres dont on ne put déchiffrer les
adresses. Ces lettres étaient très-compromettantes,
Aussi le 23 février, comparurent devant le juge de
paix Jean Seb. Hautz, la citoyenne Barbe Souty, femme
Dreyer, (ex-capt. au 96ième), Catherine Serrière, pen-
sionnaire de la République et D. Philippe. Convaincus de
correspondance illicite, la femme Souty et Dom. Philippe
furent condamnés à 6 semaines de prison età 1500 frs.
d’amende, et Catherine Serrière à 6 mois de prison.
Mais bientôt les événements tournant tout à fait au
tragique, ces accusations et ces perquisitions ne se bornè-
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rent plus à des condamnations à la prison et à l’amende
ou à la confiscation des propriétés. Chez nous aussi la
sinistre guillotine réclamait ses victimes, et, dans la fureur
révolutionnaire, Maire, Comité du canton, Juges et accusés
payèrent de leur tête.
Notre ville fournit seize victimes à la Terreur. Mais
cette terrible époque une fois passée, chez nous aussi on
demanda grâce.
Lorsque la victoire eut enfin couronnée- nos efforts,
lorsque notre héroïque armée nous eut rendu nos frontiè-
res naturelles, lorsqu’au lieu de la permanence du danger,
nous commençions À sentir les bienfaits d’un avenir plus
assuré, alors nous aussi, nous nous -appliquâmes à rétablir
le calme dans nos esprits, l’ordre dans notre milieu.
Intimement convaincus bien longtemps avant 89, de
l’absolue nécessité d’introduire au plutôt des réformes dans
le vieux rouage monarchique, nous acclamious avec en-
thousiasme le réveil de la nation et défendions énergi-
quement tous les droits acquis.
L’inébranlable amour de la Liberté, la crainte de la
perdre de nouveau, la situation exposée aux confins de la
frontière, la présence de l'ennemi à deux pas de nos por-
tes, les menées des émigrés et la contagion intérieure du
moment, tout cela à quelquefois pu porter notre population
à sortir des limites de la modération, la pousser même à
commettre des excès, mais jamais, au grand jamais, l’ombre
d'un doute n’a pu atteindre son patriotisme, effleurer pour
un instant son inaltérable attachement au sort de la
patrie !
Et une ville de moins de- 5000 âmes, ayant fourni
pendant ving-cinq années de luttes de Titanes, une légion
de défenseurs aussi nombreuse et aussi glorieuse que la
nôtre, dût-elle par la fatalité du sort être condamnée à
porter pendant tout ur siècle l’ironique qualification de
“ Preusisch-Saar-Louis, ” elle a revendiquée eur maints
champs de bataille ses titres impérissables à la reconnais-
sance de la France, que nul ne peut lui ravir, que nul de
nous ne songe jamais à abandonner ! !L.......
Sous le Directoire et le Consulat et même pendant
les premières années de l’Empire, l’histoire de Sarre-Iouis
n'offre rien de partieulièrement intéressant.
Fatigués des luttes de la révolution, bercés par de
brillants mirages, nous partagions avec le reste de la
France, et les illusions du moment et les gloires éphé-
mères d’une époque, qui, comme toutes celles, hélas ! où
l’ambition d’un maître remplace les aspirations légitimes
d’un peuple, devait aboutir à un immense désastre
national !—
1812 et 1813 approchaient—l’époque du déclin de
l’astre impérial.
La France, l’Europe et la Fortune étaient lasses.
La campagne de Russie venait d’avorter ! De vagues
rumeurs précédaient de tristes nonvelles, qui devaient
bientôt porter la désolation au sein de presque toutes les
familles ; car dans les rangs de la Grande Armée, Sarre-
Louis comptait des enfants par centaines.
La réalité vint bientôt, avec son hideux cortège,
nous convaincre de nos désastres.
Des débris de corps d’armée arrivaient dans un état
pitoyable. Ce n’était plus des hommes, il n’y avait que
des ombres mutilées, qui, mornes et silencieuses hâtaient
leurs pas chancelants pour atteindre au plus vite leur des-
tination et leurs foyers.
Des malheurs immenses s’effondraient sur la France !
Un cri de désespoir et de rage déchira les airs, une mor-
telle angoisse s’empara de tous les cœurs.
Triste privilége !--Dans ce chaos d’épouvantables
douleurs, Sarre-Louis fut le point de ralliement des con-
vois de malades et de blessés qui y convergeaient de toutes
parts.-— Et ils arrivaient en telles quantités, que bientôt le
vaste hôpital militaire ne put plus les contenir ; les corri-
dors même étaient encombrés, à un tel point que bien des
malheureux durent rester en plein air, durant les froides
nuits de novembre, attendant qu’on élève en toute hâte
des hangars pour les abriter.
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C'était bien là le tableau de l’abomination de la
désolation, dans toutes ses horreurs.
Le gémissement des malheureux blessés, le râle et le
suprême appel des mourants, toutes les notes des plus
affreux désespoirs remplissaient jour et nuit ces lieux.
Sarre-Louis n’était plus une ville d’Etres vivants, on
se serait cru transporté au fin fond des enfers. Mais, o1-
bliant ses propres douleurs, le vieillard et l’enfant se fai-
salent infirmiers, les femmes sœurs de charité. Qui
d'apporter son lit ! Qui de déchirer son linge !
Les peu d'hommes qui restèrent aidaient de tout leur
pouvoir les Magistrats, qui, sous la direction éclairée de
l'ancien général Renauld, se multipliaient, pour diriger
sans encombrement et avec toute l'humanité possible, les
convois improvisés, sur les diverses localités de l’inté-
rieur.
En un mot, c'était le sublime sacrifice du nou-combat-
tant, qu’offrait À toi, France, pauvre éprouvée ! le vieillard
la femme et l’enfant de Sarre-Louis!......
Bientôt les locaux devenaient trop petits ; des flottil-
les entières de bateaux arrivaient journellement par la
Sarre, amenant les malheureux blessés par centaines.
On installa des ambulances dans une caserne, dans
l’intérieur de la ville. L’inévitable arriva. Une épidé-
mie : le typhus, vint s'ajouter aux calamités déjà existantes,
et la mort faucha d’innombrables victimes.
On creusa à la hâte d’immenses fossés en plein champ
en dehors de la porte des Allemands, et on y déposa par
rangs serrés les restes mutilés de ces pauvres et tristes
victimes de l’ambition d’un homme.
De la chaux et de la terre couvrirent ces héros, ces
français, qui, échappés des mains du farouche Cosaque,
bravant toutes les intempéries, avaieut su se frayer un
chemin à travers des difficultés inouïes, pour venir mourir
—misérables et inconnus —sur la terre chérie de la France !
Sarre-Louis aussi paya son tribut à la mort. Dans
l’espace de six semaines pas moins de 130 habitants mou-
raient de l’épidémie.
+ ——
Pendant ce temps-là des masses de soldats de toutes
armes traversaient la ville pour se rendre à l’intérieur.
Mais, au milieu de tant de misères, quel intérêt éveillait ce
mouvement continuel ? Même la maison de l'Empereur
n’attirait plus d’attention. On avait bien d’autres
soucis |
L’ennemi approchait à grand pas et avant même que
les derniers malades ne fussent expédiés, les Houzards
prussiens apparaissaient sur la Sarre.
Déjà, en décembre, on avait fait évacuer les prison-
niers anglais, pour faire place à la garnison venant de
Mayence, car jusqu'alors nous n’avions qu’une Compagnie
de vétérans préposés à la garde des 1200 prisonniers. Dès
l’arrivée de cette garnison on travailla sans trève à met-
tre la place en état de défense.
L’ennemi, sous York, suivant de près notre armée
en déroute, se répandait dans toutes les directions, et bien-
tôt la rive droite de la Sarre était bloquée. Le prince
Guillaume de Prusse, frère du roi et lieutenant de York,
établit son quartier général à Becking, d’où il se flattait,
tin peu trop tôt, de prendre notre ville par un hardi coup
de main.
À Sarre-Louis tout le monde s'attendait à une atta-
que, chacun était prêt à faire son devoir.
Vendredi. 7 janvier 1814, on battit la générale, et vers
9 heures du matin on voyait arriver du côté de Wadgasse,
le reste d’un corps de cavalerie sous les ordres du général
Domèrgue, en tout 2000 hommes, formant l’extrême
arrière garde de la grande armée. Elle était chargée de
protéger les traînards et d'arrêter autant que possible la
marche en avant de l'ennemi, afin de permettre au corps
d’armée de Marmont d’atteindre Metz et de couvrir
la route de Paris.
Après avoir passé quelques heures dans la ville, ils
allèrent cantonner dans les villages environnants.
Ce même jour, les employés du gouvernement, et
beatcoup de femmes de militaires partirent pour Metz, et
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craignant un bombardement, bon nombre d’autres femmes
et d'enfants abandonnèrent la ville.
En effet, le lendemain à 5 heures du matin, une bat-
terie établie à Loutre, lança une cinquantaine d’obus dans
la place, tuant un homme et en blessant mortellement six
autres ; tous succombèrent. Les dégâts matériels étaient
insignifiants. On reforma immédiatement la Garde Na-
tionale, et le Colonel Laurin, Chevalier de Mirelle, prit
le commandement de la place.
Le 10 janvier, les communications avec Metz étaient
interrompues. Le soir l'ennemi faisait son apparition à
Vaudrevange et à Beaumarais,
Le 11 il occupa le moulin à bois (Holzmill), et la
cense Souty et celle de Ste. Marie.
Il essaya d'occuper Listroff, mais notre position dans
le couvent des Capucins l’en empêcha.
Néanmoins le blocus était complet.
Le 12 janvier le gouverneur fit assembler la garnison
et la garde nationale, et après avoir exhorté tout le monde
à faire son devoir, il désigna à chaque compagnie son pos-
te de combat.
La garnison se composait alors, du 5e Bat. du T6e,
du 6e, Bat. du Gle, du 2e Bat. du 59e d’Infanterie, de la
lère Cie du 4e Bat. de Sapeurs, de la lère Cie du 4ème
Régt. d’Artillerie, d’un détachement du 2ème et du 10ème
de Cuirassiers, et d’un détachement de Gendarmerie du
canton, qui, à l'approche de l’ennemi, s'était replié sur
Sarre-Louis. En tout 14 à 1500 hommes, plus la Garde
Nationale composée des hommes valides et commandée par
un Sarre-Louisien, le colonel Winter.
Jusqu’au 19 janvier, rien de bien extraordinaire. Ce
jour à 41 heures du matin le bombardement recommença,
et l'ennemi lança de 150 à 200 obus et plusieurs fusées
dans la ville. Malgré des dégâts considérables, le feu ne
prit heureusement nulle part.
L'on s'attendait si peu à cette attaque, que ce n’est
qu'au 25e coup de l’ennemi, que nos pièces répondirent ;
mais notre tir produit bientôt bon effet, démontant deux
— 48 —
pièces, et mettant les hommes hors de service ; l’ennemi
fut obligé de changer souvent ses batteries de position, ce
qui empêcha son tir de devenir plus dangereux.
A la pointe du jour un parlementaire se présenta
pour nous sommer de nous rendre. Il ne fut même pas
admis en ville.
Pour rendre notre position plus cruelle, un dégel
subit et la fonte des neiges, fit monter les eaux de la
Sarre à tel point, qu’elles pénétrèrent en ville inondant
les caves dans lesquelles les habitants s'étaient abrités
contre le bombardement. Vers 11 heures du soir, heu-
reusement, les eaux se retirèrent.
Le 28 janvier, le lieutenant d’artillerie Buisson, qui
revenait d’une reconnaissance au Felsberg, rapporta que
le gros de l’ennemi s’était retiré de ses positions, et que
sa cavalerie seule occupait les postes de blocus.
À cette bonne nouvelle, on organisa immédiatement
une sortie sur Beaumarais et Vandrevange, on refoula
l’ennemi sur les hauteurs, et on revint avec quantité de
bétail. Le lendemain matin, on opéra une sortie sur
Dilling et dans l'après-midi, une autre sur Vaudrevange,
qui permit à un détachement de sapeurs de détruire
quantité de pontons et de bateaux, qui auraient pu servir
à l’ennemi pour franchir la Sarre.
Jusqu’au 22 février des sorties eurent lieu presque
tous les jours. Tout en maintenant l'ennemi à une distan-
ce respectable de la place, ces sorties facilitaient l’appro-
visionnement en donnant quelque liberté de mouvement
à la population.
Le 23, l’ennemi revenait en forces considérables avec
10 pièces d’artillerie. Le lendemain nous étions non-seu-
lement cernés de nouveau. mais le blocus fut plus rigou-=
reux que jamais.
On s'attendait même À un assaut, car la température
étant très-basse, la Sarre et tout l’eau des fossés étaient
fortement gelés, ce qui permettait d’approcher facilement
nos remparts.
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Aussi prit-on toutes les précautions possibles ; chacun
était à son poste. ;
Vers 5 h. du soir, le gouverneur assembla la garde
nationale, et lui fit prêter le serment de défendre la place
jusqu’à la dernière extrémité. L’ennemi, heureusement,
tout occupé à jeter un pont sur la Sarre en aval de Becking,
laissa échapper l’occasion.
Le 25, afin de s'assurer de la force de l’armée d’in-
vestissement on fit une sortie sur Loutre.
À notre approche, les Prussiens se retirèrent sur les
hauteurs, abandonnant Loutre et Roden pour quelques
temps.
Le jeudi, 3 mars, le Colonel Mirelle se portait sur
Dilling, avec 400 hommes d’Infanterie, 40 chevaux et 2
canons. Il ne rencontra pas l’ennemi, mais revint avec
20 têtes de bétail et six charges de blé.
Le 16 mars notre garnison attaquaient sur deux
points à la fois. Première attaque sur Bourg-Dauphin,
où l’ennemi opposa une résistance vigoureuse, et d’où
notre artillerie seule put la déloger.
Le second point était Beaumarais, que l’ennemi dé-
fendit avec acharnement. mais il ne put résister à la
bayonnette, et dut abandonner ses positions.
Dans ces escarmouches, l’ennemi perdit 42 hommes,
tant tués que blessés ; nous fimes 7 prisonniers avec beau-
coup de bagages. De notre côté, 4 blessés, dont un
mourut le jour même.
Le 25, un détachement envoyé en reconnaissance rap-
porta que dès 4 heures du matin, l’ennemi avait aban-
donné ses positions de la rive gauche.
Cette retraite était emmenée par l'approche d’une
colonne française venant de Metz, qui apparut vers 7 heu-
res sur les hauteurs de Felsberg. Toute la garnison se
porta au-devant d’elle, et peu après le Général Comte
Durutte et son Etat Major firent leur entrée en ville.
Dans cet état major se trouvait un Sarrelouisien, le
capitaine Frantz, chef du fameux corps franc qui servit
d'éclaireur dans cette campagne.
— 59 —
Vers 2 heures, le Général Durutte quittait Ia place,
emmenant notre bat. du 76e et une grande partie de
nos cuirassiers, afin de renforcer sa petite armée qui allait
agir en colonne mobile du côté de Thionville et de Lu-
xembourg.
Toute la garnison leur fit la conduite et ne rentra
que le soir avec quantités de bétail, de vivres et de
fourrage.
Pendant plusieurs jours nos environs étant libres, on
en profita pour faire entrer en ville une grande quantité
d’autres provisions.
Le 29, les uhlans prussiens apparaissaient de nouveau
à Bourg - Dauphin. Ils s’avancèrent même jusqu'au
moulin à bois, où ils firent prisonniers trois de nos soldats
qui se promenaient au-delà des jardins. Deux cents
hommes qui sortirent sur Picard, obligèrent l’ennemi
de se replier sur Vaudrevange.
Le 31 mars, à 5 heures du matin, toute la garnison,
avec deux pièces de campagne, prit position à droite et à
gauche de Bourg-Dauphin. Le Colonel Mirelle y laissa
la garde nationale et l'artillerie et se porta avec le reste
en avant sur Bisten et Berus. On ramena vingt charges
de vivres et 19 bêtes À cornes.
Pendant cette opération, l’on apprit que l’ennemi
s’était porté en forces sur Roden et Loutre.
Mirelle fit aussitôt faire un demi-tour à sa troupe,
traversa la ville au pas de course et attaqua vivement les
deux villages. Les prussiens les reçurent par un feu meur-
trier, mais ne purent résister à l’attaque de la bayonnette.
Notre cavalerie menaçant de les tourner, ils se jettèrent
en toute hâte dans les bois de Roden.
Dans cette retraite précipitée, ils firent des pertes
assez sensibles, car le canon de la place appuyait nos trou-
pes. Ils laissèrent en outre 16 des leurs entre nos
mains.
À partir du 2 avril nous eâmes à supporter un blocus
des plus vigoureux,
Le $ avril, une estafette prussienne se présente au
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poste avancé du ‘‘ houzard” porteur d’un paquet de dépê-
che et d’une lettre pour le gouverneur,
Le lendemain à 19 k. le commandant de Mirelle fit
assembler toute la garnison et dans une harangue très
à-propos, il prévint la troupe et les habitants, de se tenir
en garde contre des bruits très exagérés que l’on cher-
chait à répandre,
Le 11 à 4 h. du soir, un officier prussien, accompagné
d’une trompette se présenta au même poste, demandant
une entrevue au Gouverneur, qui refusa.
Dans la nuit suivante, le courrier de Metz arriva au
grand étonnement de tout le monde.
Il apportait quantité de lettres et de journaux ; ceux
de Paris étaient datés du 8, et ne furent pas distribués.
Mais le courrier qui portait une large cocarde blanche,
criait à qui voulait l’entendre, que la paix était signée, et
que Louis XVIII était proclamé Roi de France à Paris.
Le lendemain, la diligence voulnt reprendre le che-
min de Metz, mais les postes ennemis ne la laissèrent pas
passer.
Le 14, vers dix heures, un nouveau courrier, qui pût
lui, retourner librement.
A 3 heures, l’adjudant major du 76e arriva de Metz,
porteur de dépêches officielles du Ministre de la guerre,
sur les événements de Paris, du 28 mars au 10 avril.
A 5 h. le gouverneur assembla de nouveau la troupe
et la garde nationale et leur communiqua ces dépêches.
Lès ce moment les hostilités furent suspendues et
tout rentra peu à peu dans le calme.
Enfin, le 24 avril, à une revue de la garnison, on
distribua à chaque homme une cocarde blanche ; au haut
du clocher, on hissa les insignes des Bourbons.
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Le 30 mai 1814, la paix fut signée à Paris. La France
entra dans ses limites d’avant 1792.
Napoléon était banni à l’Ile d’Elbe, et aux Tuile-
ries trônait Louis XVIII.
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Sarre-Louis, quoiqu'à regret, se soumit à ces chan-
gements.
Elle fit des efforts très-louables pour s’habituer à ce
nouveau régime,—chose pourtant difficile et surtout très
délicate, vu les agissements de Revenus, qui n’ayant rien
appris et surtout rien oublié—consideraient la France
presque comme un pays conquis.
Mais tandis que l’on cherchait tant bien que mal à
se faire à la mode de ces étranges gouvernants, la nou-
velle qui étonna l’univers, et qui jeta l'alarme en Europe,
mit le feu aux poudres chez nous.
Le 10 mars 1815, nous apprenions la descente de
Napoléon à Cannes, et la fuite du Roi.
L’enthousiasme fut à son comble, lorsque le jour de
Pâques, les couleurs de la France, flottaient de nou-
veau sur Sarre-Louis.
Les événements marchèrent rapidement durant les
cents jours. À peine Napoléon fut-il à Paris, que l’ordre
arriva de mettre la ‘place en état de défense. Par décret
du 10 avril, Sarre-Louis fut approvisionné pour à mois.
La compagnie d’artillerie de la garde nationale fut
portée de 50 à 220 hommes.
On rasa de nouveaux jardins et glacis, et on cons-
truisit des ouvrages avancés à Vaudrevange, Berus, Uber-
hern, etc, etc. Trois bataillons de garde natiouale mobile,
un des Vosges et deux de la Moselle, vinrent prendre gar-
nison ; les troupes régulières rejoignirent l’armée.
Prêt à toute éventualité, Sarre-Louis attendait.
Le vendredi, 23 juin, nous apprenions l’issue fatale
de la bataille de Waterloo, et à peine revenus de la dou-
loureuse surprise, le passage de la Sarre à Sarrebruck, de
la première colonne ennemie.
L’Etat de siége fut immédiatement décrété. Le 24,
les alliés établissaient des postes d'observations au pied
de Berus, tandis que des colonnes innombrables se diri-
geaient par les hauteurs sur Thionville.
Le même soir la nouvelle de l’äbdication de l’Empe-
reur circulait en ville.
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Le 30 juin, le nouveau gouverneur, général Thomas,
fit une reconnaissance sur Bourg-Dauphin, afin de se ren-
dre compte des forces de l’ennemi sur la rive gauche ; le
lendemain 1l en fit autant sur la rive droite de la Sarre.
Entre 3 et 4 heure, un parlementaire russe apporta
une dépêche pour le gouverneur.
Le 4 juillet, les douaniers se battaient à Loutre avec
les avants postes russes ; une patrouille ennemie attaquait
dans la même nuit la Cense Souty. À midi, le 5, nouveau
parlementaire à Listroff, avec des lettres du général comte
de Langren demandant la reddition de la place au nom de
Louis XVIII. Le général Thomas répondit qu’il ne re-
mettrait la place qu’au gouvernement que la France se
serait librement choisi.
Par suite de ce refus, le blocus devint des plus rigou-
reux, Dans la journée du 6, un aide de camp du prince
de Mecklenbourg—Strelitz, apporta des lettres pour le gou-
verneur.
Toujours même demande de l’ennemi, et même ré-
ponse de notre commandant.
Mais il faut ajouter ici, que l’aide de camp, porteur de
la lettre était chargé d’offrir un soi-disant cadeau de
500,000 frs et le grade de lieutenant-général dans l’armée
prussienne ; le tout en échange de la place que le gouver-
neur avait charge de défendre.
L’honneur de notre brave général se révolta, et il
consigna au bas de la lettre officielle cette oftre si peu che-
valeresque fait par un prince et commandant en chef d’un
corps d'armée prussien.
Ce inême jour, deux régiments de cavalerie ennemi
à Pachten, et un régiment d'infanterie à Rehling traver-
sèrent la Sarre et se dirigèrent sur Bouzonville
A 5 heures du soir, nouvelle sommation, au nom de
Louis XVIII, de rendre la place. Nouveau refus.
Le ll juillet à 11 heureset demie du matin, notre
avant poste de Listroff, fut subitement attaqué par la
cavalerie russe. Thomas se porta avec une centaine
d’homines au secours des nôtres, et poursuivit l’ennemi
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jusque sur les hauteurs du Geisenberg. Là, les russes se
trouvant en force, repoussèrent les nôtres avec une telle
impétuosité que le détachement manqua d’être enveloppé :
Thomas même fut en danger d’être pris.
Déjà nous comptions un mort et onze blessés. Heu-
reusement, grâce aux renforts arrivés de la place, l’offen-
sive fut reprise, l'ennemi repoussé en lui infligeant des
pertes sérieuses par deux pièces de campagne qu’on avait
posté en batterie sur le petit pont en arrière du village.
L’ennemi à son tour, reçut des renforts de Wadgasse,
força de nouveau les nôtres à se replier en avant de Lis-
troff ; et pendant ce combat sur la rive gauche, les Russes
nous attaquait également sur la rive droite, menaçant
ainsi notre flanc gauche et notre ligne de retraite. Ils
firent en même temps une diversion inquiétante sur Lou-
tre, d’où on les délogea qu’après une fusillade de deux
heures.
Ces divers engagements durèrent de onze heures et
demie du matin, jusqu’à six heures du soir, et eussent pu
devenir très-sérieux sans l’énergie déployée par les
nôtres.
Le même soir, nouveau parlementaire de l’ennemi ;
il était porteur de journaux frangais et d’une lettre du
général Von Essen, commandant le blocus de Metz et de
Sarre-Louis.
Les journaux annonçaient la capitulation de Paris, et
le général russe signifia dans sa lettre au commandant
Thomas, que Sarre-Louis était compris dans cette red-
dition.
Thomas refusa d'admettre cette interprétation, et
déclara de nouveau au général ennemi que Sarre-Louis,
lui ayant été confié par la France, il ne remettrait la place
qu’entre les mains du gouvernement que le pays se serait
librement donné.
Par courtoisie cependant, il envoya le capitaine
Schlinker, accompagné d’une trompette et de deux cava-
liers, porter cette réponse au quartier général russe.
Le dimanche suivant le corps franc commandé par
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notre colonel Jung, entra en ville, et la nouvelle de. la
reddition de Paris se confirma.
Le gouverneur fit alors demander au général russe
un sauf conduit pour une députation qu’il désirait envoyer
à Metz, prendre des ordres et s'assurer de la véracité des
faits signalés.
Le 27, ce sauf conduit arriva, et la députation partit.
Mais déjà le jour même, arrivait une dépêche du général
Béliard, gouverneur de Metz et commandant en chef de
la division militaire du département, annonçant que Metz,
Thionville, Longvy, etc, etc, s'étaient soumis au roi, et
avaient arboré le drapeau blanc. Il priait le commandant
de Sarre-Louis d’en faire autant. Aux dépêches du com-
mandant étaient jointes celles du Préfet, contenant des
instructions pour les autorités civiles. Il y avait en outre
plusieurs proclamations à l’adresse du Maire, avec ordre
de les faire connaître aux habitants.
Ces proclamations furent affichées le lendemain matin,
mais la garde nationale et les habitants les arrachèrent,
disant qu’il fallait d’abord attendre le retour de la dépu-
tation.
Dans la nuit arriva un adjudant du général Béliard,
accompagné d'un officier russe, transmettant l’ordre de
cesser les hostilités, d’arborer le drapeau blanc et de prê-
ter le serment de fidélité à Louis XVIII. Ce document
fut préparé et signé le lendemain par les autorités civiles
et militaires ; cependant on crut prudent d'emmener le
pavillon tricolore pendant la nuit et de le remplacer par
le drapeau blanc.
Mais ler«que le matin, on s’aperçut de cette substitu-
tion, le peuple se rua en foule sur l’Hôtel-de-Ville, deman-
dant compte aux magistrats d’un acte aussi arbitraire,
Une partie emmena le drapeau blans, et les couleurs de la
France flottèrent de nouveau sur Sarre-Louis.
A midi le Maire put cependant lire aux quatre coins
de la place d’armes toutes ces dépêches et les ordres reçus
de Metz, ainsi que la proclamation des autorités supérieu-
res de Paris,
— 56 —
Accahlé par la réalité des faits, et ne voyant que
trop bien que tout espoir était perdu, le peuple laissa
faire, et le drapeau des Bourbons flotta de nouveau et
pour la dernière fois sur le clocher de Sarre-Louis. Pen-
dant que l’on hissait le pavillon blanc, un parlementaire
russe vint annoncer la reprise des hostilités, parce que,
disait-il, l’on avait agi contrairement aux conventions
arrêtées la veille. Pourtant, après beaucoup de pourparlers
et d’explications les russes finirent par retirer leurs troupes.
Dès ce moment une véritable anarchie régna dans
nos murs. La garde nationale en débandade refusait le
service, la population ne voulait plus rien écouter.
Le 3 août arriva l’ordre de licencier les troupes. Le
lendemain les douaniers et la compagnie des flanqueurs
seuls remp'issaient le service de la place.
Cette révolte et cette excitation fiévreuse dura d’août
jusqu’en novembre.
Hélas ! on aurait pu se révulter à moins !...…….….….
Dans l’après-midi de lundi, 6 novembre, les prussiens
prirent leurs cantonnements à Beaumarais et à Vau-
drevange.
Le soir même une estafette se présenta à l’état major
de la place, s’informant si l’on avait reçu l'ordre de re-
mettre Sarre-Louis aux autorités prussiennes. Sur la
réponse négative, et sur le refus de les laisser entrer, nous
fâmes de nouveau cernés.
On envoya en toute hâte à Metz, à l’effet de prendre
des ordres.
Dimanche le 12, l’adjudant du général Thomas, qui
portait une dépêche au quartier général ennemi, annonça
en revenant, que vu les refus du gouverneur, les prussiens
avaient l’ordre formel de recommencer les hostilités.
Effectivement, dès le lendemain matin, ils prirent pos-
sesion de Loutre et de Roden, s’établirent à Enstroff et à
Listroff, dans les censes et dans les moulins. Ils arrêtè-
rent même la diligence de Metz et refusèrent de la laisser
passer.
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Mardi le 14, de grand matin, le comdt. du génie Blanc,
fut envoyé au quartier-général ennemi, pour obtenir un
blocus moins rigoureux.
Le 15, il se rendit de nouveau à Vaudrevange, et
obtient, non sans grande peine, une circulation un peu
plus libre, à la condition toutefois que tout voyageur fut
muni d’un passe-port émanant des autorités prussiennes.
Et Lundi, le 27 Novembre 1815, date né-
faste, vers midi on nous signifia le para-
graphe, à jamais maudit, du traité de Paris,
qui nous cédait à la Prusse.
Quelques heures plus tard l’ordre de rendre la place
arrivait du Ministère de la guerre.
La lettre suivante, la dernière que le gouvernement
français échangeait avec Sarre-Louis, accompagnait cette
dépêche :
Paris, le 26 Novembre 1815.
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Monsieur le Maire,
Vous connaissez sans doute le traité de paix conclu
entre le Roi et les Puissances alliées; il est la suite de la
criminelle conspiration qui a conduit l’usurpateur en
France. Quelques pénibles qu’en soient les conditions, le
Roi a ordonné de le signer, pour mettre un terme aux
calamités de toutes espèces qui accablaient notre patrie.
Par ce traité la France cède quatre places aux alliées :
votre Ville est une de ces places.
Je remplis, monsieur, un bien douloureux devoir en
vous priant de préparer vos concitoyens au triste sacrifice
qu’ils sont forcés de faire. Le Roi m’ordonne de vous
dire quelle a été sa profonde affliction quand il a vu
qu’une impérieuse nécessité le contraignait à voue séparer
de la Grande Famille.
Témoin des-événements, vous avez pu les juger, vous
avez vu comment le honteux abandon du drapeau de la
Patrie nous a conduit sur le bord d’un abîme, et vous avez
dû pressentir qu’on ne pouvait le sauver sans des sacri-
8
58 —
fices ; de tous les maux dont ln trahison vint accabler Sa
Majesté, il n’en est pas de plus dur pour Elle que l’ordre
qu’Elle me donne aujourd’hui.
Le lien qui vous unissait à lu France est rompu ;
l'affection de Sa Majesté pour vous subsistera toujours.
Elle n’oubliera jamais les preuves de fidélité que vous lui
avez données, ses descendants vous couserveront toujours
le même intérêt, et les tristes pages de l’histoire de ces
temps malheureux retraceront le souvenir de sa profonde
douleur, dont votre séparation pénètre le meilleur. des
Rois.
Soyez son interprête auprès de vos concitoyens, dites
leur que Sa Majesté leur offre au nom de la Patrie et en
son nom, les tristes et dernières assurances de ses regrets
et de son amour.
De nouveaux devoirs vous sont imposés, remplissez-
les avec le même zèle, la mêm : loyauté qui vous ont tou-
jours distingué : cherchez, dans votre constance à les rem-
plir, et même dans la pensée que le pénible sacrifice qui
vous est demandé concourt à sauver la France, un adou-
cissement à la cruelle séparation exigée de vous par une
invincible fatalité.
J’ai l'honneur,
M. le Maire, etc, etc.
Le Ministre Secrétaire d’Etat de l'Intérieur,
(Signé) VAUBLANC.
Le 30 novembre les commissaires français s’abou-
chaient avec les autorités prussiennes et signalent la con-
vention suivante :
CONVENTION ENTRE M. LE COMMISSAIRE ROYAL PRUSSIEN
ET MM. LES COMMISSAIRES FRANÇAIS CONCERNANT LA
REMISE DE LA PLACE DE SARRE-LOUIS.
“Par suite du traité du 20 novembre ont été nom-
més par les gouvernements respectifs, les commissaires
pour la remise et la prise de possession de lu place de
Sarre-Louis.
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De la part de Sa Majesté le roi de Prusse, le général
major de Steinmetz, chevalier des deux ordres militaires
prussiens, de la croix de fer 1ère et 2ème classe, etc.
De la part du gouvernement français, M. le colonel
d'artillerie Marion, chevalier, ete, etc, le lieutenant colo-
nel de génie Blanc, et le commissaire des guerres Loustau,
Lesquels sont convenus aujourd’hui de ce qui suit :
ArTicLE l
La place de Sarre-Louis sera remise au commandant
prussien, avec toutes ses dépendances et avec tout ce qui
existe, le ler décembre.
ARTICLE 2
À cette fin la garnison française évacuera la place à
neuf heures du matin. Les troupes prussiennes feront
leur entrée une heure après, après avoir placé préalable-
ment les factionnaires nécessaires aux magasins.
ARTICLE 3
Les troupes françaises se dirigeront sur Metz, et
auront un officier prussien pour les accompagner jusque là.
ARTICLE 4
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La garnison française sortira avec armes et bagages,
les douaniers qui font partie de la garnison la suivront
également avec armes et bagages, soit pour se rendre à la
même destination, soit d’après les ordres de leurs chefs se
porter sur d’autres points et dans ce cas ils recevront des
Passes-ports pour s’y rendre.
ArTicLE 5
Les officiers pensionnaires et à demi-solde natifs de
Sarre-Louis, ou qui y demeuraient, auront la permission
d'y rester jusqu’à ce que le Ministre de la guerre français
ou le gouvernement royal prussien aient statué sur leur
mme
66 —
sort, et jusqu’à cette époque, ils pourront porter leurs uni-
formes français, leurs décorations et leurs épées, et ils
seront autorisés en cas de départ d’emporter ce qui leur
appartient. }!l en sera de même des employés civils qui
attendront à Sarre-Louis leur destination.
ARTICLE 6
Les voitures de transport nécessaires seront fournies
par le commissaire des guerres.
ARTICLE 7
Sont nommés pour recevoir les objets qui dépendent
de l’artillerie, du génie et ceux sous la surveillance du
commissaire des guerres, pour la Prusse : Le capitaine
d’artillerie Hottorf, le lieutenant de génie Wangenheim,
et le commissaire des guerres Kroll, lesquels recevront de
MM. les officiers français respectifs, les objets qui seront
dans leurs attributions, d’après les inventaires du 20 sep-
tembre, à l’exception de ce qui sera démontré avoir été
consommé depuis le 20 septembre 1815, date à laquelle la
reprise des objets doit être faite.
ARTICLE 8
Quant à ce qui concerne les papiers, plans et autres
objets de cette partie, ils seront délivrés d’après l’inven-
taire de la place.
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Le commandant de la place, ceux de l’artilierie et du
génie, le commissaire des guerres et autres employés
seront libres d’emporter avec eux les papiers qui leur
seront nécessaires pour la reddition de leurs comptes.
ArTiCLE 10
Les entrepreneurs des fournitures des lits militaires
à l’usage de la garnison française, seront tenus de prouver
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que ces objets sont propriété particulière, jusque là ils
resteront sous la surveillance du gouvernement prussien.
Il en sera de même pour l’approvisionnement de
l’entreprise des fortifications.
MM. les Commissaires royaux français déclarent en
apposant leurs signatures à la présente convention, que
comme dans le traité de Paris et dans leurs instructions
ministérielles, on ne se sert que de l’expression des
puissances alliées, ils entendent que cette expression doit
être lue partout où celles de prussien ou de gouvernement
prussien se trouvent énoncées.
Clos et arrêté en octople expéditions à Sarre-Louis le
30 Novembre 1815.
Signés, BLanc, Lousrau et MARION.
Et Vendredi, 1 Décembre 1815, à 9 heures du matin
la garnison française composée de 27 artilleurs, 190 Doua-
niers et l'Etat Major de la place quittaient Sarre-Louis par
la porte de France.
Une heure après les Prussiens entraient.
Au milieu d’un sinistre silence on amena du haut du
clocher de l’église l’enseigne des Bourbons….….….….w..u00
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Pendant un moment le cœur de la ville française
cessa de battre ;—le sacrifice était accompli,—le temps
était froid et sombre.…
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TROISIÈME PÉRIODE
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1815 - 1830
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PREMIÈRE PARTIE
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La consternation, la rage et la douleur, toutes les
sensations qui peuvent broyer le cœur de l’homme, sus-
pendre ou étouffer la vie d’une communauté, s'emparèrent
de notre population.
C'était donc vrai ! dans le naufrage de l’Empire, où
la France faillit périr, Sarre-Louis, malheureuse épave
abandonnée, était offert en holocauste, pour apaiser le
destin en courroux !
. C’était donc vrai ! Le chef d’œuvre de Vauban, la
ville fondée par Louis XIV et dont elle portait .le nom,
ce centre éminemment français, cédé aux alliés, par nos
Princes à nous ; c’est-à-dire par les arrière petits fils du
“ Grand Roy ” !
Hélas ! oui ! aucun doute n’était plus possible, le
prussien était notre maître !
Ce que fut l’état moral des habitants pendant les
deux mois qui précédèrent et les premiers mois qui suivi-
rent la reddition de la ville, est plus facile à imaginer
qu’à écrire. Frappés dans ce qu’ils avaient de plus cher
au monde, dans leur ardent patriotisme, tout jugement
sain était suspendu, le raisonnement de tous et de chacun
faussé, les idées absolument buuleversées ! On se laissait
aller à la dérive.
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Ce qui leur restaient de vitalité et d’énergie, fut con-
centré sur un seul point—la France ! Que leur importait
le vainqueur ? Que leur importait son étalage, ses voies
et ses moyens ?
Ils ne le connaissaient pas et ne voulaient pas le
reconnaître.
Et l'œil humide constamment fixé sur la Mère Patrie
ils ne cherchaient qu’à pénétrer le secret de l’avenir,
allant même jusqu’à scruter la pensée de Dieu, afin de con-
naître la durée de l’exil.
C’était tout ! le reste leur était indifférent.
Æt pour prouver jusqu’où allait le désespoir, nous
n'avons qu’à consulter les mémoires de Berryer, vol. 2,
page 285, sur le suicide de Gouvy :
““ Impatient de savoir quelle allait être la nouvelle
“ délimination de la France, ce pauvre Gouvy, partait en
“ toute hâte pour Paris. Là ses amis s'efforçaient de le
rassurer, mais dominé par ses pressentiments, il avait
“eu peine à goûter leurs raisons. Aussi, en quittant
“ Paris avant que la démarcation du territoire ne fut con-
“ nue, il disait à Berryer: “ Mon ami, songe bien que si
“ la fatalité me fait Prussien, je suis un homme mort.
“ Adieu!”
“ La souveraineté sur Sarre-Louis est cédée à la
“ Prusse, Gouvy en a la certitude. Il s'enferme dans son
“ cabinet, il rédige avec la plus grande lucidité son testa-
* ment, il adresse à sa femme une lettre d’adieux les plus
* touchants qu’il signe : Gouvy, mort Français.”
“ Tout étant ainsi réglé, il prend un pistolet et il
‘“ accomplit le fatal serment qu’il avait fait quelques
“ semaines auparavant.”
Hélas ! les événements “ de l’autre côté de la frontière”
étaient peu faits pour soutenir cette brave population dans
ses rudes épreuves.
Malheureuse France! avec quel acharnement ne
cherchait-on pas à effacer de ton histoire, les vingt-cinq
années les plus émouvantes, les plus cruelles, mais aussi
les plus fécondes de ton existence ?
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Les royalistes se vengèrent cruellement de leur
second exil.
Mais lorsque les balles françaises trouèrent la poitrine
de Ney, lorsque le plus vaillant de nos soldats fut sacrifié
à la haine du vainqueur et à la rancune des émigrés, par
un Roi de France !—ces balles qui tuèrent le plus glorieux
fils de Sarre-Louis, faillirent faire bien d’autres victimes.
Une fosse béante s’entr’ouvrit tout à coup, engloutis-
sant presque jusque dans ses vastes profondeurs tout ce
que les Sarrelouisiens avaient gardé d’espérances, tout ce
qu’ils possédaient d’amour et d'affection.
Comment ! à peine l’encre avee laquelle ce traité
maudit fut écrit, avait-elle eu le temps de sécher, —tout
récemment écrasée sous le coup le plus terrible qui puisse
atteindre une population, anéantie et sans force, courbée
dans la poussière et plus morte que vivante, on lui jette
en pleine face l’assassinat de Ney ?
Les prussiens dans nos murs que jamais ennemis
n'avait encore souillés, et la terreur blanche frappant les
habitants d’au-delà de la frontière, leur infligeant le plus
sanglant des défis et ajoutant à leurs douleurs sans nom-
bre le plus lâche des oublis !
De quel airain doit être fait l’homme ?
Aussi, sous l'empire de cet affreux outrage que certes,
Sarre-Louis n’avait Jamais mérité, un groupe de français
dont le patriotisme était pourtant au-dessus de tout soup-
çon, se laissa-t-il entraîner jusqu’à signer une déclarstion
de fidélité à un roi de Prusse.
Qui ! Le génie machiavélique de nos maîtres, exploi-
tant perfidement le délire du 1noment, avait su glisser à
son heure, sous la plume de notre conseil municipal cet
acte d’adhésion, qui selon eux, engageait l’avenir.
Œuvre doublement lâche et hypocrite, surprenant
la bonne foi des affligés et exploitant la douleur des
éprouvés.
Heureusement que le texte même de cet acte que
nous faisons suivre, et que tout récemment messieurs les
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Prussiens ont eu soin d’exhiber, est si ridiculement servil,
si absolument contraire à l’esprit de notre population et
même à notre forme de langage, qu’il exclut du même
coup toute idée de complicité de la part d’un Sarreloui-
sien quelconque. Bien plus, la rédaction fournit la preuve
la plus évidente qu’aucun des signataires n’avait jamais
pu le comprendre et par conséquent ne l'avait Jamais lu.
Du reste, les événements l’ont amplement constaté
depuis. Les exigences du pouvoir, les insinuations serviles
des intéressés ont bien pu guider la plume, mais Jamais ils
n’ont pu maîtriser à tel point la pensée de l’homme.
Voici ce texte :
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** Aller durchlaugtister, Aller grossmaechtister
Koenig!
Allergnaedigster Koenig und Herr !
Auch unsere Stadt hid das Gluck (sic) getroffen mit
den Staaten Ew. Majestaet vereint zu sein. Gluecklich
fuehlen wir uns bei dieser Veraenderung ; durch Treue,
Unterwuerfigkeit und Liebe werden wir uns bestreben
des Glueckes wuerdig zu sein, uns Preussen und Untertha-
nen Ew. Majestaet nennen zu duerfen !
Genehmigen Allerhoechst diselben die Versicherung
unserer allersubmissesten Dévotion, mit welcher wir in
tiefster Ehrfurcht ersterben,
Ew. Majestaet aller unterthaenigster Magistrat der
Stadt Suariouis. ”
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“ So geshehen PrEussisn SAArLoUIS 20 Déc. 1815.”
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Et vous voulez que des Sarrelouisiens, des Français,
fussent-ils même des renégats, aient composé pareille pla-
titude et cela vingt jours après avoir cessé d’appartenir à
la France !
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— 66 —
Vous voulez que des Sarrelouisiens, auxquels ces
mêmes prussiens, par leur acharnement de bête féroce à
la mort de Ney, faisaient doublement expier la héroïque
défense de la Patrie, vous voulez que ces Sarrelouisiens
aient, au lendemain de cette expiation suprême, rampés
comme d’abjectes créatures devant le bourreau de leur
frère !
Allons donc ! la pensée et la rédaction, tout cela est
œuvre de votre génie d'outre Rhin .
Du reste, le gouvernement prussien lui-même avait
peine à digérer ce document. Voyant l'impossibilité de
le faire accepter par l’opinion de l’Europe, comme étant
l’expression saine et réfléchie d’hommes libres et non en-
core aliénés, il hésita d’y répondre. Près de deux mois
après l’envoi de la fameuse pièce à Berlin, et lorsque per-
sonne n’y pensait déjà plus, l’accusé de réception fut pu-
blié dans le Æreisblutt, feuille officie!le allemande, qu'au-
cun Sarrelouisien n’avait jamais lue et rarement vue.
Aussi, à peine cette correspondance par trop zélée
terminée, ces protestations d'amitié et de dévouement se
changèrent-elles en défiance mutuelle, et les relations
entre les maîtres et les sujets devinrent-elles de jour en
jour plus tendues.
Le 16 avril 1816, la municipalité fut priée de remettre
au dépôt d’artillerie les 530 fusils, 6 carabines et 212
gibernes dont était pourvue la garde nationale.
Et cela pour cause.
_ C'était apparemment pour témoigner à ses nouveaux
sujets toute l'affection dont était capable ce paternel gou-
vernement prussien, que l’on mit en logement chez le
bourgeois une partie de la garnison. Procédé des plus
vexatoire, et dont jamais auparavant on n'avait fait
usage. Et ces bons amis —car, en 1816, ils n’avalent pas
encore la prétention d’être des ‘‘ frères, ”_ avaient des ma-
nières tout à fait à eux et des qualités toutes spéciales
pour se rendre aimables.
Bientôt les divergences d’opinions, de goûts et de
sentiments se traduisirent en animosités ouvertes, en r1xes
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sanglantes et souvent meurtrières, et d'où ne sortaient ps
toujours vainqueurs nos hôtes insupportables.
Il fallait par consé juent désarmer le bourgeois pour
que la soldatesque poméranienne et polaque gardât ses
coudées franches dans sa noble mission de civilisar ces
brutes de “‘ Franzosenkoepfe ”’ (têtes de français).
Tels étaient les procédés de nos maîtres de 1816
à 1818.
Les événements pendant les trente années qui sui-
vent, oftrent peu ou point de ces traits saillants qui font
époque dans l’histoire. Pourtant notre existence comme
peuple est devenue bien curieuse à étudier, et jusqu’à nos
jours, nous ne cessons d’offrir à l’observateur sérieux un
caractère singulièrement distinctif, et partant, donnant
matière à maintes pages d’actualités des plus instructives.
Car, tandis que la fatalité rive le destin de notre cité à
celui de la Prusse, faisant de cette puissance la souveraine
du sol et le maître de céans, tout notre être à nous, les
victimes de la conquête. restait intimement attaché à la
France, et, ambitions, rêves et aspirations, toutes les pen-
sées généreuses, toutes les effluves de l’âme furent cons-
tamment dirigées vers la Mère -Patrie.
Ne vivant que de sa vie à elle, souffrant de sa dou-
leur et partageant sa joie, qu’était le Prussien pour nous,
sinon le possesseur du bien d’autrui, un intrus enfin, dont
la seule présence dans nos murs tenait en constant éveil
les plus cuisants regrets !
Nous vivicns ainsi réellement une existence double,
car si, par le côté matériel, c’est-à-dire par nécessité, nous
tâmes forcés de fréquenter nos ““ maîtres)” par le côté moral,
par tout ce qu'il y a de grand et d’élevé chez l’homme,
nous leur restions complètement étrangers, et soixante
années de germanisation n’ont pu ni affaiblir nos affections
ni entamer en rien notre caractère.
Certes, il y a parmi nous, comme parmi toute autre
aglomération d’hommes, des âmes faibles, faciles à entrai-
ner et à éblouir, aisées à gagner par l’orgueil, par l’intérêt
— 68
ou la cupidité, mais Dieu merci, le nombre en est telle-
ment petit et tellement peu profonde est encore la gan-
grêne qu’au jour où justice nous sera rendue, nous nous
retrouverons tous unis dans une même et unique pensée :
celle d’offrir des actions de grâces au Tout-Puissant, pour
la délivrance du joug prussien.
Et ces messieurs le savent fort bien. Aussi lorsque
leur première tentative contre notre faible échoua miséra-
blement, changèrent-ils de tactique, et aidèrent-ils autant
qu’il leur était possible à favoriser l’émigration qui en
partant de 1818 prit un développement très-considérable.
Bon nombre de nos concitoyens, pour conserver à
leurs enfants la nationalité française de facto, préféraient
élire domicile de l’autre côté de la nouvelle frontière.
D’autres, et surtout ceux qui avaient une situation ou
un emploi en France, tous les licenciés qui ne voulaient
pas vivre sous la domination de l’ennemi qu'ils avaient
tant de fois combattu, partaient, attirant avec eux une
partie de leur famille.
Et les Prussiens de se frotter les mains. Cependant
ce peuple si astucieux se trompait au moins à demi.
Car au vide que cette émigration créait, et que natu-
rellement les prussiens cherchaient à combler à leur profit
venait s'opposer un équivalent, sous la forme d’une vaste
propagande, et sur lequel ils n'avaient certes pas compté.
Ainsi, tous ceux qui partaient, changeaient bien de
localité mais non pas de sentiments. Bien au contraire.
Pareils en cela aux juifs qui, après la destruction du
temple, emportèrent avec eux leur immense douleur
nationale mais aussi leur espoir sans bornes, ils ne déses-
pérèrent pas de rentrer un jour en libérateur dans la cité
martyre. Et dans une multitude d’endroits autrefois
par nous ignorés, fut ainsi introduit par les nôtres le culte
de la patrie absente.
Les familles en se divisant formèrent doub'e souche
et des relations nombreuses furent établies sur tout le ter-
ritoire de la France, propageant dans les plus humbles
hameaux du pauvre, comme dans les salons dorés du riche,
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la notion et l’exemple de notre inébranlable fidélité.
Et c’est ainsi que nous voyons jusqu’à nos jours une
partie de la jeunesse de Sarre-Louis, s’échappant des
griffes du sergent instructeur prussien, trouver dans ces
relations de familles et auprès de ces anciennes amitiés,
cet appui et cet encouragement si nécessaires pour soutenir
les pas chancelants du faible et seconder les aspirations
du fort.
Donc, cette émigration qui devait nous épuiser au
point de livrer ceux: qui restaient sans ressources à la
merci des maîtres, fut pour nous au contraire d’un énorme
avantage. Car c'est ainsi que se conserva en la Mère-
Patrie le souvenir de la vaillante petite ville qui, en un
jour de malheur, fut choisie pour faire partie de sa rangon,
et c’est ainsi qu’à Sarre-Louis, on a jamais désespéré de la
France, et que nous tous, nous inclinant devant la dure
nécessité, nous conservons intacte cette foi inébranlable
dans la justice émanée, qui donne la force d'attendre et le
courage de tout supporter !
Mais tandis que ce mouvement se développait en
notre faveur, le Prussien ne restait pas inactif.
En 1818, il n’y avait que six familles protestantes,
c'est-à-dire prussiennes à Sarre-Louis. En 1829, on en
comptait 142 ; augmentation énorme et vraiment dange-
reuse, si on ne trouvait pas une explication qui en atténue
singulièrement la portée. C'est que dans ce nombre
étaient comprises les familles des employés civils et mili-
taires ainsi que celles des officiers et sous-officiers. Et
comme à cette époque on ne connaissait encore de meil-
leurs moyens pour germaniser notre population que de
stationer dans nos murs des régiments et des employés
tirés de la vieille Prusse, c’est-à-dire tous 1ndividns im-
bibés d’idées saines et de culte épuré, cette proportion de-
vient facile à expliquer. Aussi plus tard, lorsque l’on se
départait de cette rigidité et que des troupes des provin-
ces rhenanes—ce qui n’est pas tout À fait la même chose —
vinrent prendre garnison, cette proportion diminua consi-
dérablement.
70 —
Et si aujourd’hui l’on faisait le recensement de notre
ville, et que l’on écartät de la statistique, les employés dn
gouvernement et les militaires, on trouverait difficilement
50 familles vraiment allemandes qui aient depuis soixante
ans pu prendre racine ‘ans notre milieu.
Certes, il y a eu des mariages mixtes, mais jusqu’en
1848, il était très aisé de compter sur les doigts les réu-
nions entre les familles bourgeoises et des Prussiens.
Et en cela, les Sarrelouisiennes montraient tout au-
tant sinon plus d’antipathie contre l’intrus, ou plutôt elles
restèrent tout aussi bonnes patriotes que les Lommes, qui
entraient librement dans l’armée française et continuaient
ainsi à payer la dette de sang à la mère-patrie. Nos
sœurs choisissaient de préférence une alliance selon les
traditions.
Et si, durant la guerre de Crimée, nous vimes 56
Sarrelouisiens dans les rangs des combattants, nous comp-
tions un bien plus grand nombre de Sarrelouisiennes unies
à d'honorables membres de l’armée ou de l’industrie
françaises.
Du reste, 1l serait curieux d'établir le chiffre de ces
alliances mixtes et de former une comparaison, de même
qu’il ne serait pas moins intéressant et surtout à présent
pas moins instructif, de connaître le nombre exact de
Sarrelouisiens qui prirent service en France et ceux qui,
de leur gré, ont servi en Prusse.
Mais un pareil travail n’est pas nécessaire, qu’il nous
suffise de savoir qu'après 65 aunées de possession, la
Prusse ne peut nous offrir qu’un cadre composé de un
lieutenant-colonel et trois ou quatre officiers dans l’armée
active, dans la réserve ou dans la landwehr, tandis que
nous formons encore en France—ce que l’on s’obstine
à vouloir ignorer—un Etat Major des plus complet, À la
tête duquel nous trouvons deux généraux, quatre colonels,
un nombre respectable d’autres officiers et le reste en pro-
portion.
Si avec un pareil résultat les Prussiens sont satisfaits.
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grand bien leur en fasse. Ils se disent probablement que
le moment psychologique n’est pas encore venu.
En tout cas, voilà un résultat bien maigre pour 65
années de prussification et cela par la férule du maître
d’école et la verge du sergent instructeur. Aussi, offrons-
nous ce résultat à la considération de l’historien, à lui de
juger combien il faudra de temps pour défranciser un pays
comme l’Alsace et la Lorraine, peuple compacte admira-
blement soutenu par une solidarité à toute épreuve et re-
cevant de lu Mère Patrie (n’en déplaise aux frères d’outre
Rhin !) cet appui moral, qui vaut bien des armées. Si
seul et en partie oublié, Sarre-Louis, dans des conditions
plus que précaires, a su offrir pareille résistance à l’in-
fluence prussienne, la vertu absorbante de ce peuple, ses
qualités d’assimilation ne seraient donc qu’un trompe-l’œil
en tout cas, vertus et qualités des plus surfaites, qui, dans
l’état de choses acuuel sont de moins à moins à redouter.
Mais si nos maîtres n'avaient pas le don de gagner
nos cœurs, ils développèrent en revanche une qualité émi-
nemment pratique qui consistait à absorber petit à petit
nos priviléges municipaux, et de s'emparer d’une quantité
de biens appartenant à la ville.
C’est ainsi que sans bourse délier, ils prirent posses-
sion du splendide hôpital militaire (Lazareth), qui avait
été cédé à la ville par Napoléon. Ils s’emparèrent d’une
place publique près de la porte des Allemands, et y cons-
truisirent des magasins de vivres.
Le jardin du commandant était également une place
publique, qui passa également en leur pouvoir. Ils cons-
truisirent une vaste caserne sur une autre place près de la
porte de France, où se tenait jadis le marché aux chevaux.
Enfin, le fisc militaire ne perdit aucune occasion pour s'ap-
proprier ce qui pouvait lui être utile.
On mit des factionnaires partout, et les magnifiques
promenades des ramparts et des glacis furent réservées
aux autorités supérieures et aux officiers. Cette manière
d'agir, jointe à l’arrogance proverbiale du caractère prus-
sien, et l’aversion naturelle qu’éprouvait les annexés pour
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leurs maîtres, ne pouvaient tarder à emmener des diver-
gences d'opinions, qui, se témoignant d’abord par une
dédaigneuse indifférencz de la part du faible, éclatèrent
en maintes occasions en animosités ouvertes. Des rixes,
semblables à celles des premiers temps de l’annexion, ne
manquaient pas de se renouveler, car le sang=froid des
deux côtés n’était pas toujours bien gardé. Rarement
cependant cette animosité se fit jour sous un aspect aussi
déplorable que lors de l’épisode suivante :
La révolution de 1830 venait d’éclater. L’Europe
attentive suivait anxieusement les événements de Paris.
La concentration d’un corps d'armée des plus respectable
sur les extrêmes limites de sa frontière, prouvait que les
Prussiens, plus que tous autres, dressaient les oreilles.
Un vague espoir se réveilla chez les Sarrelouisiens ;
et Dieu sait si les prières de nos pères étaient ferventes !
De là ombrage de nos maîtres farouches. Le 3 Août, la
garnison de notre ville, célébra avec un surcroit de
pompes, la fête de son roi.
Après les démonstrations d'usage de la matinée, les
autorités et les troupes réunies sur la place d’armes, s’atta-
blèrent à un immense banquet dressé sous l’allée des
tilleuls
Attirés par la rareté du coup d’œil, les gamins, les
badauds de la campagne et quelques curieux de la ville
assistaient en spectateurs à ce repas pantagruélique.
Parmi ces derniers se trouvaient, par hasard, un
jeune Sarrelouisien, au service de la France,en congé de
convalescence chez ses parents.
La vue d’un uniforme français, en pareil moment, fit
sur les l’russiens l’eftfet du drap rouge sur le taureau.
Des mots aux gestes, des gestes aux faits. fut l’affaire
d’un instant.
Le jeune homme pour ne pas s’exposer à des insultes
se réfugia dans une maison voisine. Mais la soldatesque
prussienne exaspérée par cette retraite, se rua sur les
spectateurs inoffensifs, frappant à tort et à travers, les en-
fants, les femmes el les vieillards.
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Une débandade générale eut lieu, et tout ce qui ne
portait pas l’uniforme de ncs précieux héros, fut poursuivi
dans toutes les directions. Partout on fermait à la hâte
les volets et l’on se barricadait dans les maisons.
Cela commençait à tourner au tragique, car tandis que
derrière les persiennes le citoyen tremblait pour sa fa-
mille, le gouverneur, les officiers et toute la soldatesque
parcouraient les rues, le sabre à la main, frappant retarda-
taires et étrangers, en remplissant l’air de cris féroces :
“A mort les français ! À mort l'ennemi héréditaire ! ”
Et cela se passait en l’an de grâce 1830, non pas en
pays ennemi, ou dans une ville venant d’être prise d’as-
saut, mais bien dans une ville, que depuis quinze ans, on
s’efforçait à faire connaître à l’univers, sous le titre pom-
peux de : “Preussisch Saarlouwis.”
Inutile de dire que de telles démonstrations étaient
peu faites pour établir une entente, entre les habitants et
la garnison, ni de favoriser un attachement quelconque
aux institutions prussiennes.
Aussi voyons-nous longtemps encore une sourde hos-
tilité régner dans nos murs, à laquelle suivit une espèce
d’abattement moral, ou plutôt une trève tacitement accor-
dée et observée de part et d’autre pendant des années... .
EEE EEE PETER PET FPE P EEE PE RERE EEE TER
Les Sarrelouisiens, trompés dans leur attente par la
révolution de 1830, se retiraient de plus en plus dans leur
for intérieur et à l’ère de vives et impatientes espérances
suivit une époque de calme relatif, qui, cependant, ne
ressemblait nullement à un abandon.
Si la lutte ouverte fut abandonnée, la foi dans l’ave-
nir resta la même.
Si M. le Landrath (Sous-Préfet) exerça sans obstacle
son pouvoir discrétionnaire sur l'administration munici-
pale, et savait en faire son profit—témoin l’incident de la
médaille offerte au nom de la municipalité au roi Guil-
laume III, lors de sa visite à Sarre-Louis—qu'’est-ce que
cela faisait aux Sarrelouisiens ? et, que cela prouvait-il ?
10
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N'’était-ce pas simplement une répétition de la farce
lugubre de 1815, relatif à l’acte d'adhésion d'alors ?
Tant que la nécessité était maître, c’est-à-dire, du-
rant les besoins de la vie ordinaire, nous, les opprimés,
nous étions des résignés ; mais une fois la journée termi-
née, chaque famille se rassemblant pour la veillée, nous
reprenions nos droits, et là, autour de l’âtre et à la lueur
de la lamp: fumante, nous redevenions “ NOUS ” et pour la
milième fois peut-être étaient récapitulés en commun les
hauts faits du passé, et les tenaces espérances de l'avenir.
C'est dans ces réunions patriarcales, dignes des aga-
pes des premiers temps du christianisme, que nous,les bam-
bins de 1830 et 1540 fimes notre apprentissage.
Lorsqu’alors, nous voyions arriver de leurs pas lents
et mesurés, les oncles Pierre, Jean, Michel ou Mathieu,
tous ces débris des légions républicaines, ces soldats des
armées d’Étalie ou d’Egypte, de Russie ou de Waterloo,
leurs grands corps tout ratatinés enveloppés dans de
grands manteaux de cavalerie, nous nous faisions bien
petits, nous nous serrions bien fort pour ne pas prendre
trop de place, pour pouvoir assister à cette explosion de
douleur patriotique qu’aucun peuple frappé d'injustes cala-
mités ne saurait jamais oublier. Et toutes ces histoires
da passé, toute cette épopée homérique, relatant en let-
tres d’or la part glorieuse des enfants de Sarre-Louis,
toutes ces aventures d’humbles fils du peuple racontées
par les survivants de cet affreux cataclysme, s’incrustèrent
dans notre mémoire et ces êtres efflanqués et momifiés
prenaient pour nous des proportions gigantesques et, de
simples mortels se changeaient à nos yeux en demi dieux.
Suspendus à leurs lèvres, nous humions à grands
traits cet amour profond pour la France, et avant même
de savoir lire, nous connaissions déjà tout ce que la patrie
avait souffert, tout ce que Sarre-Louis souffrait encore et
tout ce que le sort avait de cruel pour nous tous.
Lorsqu’un de ces anciens nous posant la main sur
la tête, nous lançait en guise de bonsoir le “ souviens-toi
petit,” nous ouvrions les yeux démesurément grands et pro-
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mettions au ciel de ne jamais faillir. Quand la mère, la
prière terminée, nous donnait le baiser du -soir, tout notre
être se pénétrait du fluide divin du patriotisme, de cette
vertu magique qui ne s’efface plus et qui, de père en fils,
se transmette de génération en génération.
Et dans nos rêves d’enfant, lorsque le vaste panorama
de l’histoire de teut un siècle de géants se déroulait
devant nos esprits engourdis, une image toute radieuse,
celle de la France prenant les traits de cette même mère,
elle planait tout haut dans les cieux et avec un sourire
doux et triste à la fois, semblait nous dire peur nous con-
soler :
‘‘ Enfant, espère et ne te décourage pas.”
Plus tard, lorsqu’on nous menait pour la première fois
à St. Oranne et de là aux ‘“ Trois Maisons” ou à Berviller,
c’est-à-dire en France, nous éprouvions une émotion des
plus étranges,et, jamais fervent allant à la Mecque ne sen-
tit son cœur envahi d’une ardeur plus sainte, d’un respect
ou d’un amour plus profond.
Qui de nous, du reste, ne se rappelle son premier
voyage à Metz ?
Qui de nous se rappelle l’époque de la fête de Sarre-
Louis où les parents et les amis venaient passer quelques
jours dans nos familles ? À peine nos petites jambes
étaient-elles capables de nous porter jusqu’à la cense Cor-
dier ou Souty. que nous y allions au-devant de la dili-
gence de M. Baptiste Meunier ou de M. Nicolas, recevoir
ceux qui venaient de France et qui nous apportaient l’air
et le soleil de la patrie absente !
Et jeunes hommes, lorsqu’un des Nôtres, officier dans
l’armée française venait en congé, qui de nous—les moins
fortunés—n’éprouvait des velléités folles de baiser les
pans de cet uniforme, qui, pour nous, représentait ce que
rêves, ambitions et espoir nous faisaient constamment
implorer du destin !
"6
Où, et dans quelle partie du globe était donc situé le
royaume de Prusse pendant ces moments-là ?
Voilà Sarre-Louis jusqu’en 1848.
La révolution de Février, comme sa devancière de
1830, raviva nos espérances. — Hélas! la déception fut la
même !
Bien plus! Les innovations des socialistes, les rêves de
fraternité et de régénérations des peuples, toutes les 1dées
prônées et exaltées par nos réformateurs, mais très peu
comprises, produisirent sur notre jeunesse une impression
des plus fâcheuse.
Les événements de Paris venaient de mettre le feu
aux poudres de l’Europe.
La révolte franchissant la frontière se répandit en
Allemagne et gagna bientôt les masses.
L'appel à la liberté ne fat pas vain ; partout l’on
entraînait les esprits et l’on enflammait les cœurs. À
Sarre-Louis, puisque le mouvement partait de France et
que Lamartine, dans son manifeste, tout en rassurant
l’Europe, déclara que la nouvelle République n’entendait
menacer aucun gouvernement, mais qu’elle était prête à
empêcher qu’on apportât des obstacles aux réclamations
légitimes des peuples—une partie de notre jeunesse se prê-
ta de confiance à de généreuses mais fatales illusions.
Ne pouvant arborer le drapeau tricolore, tant aimé et
tant convoité, elle accepta en attendant la République en
Allemagne, et donna tête baissée dans le mouvement ré-
volutionnaire.
N'’était-ce pas du reste le meilleur moyen de combattre
la Prusse ?
La République universelle une fois établie en Europe,
une confédération s’y formant à l’instar de celle de l’Amé-
rique du Nord, où les peuples seraient seuls juges et
arbitres de leurs destinées, —n’était-ce pas arriver par
voie détournée à la réalisation de tous nos vœux 2...
Ces rêves et ces chimères furent de courtes durées.
La réaction ne tarda pas à prendre le dessus.
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Dès les premiers mouvements de Paris, on avait
proclamé l’état de siège Pn notre ville. La hache du
sapeur prussien avait abattu les glacis et les promenades
extérieures, et bientôt notre triple allée de tilleuls qui
partait de la route de Vaudrevange à la cense Seuty, ne
fût plus qu’un souvenir du passé.
À peine nos jardins trouvèrent-ils grâce. Un régime
de fer fnt inauguré et lorsque la contre-révolution triom-
pha, bon nombre de nos jeunes gens impliqués dans le
mouvement furent forcés de passer la frontière.
Une exécution sommaire de trois pauvres diables de
la Landwehr, dissipa jusqu’à la dernière des illusions.
Durant cet intervalle, l’Empire remplaça en France
la République. Toujours avides à saisir les occasions pour
nous rapprocher de la mère-patrie, et entraînés comme
tout le reste du pays par ce nom magique de Napoléon,
une foule de nos jeunes gens se précipitèrent de nouveau
sous les aigles impériales.
En Crimée, en Italie, en Chine et au Mexique nous
trouvions des Sarrelouisiens sous les armes.
Une entrevue qui eut lieu à Sarre-Louis à la veille
de la Campagne de Crimée, entre le prince royal de Prusse
(l'Empereur Guillaume actuel) et un envoyé de l’Empe-
reur Napoléon (le maréchal St. Arnauld), donna le signal
du départ.
A cette occasion un nombreux état major français
séjourna dans nos murs. Hélas! pour si peu de temps
seulement………………
Ainsi bercés par d’étranges chimères, inconscient du
travail occulte qui se poursuivait sans relâche dans nos
écoles, trompés par ces mêmes sentiments humanitaires
qui feront toujours du caractère français un objet de
“pitié” pour le philosophe “ pratique ” d'outre-Rhin, nous
aussi nous nous endormions pendant des années sur nos
véritables intérêts et nous ne nous doutions guère de ce
que l’avenir portait de cruelles surprises dans ses flancs.
— "78 —
En 1865, lorsque Bismark était en train de préparer
ses trop fameux filets. dans lesquels la politique impériale
allait se laisser prendre, une espérance des plus folles vint
pour un instant miroiter à nos yeux.
C’était à l’occasion de l’agression de la Prusse contre
l’Autriche ;—agression injuste et si évidemment ambi-
tieuse, que l'opinion se souleva dans toute l’Europe,
Bismark, qui avait tant besoin de ses coudées franches,
chercha, ou plutôt fit semblant de chercher à s’allier la
France, même au prix de la rétrocession des provinces
Rhénanes. Napoléon, quoique déjà sur une pente bien
glissante, n’osa néanmoins accepter ce marché.
Arrêté ainsi dans ce qu’il considérait le véritable but
de son règne, c’est-à-dire la destruction des dernières
traces des traités de 1815, l'Empereur prit à espérer que
l'Autriche serait victorieuse, et accepta le pacte, par lequel
la France devrait rester simple spectatrice pendant la
lutte, et recevoir en retour de cette neutralité le bassin
de la Sarre.
Cet, événement, qui nous sembla miraculeux à force
d’être inespéré, fit cette fois batre le cœur des Sarreloui-
siens d’une manière tout à fait inaccoutumée.
Enfin, les Prussiens eux-mêmes admettaient donc le
fait, car dans les conversations privées comme dans les dis-
cussions publiques, officiers et administrateurs se prêtaient
d’assez bonne grâce à cette rétrocession.
Triples sots que nous étions! cinquante années de
cohabitation dans une même ville, n’avaient pas su nous
éclairer mieux sur la force de duplicité et sur le caractère
vindicatif de ces hommes.
A Sadova, le Dieu des armées se déclara pour la
Prusse, —adieu les promesses ! !!
— Nous connaissons le reste...
Mil huit cent soixante-dix allait prouver d’une ma-
nière terrible, jusqu’à quel degré Napoléon s’était laissé
jouer, et jusqu’à quel point un peuple pouvait être dupe.
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Au mois de juillet 1870, une anxiété fiévreuse régna
à Sarre-Louis—La lutte entre les deux colosses, lutte
suprême et pressentie, depuis quelques années déjà, mais
dont l’issue probable restait enveloppée dans de si profonds
mystères, était sur le point d’éclater.
Pour nous, Sarrelouisiens, l’anxiété était doublement
justifiée, car l’avenir de notre cité, notre existence comme
ville dépeudaient absolument du succès de la France.
Plus encore : sous le joug de la Prusse depuis un
demi siècle, une quantité des nôtres se trouvait par force
dans les rangs de son armée ou dans la Landwehr, tandis
qu’autour du drapeau de la mère-patrie était réuni tout
ce que Sarre-Louis avait fourni de vaillant et de généreux
pendant une génération.
Si donc, d’une part, nous faisions des vœux pour le
succès de nos espérances, de l’autre la crainte nous faisait
entrevoir ces terribles hécatombes dans lesquelles le sang
de nos enfants allait rougir maints champs de batailles en
coulant des rangs des deux armées.
Pour nous la lutte allait devenir doublement fratri-
cide.
Et pourquoi ne le dirions-nous pas ? Si nous haïssons
nos maîtres, sl nous ne pouvons jamais nous résoudre à
accepter de bonne grâce le joug prussien, si,en dépit de
toutes les raisons du monde, nous persistons à nous tenir
attachés à la France, à partager jusqu’à la fin des siècles
l’heure etle malheur de cette nation qui est NOTRE, nous
avions pourtant trouvé dans l'individu Allemand maintes
amitiés sincères qui, rudement secouées par les barbares
procédés d’une politique de haine, de feu et de sang, allait
nous laisser pour longtemps un vide dans le cœur.
D'étranges pressentiments, comme à la veille de toute
grande catastrophe, semblaient flotter dans les airs;
—l’attente fut cruelle, mais de courte durée.
Par une intuition innée on sentait vaguement que la
Prusse cachait sous une apparence simple une puissance
énorme ; que sons des dehors débonnaires, sous une appa-
rence de victime injustement attaquée, elle couvait une
80
haine des plus invétérées, une vengeance dès longtemps
préparée.
Mais enfin, de l’autre côté, n’avions-nous pas nos
légitimes griefs et n’étions-nous pas appuyés par notre
armée de Crimée, d'Italie et d'Afrique, habituée à vaincre
et prête à se mesurer avec l’ennemi arrogant et vindicatif
qui, pendant plus d’un demi-siècle n’avait pas su oublier
ses défaites ?
Tout n’était-il pas prêt ? Pas un bouton de guèêtre ne
manquait à l'appel !! Et la leçon de l'Autriche, n’avait-
elle pas servi à nos généraux ?......
Le premier coup de canon tiré dans cette guerre
maudite, arracha brusquement le voile qui couvrait le
drame sanglant, et la vérité, l’affreuse vérité, se fit jour.
Dès le commencement des hostilités, le Général Gou-
verneur fit venir devant lui notre conseil municipal et, dans
une allocution à la prussienne, brève et tranchante, il
avertit ses membres que toutes relations avec la France
étaient désormais suspendues, et que quiconque aurait des
velléités de vouloir communiquer avec l’ennemi de quelque
façon que cela fût, serait immédiatement fusillé !
On fit mieux ; les familles alliées à des officiers fran-
çais dûrent passer la frontière dans les vingt-quatre
heures.
Ces procédés sommaires expliqueront le reste, 11 n’y
avait plus de doute, l’agneau était devenu loup.
Aussi, après Sarrebruck, où pour un instant les 1llu-
sions semblaient vouloir encore nous permettre d’espérer,
la défaite de MacMahon et la bataille de Spicheren, les
luttes des grands jours aux environs de Metz et finalement
Sedan, toute cette malheureuse campagne du cemmence-
ment jusqu’à la fin, ne nous fit grâce d'aucune douleur,
d’aucune angoisse, d’aucune honte. Il fallut comme les
milliers d’autres de nos compatriotes francais, vider la
coupe jusqu’à la lie.
A quoi bon invoquer ici tous ces jours de deuil et de
misères, ces moments de souffrances suprêmes où, goutte
à goutte, le sang se figea dans nos veines, où le cœur par
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moment ne battait plus et où la raison semblait prète à
s'envoler ?
Quel peuple pourrait jamais oublier ces ‘“ Dies irae, dies
illae ? ”
Mais où la douleur atteignit son paroxisme ce fut le
jour de la capitulation de Bazaine.…..
Depuis longtemps déjà l’écho du canon de Metz se
portait de plus en plus faible jusqu’à Sarre-Louis, et dans
les profondeurs de la nuit on n’apercevait plus ces éclairs
fugitifs, qui, en rougissant le ciel, semblaient vouloir indi-
quer de vastes mais lointaines incendies.
Au bruit sinistre des grandes journées succéda un
lugubre silence, précurseur inévitable d’une immense
agonie.
De bien tristes nouvelles circulaient dans la ville,
mais qui de nous avait le courage de s’en informer ? Nous
qui fâmes abreuvés d’irsolente pitié, bafoués du matin au
soir par la lâche et misérable valetaille de nos maîtres
toute ivre de succès ! Nous qui, pour comble d’ironie
fümes forcés à chaque dépêche, au nom du Dieu des ar-
mées, de pavoiser et d’illuminer ! !
Hélas ! que n’étions-nous forcés d’apprendre encore !
Dans ce va et vient perpétuel, dans ce flot constant
de corps d’armées se ruant sur la France, un mouvement
en sens contraire éveilla notre attention.
Bientôt arrivèrent des détachements de la prévoté
et le défilé de la mort commença. Tout ce que l’armée de
Metz avait encore de vivant passa par Sarre-Louis et
Sarrebruck.
Juste ciel ! quel spectacle ?
Etait-ce là l’arruée française ? Ces grands corps amai-
gris, ces squelettes vivants couverts de haillons, de
blessures et de plaies; ces hommes aux pieds nus, aux
regards éteints, les traits contractés à faire peur aux or-
fraies! Etait-ce là la garde impériale ! les héros de Sé-
bastopel et de Solférino, de Palicao et de Puebla ?
Hélas! c’était l’armée de Bazaine!! !
11
89
Dieu! pourquoi pas tout de suite nous frapper de
folie 2? quel crime avions-nous donc commis pour mériter
un pareil châtiment ?
En 1813, lorsque les débris de la grande armée
fuyaient devant l’Europe et les éléments en fureur, ils
étaient au moins libres ; leurs corps épuisés étaient soute-
nus par une volonté de fer, et, si tristes et farouches ils
portaient leurs pas chancelants de foyer en foyer, une pen-
sée au moins les consolait : l'avenir était encore à eux !
Mais la malheureuse armée de Metz !.. 2.800006
Quelle plume pourra décrire l’affreux supplice d’une
population française, courbée sous lu domination prus-
sienne, impitoyablement honnie dans les sentiments les
plus délicats de l’homme, maintenue par la terreur, para-
lysée par la douleur ?
Etions-nous donc à la veille du jugement dernier ? ces
farouches cris de triomphe étaient-ils poussés par l’ange des-
tructeur ? De la Gaule, était-ce vraiment le dernier jour ?...
Hélas! il fallait pourtant vivre,—il fallait vaincre les
affres qui nous étouffaient, refouler au fond de la gorge les
larmes qui nous dévoraient, rester calme et rester homme,
pour pouvoir porter à ces pauvres misérables prisonniers
affamés, ce que réclamait la charité la plus élémentaire :—
une poignée de main et un morceau de pain.
Et ni les coups de crosses de la soldatesque, ni les
menaces des vandales, n’empêchèrent les Sarrelouisiens de
l'aire leur devoir... cAwesne
Après de semblables douleurs, qu’est-ce qui nous res”
tait encore à supporter ? Quel calice d’amertume fallait-
il encore vider ?
Tout était perdu ! il ne restait plus qu'à se pré-
parer aux plus durs sacrifices.
Et la héroïque résistance de la défense nationale,
sous le soufile de Gambetta, et le dévouement du pays,
tout le sang versé à flots, parvint à sauver l’honneur de
la France, mais rien de plus !
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Après la capitulation de Paris, vinrent les conditions
impitoyables du plus cruel des vainqueurs.
Et les milliards passèrent en Allemagne, et l’ Alsace
et la Lorraine partagèrent le triste sort de Sarre-Louis.
AU Qu A HN U À à VEN AL
Que se passa-t-il dans notre mi'ieu depuis cette
époque néfaste ?
Il arriva ce qui arrive toujours après chaque -cata-
clysme politique. Le vainqueur insolent cherche plus
que jamais à dominer, le vaiseu est littéralement honri,
opprimé. Bafoué dans ce qu’il regarde avec juste fierté
être son bien le plus cher, il cherche ou à changer de
climat ou il se tient tellement à l’écart, que l’on pourrait
croire qu'il n’existe plus.
D'autres, pour sauvegarder une existence bien pré-
caire deviennent lâches et un grand nombre étudie l’art de
la dissimulation.
Les âmes bien trempées seules, ont le courage d’affron-
ter les attaques insultantes d’un tas de misérables.
Et la société ainsi ébranlée par le bouleversement
universel rejette sur l'individu les malédictions de
l’époque. Il n’est donc pas rare que dans de pareils temps
la défection devient fréquente. Le clinquant, la gloriole,
les honneurs et un gain facile entraînent aisément les
esprits faibles, vaniteux ou mercenaires. Le sot orgueil
qui repousse tout ce qui est malheureux refroidit vite les
cœurs étroits et lâches. En tout temps et en tous lieux,
lorsque les Milliards forment le piédestal de la statue de
Moloch, les adorateurs ne se font généralement pas
attendre.
Aussi, quelque pénible qu’il soit de le dire, et cela
dans l’intérêt même des bons, nous devons avouer que
dansce moment de décomposition sociale, 1l y eut des Sar-
relouisiens qui s’abaissaient au point de courber l’échine
devant le Maitre.
&ç&_-
Nous en avons rougi, nous en avons eu honte.
Que pour leur excuse soit dit que l’Univers presque
tout entier douta réellement de la fortune de la France.
Car la Commune, cette horrible épopée, éclatant le
lendemain de nos désastres, cette lutte fratricide sous les
yeux des Prussiens, elle ébranla la confiance des meilleurs
amis et fit un mal affreux dans les provinces annexées.
Plus que toutes les misères de la guerre, c’est elle
qui engendra le doute, ce triste et terrible précurseur de
l'oubli et de l’abandon. Il fallait certes, une foi surhu-
maine pour ne pas complètement désespérer de la Patrie.
Cet état de chose dura jusqu’en 1874 où une réaction
eût lieu.
En Allemagne, les Milliards commençaient à fondre
comme neige au soleil de Mars; le colosse d’argile élevé
si péniblement au prix de tant de sang et de sacrifice, sen-
tait sa base s’ébranler jusque dans ses fondements.
D’étranges besoins, des maux complètement inconnus
à ce peuple réputé jusqu’alors si frugal et si sage, avaient
envahi tout À coup cette nation et jamais, à aucune époque
de l’histoire moderne, ce verset de Juvénal trouva-t-il
avec une légère variante, une application mieux justifiée :
€‘ Plus cruel que la guerre,
le vice s’est abattu sur l'Allemagne
et vengea la France vaincue.
Et tandis que dans cette Allemagne le vice se répan-
dait et prenait sous des formes variées des proportions
gigantesques, le GLORIA VICTIS sous la République, se
redressa au grand étonnement de l’univers, et lentement
mais fièrement, reprenait son rang au milieu des nations.
Et chacun de s’empresser à lui faire place, car son atti-
tude calme et réfléchie ne ressemblait plus du tout à
l’épuisement, à cet état de prostration que le vainqueur
dans son orgueil croyait avoir assurés pour un demi siècle
à venir.
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Le temps continuait ainsi à affermir son œuvre, et la
pensée se calma ; tout rentra dans l’ordre.
À Sarre-Louis, comme en Alsace et en Lorraine,
l’espoir un instant sérieusement ébranlé, se releva plus
fier et plus vivace que jamais.
C’est ainsi que nous approchons du deuxième cente-
naire de la fondation de notre viile.
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TROISIÈME PÉRIODE
1815 - 1830
DEUXIÈME PARTIE
Ce ne fut que trois semaines environ avant la date
historique, c’est-à-dire vers le milieu du mois de Juillet
dernier que l’on osa discuter publiquement la question de
savoir si, oui ou non, on devait célébrer officiellement le
2ème centenaire de Sarre-Louis.
Les opinions étaient fortement divisées. Dans le
sein des anciennes familles, par exemple, les plus sages
conseillaient l’abstention. alléyuant avec raison les dou-
leurs patriotiques et notre position d’annexés.
D’autres au contraire croyaient l’occasion bonne pour
affirmer nos souvenirs, et les plus Jeunes les appuyaient,
car ces derniers eussent été fort désappointés de laisser
échapper une aussi rare occasion de manifestation.
Tout le monde cependant était d’accord que la célé-
bration devait porter le cachet du recueillement plutôt
que celui d’une réjouissance bruyante, et que tout en
fêtant une date historique dont il ne tallait jamais perdre
le souvenir, on devait avant tout se rappeler notre pas:é,
ne pas oublier ce que nous avions été, ce que nous étions
et ce que nous attendions de l’avenir.
Les Néo-Sarrelouisiens, moins pénétrés du caractère
sérieux et délicat de la situation, s'appuyant également
sur Ce passé, qui selon eux donnait droit à n’importe
quelle cité d’être fière, réclamèrent une grande fête. Le
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parti allemand, les autorités prussiennes surtout, soute-
nalent puissamment cette idée et guettaient le moment
d'intervenir.
Enfin, faisant jouer le ressort des intérêts, ils manœu-
vraient si bien, que l’on finit par entraîner les masses, et
que l’on décréta ia célébration du jour par des démonstra-
tions qui, dans la pensée des promoteurs, devaient surpas-
ser de beaucoup celles du premier centenaire. Mais le
parti sage songea toujours plutôt à une fête de charité, et
pour ce s’adressa jusqu’à la colonie Sarrelouisieane de
Paris, qui avec le cclonel Samuel à sa tête répondit large-
ment à cet appel.
Enfin le parti bruyant lança des invitations, et de
près et de loin on convia le public à prendre part à la
fête.
Aussi la perspective d’un succès était des plus encou-
rageante et un nombreux concours fut-il promis de par-
tout.
Ce résultat obtenu, monsieur le Maire se mit À la tête
de l’organisation.
—Ne pas oublier qu’en Prusse, le Maire est un agent
du gouvernement, absolument étranger à la ville, occupant
une position à peu près semblable à celle qu’exercent les
administrateurs des aflaires municipales de Metz et de
Strasbourg, avec cette circonstance aggravante que Sarre-
Louis étant prussien et non allemand, ce magistrat y pos-
sède des pouvoirs beaucoup plus étendus. —
Ce digne fonctionnaire conneissant son métier, appuyé
par le sous-préfet (Landrath) sut naturellement donner
au mouvement la direction voulue, c’est-à-dire, l’occasion
tant désirée allait pouvoir être exploitée dans les formes
et selon les règles, et le centenaire ne se passerait pas,
sans que MM. les Prussiens y trouveraient leur compte
Le programme une fois arrêté, l’on fixa la fête au
Dimanche, 8 Août 1880.
L’enthousiasme de commande fit son chemin et à la
veille du grand jour tout était prêt. Le soir du 7 août,
58 —
une foule considérable s’assembla sur la place de la tête
du pont (Brueckenkopf) de la Sarre, et à huit heures et
demie, une immense procession aux flambeaux fit son
entrée en ville au son des cloches, et parcourut, musique
en tête, les rues,
Après une promenade d’une heure, se trouvant sur la
place d'armes, les portes-flambeaux entourèrent l’estrade
officielle sur laquelle monsieur le Maire, le conseil muni-
cival, les membres du comité d’organisation, ainsi que les
sociétés orphéoniques et chorales avaient pris place.
Dans une courte allocution, ‘‘ mais dont les termes
fort choisis exprimaient la chaleur des sentiments, ”
(compte-rendu officiel) monsieur le Maire souhaita
la bienvenue, à la foule énorme qui remplissait la place.
Il approuva les Sarrelouisiens, de vouloir fêter par
des démonstrations grandioses leur glorieux centenaire, et
les félicita d’avoir réussi au-delà de toute attente. Dans
cette circonstanee solennelle, il était fier, lui, comme chef
de la municipalité, de pouvoir porter à ses administrés,
disait-il, les assurances d’une franche et fraternelle amitié
et doublement heureux d’avoir été choisi par le gouver-
nement pour être son interprète.
Tl releva en termes élogieux cette cordiale et mer-
veilleuse entente qui règne dans nos murs (?) et exprima
sa ferme conviction, que dans l'avenir le plus éloigné même
cette entente si intelliyente ne saurait plus jamais être
troublée.
Evitant autant qu’il lui était possible de toucher à
notre passé, mais glorifiant le présent, il continua en pré-
disant que les générations futures seraient fières de la
démonstration de ce jour, qu’elles se rappelleraient avec
bonheur cette splendide fête, qui par sa spontanéité
et par son merveilleux ensemble exprimait si bien
le sentiment actuel, et par suite l’attachement sincère des
Sarrelouisiens, à la nouvelle patrie (?)
Aussi proposa-t-il pour terminer un “ triple hourrah!
à la ville ! ”
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Puis les sociétés orphéoniques et chorales fireut en-
tendre quelques morceaux de circonstance, et la foule
s'écoula lentement, en discutant le programme de la véri-
table fête du lendemain.
Cependant, le destin n’avait pas dit son dernier mot.
Et si maintenant nous étions portés au mysticisme, ou
si nous étions seulement superstitieux, nous dirions, et
cela avec assez d’à-propos,que la Providence dans ses arrêts
insondables et dans son immuable volonté, ne pouvait
admettre que des Prussiens fêtassent impunément un cen-
tenaire de Sarre-Louis.
Nous rappellerions pour les besoins de notre cause, et
nous répondrions ainsi au fameux ‘“ Virgilianum” qu’en
1679 l’électeur de Brandebourg jeta—bien plus par senti-
ment de convoitise que par patriotisme—à la face de
l'Empereur : “ Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor ”—
nous rappellerions toutes les étranges prédictions dont on
gratifia notre ville lors de l’apparition de la comète en 1689,
et nousciterions d’autres preuves à l’appui.
Nous dirons seulement, en restant sur le terrain de
la plus stricte réalité, que dans les pays annexés de France,
semblables entreprises ne réussissent guère aux Prussiens :
témoin les démonstrations à Metz, lors de la première
visite en Lorraine de Guillaume l’Empereur, où feu d’ar-
tifices et illuminations devinrent si fatales à la ville.
Et comme il est entendu qu’avec messieurs les
Prussiens, peuple éclairé, libre penseur et profondément
philosophe, pareils sentiments ne sont pas de mise, nous
nous contentons simplement de dire qu’en ce jour-là “ les
dieux ne leur étaient pas propices.”
À peine une heure après les démonstrations de la
soirée, de nombreux passants traversant la place d’armes
crurent apercevoir une faible lumière insolite, vaciller au
clocher de l’église.
En tout autre temps ce fait aurait paru des plus
étranges, mais ce jour-là, supposant que quelqu’un était
occupé dans la tour à terminer quelques préparatifs pour
le lendemain, l’on ne fit pas autrement attention. Cepen-
19
— 96 —
dant, peu d'instants après, vers onze heures et demie, une
lueur sinistre éclairant subitement l’horizon, s’élança tout
à coup de dessous la toiture,et en un clin-d’œil une
flamme immense enveloppa toute la partie de l'édifice, de
la galerie, jusqu’au pavillon qui garnissait le sommet.
La tour de la vieille église paroissiale était en feu !
De tous les côtés à la fois on donna l’alarme et la po-
pulation se réveillant en sursaut, accourait en toute hâte
sur le lieu du sinistre. Hélas! pour voir son joli rêve
s’envoler à tout jamais et sa fête tant désirée faire place à
un terrible malheur...
Devant cette surprise douloureuse, devant ce spee-
tacle nâvrant, l’être le moins impressionnable resta frappé
de stupeur.
Et chacun de faire son mea culpa.
Mais il était trop tard ;—trop tard pour déplorer la
malencontreuse idée, ce fol entraînement des masses, à
voulvir absolument fêter par des manifestations bruyantes
un centenaire, que les convenances les plus rudimentaires,
et les récentes douleurs patriotiques conseillaient de célé-
brer dans l’intimité, loin du bruit et de l’avide curiosité
d’un tas d’intéressés.
Pour nous, Sarrelouisiens, les souvenirs plus que tris-
tes, tout nous commandait plutôt le recueillement et
le deuil.
Aussi quelle punition grand Dieu! et quelle expia-
tion ?......
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Et cependant il s'agissait d’agir ; mais que pouvait
l’homme devant un pareil brâsier ?
Alimentée par une énorme charpente de bois, vieille
de deux siècles, la conflagration prit bientôt des propor-
tions énormes, et à la hauteur où il se trouvait, il était
impossible d'atteindre le foyer de l’incendie.
Aussi, ne put-on que mettre à l’abri les objets pré-
cieux de l’église et chercher à préserver les maisons d’alen-
tour.
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Et le tableau de se dessiner terrible et grand à la
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Remplaçant ln joyeuse flamme de Bengale, l'énorme
spirale de feu, projetant au loin, jusqu’à la dernière limite
de l'horizon, son reflet sinistre, au lieu de porter aux cam-
pagnes environnantes le témoignage d’une allégresse
civique. ne fut plus que le lugubre messager d’une immense
calamité.
Hélas! quelle différence avec la fête du premier cen-
tenaire ! et que le Maire avait raison lorsqu’il -prédisait
que les générations futures sauraient se souvenir de ce
jour!
Qui, certes elles s’en souviendront!......
Et l’incendie de faire des progrès effrayants; une
pluie de feu, tombant en couche épaisse sur la toiture de
l’église et des maisons environnantes, nécessitait d’héroï-
ques efforts pour empêcher le fléau de s'étendre et de
prendre des proportions plus désastreuses encore.
l'andis que les poutres tombaient une à une avec
fracas, soulevant dans leur chûte un tourbillon de flam-
mèches, une des cloches était précipité dans la rue, les
autres fondaient et le bronze liquide s’écoulait comme
un torrent de feu à travers la charpente, et l’antique
horloge et les vieilles orgues furent également consumés.
Une des maisons voisines devint la proie des flammes
et les autres n’échappèrent au fléau, que grâce aux efforts
combinés de la population, de la garnison, et des secours
venus du dehors.
Tout à coup un craquement épouvantable se fit en-
tendre, et au milieu d’un silence de mort, où chacun
ressentait un effroyable serrement de cœur, la vieille tour
s'écroula, lançant de monstrueuses gerbes de flamme dans
les nues, en rougissant l'horizon des lueurs les plus
81n1stres.
Bt ce fut toutl.……sunucnannsccnure e……0cac
C’est ainsi que finissait cette illumination terrible,
triste résultat d’un escamotage éhonté, digne du caractère
équivoque de la démonstration du jour.
gg, _
Ah ! messieurs les Prussiens, vous n’êtes pas directe-
ment en cause, il est vrai, mais vous pouvez vous flatter
d’avoir bien mérité de Sarre-Louis !
Chez les rations polissées, lorsqu'un malheur inatten-
du vient frapper une commune, lorsqu’une profonde dou-
leur morale se joint à la perte matérielle, on fait cesser
d’habitude toute démonstration joyeuse.
Sarre-Louis tout entier était en deuil, profondément
affecté par un évènement d’antant plus terrible, que la
cause du sinistre provenait de son propre centenaire
civique.
Une réserve absolue en pareil cas était certainement
de commande.
S'il est vrai que l’on retrancha du programme tout ce
qui se rapportait aux démonstrations publiques, on main-
tint le banquet. En cela on eut doublement tort, car si à
ce banquet les heureux, les privilégiés de la fortune seuls
pouvaient assister,c’était bien à ceux-là à payer d'exemple.
Mais c’est que pour la plunart de ces messieurs, il ne
s'agissait pas du tout de se laisser abattre par un accident
fortuit, et si les Sarrelouisiens étaient affligés, il n’y avait
pas de raison pour que ces bons Prussiens aient travaillé
pour leur roi, et partant, leurs énergiques efforts ne soient
couronnés par quelque chose de swbstantiel. Aussi s’assem-
bla-t-on au Casino (Burger-Verein) au nombre de cent
soixante-dix, dit-on, pour banqueter.
Tout ce que la ville contenait de fonctionnaires, tous
les employés civils et militaires, les corps constitués, les
maîtres d’école et les employés officiels des campagnes en-
vironnantes, tout ce qui, de près ou de loin, touchait à
l’administration prussienne et peutêtre aussi quelques
goujats sans cœur de la population, assistèrent à cette fête.
Le premier toast “ A Su Mujesté l'Empereur” fut
porté par le gouverneur de la place, le colonel Cramer;
puis ce fut le tour du sous-préfet qui, dans un discours
anodin, tâcha de consoler les Sarrelouisiens, leur promet-
tant de leur faire construire bientôt un édifice bien plus
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joli et plus approprié au goût de l'époque. M. le Maire.
toujours au nom de la ville (?) se chargea de souhaiter la
bienvenue aux invités du jour. M. le colonel Cramer, le
remercia en leur nom. Le colonel von T'schischwitz, du
30 Régiment d'infanterie, qui assistait avec tout son corps
d'officiers, but à l’entente cordiale existante entre citoyens
et militaires. ( Décidément on y tient à cette entente cor-
diale. )
Bon nombre de discours furent prononcés, d’autres
santés proposées et bues, entre autres celle du gouverneur
portée aux Dames et aux demoiselles de Sarre- Louis, accom-
pagnant cette galante exorde de quelques versets de
Schiller.
En cela le digne colonel—il lui faut rendre cette jus-
tice—sut être bien plus gentil que son prédécesseur de
1830, qui ne se gênait pas de les faire poursuivre à coups
de p'ats de sabre.
Une autre santé digne d’être relevée, en ce sens qu’elle
fut proposée par un conseiller municipal, fut celle du con-
seiller Ouhen, un de ces nombreux sémites, qui font si peu
d'honneur à leurs co-religionnaires, et qui, après avoir
exercé pendant une vingtaine d’années l’usure dans nos
campagnes était venu se créer une position en ville.
Il porta un toast aux organisateurs du centenaire et
à leur président M. le Maire.
Puis vint le tour d’un Herr Schaeffener, directeur de
l'usine de Lilling, un ultra prussien, venu on ne sait d’où
qui porta la santé de M. le sous-préfet. Celui-ci but à la
santé des Kreistaende (espèces de conseillers d’arrondis-
sements nommés par le gouvernement) et enfin le maire
termina ces toasts en buvant aux invités honoraires
absents: M. de Galhau, M. l’archiprêtre Hecking.
Bravo M. de Galhau, merci vénérable abbé, pour
votre abstention.
Maintenant de tous ces orateurs, de tous ces por-
teurs de toast, de tous ceux qui assistaient à ce banquet et
à qui s’adressaient ces louanges, combien y avait-il d’in-
dividus réellement Sarrelouisiens ?
04 —-
Pas un ! "1e...
Mais voici le bouquet ; voici le but proposé, le résul-
tat de tous les efforts et pour lequel notre pauvre église
paya l’écot.
Au moment de l’apogée du banquet, M. le Maire,—
ce brave et digne homme—fit la proposition d'envoyer un
télégramme à Sa Majesté l'Empereur. Doutera-t-on que
la proposition fut ‘acceptée par acclamation ? Et ce mon-
sieur traça d’inspiration (!) la dépêche suivante :
“ Les citoyens (?) et officiers de Saarlouis assemblés,
‘“ pour fêter le deuxième centenaire de la fondation de la
“ ville et de la forteresse de Saarlouis, prennent la liberté
“ de faire parvenir à Votre Majesté, l’expression de leur
““ inaltérable attachement et de leur profond dévoue-
‘* ment.”
“ Au nom du corps d’officiers et des citoyens.
“ CRAMER, TIETZ, DEVENS
‘ Colonel gouverneur. Maire. Sous-Préfet.
(un étranger) (un étranger) (un étranger)
Et l'Empereur de les remercier de cette attention
délicate et patriotique !.......0-00 4 5 veus sa sau000
Tout commentaire est superflu, la farce était jouée,
et c’est là le cas de répéter que c’est ainsi que l’on conti-
nue à fabriquer des incidents, devant servir plus tard à
l’histoire des pays annexés !...…..
Très-bien, messieurs les prussiens, très-bien, vous
êtes l’autorité, vous êtes les maîtres, il ne vous en coûte
pas beaucoup de parler et d’agir au nom de Sarre-Louis,
de même il ne vous en coûte d’agir et de parler au nom
de l’ Alsace-Lorraine.
Il vous est même facile de démontrer—les preuves
vous les avez en mains (!)—que sous ce paternel gouver-
nement prussien, nous nous considérons non-seulement
les plus heureux mortels, mais que réellement nous avons
gagné au change, et que, comparant notre existence actuel-
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le avec notre situation du passé, la comparaison n’est guère
à l’avantage de la dernière.
—Il ne vous reste plus qu’à prouver à l’Europe, que
depuis soixante ans le progrès partoutailleurs est demeuré
stationnaire.—
Vous pourriez même vous imaginer de nous avoir
fait À croire que ce progrès prussien est le progrès par
excellence, que la science allemande est la science unique,
l’art allemand:, l’art maîtresse ; — que cette culture
allemande ( deutche culture ? ) est la seule culture noble
et épurée, la langu> allemande la seule langue convenable
et nécessaire pour nous, Sarrelouisiens.
Vous pouvez même nous accuser d’un soupçon d'in-
gratitude, de ne pas assez remercier le ciel de nous avoir
recordé la “ (GRACE ” de faire partie d’une pareille
nation.
Qui, vous pouvez tout cela—et bien plus encore, seu-
lement—Vvous ne nous convaincrez jamais ! !
Et le Sarrelouisien, plutôt que d'accepter vos soi-
disant bienfaits et de plier sous votre tutelle, continuera
comme par le passé, de faire des cinq parties du globe sa
patrie provisoire, préservant intacte, dans l’exil, la foi de
ses pères en se fiant à l’avenir.
Et ceux À qui incombe le devoir sacré de garder les
pénates, soyez tranquilles, ils sauront remplir ce devoir !….
sa so au 00000 sa 00000. 0000. ranacu00
"ea... . 0.00%: 007-060 60649-46000 480068 e..............
Et maintenant, oui messieurs les prussiens, nous
avons souffert sous la France ! Oui, nous avons gémi sous
cette Monarchie du droit divin, ployés sous le joug de cet
Empire militaire — systèmes de gouvernement néfas-
tes que vous admirez tant, et que vous exploitez si bien.
Nous avons souffert et nous avons même rougi, non
pas d’être français, oh non ! mais parce quenous voyions
nos Maîtres se perdre et nous entraîner dans leur perte.
Nous avons été des premiers à acclamer la liberté,
et nous l’avons défendue avec opiniâtreté.
Sous la République, nous avons refoulé vos hordes,
C,?
oh
lorsqu’elles envahirent la patrie pour nous la ravir, pieds
nus le plus souvent, le ventre vide bien des fois, mais
avec succès— toujours.
Pendant un quart de siècle nous avons combattu les
ennemis de la France, dont vous fûtes le plus acharné.
Sous la Monarchie nous nous trouvions dans les
rangs des oubliés ; sous l’Empire nous avons suivi le dra-
peau tricolore dans toutes les capitales de l’Europe !
ET C'EST UN SARRELOUISIEN, NEY, QUI, À LA
TÊTE D’UNE ARMÉE FRANÇAISE, FIT BON EN-
TRÉE TRIOMPHALE A VOTRE BERLIN!
Oui ! nous avons servi la France avec un dévouement
sans bornes, un amour sans égal, et jamais, nous ne lui
avons marchandé notre sang.
Et ces souffrances, ces sacrifices, ces hontes mêmes,
ont fait germer en notre cœur un attachement inalté-
rable, ils ont cimenté entre nous et ln Mère Putrie, un
lien indestructible, ils ont scellé avec elle un pacte que
vous ne pourrez ni effacer, ni détruire jamais !
Il vous est, du reste, bien aisé de vous en convaincre,
vous qui êtes les maîtres chez nous. Compulsez les régis-
tres de l’Etat civil, et comptez le nombre de ceux qui
sont morts pour la France. ‘
Et vous, chez qui la Force prime le Droit, vous
n’avez tenu aucun compte de ce lien sacré, Vous n’avez
même pas respecté la loi du sang, car vous n’avez pas
craint de jeter dans une lutte fratricide les enfants de
Sarr e-Louis qui ne vous servent que par force.
Vous avez osé célébrer le centenaire de Sarre-Louis,
fête qui ne vous appartient pas, et, pendant que les ruines
que vous avez amoncelées fument encore, vous vous atta-
blez à un banquet à deux pas du sinistre.
En cela vous aviez fait votre apprentissage en 70-71.
Par des démonstrations officielles, par une gaité de
commande, vous avez cherché à éblouir un public souvent
par trop crédule.
Mais vous n’avez réussi à tromper personne ; au con-
traire. Dans le brâsier de notre édifice incendié, vous
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lui
avez du voir écrit en lettre de feu le Manè, Thècel, Pha-
res des anciens.
Libre à vous de lui donner la signification qui vous
plaira.
Pour nous, nous acceptons les arrêts du destin et nous
nous inclinons devant la fatalité, MAIS “ FRANÇAIS
NOUS SOMMES, ET FRANÇAIS NOUS RESTERONS,
ATTENDANT AVEC CONFIANCE LE JOUR TANT
DÉSIRÉ OU LES COULEURS DE LA PATRIE
REFLOTTERONT SUR SARRE-LOUIS, LE JOUR
BÉNI OU NOUS SERONS RENDUS A NOTRE MÈRE
CHÉRIE, LA FRANCE!!! ”
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NOTICES BIOGRAPHIQUES
Nous ne croyons pas devoir terminer les notes sur hs
ville de Sarre-Louis, sans établir une courte biographie
de quelques-uns de ses enfants, qui, par leur glorieuse
carrière se sont aequis à tout jamais la reconnaissance de
teurs coneitoyens.
Nous ajouterons—pour servir de pièces justificatives
et surtout à titre de comparaison—le cadre de l’Illustra-
tion de Sarre-Louis jusqu’à 1815, complèté par une liste
de ceux de nos compatriotes qui, depuis cette époque, ont
continués à trouver dans le service de la France, une
carrière fort honorable.
Nous tâcherons de compléter ces notices par de courts
renseignements sur ceux qui—exilés volontaires—ont su
se créer loin de la “ PRUSSE, ?” une position sérieuse
dans le monde, ou fondé, dans les différentes parties du
globe, des établissements considérables.
PA
N'ES
Michel Ney, surnommé ‘“ le brave des braves, ” duc
d’Elching, Prince de la Moskowa, Maréchal et Pair de
France, grand-aigle de la légion d'honneur, et chef de la
Te cohorte de cette légion, chevalier de l’ordre du Christ
de Portugal, membre de l’ordre royal et militaire de
Saint-Louis, etc, etc, est né à Sarre-Louis le 10 jan-
vier 1769.
Son père, modeste tonnelier, homme du peuple d’un
caractère droit et fier, ne négligea rien pour faire donner
à son fils une éducation soignée.
Cependant, tout comme la plupart de ses compagnons
d’enfance, Ney dut quitter notre collége des Augustins
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avant l’âge de 14 ans. Son père le plaça dans une étude
de Notaire et peu après, dans les bureaux de la Société
d’exploitation des mines de fer à Duppenwiller. À 17 ans
il entrait, en qualité de commis, aux hauts fourneaux de
Falk, dirigés alors par M. Besson, notre compatriote. Une
année plus tard, 1787, le jeune Ney, qui avait déjà une
taille collossale et une force physique remarquable, ne
trouvant plus dans ces modestes fonctions un aliment pro-
pre à l’activité prodigieuse de son esprit, abandonna la
vie monotone du bureau et échangea sa plume contre le
sabre.
Le premier cri de liberté venait de retentir en Fran-
ce ; ce cri réveilla sans doute l’âÂme ardente de Michel
Ney et lui révéla peut-être son glorieux avenir.
Entré comme simple soldat dans le régiment de
colonel-hussards, il parcourut en deux ans, toute l'échelle
des grades inférieurs et reçut l’épaulette de sous-lieute-
nant en 1789.
Il fit les premières campagnes de la Révolution com-
me aide-de-camp du Général Lamark, puis rejoignit son
corps comme chef d’escadron. Kléber qui avait déjà
deviné en lui un officier d’un avenir distingué, brave et
entreprenant, le plaça à la tête d’un corps franc.
En l’an III, nous le trouvons comme Adjudant-
Général à la tête de la division de cavalerie Coland, ou
par son courage il s’acquit le titre d’“Infatigable. ”
Il se couvrit de gloire sur les bords de la Lahn,
époque à laquelle il fut nommé général de brigade, hon-
neur qu’il déclina, comme ne se sentant pas encore digne.
En l'an IV, toujours à la tête de la divison Coland,
Ney franchit le Sieg, met en déroute la cavalerie ennemie
beaucoup plus nombreuse que la sienne, et se distingue
particulièrement à la bataille d’Altenkirch, s'empare des
magasins de Dierdoff et de Bendorf et cela au grand avan-
tage de l’armée française qui manquait de tout, Il en fut
de même à Montabour.
Entre Obermel et Nanheim, les Autrichiens opposè-
rent une résistance désespérée à la division Coland, qui y
100 —
franchit la Lahn. Le combat commença par des escar-
mouches d’avant-garde et se changea bientôt en bataille
sanglante.
À l’attaque du village d’Obermel, Ney déploya un
courage qui frisait la témérité.
A la tête du lle Dragon et du Ge Chasseur, il jeta
l’épouvante et le désordre dans les rangs de l'ennemi, qui
réussit néanmoins à se reformer dans Obermel, où il se
défendit avec le courage du désespoir. Ney attaqua quatre
fois ce village, quatre fois il est repoussé, et ce n’est qu’à
9 heures du soir, qu’il reste maître de la position.
Le 5 thermidor, l’armée autrichienne, forcée d’aban-
donner Wurzbourg, laisse dans cette place 2000 hommes
d'Infanterie et 300 chevaux. Profitant de sa victoire
d’Obermel, Ney se présente le lendemain devant Wurz-
bourg à la tête d’un simple détachement de 100 hommes.
Une partie de la légion Bussy, qui avait voulu arrêter
cette marche si hardie, fut dispersée par ses manœuvres
habiles, et Ney somma le Gouverneur, déjà intimidé, de se
rendre sur le champ.
La capitulation fut signée aussitôt et Wurzbourg
était au pouvoir des français.
A Bamberg, à Forkheim surtout, il s’attira l’admira-
tion de l’armée entière.
Après avoir repoussé le général autrichien, Wartens-
leben, Ney fut chargé de forcer la reddition de Forkheim.
La capitulation eut lieu presqu’aussitôt, avec abandon de
7 canons et une grande quantité d’armes et de muni-
tions de toutes sortes.
Kléber, Général-en-chef de l’armée de Sambre-et-
Meuse, désirant depuis longtemps récompenser un officier
d’un tel mérite, le nomma de nouveau Général de Brigade,
grade qu’il accepta cette fois.
Le Général en chef, écrivit à cette occasion la lettre
suivante au Diréctoire :
“ L’Adjudant général Ney, a donné pendant cette
““ campagne et les précédentes des preuves multiples de
“ talents, de zèle et d’intrépidité, mais il s’est surtout
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“ dépassé dans la journée d'hier, ou il eut encore deux
“ chevaux tués sous lui.
“ Jai donc cru devoir élever sur le champ de bataille,
“ cet officier au grade de Général de brigade, dont le
“ brevet lui avait déjà été envoyé il y a dix huit mois,
“ mais que sa modestie ne lui permit pas d'accepter alors.
“ En confirmant cette décision, vous donnerez, ci-
“ toyens Directeurs, un acte éclatant de votre justice. ”
Au Quartier général à Abelsdorf, 21 Ther. an IV.
Signé : « KLÉBER ; ”
Le 23 du même mois, Ney se présente devant le fort
de Rottenbourg, envoie un de ses officiers d’Etat Major,
avec six ordonnances, au commandant de la place, le som-
mant de se rendre, et s'empare de la place sans tirer un
coup de fusil.
Nous le trouvons toujours à la tête de l’armée de
Sambre et Meuse, qui s’avance victorieusement dans le
centre de l’Allemagne.
Durant la campagne de l’an V, il se distingue dans
maintes occasions, et, récapituler ici tous ses hauts faits
nous entraînerait trop loin.
A Neuwied, sous les ordres de Hoche, il se couvrit de
gloire et d’honneur.
A Dierdorf, avec 500 hussards seulement, il met en
déroute 6000 autrichiens, puis il attaque Giessen, défendu
par de l’Infanterie, avec une telle impétuosité, que l’enne-
mi effrayé se retire en désordre à travers la forêt et ne
put se rassembler qu’à Steinberg. Cette manœuvre ne
lui aurait certes: pas réussi, si en franchissant un fossé, le
cheval de Ney ne se fut abattu, entraînant son cavalier
dans la chûâte. L’ennemi revient aussitôt à la charge,
s’empare de l’illustre prisonnier et fait reculer à son tour
la cavalerie française ébranlée par la perte qu'elle venait
d’essuyer. Le Général en chef réclama sur le champ le
général Ney, et le Diréctoire lui écrivit à cette occasion
une lettre des plus flatteuses.
L’armée ne tarda pas, en effet, à le posséder.
— 102 —
Le 23 thermidor, au quartier général de Wetzlar, il
prit part avec l’armée de Sambre et Meuse, à la célébra-
tion de l’anniversaire du 10 Août.
Au banquet il porta le toast suivant :
“ Le général Ney, commandant des hussards, au
maintien de la république ! Grands politiques de Clichy
“ daignez ne pas nous forcer à faire sonner la charge ! ”
Pendant la campagne suivante, il fut nommé général
de Division, honneur qu’il refusa ; il n’accepta ce nou-
veau grade que sur les ordres formels et réitérés du
Diréctoire.
Ici nous devons remarquer, que dans ces diverses
campagnes sur les bords du Rhin, si notre compatriote a
su faire preuve des plus brillantes qualités militaires, il a
su allier à tant de valeur, une grandeur d’âÂme des plus
élevée, des sentiments des plus humains.
À lui seul, une foule d’émigrés de l’armée de Condé
devaient la vie. Sachant que cette classe de prisonniers
était irrévocablement condamnée à la mort, il les avait
fait toujoursrelâcher. Trait de courage peu commun en
ces temps de luttes farouches ; . vertu, que les intéressés
oublièrent que trop, mais dont la postérité lui tiendra
certainement compte...
Nommé général de cavalerie à l’armée d’Helvétie,
Ney ne contribua pas peu à ses succès. II fit des prodiges de
valeur à l’armée de Masséna, lors de l’attaque du prince
Charles qui, à la tête de 30,000 hommes, tombait sur cette
armée de beaucoup plus faible.
À l'attaque de Manheim il se surpassa, ainsi que le
constatent les rapports du chef de l’Etat-Major général,
Baraguay-d’Hilliers.
En attendant l’arrivée de Lecourbe, il commandait
par interim, l’armée du Rhin. Ilétablit son quartier
général à Strasbourg, d’où il pouvait mieux observer les
manœuvres du prince Charles.
Lors de la réorganisation de cette armée, Ney fut
appelé au commandement de l’aile gauche. Le premier
mouvement qu’il fit avait pour but de s'emparer de Man-
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heim et de rétablir le pont sur le Rhin, afin de faciliter
aux autres divisions de l’armée les moyens de se réunir.
Cette expédition lui réussit au-delà de toute entente.
De là, à la tête de ses 20,000 hommes il se dirige sur
Aschaffen bourg où il reçoit l’ordre de pénétrer en Suabe.
Le 12 Brumaire, à la tête de son avant garde, cerné
par l’armée du Prince Charles, et séparé du gros de l’ar-
mée française, il ne réussit à se dégager et à la rejoindre
qu'après des efforts surhumains. Dans cette affaire il ne
dût son salut qu’à son sang-froid et à son énergie, et aussi
deaueoup au secours que lui apporta Grenier, notre com-
patriote.
Gravement blessé avant d’atteindre Stuttgard, on le
retrouve à peine rétabli, à la tête de sa division.
Lorsque Lecourbe reçut l’ordre de marcher sur la
Suisse, Ney fut nommé au commandement en chef des
trois corps d'armée, en attendant l’arrivée de Moreaux. À
ce poste on lui dut le succès des journées de Moeskirchen.
Le succès de la bataille de l’Iller fut également dû en
grande partie à sa division.
À l'attaque mémorable du Kirberg, il chargea lui-
même à la tête de la brigade Bonnet. L’arme au bras, il
monte avec son sang-froid jusqu’au plateau, et sans dai-
gner répondre à la canonade et au feu meurtrier de la
mousqueterie, il s’élance à la baïonnette sur l’ennemi qu’il
met en déroute à l’aide du 8e chasseur et du 54e régiment
d'infanterie. Toute l’artillerie et 1200 prisonniers res-
tèrent entre ses mains.
Il fit également preuve de grands talents au siége
d'Ingolstadt, mais c'est surtout à Hohenlinden, où rien ne
put arrêter son intrépidité.
Lors de l’attaque des chemins creux de Matemport, il
tontribua à une des plus belles victoires de la Répu-
blique.
Lors de la paix de Lunéville, Ney rentra en France
pour y soigner ses blessures, et Bonaparte qui, de l’Egypte
avait suivi les succès du général républicain, voulant se
l'attacher, lui fit épouser en 1801 Mlle Augié, amie d’en-
104 —
fance de Hortense Beauharnois. À l’occasion de ce ma-
riage il lui fit cadeau d’un magnifique cimeterre égyptien.
Nommé inspecteur en chef de la cavalerie, le premier
consul le délégua comme ministre plénipotentiaire auprès
de la République helvétique, ou par son énergie il arrêta
les troubles et prépara le traité médiateur du 19 Février
1803.
À son retour en Suisse, il prononça devant la Diète
assemblée un discours resté célèbre (4 Juin 1803). De
retour de cette mission, il prit au camp de Boulogne le
commandement du Ge corps.
Alors s’ouvrit aux soldats de la République un nou-
veau champ pour assouvir leur orgueil guerrier, car dans le
fol désir de servir la République, tous se laissèrent entrainer
par le grand Génie, et Napoléon, empereur, couvrit ses
compagnons d’armes, tous opposés à une monarchie, d’hon-
neur, comme les monarchies seules savent en créer.
Nommé Maréchal de l’Empire, Ney devint un des
plus sol‘des soutiens de ce pouvoir despotiquement mili-
taire, qui allait si péniblement peser sur la France.
Fait Grand Cordon de la Légion d’Honneur, il reçut
bientôt du prince régent du Portugal l’ordre du Christ.
Lorsque l’Autriche recommensa les hostilités, Ney
quitta le camp de Boulogne, franchit le Rhin, occupa les
passes du Danube et accomplit des miracles de bravoure à
Elching. La capitulation d’Ulm fit la suite de cette vic-
toire et le général autrichien Mack y fut fait prisonnier
avec 26,000 hommes qu’il commandait. Ney s'empare
ensuite de Trieste, des lagunes de Venise et s’établit sur
l’Adige supérieure.
L'année suivante, dans la campagne contre la Prusse,
de nouveaux lauriers l’attendaient dans la plaine de Iéna.
Il cerna Magdebourg, assiégea cette place, qui capi-
tula le 8 Novembre. 16,008 hommes, 20 généraux furent
faits prisonniers, et près de 80 pièces de canon, ainsi que
des approvisionnements considérables tombèrent en notre
pouvoir.
Après s’être emparé de Halle, il fait le 11 Novembre
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1506, son entrée TRIOMPHALE À BERLIN. De là il
se Jette en Pologne, s'empare de Thorn, et sépare les ar-
mées prussiennes et russes.
Près d'Altenkirchen, il est attaqué par 70,000 russes,
sous les erdres de Bensingen. Cédant au nombre, il se
replie avec ses 14,000 hommes sur Ackendorf, et saisissant
le moment favorable, il bat cette armée près de Deppen,
rejoint Napoléon et Lannes près de Guitstadt, et entre
avec eux dans cette place
Commandant l’aile droite à Friedland, il décida, et
cela d’après le dire de Napoléon lui-même, du succès de la
journée et reçut des troupes enthousiasmées le titre de
“BRAVE DES BRAVES.”
Quelques jeurs après il fut nommé duc d’Elching. La
malheureuse guerre d’Espagne le trouve dans la presqu’ile
hispanique, à la tête du 7e corps d’armée.
11 prit part à la prise de Madrid et soumit en peu de
temps la Galicie et les Astruries.
Le 25 Octobre 1808, il établit son quartier général à
Guardia, le 22 Novembre, il prend et désarme Sosia, y
installe un comité administratif de la province, marche
avec son infanterie et son artillerie sur Agréda, pendant
que sa cavalerie déblaie la route de Madrid à Sarragosse.
Traverse Tarragone le 25, se dirige sur Borja, où il prend
30 pièces de canon, et fait son entrée à Guadalaxara dès
les premiers jours de Décembre ; le 28. il établit son
quartier général à Villafer.
Le 18 Mai 1809, il prend Oviédo, poursuit l’ennemi
Jusque sous les murs de Gison, sans pouvoir l’emmener à
livrer bataille, et eut la gloire, après une campagne très-
courte, de soumettre le Nord de l’Espagne.
Peu de temps après, nous le retrouvons à Salamanque
et à Valladolid.
Au mois de juin, il assiégea Ciudad-Rodriga, place
forte de la province de Léon, et s’en empare après 25
Jours de tranchées.
Le mois suivant, il pénètre en Portugal. Sans com-
munications avec le gros de l’armée, il s’y soutint seul
|
| À
106 -
pendant six mois; mais lorsque manquant de tout, il fut
obligé de se retirer, il arrêta avec ses 6,000 hommes la
marche de 40,000 alliés anglo-portugais.
Puis des différents s’étant élevés entre lui et le duc
de Dalmatie qui commandait également en Espagne, Ney
rentra en France.
Nommé commandant du 53e corps, 1l fit en cette qua-
lité la campagne de Russie, et se battit à Liady, à
Smolensk et à la Moskowa:
Dans cette dernière bataille il fut le héros du jour
et s’y acquit le titre de : ““ Prince de la Moskowa.”....….
Jusqu'ici nous avons connu de Ney que l’heureux
soldat, le brillant militaire plein d’audace, de génie et de
bonheur. Mais c'est dans les jours de malheur que nous
allons retrouver notre héros duns toute sa splendeur.
D'aucuns, il est vrai, prétendent qu’on a trop embelli
le rôle de Ney, et fait une trop large part à son intrépide
fermeté dans cette malheureuse campagne de Russie ;
d’autres vont plus loin et l'accusent de s’être oublié au
point d’avoir abandonné son armée, (il commandait l’ar-
rière garde) pour assurer sa fuite après les combats de
Krasnoï. Mais des militaires dignes de foi, des personnes,
dont la religion ne peut guère être suspectée et qui étaient
à même de rouvoir vérifier et les dates et les faits, ne
laissent pas que de maintenir la gloire de Ney dans toute
sa grandeur et font de cette soi-disante défaction un des
faits d’armes les plus étonnants de cette campagne,
Tous s'accordent à dire que Ney, après avoir franchi
mille obstacles avec la poignée de braves qui lui restait
encore, rejoignit l’armée française qui, depuis plusieurs
jours, les croyait captifs ou ensevelis sous la neige.
‘“ Jamais peut-être, a dit un écrivain, général d’armée, au
milieu du plus éclatant triomphe, n’a excité plus d’ivresse.
n’a été accueilli avec plus de transport. ”
Toute l’armée le reçut avec des cris de joie, et l’Em-
pereur qui quelques jours auparavant s’écriait : * J’ai deux
cent millions dans mes caves, je les donnerai pour retrou-
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ver Ney!” l’Empereur tomba, les larmes aux yeux dans
ses bras.
Peu de temps après, au passage de la Beresina, où il
guidait les restes des Ze, 3e et 9e corps d'armée, Ney se
couvrit d’une gloire immortelle, en sauvant les débris de
vette armée de Titanes, poursuivie par la nature et par
l'ennemi.
La jouruée de la Moskowa fut une journée de gloire
pour la France, mais à la Beresina, Ney sauva l’honneur
de la patrie !
À partir de ce moment, nous voyons Ney—au dire
de ses détracteurs eux-mêmes—daus sa véritable grandeur,
sans concurrent dans l’histoire. Froid et inébranlable,
comme ces plaines de glace où il combattait, le fusil à la
main, au milieu de ses hommes, nous le trouvons toujours
le dernier dans la retraite, couvrant les vivants de son
propre corps, et étreignant comme éternel adieu la main
aux mourants. À lui seul il valait un corps d’armée, il
était le seul et dernier espoir du pauvre soldat mourant
de froid et de faim.
A Wilna, à Kowno, au passage du Niemen, il couvre
avec la sollicitude d’une mère les Jerniers détachements
de ces héros malheureux.
Ney a fourni avec l’armée française tout ce qu’un
être humain peut fournir, mais il lui fut impossible de
lutter contre la destinée. Abandonné de chacun et de
tous, cernée de toute part, la grande armée dût se frayer
un passage avec ses baïonnettes.....
Le combat que Ney livra près de Weissenfels, resta
sans résultat. Le jour suivant il essaya avec le prince
Eugène, les maréchaux Mortier, Macdonald et Marmont,
ainsi que d’autres généraux, de réparer les fautes com-
mises à la bataille de Lutzen, puis à la tête d’un des qua-
torze corps de l’armée, il prit part à tous les combats.
Le 15 Août 1813, son chef d’état, major Jomini, passa
à l’ennemi, et le mit au courant de toutes ses combinai-
sons stratégiques, ce qui fit le succès de Bernadotte et de
Bullow à Dennewitz, où Ney perdit les 2 de son artille-
— 08 -—
rie, près de 12,000 hommes et toutes ses munitions; l
put néanmoins atteindre Torgau avee les débris de son
armée.
Cet échec produisit un effet terrible sur Ney, et
Napoléon qui, quelques mois auparavant, l’avait surnommé
le ‘ Brave des Braves” “ l’homme au eœur d’airaîn,” lui
fit sentir tout son mécontentement pour cette première
défaite.
Ney, violemment irrité, eut peïne à se contenir,
reproeha vertement à l’empereur ses nombreux saerifices
d’hommes. son insatiable ambition qui ne pouvait man-
quer d'attirer des catastrophes et tomba par suite de cet
éclat dans une sorte de disgrâce.
Cependant à Leipzig, il commandait le 3e corps.
Forcé, après cette journée mémorable, de se replier sur la
France, il oceupait à la fin du mois de Décembre 1813, à
la tête de 12,000 hommes, le passage des Vosges, défen-
dant pas à pas le territoire de la patrie.
Ney se couvrit aussi de gloire à Brienne, à Montmi-
rail, Craonne et Châlon-sur-Marne. Mais la résistance,
quelque valeureuse qu’elle fût, était devenue inutile. Les
exploits inouïs de 50,000 héros devaient échouer devant
les efforts réunis de la trahison, des haines et des intrigues
de la vieille aristocratie et devant 300,000 baïonnettes
étrangères ; les armées des puissances alliées firent leur
entrée dans la capitale de la France, et, le 11 Avril, la
déchéance de Napoléon fut prononcée par le Sénat.
Ney, prévoyant la guerre civile, et afin d’éviter cette
calamité à son pays, fut un des premiers généraux à offrir
sa soumission au Bourbon. Louis XVIII le maintint non-
seulement dans tous ses grades, mais encore le nomma-t-il
Pair de France et commandeur de l’ordre de St. Louis.
Mais bientôt les fautes de la nouvelle administration
engendrèrent un mécontentement général, qui devait
emmener l’événement le plus étonnant de l’histoire.
Ney était dans ses propriétés de Coudreaux lorsque
Napoléon débarqua, retour de l’île d’Elbe.
À cette nouvelle inattendue, il sembla oublier les
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liens qui le liaient à la grandeur déchue ; il ne considérait
que les malheurs, que ce retour pouvait emmener pour la
France. Ilnese rendait pas compte de l'influence du
nom de Napoléou, sur les masses, et surtout sur l’armée.
Après avoir reçu l’ordre d’assembler son corps d’armée
à Besançon, il se dirige le 10 Mars sur Lyon, afin d’arrêter
la marche de l’Empereur. Arrivé à Lons-le-Saulniers, il
apprit que la girnison de Grenoble avait pris fait et cause
pour Napoléon, que celui-ci était déjà à la tête de forces
considérables, et qu’il venait d’être reçu avec enthou-
siasme par la population de Lyon. Bientôt ses troupes
demandèrent à se rattacher à la cause impériale, et il vit
arriver auprès de lui le général Bertrand, qui l’instruisit
du véritable état de choses.
Quoi faire ? d’un côté l’influence de Napoléon, les
proclamations qui le précédaient, promettant des réformes,
une paix durable et une alliance sérieuse avec l'Autriche,
d'autre part la fuite des Bourbons, les exactions d’une no-
blesse, qui ne pussédait pas assez de bon sens pour renon-
cer à leurs prétentions ridicules au moment d’une cala-
mité générale, tout enfin venant à l’appui de l’insurrec-
tion et détruisant les plans de ceux qui cherchaient à en
enrayer la marche.
Le temps pressait, il fallait prendre une décision. Dès
le lendemain matin on pouvait lire sur les murs de Lons-
le-Saulniers la fameuse proclamation, commençant par ces
mots :
La cause des Bourbons est à tout jamais perdue...
Cest à l'Empereur notre Souverain, au’il appartient
seul de régner !!”...….….….0socsnesocsnonnase-ence0e00s
Le résultat de cette proclamation fut la réunion de
l’armée de Ney à celle de Napoléon.....….….…...…...ouv0ce
Après avoir parcouru, en qualité de commissaire
extraordinaire, toute la frontière du Nord, Ney reçut le
commandement de l’aile gauche de cette armée organisée
en partie par son activité incroyable...……….…..…...sccuce
À la veille de la bataille de Ligny, (16 juin), Ney
qui venait de joindre l’armée, reçut ordre de marcher sur
— 110 —
Quatre-Bras. Il attaqua l’armée anglaise et obtint un bri!-
lant succès ; mais, trompé par de faux rapports, il se per-
suadait que le gros de l’armée prussien était réuni derrière
un bois en avant de Fleurus et son mouvement ne se fit
plus qu’avec une grande circonspection. 1! s'arrêta à une
lieue de Quatre-Bras, au lieu d'occuper !a place. Le 17 il
quitta les positions de Frasnes et atteignit le champ de
bataille de Waterloo.......
— I semble qu’en ce jour néfaste, dans les préparatifs
duquel Napoléon s'était surpassé, tout s’est enchaîné contre
la France.
Le fait est qu’une foule de critiques attribuent en
grande partie à Ney le désastre de l’armée française en
cette bataille.
Ceci, toutefois, ne pent être qu’une exagération, car si
dans les opérations de ce jour ainsi que de celles de la
veille il y a eu de graves fautes de commises, Ney ne fait
que partager la responsabilité avec quantité d’autres géné-
raux. Vouloir, à cause de cela, le confondre avec des trai-
tres c'est sortir de la. vérité historique. Dans cette fatale
Journée ou l’étoile de Napoléon disparaissait de l'horizon,
les hommes et les éléments devaient se donner la main.
On peut, en vérité, très-bien admettre que dans toute
celte campagne, qui devait être si promptement décisive
les facultés supérieure de la plupart des lieutenants de
Napoléon furent paralysées par une inquiétude vague, et
celles de notre compatriote plus que tout autre ; peut-
être même ce dernier fut-il hanté ce Jour là par de funes-
tes pressentiments,
Ce qui est certain, c’est qu’au moment de la lutte
suprême, lorsque l’arrivée de Blûcher, au lieu de Grouchy,
décida de la journée, Ney déploya comme toujours une
admirable bravoure personnelle. À la tête de ses escadrons
il fit des prodigues de valeur. Voyant la bataille définiti-
vement perdue il se mit à la tête de huit bataillons de la
garde, décidé à chercher la mort dans les plaines ou quel-
ques heures auparavant l’aigle impérial semblait devoir
se relever avec majesté. Déjà cinq chevaux avait été tués
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sous lui! Couvert de boue, de contusion et de sang, une
de ses épaulette hachée d’un coup de sabre, l’étoile de la
Légion d'honneur maché par une balle, il se ruait avec
rage sur les carrés ennemis. Hors de lui, on l’entendait
crier à d’Erlon : “ Tu ne te fais donc pas tuer toi ?..……….
Dans cette attaque mémorable il vit périr à ses côtés
la courageuse légion au milieu de laquelle il eut voulu
trouver son tombeau...
l’auvre héros ! la mort te ménagea pour toffrir plus
tard en sacrifice à la haine des puissances coalisées.
trirnn to 004000 ns00 000000 ue 0 asou0u a ncaue acaueue
Après le retour des Bourbons, Ney se retire à Saint-
Alban, en Auvergne, d’où le duc d’Albuféra, qui comman-
dait à Lyon, lui oftrit de le faire passer en Suisse,
Mais Ney refusa de quitter la France, se fiant aux
articles 11 et 12 du traité signé aux portes de Paris, et se
rendit à Bessonis (Lot) dans la famille de sa femme.
Le 6 juillet son nom figurait sur la liste des pros-
crits.
Afin de mieux cacher sa présence au château, sa
famille tint maison ouverte: mais un jour Ney, ayant
oublié son sabre au salon, un des visiteurs s’écria : Il n’y
à que deux hommes en France qui possèdent une arme
pareille, ce sont Ney et Murat.
Le soir même, le château est cerné par les gendarmes,
Ney leur ouvre lui-même la porte de ses appartements,
leur disant : “ Vous cherchez le maréchal Ney, je vais vous
le montrer, c'est moi qui suis Michel Ney.”
Il fut emmené à Paris sous bon escorte, et enfermé à
là CONGIETSET IG an nec nennanac ess st hren genes nan Ueu ns
Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de laisser
maintenant la parole à un de ses défenseurs, le moins sus-
peét assurément. Dans les mémoires de Berryer (Ed.
1839) nous trouvons Vol. I,chap. XXI, au sujet du procès
du Maréchal, ce qui suit :
“ Mon premier devoir, en l’analysant, est de relever,
“ dans la mémoire des hommes, le noble caractère de cet
— 119 —
“ illustre guerrier, tombé victime de l’émigration et de
““ l'étranger.
“ Aucun général français n’avait autant que lui droit
( à l’estime et à la reconnaissance des émigrés. Il était
‘‘ peu de familles nobles qui ne dussent à son humanité
“ d'avoir conservé ceux de leurs membres de l'armée de
““ Condé tombés en son pouvoir, dans les campagnes sur le
* Rhin.
‘ La confédération germanique devait à sa mémorable
€ retraite de Moscow le salut de plusieurs de ses princes,
<“ restés à l’arrière-garde de ln grande armée, qu’il com-
‘* mandait au retour de MOScow....……...... 22020 an0un0e
.“ De tous les généraux de Bonaparte, Ney était notoi-
‘“rement le plus désintéressé. Jamais ses caissons n’avaient
* été souillés des dépouilles de l’ennemi....………….....….
«.….“* Jetiens sur Ney, une anecdote qui seule donne la
‘“ mesure de sa valeur morale.
** Dans un dîner d’apparat auquel, chez le ministre de
‘‘ laguerre, Ney était invité avec plusieurs dames du
“ Palais, plusieurs grands dignitaires, plusieurs étrangers
‘ de la plus haute distinction, on lui avait donné pour voi-
‘“ sin de table un prince de la Confédération servi par un
‘ heiduque. Ce serviteur avait pris, pour le Maréchal,
“ des soins si empressés, que celui-ci se retourna pour l’en
“remercier. Au premier coup-d’œil la salle du festin
““ avait retenti de cette bruyante exclamation de Ney :
Mais, c'est toi, Frédéric.” Et, pour s’excuser auprès
“ des convives, cette autre : “Pardon, mesdames et mes-
sieurs, c'est un camarade de lit que je retrouve.” Le
“ prince par discrétion, avait fait remplacer Frédéric
‘* jusqu’à la fin du repas.
“ L'étrange interruption paraissait oubliée, mais le
“ sentiment qui l'avait causé était resté au cœur de Ney,
( qui au lieu de suivre les convives dans le salon, avait
** couru vers les antichambres s'informer de ce que Frédé-
“ ric était devenu. Sur l’indication qu’il était retiré à
<“ l'office, Ney étant allé l’y joindre, l’avait embrassé, et,
““ après l’avoir grondé de sa disparition, lui avait glissé
— 113 —
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« dans la main un billet de 500 frs. en l’accompagnant des
“ offres de protection les plus aimables.
“ La perfidie s'allia-t-elle jamais avec tant de gran-
“ deur d’âme ? Ney pourtant eu était accusé ; son procès
“ lui était fait pour avoir indignement trahi la foi jurée
* aux Bourbons. Par qui et dans quelle position était-
“ il poursuivi ? Les armées alliées occupaient le territoire,
“le parti de l’émigration dominait à la cour. Une fatale
« prévention porta le maréchal à décliner la juridiction
de ses pairs les maréchaux, devant laquelle il était tra-
“ duit. J’étais comme son défenseur, assisté du conseil
“ éclairé de plusieurs de mes confrères, de MM. Delacroix-
* Frainville et Dupin entre autres; sous leurs auspices,
* je plaidai le déclinatoire, qui fut accueilli. Devant la
“ cour des Pairs, substituée aux maréchaux, nous éle-
“ vâmes plusieurs incidents dont le but principal était de
“ gagner du temps, et celui accessoire de faire bien appli-
“ quer toutes les circonstances du traité de Paris, dont
“l’art. 12 défendait, EN TERMES ABSOLUS, la tête du
“ maréchal. A l’impatience que causèrent nos lenteurs
“ je ne pressentis que trop que notre unique espoir de salut
“ était dars la diplomatie étrangère.
“ Lord Holland, à Londres, plaida chaudement la
“cause du maréchal Ney auprès du roi d’Angleterre. La
# maréchale et moi la fines valoir de notre mieux auprès
“ du généralisme des alliés, mais sans succès.
“ Les débats s’ouvrirent ; jamais il en fut de plus
“ solennels.
‘ Le prince d’Eckmuhl, qui avait commandé l’armée
“ sous Paris, le général Guilleminot, comme commissaire
“ français, M. de Bondy, comme préfet de la Seine, avait
“ stipulé, dans le traité, les intérêts de la ville de Paris
“et ceux de toutes les personnes que l’amnistie devait
* protéger.
.“ La déposition du prince d’Eckmuhl surtout avait
“ noblement repoussé l’idée qu’aucune exception y eût été
“ sous entendue : “ J’avais l’honneur de commander encore
15
0 FLE vor
“ 80,000 baïonnettes françaises ; ce n’était pas avec un tel
“ appui que j'aurais souffert le moindre retentum.”
“ À un pareil commentaire de l’art. 12, confirmé par
“les deux honorables suffragants du prince d’Eckmuhl, il
“ n’y avait rien À y opposer. Dans le secret des déli-
“ bérations fut glissé l’échappatoire que Louis XVIII
“ n’avait pas accepté le traité; à sa suite, il avait été
“ arrêté qu’il serait interdit aux défenseurs de l’invoquer.
“ Le maréchal eonfondit (dans ses interrogatoires)
“ l’aceusation par des à-propos aussi sublimes que simples.
“ ]1 rappela qu’il avait incorporé avec empressement
“ dans sa petite armée de Lons-le-Saulnier, tous les gen-
“ tilshommes qui avaient voulu en faire partie ; que la
‘“ lecture de sa proclamation à ses troupes, dans cette ville,
“ avait eu pour témoins les généraux Bourmont, et il
“ ajouta : “ Quand Bonaparte me revit à Auxerre, son
“ premier mot fut de me dire : ‘““ Maréchal, vous avez agi
“ à Compiègne comme mon plus cruel ennemi. Si Louis
« XVIII eût suivi votre conseil, je ne serais pas ic1.””*
“ Une voix, dans les débats, ayant eru rendre encore
plus inviolable cette tête si chère, avait excipé, de ce
‘ que le maréchal NÉ A SARRE-LOUIS (PAR NOS SESSIONS
“ DE TERRITOIRE) ÉTAIT DEVENU PrUSSIEN. LE MARÉCHAL
““ AVEC LA PLUS VIVE INDIGNATION, AVAIT PROTESTÉ CONTRE
‘* CETTE INJURIEUSE MÉTAMORPHOSE, QUI LE DÉFRANCISAIT
‘“‘ POUR QU’IL NE FUT PLUS JUSTICIABLE. ÏEXPIER LE CRIME
‘“ DE SES VICTOIRES COMME FRANÇAIS ÉTAIT POUR LUI UN
‘ SORT MILLE FOIS PRÉFÉRABLE. À peine souffrit-il que j'en
“ vinsse, pour sa défense, au fameux art. 12 du traité de
“ Paris. Nouveau Régulus, l’amnistie lui semblait incom-
“ patible avec l’honneur, pour lequel tant de fois il avait
, *# Le lendemain de son arrivée à Compiègne où Ney commandait, le
roi ayant fait venir le maréchal à son lever, lui avait demandé ce qu’il pou-
vait faire de mieux pour affermir son trône. Avec sa brusque franchise,
Ney qui unissait éminemment le courage civil à la bravoure militaire, lui
répondit : “ Sire, un seul mot : faites que la garde impériale s'appelle garde
* royale et votre trône est inébranlable. ”
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“ exposé sa vie. Comment n’aurai-je pas surmonté cette
* héroïque répugnance, moi qui tenais, au dossier, deux
““ lettres d'officiers qui ne s'étaient certes pas concertés,
‘* par lesquelles ils me conjuraient d’offrir leurs têtes en
“ échange de celle du maréchal !
“ J'arrivais donc à l’argument irrésistible de la sou-
“ mission de Paris à Louis XVIII. Les procès-verbaux
“ de la cour constatent l’inconcevable impétuosité du ré-
“ quisitoire adressé au président, pour qu’il me fut inter-
“ dit de lire l’art. 12 et d'en faire un moyen de la défense,
‘* sous prétexte que le roi n’y avait pas accédé. La faculté
“me restait de prouver que l'adhésion de Sa Majesté
“ résultait du fait de sa prise de possession et même
‘* d’actes émanés d’elle, nominativement en vertu de ce
“ traités Mais l'interdiction requise m'ayant été intimée
“ par le président, le maréchal interrompit le débat et
“ m’imposa silence, par ces terribles paroles, proférées
“ avec calme : ‘“ Vous voyez bien que c’est un parti pris ;
‘* j'aime mieux n’être pas défendu du tout, que de l'être
“ au gré de mes accusateurs.”
“ Nemo auditur perire volens. J'insistai, mais en
“ vain; le maréchal revint à la charge pour me fermer la
“ bouche ; les débats furent clos, la Gour se mit en déli-
“ bération.
‘“ Inutilement mes collègues conjurèrent le maréchal
“ de me rendre la parole; il demeura inflexible, et
“ remonta dans la chambre de sa prison, où il se fit servir
“à diner. Après quelques minutes d’anéantissement,
* j'allai le rejoindre. Je le treuvai tranquille, mangeant
‘“ de fort bon appétit, comme en profonde paix.
“ Aux quatre coins de sa chambre étaient quatre
““ grands estafiers sous l'uniforme de gendarmes, qu’on
m’a assuré être quatre gardes-du-corps déguisés.
“ L’un d’eux quitta son poste et s'avança vers la table,
“ visiblement pour ôter au maréchal le couteau dont il se
“ servait. Un regard de mépris, dont l’autorité ne peut
“se décrire et ce seul mot, ‘“ quelle lâcheté!”” repous-
“ sèrent bien vite le sbire à sa place. Après quelques
ÎÏid —
‘ phrases échangées par moi dans un trouble indiscible et
“ par le maréchal avec sérénité, nous nous embrassämes ;
“ les dernières paroles qu'il m’adressa furent celles-ci :
« Adieu, mon cher défenseur, nous nous reverrons là-
haut ! ”
* Rentré chez moi avec la fièvre la plus brûlante, j'y
“ trouvai M. Bignon, l’un des négociateurs du traité de
“ Paris, qu’une attaque subite avait mis hors d’état d’ar-
“ river à temps pour être ouï aux débits. M. Bignon
“ était porteur d’une pièce relative au pont d’Iéna, qui
“ établissait, matériellement, le concours du roi au traité.
“ Les débats étant clos, je le priai de porter bien vite ses
pièces à la Cour des Pairs. J'ai su que, malgré l’ex-
trême faiblesse de sa santé, M. Bignon avait personnel-
“lement déposé son original.
« On connaît le dénouement du drame ; mais peu de
‘ personnes en ont appris certaines particularités qu’il est
“ de mon devoir de consigner ici, comme défenseur de sa
‘“ mémoire. Après que je l’eus quitté, le maréchal se
“ coucha et dormit du sommeil le plus paisible. Vers
“ minuit, M. Cauchy, greffier de la cour, se préseuta pour
““ lui lire le fatal arrêt. Les gardiens lui ayant dit qu'il
“ reposait, M. Cauchy, de son chef, différa le réveil jus-
“ qu’à 4 heures du matin; à 4 heures, le maréchal fit
“ appeler M. le curé de Saïnt-Sulpice, pour remplir les
“ devoirs de la religion, puis Madaimne la maréchale et ses
““ trois fils, qui étaient encore bien jeunes.
“ J'ai été remercié M. Couchy de sa généreuse tem-
és porisation.
“ A 7 heures le maréchal descendit, causant sur les
““ escaliers avec le curé de Saint-Sulpice.comme avec un
‘“ ami qu’il aurait reconduit.
“ Au bas de l’escalier était un fiacre qui s’ouvrit pour
“* les recevoir. Le maréchal insista pour que le curé y
“ monta le premier, en disant : ‘“ Quant à moi, je vais
plus loin que vous. ”. 00000
C’était le 7 Décembre 1815, à la pointe du jour, les
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feux des avant postes des alliées brillaient encore autour
de Paris, que Ney fut conduit sur le lieu d’exécution près
de l’observatoire, derrière le Luxembourg, à la place même
où se trouve aujourd’hui sa statue.
On avait d’abord décidé de le fusiller au Champ de
Mars, mais craignant un soulèvement du peuple, on choi-
sit cette dernière place.
Descendu de voiture, il se plaça lui-même à quelques
pas du peloton d'exécution. L’officier de service lui ayant
demandé à lui bander les yeux, Ney répondit : “ Ignorez-
vous que depuis vingt-cinq ans j'ai l’habitude de regarder
les balles et les boulets en face.” Et mettant sa main droite
sur sa poitrine, et jetant son chapeau, il s’écria: “ Cama-
rades, droit au cœur! Je déclare en face de Dieu et des
hommes que je n’ai jamais été traître à ma patrie ! puisse
ma mort la rendre heureuse !”...‘“‘Vive la France!” A ces
mots il découvre sa poitrine, conmande le feu, et tombe
percé de dix balles...….……ussonuscsa se 0tu sen ua 0000
! ne 8-4 à n =
. Ainsi mourut à la fleur de l'âge (46 ans) un des plus
illustres guerriers du commencement de ce siècle.
Si l’histoire, à bon droit, a crû devoir être sévère
pour Ney, la mort tragique ds notre héros expia bien des
fautes, et c’est cette même histoire qui continue à charger à
sou tour, et avec usure, la mémoire de ses accusateurs et de
ses juges. Si dans des circonstances plus que critiques le
tort de Ney fut de se présenter à Louis XVIII et de pro-
mettre d’amener captif le fugitif de l’île d’Elbe, à qui déjà
tout le midi de la France, Lyon, Grenoble, etc., s’était
soumis, la cause des Bourbons, au moment où le Maréchal
fut investi du commandement de l’armée de l’Est, était
bel et bien perdue et cela par la propre faute de la Res-
tauration.
Outre les clauses 11 et 12 de la convention de Paris,
parler de défections dans une époque où toutes les autorités
civiles et militaires envoyaient des adresses de dévouement
à Louis XVIII et le lendemain d’aussi dévouées à l’Empe-
118 —
reur, c'est amoindrir d'avance la culpabilité du prévenu,
affaiblir étrangement ses moyens d’accusation.
L'opinion publique, du reste, le jugea ainsi, et c’est
ainsi que jugera la postérité.
Déjà Berryer, l’avocat intègre, le juriste consommé,
le légitimiste éprouvé ne peut se défendre de stigmatiser
d’assassinat politique la condamnation de Ney. Armand
Carrel, devant la Chambre des Pairs, ayant nommé le
Maréchal et se voyant interrompu par le président, de
Jetter ce terrible défi :
“ Si parmi les membres qui ont voté la mort du maré-
‘“ chal Ney, et qui siègent dans cette enceinte, il en est
‘‘ un qui se trouve blessé de mes paroles qu’il fasse une
‘‘ proposition contre moi, qu’il me dénonce à cette barre,
“ j'y comparaîtrai ; je serai fier d’être le premier homme
“ de la génération de 1830 qui viendrai protester ici au
‘* nom de la France indignée contre cet abominable assas-
“ sinat.””
Et le général Exelmans à son tour :
“ Je partage l’opinion du défenseur ; oui, la condam-
“ nation du maréchal Ney fut un assassinat juridique ; je
‘le dis moi !”....
Maintenant, comment expliquer l’étrange contraste
dans le caractère de notre compatriote, offrant d’un côté
une fluctuation et une irrésolution marquante, de l’autre
une énergie et une intrépidité peu commune ?
C’est que Ney n’était pas né courtisan. Ney était
soldat, n’était que soldat. Enfant du peuple, fils de la
révolution, il s’est toujours battu pour le sol qui le vit
naître. Ses pénates, voilà ses dieux, il n’en connaît pas
d’autres. Il les aime par dessus tout, plus que son Empe-
reur, plus que son Roi et dans tout étranger qui s’avance
en arme il ne voit que l’ennemi de la Patrie. Chaque
fois que la France avait besoin de son bras, jamais aucun
de nos guerriers, même les plus illustres, ne le dépassait
en courage et en dévouement.
Les premières ivresses de gloire impériale dissipées,
comment chez cet homme—puissante incarnation des ver-
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tus et des faib'esses populaires—n’allait-il pas s’éveiller
devant ce spectacle écœurant d'une adulation sans dignité,
devant cette cour-e insensée d’une ambition téméraire,
cette inquiétude vague qui fait entrevoir, dans un avenir
plus ou moins éloigné, le gouffre profond où doivent in-
failliblement s’'abîmer tous systèmes de gouvernement
équivoques, bien heureux si dans ces terribles châtes ils
n’entraînent pas toujours avec eux l’existence même de
la Patrie !
La guerre d’Espagne révéla à Ney le danger qui
menaçait l’Empire ; et sur cette conviction franchement
exprimée, il subit sa première disgrâce. Napoléon, à
l'apogée de sa gloire, n’aima pas trop entendre les vérités
et le courtisan irrité de s’empresser à soupçonner toutes
les fidélités....
‘* De dévouement pour la France, oui,”....‘“ mais
c’est pour la France seule qu’il se bat.”…... “ Je suis
sûr que Ney n’est pas content,” disait Regnault de
St. Jean d’Angely, en parlant du Maréchal après la
désastreuse campagne de Saxe.... ‘‘ Voudriez-vous qe
ce ne fût que pour l’Empereur” lui répondit-on,” et ne
faudra-t-il pas qu’il lui dise : ‘“ vous faites bien tout ce
que vous faites et Leipzig ressemble à Austerlitz.”.……..
L’invasion de 1814 confirma malheureusement tous
les pressentiments et toutes les craintes de Ney. Aussi
son front ne se dérida plus qu’en entendant parler de ses
enfants, et de sombres idées hantaient son cerveau.
Ce que l’Espagne avait conmencé, la Russie l’acheva
et l'intrigue y mit le sceau.
Convaineu qu’il aurait fallu faire la paix à Dresde,
rabattre un peu de son orgueil, rendre le repos et la liberté
à la France, préserver les frontières de la patrie intacte,
ne pas courir le risque de nous voir enlever les conquêtes
de la République et de perdre sous les aigles les triomphes
de Jemmapes et de Valmy—au lieu de cela, voir par la
Suisse, par le Rhin, par le Nord et par le Midi nos fron-
tières entamées, tous les ennemis de la France se coalisant
et se prêtant la main pour la démembrer..-
“ «4 - ps 4 à
120 —
«.………..... Après avoir fait son d- voir, tout son devoir.
Ney se résigne—...….….….….….…... es PEETEEES
+... Les Bourbons règnent........d'autres fautes,
toutes aussi graves, se succèdent —......…s…as0scnec 00.
sa…os--»+...Le coup de foudre éclate —..….. ..………….…….
<e…s+……......Mais l’inconnu c'est le doute. c’est le
terrible passé !...............-..le pays où il a vu le
Jour, où son vieux père vit encure, n’est plus que sur les
extrêmes limites de la frontière!...........-....Contre
une nouvelle châte dans un abime, il se raidit de toutes
RUU ÉDIOUS sc ausnat sr aaamat au 0 RG SU ASE SCAN UGS
Les événements le débordent...….…..…......s0s+1e0a0a00
On lui promet une paix assurée, durable, un gouverne-
ment établi sur des bâses et des garanties libérales que la
nation avait vainement demandé à la Restauration...
Il y croit-.......La désillusion arrive avec “ l’acte addi-
tionnel ” et la fatalité fait le reste... ..…... +200.
x ll D'A HUE QU'À MOUVÏT-» +++ > wauue mec neuus
s.….…....Vainement cherchera-t-il la mort sur le champ
de bataille, vainement implorera-t-il le destin...... Aux
Bourbons était donné de tendre à Sarre-Louis le calice du
condamné—à notre compatriote la palme du martyr. —
GRENIER
—_ (j
Le comte Paul Grenier, lieutenant général des armées,
Grand croix de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre
de St. Louis, est né à Sarre-Louis le 29 janvier 1768.
Son père qui le destinait à le remplacer dans son
étude d’huissier, lui fit donner une excellente éducation,
mais le 21 Décembre 1784, à l’âge de 16 ans, il s’engage
comme simple soldat au régiment de Nassau infanterie ;
en garnison à l’île de Ré, son régiment rejoint Thionville
en 1789.
Avant la révolution l’avancement pour les plébéiens
était difficile à obtenir; à partir de cette époque, Grenier
acquit rapidement ses premiers orades. Le 12 Mars 1792
191 —
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il était sous-officier, le 26 juillet, lieutenant, capitaine le
ler Décembre de la même année, et grâce à son courage
et à son talent, nous le trouvons adjudant-général le 15
Octobre 1793.
L'armée de Sambre et Meuse était sur le point d’en-
trer en campagne, lorsque Grenier y fut attaché et après
s’y être maintes fois distingué, il fat nommé Général de
brigade le 29 Avril 1794.
A la bataille de Fleurus (26 Juin 94, il se couvrit de
gloire et le 11 Octobre de la même année, à l’âge de 26
ans, il fut nommé général de Division.
En Septembre 1795, sous les ordres de Jourdan, il
fat chargé de passer le Rhin à Ueberdingen ; ce passage
fat opéré avec un sang froid dont rien n'approche.
Il franchit de nouveau le Rhin à Neuwied (6 Juin
1796) et le 17 il s'établit solidement à Montabour avec les
divisions Championnet et Bernadotte ; mais le 28 Juin
sur les ordres de Jourdan, il dût passer sur l’autre rive.
Ce passage eut lieu sur un pont de bateau à Cologne.
Le 3 Juillet, Grenier rejoint la division Champion-
net et se retranche fortement entre Bederoth et Emine-
richsheim. Le 17 août, nous le retrouvons sur la rive
gauche de la Pregnitz, et c’est là où Ney, s'étant trop
avancé avec son avant-garde fut dégagé par lui
Il couvrit la retraite de Jourdan, après laquelle celui-
ci établit ses quartiers d’hiver sur le Rhin.
Jourdan s'étant démis du commandement en chef, fut
remplacé par Hoche, qui confia le commandement du
centre à Grenier et, le 18 Août,après avoir repassé le Rhin
à Neuwied, il attaque l'ennemi à Hedersdorf, où ce der-
nier était tellement bien retranché que la position à pre-
mière vue semblait imprenable ; mais à peine a-t-il donné
le signal de l’attaque, qu’une partie du retranchement est
déjà pris d’assaut, et peu après il était maître de la posi-
tion.
Il se distingua également dans les combats de Duis-
burg et campa à Malsberg à Weilburg et à Usingen.
16
par:
199
Le Directoire le félicita dans les termes suivants pour
ces hauts faits d’armes :
“ L’ouverture de la campagne de l’armée de Sambre
“ et Meuse a été marquée, Citoyen Général, par des évé-
‘“ nements qui ont dignement orcupé la renommée peu-
“ dant le repos de l’armée d'Italie. Les batailles de
“ Neuwied et les combats à la suite desquels l’armée s’est
““ si rapidement portée sur le Mein, sont pour elle l’époque
“ Ja plus glorieuse peut-être de ses succès. Vous avez
“ acquis à la gloire dont elle s'est couverte une part dis-
“ tinguée, et qui a fixé l'attention du Directoire exécutif.”
Fidèle à ses opinions républicaines, àl s’exprime en
ces termes au banquet du 23 Thermidor :
“ Je bois à la santé de la tranquillité publique, aux
“ membres du Conseil des Cinq Cents qui veulent le
‘* maintien de la Constitution ! Périssent les conspirateurs
“* quelque soit leur caractère ! ”
Après le départ de Bonaparte, pour l'Egypte, Gre-
nier fut attaché à l’armée d’Italie, où il se distingua d’une
facon admirable, surtout au passage de l’Etch, (26 Mare
99) où les Autrichiens laissèrent 9000 hommes sur le
champ de bataille. Les Français durent se replier devant
Souwarrow, arrivant aves 40,000 Russes, et c’est encore
Grenier qui couvrit cette retraite.
Les combats isolés de Mai et de Juin, affaiblirent con-
sidérablement l'armée d'Italie, et cela sans succès pour la
réussite de ses plans. ll n’y avait pas à songer à des
seeours, car le gouvernement était beaucoup trop occupé à
se maintenir.
En cette situation fâcheuse, Moreau expédie Grenier
à Grenoble afin d’y former un corps d’armée et d’envahir
le Piémont aussitôt qu’il aurait pu rassémbler 12,000
hommes.
Ce plan était très-bien combiné, mais Grenier, ne
trouvant aucun appui auprès du gouvernement, dut em-
ployer tout son génie pour surmonter les difficultés inouïes
qui surgirent à chaque instant. Enfin, il révssit à enva-
hir le Piémont, mais disposant de forces trop faibles. il dut
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Battre en retraite le 4 Novembre, Moreau, nommé com-
mandant en chef de l’armée d’Allemagne, confia à Grenier
le commandement du centre (1800.)
Le 3 Juin on devait fercer le passage du Danube en
avant d’Ulm, et Grenier, avec l’aide de sen compatriote
Ney, mit l’enneimi en déroute. Quarante mille Autri-
chiens jetés sur la rive gauche, 2000 prisonniers, 18 canons
une quantité de voitures et de munitions, tel fut le résul-
tat de la journée, Cumbattant avec succès le 14 et le 16
Juin il poursuit les Autrichiens qui essaient un dernier
effort près d’Oettingen. Après un combat assez sérieux,
il leur prend 400 chevaux, 6% voitures, tandis que le reste
s'enfuit dans le plus grand désordre.
La campagne suivante devait encore être plus glo-
rieuse pour notre héros ; 11 commandait l’aile gauche, et
avait Ney et Legrand sous ses ordres.
À la célèbre bataille de Hohenlinden, il se couvrit
d’une gloire immortelle.
Le commandant en chef envoya le rapport suivant au
ministre de la guerre :
“ Le lieutenant-général Grenier a déployé la plus
“ grande habileté dans ses manœuvres, soit en pénétrant
‘ d’avance les projets de l'ennemi, soit en faisant ses dis-
“ positions, pour résister à toutes ses attaques. Il a mon-
“ tré à l'ennemi que,si avec deux divisions seules, il
“ savait combattre et se retirer fièrement devant une
“ armée entière, moins inférieur il savait aussi vaincre,
“et surteut poursuivre plus vigoureusement qu’il ne
“l'avait été. Il a parfaitement secondé le général en
“ chef
Après la bataille de Hohenlinden, il prend possession
de Lintz,et il n’était plus qu’à vingt lieues de Vienne,
lorsque l’armistice vint l’arrêter dans sa marche triom-
phale.
Après la paix du 8 Février 1802, Grenier rentra en
France, et Bonaparte le nomma commandeur de la Légion
d'honneur, et inspecteur genéral. On croit généralement
que Napoléon lui donna ce poste sédentaire à cause de sa
grande amitié pour Moreau.
Mais l’Empereur oublia bientôt les griefs du premier
Consul. le nomma Grand croix de la Légion d’honneur
et gouverneur de Mantua ; toute l’année 1808, fut em-
ployée par lui au dessèchement des marais qui entouraient
cette place et la rendait fort malsaine.
Mais déjà le 8 avril 1809, il était appelé au commrn-
dement du centre de l’armée d’Italie, où il se distingua
particulièrement à la bataille de Pavie (5 Mai) et au pas-
sage du Tagliaxmento (11 Mai). H poursuit les Autri-
chiens dans leur fuite, occupe Odenburg le 5 juin, contri-
bue au succès de la bataille de la Raab. Grièvement blessé
la veille de la bataille de Wagram, au combat de Raas-
dorf (5 juillet 1809), son corps rejoignit le gros de
l’armée
L’année suivante Grenier rejoint Murat à Naples,
qui le nomma Chef d’Etat Major générai.
Le 26 Sept., il envoie au ministre de la guerre un
rapport où il traitait l’expédition de Sicile d’impolitique.
Lorsqu’en 1811, la situation devint plus tendue entre
Napoléon et Murat, Grenier fut nommé commandant en
chef du corps d’observation du sud de l’Italie. Un doit à
la modération et au caractère liant de Grenier, le rappro-
chement de ces deux princes.
Il avait son quartier général à Seno, lorsqu’il apprend
la triste retraite de l’armée de Russie. Il rassemble aussitôt
son armée forte d’environ 19,000 hommes à Verone, et à
sa tête il entre à Berlin (16 Janvier 1813).
Le 18 Février il rejoint l’armée du Prince Eugène,
revenant de Russie.
A l'approche des Husses il évacue Berlin et se replie
sur Mersebourg, et contribua personnellement au succès
de nos armes à Lutzen (2 Mai 1813.)
Lorsque le prince Eugène, général en chef de toute
l’armée apprit les événements malheureux qui se passaient
125
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en France il résilia son commandement, ce fut Grenier
qui lui succéda dans le Tyrol.
À cette occasion, il lança une proclamation, dans
laquelle il rappelait l’armée au devoir et à la discipline,
la conjurant d’attendre avec calme et dignité les nouvelles
officielles du pays. Le 5 Avril, nouvelle proclamation
par laquelle il fait connaître la déchéance de Napoléon et
le retour de Lou‘s XVIIL au pouvoir.
À son retour en France, dans les premiers jours de
Mai, Louis XVIII le fait chevalier de l’ordre de St. Louis,
et le nomma inspecteur général de l’infanterie.
Pendant les cent jours, Grenier habitait Sarre-Louis,
et lorsque Napoléon reprit de nouveau le pouvoir, nous le
retrouvons à l’asgemblée nationale représentant le dépar-
tement de la Moselle.
La chambre reconnaissant ses idées modérées, le choi-
sit pour son vice-président (6 juin). Ce fut lui qui, le 8
remit à l’Empereur l’adresse des députés, et le 21 il fut
avec Carnot et le duc d’Otrante muni de pouvoirs dictato-
rilaux.
Ce triumvirat se chargea du gouvernement provisoire
afin d’arrêter les dangers qui menaçaient la France. Mais
Fouché réussit à faire passer Grenier et quantité d’autres
hommes, dévoués à la patrie plus qu’à un Maître, pour
traîtres ayant des connivances avec les alliés.
Après le second retour de Louis XVIII il fut mis en
disponibilité. Malgré ou plutôt à cause de ses idées libé-
rales, il fut réélu député de la Moselle en 1818.
En cette qualité il prit part à tous les débats, et
défendit chaleureusement le sort des vieux soldats de
l’Empire, mais dégoûté des menées de la Restauration, il
abandonna la vie politique en 1821.
Se rendant au désir de sa famille, il se retira dans sa
propriété de Morambert près de Gray, où il mourut dans
la nuit du 17 au 18 Avril 1827, à l’âge de 59 ans.
oute
ient
126 —
R'ENEAUI,D
Michel Reneauld, général de division, Chevalier de la
Légion d'honneur est né à Sarre-Louis le 5 Juin 1760.
Son père Jean, le destinait au commerce, et à sa
sortie du collége il le plaça chez M. Soller.
Cette vie ne lui plaisait pas, et après un échange de
paroles assez violentes avec son patron il s’engagea en 1781
à l’âge de 21 ans au régiment de Nassau-Infanterie.
Le ler Septembre de la même année il était fourrier;
en 1782, il fit avec son régiment la campagne de Genève
adjudant sous-officier en Septembre 1784 et sous-lieute-
nant porte-drapeau le ler Avril 1785.
Lorsqu’éclata la Révolution, son régiment fut trans-
formé en 96ième demie brigade.
Le 15 Décembre 1791, nous le retrouvons lieutenant
au 55e, capitaine le 10 Juin 1791, il fut nommé officier
d'Etat major du général Schauenbourg le 20 Janvier 1793 ;
le 19 Juin adjudant à l’armée de la Moselle, et le 14 Mai
1794, Moreau le nomme chef de son Etat Major général.
À cette époque l’armée de la Moselle campait sous le
canon de Sarre-Louis. Reneauld était à Werden.
K Le 22 prairial an II, il regoit l’ordre de remettre son
commandement au gouverneur de Sarre-Louis, et de se
mettre à la tête de l’avant-garde de l’armée de la Moselle.
qui commençait son mouvement offensif.
Le 8 Messidor il campait aux environs de Bliescatel.
ayant son quartier-général à Bising,
Nommé général de division le 23 prairial an II (7
Juin 94), Moreau lui donna l’ordre de marcher ‘en avant
à la tête de deux divisions. Chassant l’ennemi devant
lui il était le 4 thermidor à Kiebelberg.
À cette époque se place l’incendie de Cousel,reprochée
127 —
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à Reneauld, mais dont la responsabilité toute entière pèse
sur le représentant du peupie Hentz. *
Voici les ordres de service que reçut notre compatriote
à cette occasion, et auxquels comme soldat il n’avait qu’à
se soumettre.
Liberté.
Au nom du peuple français
Pirmasenz, le 7 Thermidor an IL, de la République
une et indivisible.
Le représentant du peuple envoyé près des armées du
Rhin et de la Moselle.
Informé qu’il existe dans la ville de Couselle, pays
de Trèves, des fabricateurs de faux assignats, qui sont
tolérés et protégés par les habitants de cette ville, et que
t'est de là que provient l'émission désastreuse des faux
assignats dans la République, après avoir consulté le géné-
ral en chef de l’armée de la Moselle, qui a assuré que
l'existence de cette ville n’était pas nécessaire aux opéra-
tions militaires des armées de la République ;
Arrête ce qui suit :
La ville de Couselle qui, dans toutes les rencontres se
montre l’ennemie de la République, et l’ami dévoué de
ses ennemis et notamment des Prussiens, sera brûlée.
Le Général en chef de l’armée de la Moselle, fera
* « J'ai le malheur de compter parmi les députés de mon département
‘un de ces hommes qui ont entassé les victimes vivantes sur les victimes
“ mourantes; un de ceux qui brülaient, qui détruisaient tout: c’est de
* Hentz que je veux parler. Par une proclamation quil fit, il ordonna de
“brûler une ville du Palatinat, parce que ce poste nous était inutile, et qu’il
avait cireulé de faux assignats dans cette petite cité. J'ai été obligé moi-
même de donner du bois et de la paille à ces malheureux habitants, pour
* qu’ils se pussent faire des cahutes à la place de leurs maisons qui avaient
“ été brûlées.”
Merlin de Thionville, discours du 16 germinal an III.
198 —
mettre incessumment le présent arrêté à exécution, et
donnera les ordres nécessaires à cet effet.
(Signé, ) HENTZ.
Pcur copie conforme : le Général en chef de l’armée
de la Moselle.
MOREAU.
Au quartier général Pirmasenz le 7 Thermidor l’an
I! de la République française, une, indivisible et démo-
cratique.
Moreau, commandant provisoirement l’armée de la
Moselle,
Au général de division Reneauld.
Demain 8 Thermidor, mon cher camarade : Tu te
porteras avec six bataillons d’infanterie, ÿ compagnie
d’artillerie légère et de la cavalerie à Cousel. Tu en feras
enlever le bétail et tu brûleras la ville conformément à
l’arrêté du Représentant du Peuple Hentz, du 7 Thermi-
dor dont cy joint copie.
Tu prenderas tous les moyens que te dicteras ta
sagesse pour empêcher que le soldat ne se livre à aucun
excès de pillage.
Préviens le général Taponier de cette exécution afin
qu’il se tienne prêt en cas de besoin. Tu agiras dans cette
expédition avec beaucoup de orudence et tu ne te compro-
mettras pas.
Salut et fraternité,
MOREAU.
Quittant la Blies, appuyant à l’ouest, il s’avance sur
Trèves, et prend une part glorieuse au siége de cette
place. Commandant l'aile gauche, il s'empare fin Ther-
midor des hauteurs de Pelling, et. y fait prisonnier 400
Autrichiens.
Reneauld se couvrit de gloire à cette attaque inatten-
due qui livra Trèves, et entra avec Moreau dans cette
ville, le 21 Thermidor. Le 29, son avant-garde campait
sur le Gruneberg et à Isch, il y recut une députation des
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habitants de Trèves, venant le remercier de ses manières
humaines avec lesquelles il avait traité leur ville. Il avait
à cette époque les généraux Huet, Mallage, Terray et
Semarans sous ses ordres.
En Octobre il s’avance sur Hamerstein, inquiète les
flanes de l’ennemi, le poursuit jusqu’à Lauterec, où il
rejoint l'aile gauche de l’armée du Rhin, et quelques jours
après il se retranche dans d’excellentes positions, sur les
hauteurs d’Amersheim.
L'année suivante il prend une part active au siège de
Mayence, où il commandait l’aile gauche forte de deux
divisions, ayant son quartier général à Heidesheim à
Guntzenheim, en passant par Hornbach.
Le 19 Vendemiaire, Kleber lui donne l’ordre de pas-
ser le Rhin pour couvrir la retraite de l’armée de Sambre
et Meuse, et arrêter l’ennemi qui marchait au secours de
Mayence. Il avait alors trois divisions sous ses ordres.
Après le passage de l’armée de Sambre et Meuse,
Reneauld dut à son tour franchir le fleuve ; dans cette
retraite il fit preuve des plus grands talents militaires.
Du 20 au 21 Vendemiaire au IV, il franchit le Rhin
en trois endroits à Nieder Waluf, près des hauteurs de
Bingen et à St. Goar, va reprendre ses positions devant
Mayence, sans que les assiégés aient eu connai-sance de
tous ses mouvements; mais la retraite de l’armée de
Sambre et Meuse et l’approche de l’ennemi rendaient im-
possible le siége de cette place.
Pichegru qui venait d’être nommé général en chef
de l’armée du Rhin, ordonna la retraite et chargea
Reneauld de la couvrir.
L’armée française était alors dans un état des plus
pitoyables. Sinon découragée, mais bien affaiblie par la
misère et par la faim et vu l’arrière saison fortement
avancée, ce n’était pas peu pour elle d'arrêter la marche
d'un ennemi bien nourri et bien habillé.
Reneauld était inquiet, il se replia par Fiedelsheim
et Wachenheim afin d’atteindre Landau.
Près de la première de ces places, 23 Brumaire, il fut
17
— 130 —
attaqué par le gros de l’armée ennemie, qui entama forte-
ment ses colonnes, mais grâce au secours du général
Terino, envoyé par Pichegru, il put se tirer d'affaire.
Le lendemain, Reneauld se trouvait à Wachenheim,
ou malgré tous ses efforts il ne put arrêter la marche de
l'ennemi. Il s'était établi dans le chemin creux et s’y
maintint quelque temps ; il avait fait avertir Pichegru
que sa position n’était pas tenable.
Dans la nuit, il reçut l’ordre de la retraite qu’il
dirigea avec la plus grande prudence et un sang froid
admirable. Et c’est ainsi que, défendant le terrain pas
à pas, il atteignit Landau, en passant par Lidesheim,
Roshbach, Bechingen et Gudransheim.
Le mois suivant, Pichegru fait une attaque déses-
pérée sur Kaiserslautern ; Reneauld établi à Frackenstein
et à Lambreek le soutint brillamment et quoique le
résultat ne fut pas tout à fait favorable, 11 procura au
moins aux troupes le moyen d'établir leurs quartiers
d’hiver sous le canon de Landau, et, l’armée manquant
de tout, put y réperer ses forces.
Reneauld, blessé à plusieurs reprises, demanda un
congé pour aller se remettre à Sarre-Louis, mais Pichegru
lui refusa cette faveur, lui faisant observer que Dessaix
absent, il ne pouvait pas se priver de ses deux meilleurs
généraux à la fois.
Peu de temps après, il reçoit l’ordre de se rendre à
Sarre-Louis, afin de s’y procurer des vivres et du four-
rage, les besoins de l’armée devenant de jour en jour plus
impérieux. .
Non-seulement les soldats, mais aussi les généraux
manquaient de tout et bien souvent le père Reneauld dût
venir au secours de notre héros qui partageait son pain
noir et le faible contenn de sa bcurse avec ses compagnons
d'armes.
La maraude était sévèrement interdite, le pillage
était inconnu dans ses rangs. Le 18 Pluviose, il accusa le
général Sandau, d’avoir permis l’incendie et le pillage,
”
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disant qu’il ne voulait plus servir avec un tel camarade
qui portait le titre de Soldat de la République.
Cette accusation attira une vive discussion avec le
représentant du peuple, délégué à l’armée, et il demanda
sa mise en disponibilité; ct comme le pays était relative-
ment calme en ce moment on accéda à son désir, et
Reneautd se retira à Sarre Louis
Ce différend avec la représentant lui attira la dis-
grâce du gouvernement, mais il ne se disculpa pas.
Bonaparte de même que Napoléon ne lui fut pas favo-
rable. Etait-ce À cause de son amitié qu’il portait à
Pichegru ? Etait-ce à cause de ses opinions franchement
républicaines ? Bref, sous le Consultat comme sous l’Em-
pire on le tint complètement éloigné de l’armée.
On l’invita pourtant à assister aux fêtes de couron-
nement, (1804) Reneauld déclina cet honneur.
A. partir du jour de sa retraite, il hahita Sarre-Louis,
où il chercha par tous les moyens à être utile à ses con-
citoyens. En 1800, il était maire de Sarre-Louis, en
1803, conseiller général du Département de la Moselle, sa
candidature à la députation échoua néanmoins. ‘
En 1808, il était président du Canton et fut réélu
maire en 1812, position qu’il conserva jusqu’à sa mort.
Lors de la retraite de la grande armée, il se mul-
tiplia pour secourir et repatrier les blessés. C'est grâce à
son activité et à sa prévoyance que Sarre-Louis fut appro-
visionné durant le blocus de 1814-15.
C’est à lui encore que la ville dut la donation du
Lazareth.
Pour récompenser ses vertus civiques, il fut fait che-
valier de la Légion d’honneur, et reçut l’ordre du Lys
en 1814.
Il fut maintenu dans ses fonctions de maire après la
cession de Sarre-Louis à la Prusse, et le 18 Septembre
1820, on lui conféra l’ordre de l’Aigle-rouge.
Estimé de tous, emportant les regrets unanimes de
ses concitoyens, Reneauld mourut à Sarre-Louis le 2
Septembre 1826.
132 —
F'EHANCOIS MULLER
Général de Division est né à Sarre-Louis le 30 Jan-
vier 1764.
Son père était perruquier et lui fit apprendre son
état au sortir de l’école ; à l’âge de 17 ans, il quitta sa
ville natale pour aller faire son tour de France, mais bien-
tôt il écrit à son père ne pas vouloir continuer plus long-
temps son métier ayant l’intention de s'engager dans
l’armée.
Son père refusa net le consentement qui lui fut pour-
tant obtenu grâce à l’intercession de sa mère, qui lui
envoya de plus 5 francs, et c’est avec ce capital qu’il entre
dans la Marechaussée en 1783.
_ Quatre ans après, nous le retrouvons au ler Régiment
de cavalerie ; dans la Garde de Paris, au moment de la
révolution, et sous-lieutenant en 1792.
Nommé chef de Bataillon. il fut placé à la tête des
volontaires de la Butte des Moulins et rejoignit avec eux
l’armée du Nord, où il fut nommé officier d’Etat-Major.
Adjudant-général le 15 Juin 1793, Général de bri-
gade le 21 Septembre etenfin Général de division le 30
du même mois.
Il ne dut cet avancement extraordinaire qu’au cou-
rage à toute épreuve et aux talents militaires qu’il
démontra dans maintes occasions. Il ajoutait à cela les
vertus du meilleur républicain.
Soldat de corps et d'âme, il prend une part glorieuse
à tous les combats de la République jusqu’à la paix de
Luneville.
À la bataille de Jemmapes, à Nerwinden et au siége
de Valenciennes, il se couvre de gloire.
À l’armée de l’Ouest il prend part à la pacification
de la Vendée et se distingue particulièrement à Autrin
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et au Mans, à Saumur, Martigny, Chollet et à Caron.
Dans ce combat des plus sanglants, il se jette au
milieu de la cavalerie vendéenne, son cheval est tué sous
lui, et on le laisse pour mort sur le champ de bataille.
Mais bientôt après nous le retrouvons à l’armée du
Nord, où il déploie une valeur énergique et prouve une
fois de plus son attachement à la République.
Au siége de Landrecies, à la bataille de Fleurus, il
contribua largement aux succès ; comme partout, mais
surtout à la bataille de Suge, il fait preuve du plus grand
sang froid et du plus grand talent.
Quoique Muller n’ait jamais commandé qu’en sous-
ordre, il sut s’acquérir une place imminente parmi ces
hommes qui combattirent pour la liberté et lui sacrifiè-
rent leur bien-être et leur existence.
En l’an XIIT, il commanda quelque temps la place
de Sarre-Louis ; depuis lors il disparaît pour ainsi dire et
toutes les recherches faites sur sa carrière ultérieure sont
restées sans succès. :
François Muller, un véritable enfant de Sarre-Louis,
mourut à Paris en 1817, à l’âge de 53 ans.
DE F'AV ART
Lieutenant général des armées du Roi, Gouverneur
de Metz et de Lille, naquit à la cense Favart, dans la
première moitié du XVIIIe siècle.
Son grand père était directeur du Génie, et son père
fut le fondateur de la cense Favart, aujourd’hui la cense
Souty.
Sa carrière militaire est peu connue, il semble avoir
donné sa démission lors de la Révolution, pourtant en
Florial, an IL, nous le trouvons à Sarre-Louis avec le
titre de Général, mais sans pouvoir affirmer son activité.
Beguin se trompe dans sa biographie sur Favart, car
il donne 1792 comme l’époque de sa mort.
194
NOPLET DE CHERMONT
Général de division, est né à Sarre-Louis vers 1750 ;
son père Senneton de Chermont y était directeur du
génie de 1719-58.
Noblet de Chermont, officier de génie, était attaché à
la place de Sarre-Louis de 1771-73 ; depuis cette époque
sa carrière militaire est difficile À établir, nous le re-
trouvons Général de Division, gouverneur de la Martini-
que. où il mourut à la fin du 18e siècle.
TOUSSAINT
“I …
Le vicomte Jean, François Toussaint, Maréchal de
camp, inspecteur général de l’Infanterie, commandeur de
la Légion d'honneur et de l’ordre de St-Louis, Grand
croix de l’ordre de St-Ferdinand d’Espagne etc., est né à
Sarre-Louis, le 6 Septembre 1772.
Son père, républicain sincère, lui fit donner une édu-
cation soignée et en 1791,1l entre dans l’armée avec le
grade de Lieutenant.
Nous le trouvons sur tous les champs de bataille de
la Révolution et de l’Empire.
Nonimé Major à la prise de Castelbar (Irlande), 30
Juillet 96 ; Lieutenant Colonel en mars 1805, au 26e
Régiment d’Infanterie.; en 1806, Colonel du même régi-
ment et un an après, officier de la Légion d’honneur.
À la tête de ce Régiment, il se distingua particulière-
ment en Russie et en Pologne.
En Espagne, il se fraie un chemin victorieux, et par-
tout le Régiment fut digne de son Coionel qui fut nommé
Général de brigade en 1813.
11 se bat à Leipzig avec le 4e corps.
- 135
750 ;
du
hé à
oque
> re-
+ini-
[1 rentre en France avec les derniers débris de la
grande armée, et fut nommé gouverneur de Dunkerque
en 1814.
Louis XVIII le nomma commandant supérieur de
cette région, et lui conféra l’ordre de St-Louis.
Nommé inspecteur général de l’Infanterie, (1816)
après une maladie très-sérieuse, il obtint le commande-
ment d’une division en Espagne (1823), où il développa
une intelligence hors ligne.
Au retour de cette courte campagne, il reprend son
poste d’inspecteur général.
On ne connait pas exactement l’époque de sa nomi-
nation de Vicomte.
Jean François Toussaint, mourut en 1827, à l’âge de
55 ans.
FRANCOIS J'EANN ET
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réoj-
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igre-
par-
mrné
Maréchal de camp, Général de brigade est né à Sarre-
Louis en 1769 ; son père était sergent major au régiment
de Guyenne qui tint longtemps garnison à Sarre- Louis.
Après être sorti du collége, son père l’occupa quelque
temps à son bureau, mais il s’engagea bientôt comme
simple soldat. Pendant les premières années de la Révo-
lution, il gagna ses épaulettes de capitaine à la pointe de
son épée.
Chef de bataillon à l’armée d’Italie (Juillet 1795) il
s’y distingue dans les combats de San Bernardo, de
Vissena, et au col du Terme.
Colonel à l’Etat major général de l’armée d’Espagne,
nous le trouvons commandant de Ronda en 1811, lors du
siège de cette place par les armées Anglo-Espagnoles.
Nommé général de brigade peu après, il fut mis à la
retraite lors des Cent jours.
L'époque de sa mort nous est inconnue.
L30
TOUIS SALABFERT
Le baron Louis de Salabert, et non Chabert ou Scha-
bert, ainsi que le porte par erreur l'illustration de Sarre-
Louis, y est né le 31 Mars 1768 et non en 1770.
Son père Nicolas Laurent était secrétaire du commis-
saire de guerre, De Salverte, sa mère était une demoiselle
Sellé.
Lors de la Révolution Salabert s’engage comme volon-
taire, prend part à tous les combats, jusqu’en 1814, où
nous le retrouvons comme Général de brigade.
Sa carrière militaire est peu connue, il donna sa
démission en 1820, et mourut peu de temps après.
BARON ANTOINE GRENIER
Général de brigade, commandeur de la Légion d’hon-
neur, chevalier de l’ordre de St. Louis, frère du comte
Grenier, est né à Sarre-Louis, le 11 Février 1772.
Engagé volontaire, les premières années de sa
carrière sont peu connues; en 1799 il était officier d’Etat
major de son frère à l’armée d'Italie, où il se distingue au
combat de Bassignano, et fut nommé chef d’Escadron sur
le champ de bataille. Général de brigade, il mourut étant
commandant de Brest.
Th. Ant. A: de LASSALLE
Ancien Lieutenant général au baillage de Sarre-
guemines, est né À Sarre-Louis le 12 Novembre 1762.
En 1789, il habitait la première ville, lorsqu’il fat
1
Scha-
arre-
1MI1S-
selle
>lon-
L. où
A Sa
nommé député du Tiers-Etat aux assemblées générales,
Après la session, où 1l rendit des services signalés à sa
ville natale, il se retira dans une de ses campagnes aux
environs de Sarre-Louis.
Nommé intendant général des finances à l’armée
{1799) 11 n’accepta pas cette position.
CHEVALIER THIERRY
Né à Sarre-Louis le 17 Mars 1755, était le fils de
l’armurier Toussaint Thierry.
Parti comme simple soldat, il mourut avec le titre de
Général de Brigade.
NICOLAS HAUTZ
an =| 5 —=2-
hon-
omte
e sa
Etat
le au
sur
3tant
FH]
arre-
fut
Né à Sarre-Louis le 10 Avril 1772, avait su se con-
quérir dans l’administration militaire une position arsi-
milée à celle de Général de brigade.
TOUIS RTHGONIFR,
ééétieee: 4} 20e
Inspecteur aux revnes, Intendant de 2e classe, est
également né à Sarre-Louis. En 1830, il vivait encore à
Toulon.
BETPERAMTIN
Général de division est né à Sarre-Louis en 1796, où
son père était notaire.
T1 entra cemme simple soldat dans l’armée sous
l'Empire, était chef de bataillon en 1814, et colonel 1816.
18
198
MATHIEU LEISTENSCHNEIDER
tés À
Général de brigade, commandeur de la Légion d’hon-
neur est né à Sarre-Louis le 11 Août L762. Son père était
négociant et fonda la première imprimerie à Sarre-Louis.
Parti comme simple soldat, Leistenschneider était un
de ces braves qui se distinguèrent pendant les campagnes
de la Révolution et celles de l’Empire.
Son titre de “ Colonel de la Vieille Garde,” prouve
suffisamment son courage et son talent.
Revenu épuisé lors de la retraite de Russie, il mourut
de ses fatigues à Mayenee en 1813.
JACQUES ANTOINE REDELER
és 5
Le Baron Redeler, colonel de l’artillerie de la marine
est né à SDarie-Louis le 16 Septembre 1760.
Parti également comme simple soldat, il fut mis à la
retraite en 1815, avec le grade de Général de brigade.
LE CHEVALIER RAINDRE
re JE
Né à Sarre-Louis en 1784, engagé volontaire, mourut
écalement comme Général de brigade.
NICOLAS, JACQUES. FRANTZ
retvese Ÿ 3 +
Chef d’un des célèbres corps franc de 1814 et 1815,
est né à Sarre-Louis en 1787, En 1809 il exerçait la pre-
fession d'avocat au barreau de Metz. Lors du débarque-
ment des Anglais à Flessingue, Frantz organisa un batail-
- 138 —
‘hon-
: était
JOUIS.
ut un
agnes
"Oo11ve
suruf
zarine
lon de 1,557 hommes, dont se servit Bernadotte, et qui
fat décimé lors de la campagne de 1812. Arriva l’inva-
sion étrangère, Frantz, redevenu avocat, abandonna encore
une fois ses dossiers pour reprendre les armes. Par ses
soins fut organisés une compagnie de partisans, à la tête de
laquelle il servit d’éclaireur au général Durutte, qui le cita
5 fois à l’ordre du jour de l’armée.
En 1815, Napoléen nomma Frantz commandant du
2ème corps franc de la Moselle. Le bataillon se composait
alors de 500 hommes d’infanterie et 120 cavaliers, tous
également formés et équipés par lui ; c’est dans cet œuvre
patriotique que sa fortune passa tout entière.
Avec ces hommes d’élite, presque tous enfants du
pays, notre compatriote accomplit des prodiges de valeur.
Quand l'heure de la réaction sonna, Frantz fut con-
damné à mort par la cour prévotale de Metz le 17 Sept.
1816 ; il était alors prisonnier en Prusse.
La restauration le laissa à l’étranger. 1830 lui ouvrit
les portes de la patrie.
Louis-Philippe le nomma chevalier de la Légion
d'honneur en 1847 et lui accorda une petite pension.
Frantz mourut à Paris en 1568 à l’âge de 81 ans.
à la
à,
aourut
; 1815, |
la pre-
Jarque-
batail-
Nous trouvons ensuite dans le service de l’adminis-
tration de l’armée :
Em. WORMS DE RUMILLYŸ, Sous-Intendant mi-
litaire.
DE SALVERTE, Commissaire de guerre.
HAUTZ, Commissaire de guerre.
HENRIET, Commissaire de guerre,
WAGNER, Commissaire de guerre et administrateur
du département de la Moselle en 1792 et 1793.
BARREAULT, administrateur du district.
MÉGUIN, NICOLAS, garde magasin général des
hôpitaux.
MEGUIN, PIERRE, directeur ordinaire des hô-
pitaux.
!
re.
}
CAPIÉMONT, Chirurgien en chef.
PA Y EN, Chirurgien Major.
BARREAULT, chirurgien aide-major.
FLOSSE, Médecin.
GANAL et SCHNEIDER, Pharmaciens.
LES COLONEES :
CHARTENER, FLOSSE, HEGA Y, MATHIS, Baron
RICHARD, DENIS, WINTER et JUNG.
LES CHEFS DE BATAILLONS :
GANAL, HAUTZ, JUNG, RENEAULD,SELEIER,
SCHREINER, TALBEAUX, TOUSSAINT, SELLIER.
WINTER.
LES CAPITAINES
Altmayer
Anheiser
Ballag
Ballevert
Barreault
Beaudoin
Beaumont, Louis
Becking
de Belcastel, ainé
de Belcastel, cadet
Bellegarde
Blechlinger
Bouchemann
Boulanger
Carruel, Jean
Cerf, Zacharias
de Chaumbourg, fils
Durand
Eberlé
de Lassalle, Louis
de Launay
Laval
Lefebvre
Lefebvre, Christophe
Lefebvre, François
Legrand, ainé
Legrand, eadet
Loyaux
Markstein
Martigny
Mer], Phil.
Metzinger
Michel, Jean
Ney, Jean
Poncelet
Pichon
Rainquebach
Regnier, Nic.
Faro
IER,
TER,
stophe
018
Ebersoll
Ekard
Etienne
Fauconnier
Fester
Frely
Fuseau
Ganal
Geispitz
de Guentz
Hank
Hardy
Hautz, Eugène
Hautz, Jean
Hautz, Michel
Heitz
Krantz
Kuhn
de Lacroix, fils
de Lahaye
de Lassalle, François
LES LIEUTENANTS
Anheiser, Ferdinand
Balland
Barreault
Beltramin
Belmann
Besson
Bidoit
Bizos de Charmois
Brach
Brindomont
Charpentier
Chaty
Cordier
Cornellus
Regnier, Louis
Roedelsturz
Rouland
de Romanet
de Romanet, Charle
de Salverte
de Sames
Schneider, Bernard
Sellier. Michel
Sellier, Prosper
Spiesse
Stablo
Talbeaux
Theis
Thierry
Tourneur
Wacher
Wagner
Verrier
Villatte
Yoselle
Lagravière, jeune
Languille
Lapaille
Lebatteux
Ligniez
Lintzler
Mangeot
Margo
Marc
Markstein
Mathis
Mayer
Méguet
Méguin, Guill.
Creutzer, Gonzague
Creutzer, Henri
Davaux
Delfosse
Deniche
Détrois
Durand
Einard
Fissabre
Frely
Fuseau
Ganal
Gasser
Gérardin
Gouvy, de Falk
Hermann
Heitz, Francs.
Hesse
Hollinger
Jacquemont
Kraut
Labotte
Lagarde
Lagravière, ainé
[agravière, cadet
1
S
Maiguin, Guil.
Menard
Meess
Metzinger, Louis
Mouard
Muller
Neigeon
Pichon, Francs,
Pichon, George
Portenseigne, ainé
Portenseigne, cadet
Quarante
Regnier, J. F.
Rodenfusser, père
Redenfiisser, fils
Rouland
Roupp
Sellier, cadet
Schneider
Simon
Stein
Tellinge
Verrier, Désiré
Vaccar
Dans les sciences nous trouvons :
Le docteur KÆNENS,
Chevalier de la Légion d’honneur, chef des hôpitaux
militaires de Paris, puis directeur de tout le service de
santé de la France, médecin particulier du Roi Stanislas et
de l'Impératrice Joséphine, membre de plusieurs sociétés
savantes, est né à Bérus près Sarre-Louis, vers 1755 ou
1737.
Son père était receveur des domaines du duché de
Lorraine, Kænens fit sa première éducation chez les
Augustins à Sarre-Louis, puis il visita les universités de
— 143 —
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Nancy, de Paris, de Goettingen, de Vienne et d’Oxford.
Partout il reçut le diplôme de docteur, et retourna à
Nancy avec des connaissances tellement étendues que le
Roi Stanislas l’attacha à sa personne.
Après la mort du Roi, il fut nommé médecin supé-
rieur de l’armée, puis médecin en chef de l’hôpital de
Naney, et enfin médecin en chef des hôpitaux militaires
de Paris.
Médecin particulier de l’Impératrice Josephine, il fut
bientôt nommé médecin en chef et chargé des établisse-
ments sanitaires de la France entière.
Le docteur Kaenens, était un médecin célèbre. Il a
laissé plusieurs ouvrages importants parmi lesquels on
cite principalement son traité sur les fièvres intermittentes
et remittentes.
Il est mort à Paris en 1809, emportant les regrets du
monde savant.
JEAN NICOLAS GANAL, chimiste célèbre est né
à Sarre-Louis le 28 Juillet 1791.
Il s’acquit une réputation universelle, par les progrès
qu’il fit faire à l'embaument des corps.
Il mourut à Paris le 23 Janvier 1852.
PIERRE PONCELET, Récollet, qui en religion por-
tait le nom de “ Polycarpe,” est né à Sarre-Louis 17i7. Il
ernbrassa plus tard la carrière du clergé séculier
Poncelet s’adonna à l’étude de la physique et de la
chimie, et acquit dans ces sciences une grande réputation.
Il laissa quantité d’ouvrages, dont les plus estimés
sont :
lo. La nature dans la formation du tonnerre, et la repro-
duction des Etres vivants. 1 vol. in 12.
20. Chimie du goût et de l’odorat ou principes pour com-
poser à peu de frais les eaux de senteur. 1 vol.in
18.
3o. Mémoire sur les parties constituantes de la farine.
l vol.
4o. Histoire naturelle du froment. 1 vol.
5o. Principes généraux pour servir à l’éducation des
enfants, particulièrement de la noblesse française.
1 vol.
Dans les lettres et dans la religion nous distinguons:
JEAN, NICOLAS, HUBERT HAYER, connu sous
le nom de “ Père Hubert,” né à Sarre-Louis le 30 Juin
1706.
Son père Pierre était boucher, sa mère était de la
famille des (térard Hayer.
Il entra jeune encore chez les Récollets, et sut par
son travail et son aptitude arriver bien vite à occuper une
des premières chaires de Théologie à la faculté de Paris.
Il s'était déjà fait connaître en Province par ses écrits
et ses sermons, car avant de s'établir à Paris, il avait par-
couru une grande partie de la France.
Défenseur zélé du catholicisme, il fut un des ecclé-
siastiques que l’asse:nblée du clergé de France choisit pour
écrire contre les nouveaux philosophes, à l’époque où ils
inondaient l’Éurope de leurs ouvrages.
Hubert Hayer mourut à Paris le 16 Juillet 1780,
laissant une quantité d’ouvrages très-estimés, dont nous
citerons les principaux :
lo. Le Pyrrhonisme de l'Eglise romaine, ou lettres du P.
H. A. D. R. A. P. (du P. Haver) à Mde *** {Bou-
vier) avec les réponses. (Amsterdam) I. Jolly,
1757. 1 vol.
20. La spiritualité et l’immortalité de l’Âme, 1757. 3 vol.
3o. La religion vengée, ou réfutation des auteurs impies,
par une société de gens de lettres (Soret, avocat, le
père Hayer et autres), Paris Chaubert 1757, et années
suivantes, jusqu’en 1761. 21 vols. in 12.
10. La règle de foi vengée des calomnies des protestants,
1761. 3 vols in 17.
5o. L’Apostolicité du ministère de l’Eglise romaine, 1765
in 1%.
L 45 —
des
aise.
IONS :
sous
Juin
de la
t par
rune
Paris.
Pa
écrits
; par-
ecclé-
pour
1 ils
L780,
nous
bo. Jésus consolateur dans les différentes afflictions de la
vie, 1767, in 12.
To. Traité de l’existence de Dieu, 1769, in 12.
So. Pensées évangéliques avec des prières pour le matin
et le soir, 1772, in 12.
90. La conformité à la volonté de Dieu 1772, in 12.
100. L’utilité temporelle de la religion chrétienne, 1774,
1lo. Le charlatanisine des incrédules 1789, in 12.
JEAN HEIS, professeur à l’Université de Trèves en
1747, était également assesseur de l’Archevêché, membre
de l’Institut de St. Simon, naquit à Sarre-Louis en 1692.
Il mourut à Trèves laissant inachevé son ouvrage :
“ Simeonia, sive in vitam S. Simeonis. .. .notis ac reflex
jontbus theologico—canon—moral---et historico—criticis exor-
nata.”
Il fit don de l’autographe à son ami et collaborateur
Hontheim. Le manuscrit fait actuellement partie de la
bibliothèque de Tl'rèves.
CHRISTOPHE HEIL, également de l’ordre des
Récollets, en religion “ Père Chérubin ” est né à Sarre-
Louis le 6 Juillet 1725, et y mourut le 8 Juin 1806.
Savant éminent il laissa une grande partie de manus-
erit.
du P.
( Bou-
Jolly,
3 vol.
1pies,
at, le
Inées
ants,
1765
BONAVENTURE DE BOCQUENHEIMER, évêque
in partibus d’Appolonie, né à Sarre-Louis le 30 Janvier
1704, mourut à Paris le 17 Mai 1781, où il fût enterré
dans l’église de St. Eustache.
Il resta 24 ans dans l’ordre des Récollets et fut
évêque pendant 35 ans. Il était attaché comme aumônier
à la maison du prince de Conti.
MARTIN DE BERVANGER, évêque in partibus,
Camérien du Pape, fut le fondateur du grand orphelinat
de la rue de Vaugirard à Paris.
Il joua un grand rôle sous le règne de Charles X.
Il mourut à St. Denis (Seine) en 1865, laissant une
grande fortune à l’Église.
19
146 -
COMTESSE, évêque in partibus d’Emmaus, est né
à Sarre-Louis à la fin du 17e siècle, il mourut en Grèce.
JACQUES SENTZIG, vicaire général.
NICOLAS FOURMANN, de l’ordre des Augustins,
professeur de Théologie à la faculté de Paris.
J. B. HOEN, également professeur célèbre.
L’ABBE BAILTZER, chanoine de la cathédrale de
Metz.
Mgr. ANT. SCHER, Camérier d'honneur du Pape.
Chanoine de la Basilique de Loretto ;
et quantité d’autres hauts fonctionnaires de l’Eglise catho-
tique.
ARON WORMS, le Talmudiste né à Geislautern
près de Sarre-Louis en 1754.
Versé très-jeune dans la théologie Rabbinique Worms
s’adonna plus tard à une étude approfondie de la loi de
Moïse.
A peine âgé de 15 ans, il soutenait en présence de
savants les thèses les plus ardues.
À l'âge de 25 ansil était Rabbin du canton de Cré-
hange, et en 1796, professeur de l’école taimudique de
Metz.
Grand rabbin de Metz par interim en 1815, il prit
une part très active à la fondation de nouvelles écoles.
Aron Worms mourut à Metz dans un âge très avancé.
[1 est l’auteur de l’ouvrage renommé : “ Le flambeau de
la Loi”’ qui le place au premier rang des Talmudistes.
En dehors de la colonie Sarre-Louisienne de Paris et
du groupe de nos compatriotes répandu sur toute la surface
de la France, formant dans leur ensemble un nombre sinon
supérieur, au moins égal à la population de notre ville et
occupant dans l’ordre social les degrés les plus variés, nous
trouvons: 1 ÇîÎ
En Russie, les LEPRÈTRE, les BAUR, les DEZES à
St. Petersbourg; les GEISPITZ et les DETROIS à
117
:t né
ce.
stins,
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Dape,
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108
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.nous
“ES à
TS à
Moscou. MESSNER à Constantinople; TORTORITY à
Naples; les LINDER au Mexique, les BARBE, les
LIGNIEZ, les PETRY, les KOCH, les BIGOT, les
HAUTZ, les LABRO, les MEESS, etc. aux Etats-Unis;
les BALCER au Canada ; WAGNER à Bombay ; COQUE-
LEMUS à Yockokama et À St. Francisco, tous chefs de
grands établissements de commerce ou à la tête d'entre-
prises industrielles considérables,
Puis nous comptons parmi les nô‘res :
PAUL BEZANSON, ancien Maire de Metz, ancien
député de la protestation pour l’Alsace-Lorraine au Reich-
stag Allemand, patriete des plus distingué : mort sur la
brèche
En Suède, BEFRANCE, directeur d’un établissement
métallurgique des plus considérable de l’univers.
FINCKERNAGEL, capitaine aux longs cours, direc-
teur du matériel de la compagnie du canal de Panama à
Colon.
BEAUMONT, professeur au Lycée d’Odessa (Russie).
GrO. BALCER, Agent Consulaire de France et
d'Espagne, Vice-Consul de Suède et Norvège au Canada,
— et quantité d’autres dont le nom nous échappes
Lt sans vouloir énumerer ici le titre et la qualité de
tous les Sarre-[Louisiens émigrés de 1815 à 1830, ni faire
allusion aux services qu’ils ont continués à rendre à la
mère-patrie, nous relevens seulement d’entre ceux de nos
compatriotes dont les parents restèrent à Sarre-Louis le
nom de quelques-uns de ceux qui—depuis cette époque—
ont su s’acquérir une position honorable dans l’armée fran-
çaise.
En comparant alors ce nombre avec celui des titu-
laires dans l’armée prussienne, il nous sera peut-être per-
mis de croire que même nos amis les ennemis ne se refu-
seront plus de se prêter à l’évidence.
JEAN, FRANÇOIS, ETIENNE, Général de brigade,
tommandeur de la Légion d’honneur, actuellement gou-
15
verneur de Kairouan, commandant une subdivision de
l’armée de Tunisie.
CHARLES NICOLAS PEAUCELLIER, Général de
brigade, officier de la Légion d'honneur, membre de l’ Aca-
démie des Sciences, cormmandant le Génie du 18ième corps
d'armée à Bordeaux.
WORMS DE RUMILLY, offieier de la Légion d’hon-
neur, Colonel du Génie.
AUGUST SAMUEL, officier de la Légion d'honneur,
Colonel commandant le 15ème régiment d'artillerie à
Auxerre.
WORMS DE RUMILLY, officier de la Légior d’hon-
neur, Colonel d’artillerie.
JULES MOCH, chevalier de la Légion d'honneur,
Colonel commandant le 130ème régiment d’infanterie à
Paris.
Baron LEOPOLD SCHLINKER, officier de la
Légion d’honneur, Colonel de Dragon.
ALEX. EUGENE ECKENDORF, officier de la
Légion d’honneur, Chef de bataillon du Génie, comman-
dant à Arras.
A. HEITZ, officier de la Légion d'honneur, Lieut.-colo-
nel d’infanterie.
LEON SOUTY, chev. de la Légion d’honneur, Chef
d’escadron d'artillerie, mort en Crimée.
METZINGER, chev. de la Légion d'honneur, Chef
d’escadron d’artillerie.
NIC. FRANTZ, chev. de la Légion d’honneur, Chef
d'escadron de dragon.
CH. SCHARF, chevalier de la Légion d’honneur.
Chef d’escadron de cuirassier.
AUGUSTE GRÉGOIRE, officier de la Légion d’hon-
neur, Chef de bataillon au 58ème régiment d’infanterie.
Pa.
on de
ral de
’ Aca-
corps
l’hon-
ineur,
rie à
l’hon-
neur,
rie à
le la
de la
aman-
_colo-
Chef
Chef
Chef
nneur,
d’hon-
-rle .
EUGÈNE FINÉ, chevalier de la Légion d'honneur,
Capitaine du Génie.
LOUIS HAUTZ, chevalier de la Légion d'honneur,
Capitaine d’Etat Major, mort en Crimée.
ADOLPH HAUTZ, chevalier de la Légion d'hen-
neur, Capitaine d'Etat Major, mort en Espagne.
ALB. FRANTZ, chevalier de la Légion d'honneur,
ancien Capitaine aux Grenadiers de la garde.
EUGÈNE GRÉGOIRE, chevalier de la Légion d’hon-
neur, Capitaine adjudant-major au 76ème régiment d’in-
fanterie.
LÉON SCHLINKER, Capitaine de chasseur à pied,
mort en Afrique
L. HANK, Capitaine d’infanterie, mort en Corse.
ALF. SAAL, chevalier de la Légion d'honneur,
Capitaine du Burean arabe.
ALEXANDRE, Capitaine dans la Légion étrangère.
mort en Afrique.
FELIX MOCH, Capitaine d'infanterie.
FERD. MAYER, chevalier de la Légion d'honneur,
Capitaine d’infanterie.
DE GALHAU, Lieutenant d’artillerie, mort en 1830.
DE GUENTZ, Lieutenant de cuirassier.
DE GUENTZ, chevalier de la Légion d'honneur,
Lieutenant aux chasseurs d’Afrique.
CHARLES VILLEROY, Lieutenant d'infanterie.
RODENFISSER,
DEMANCHE,
BELMANN,
CALABRES,
ROLAND,
J. DEZES
mort à Anvers
15"
ETIENNE, ancien lieutenant de la Garde Mobile de
1848.
E. FISSENÉ, comptable du Bureau arabe.
Et dans l’armée prussienne :
ISIDORE LEBATTEUX, Lieutenant-colonel d’in-
fanterie, dans l’armée active.
REGNIER, BEAUMONT et HESSE, lieutenants
dans la Réserve! ! 1...
f * a
LES FRANCAIS DE SARKELOUfS
le de
l’in-
ants
Os écrit de Sarrelouis au XIXe siécle:
Il vient de se passer à Sarrelouis un inci-
dent qui mérite d’être signalé.
varrelouie, on le sait, est une place forte
de la Prusse rhénane, située sur la Sarre,
un peu au-dessus de Sarrebruck, à quel-
ques kilomètres de l’ancienne frontière fran-
“aise.
On bäptisait donc, l’autre jour, à Sarre-
louisune cloche destinée à l'église de la ville.
Cette cloche reçut le nom de saint Louis,
roi de France, j2n la consacrant, le doyen
du clergé sarrelouisien, M. Petri de Wal-
lerfangen, prononça un discours dans le-
quel il fit l’éloge de saint Louis et aussi ce-
lai de Louis XIV, le fondateur de Sarre-
louis. Lo -
« Le soleil qui symbolisait le puissant
édificateur et le clément protecteur de no-
tre ville, à dit le curé, ce soleil s’est éclip-
sé ; la bannière flenrdelysée a disparu et le
drapeau tricolore même ne flotte plus fière-
ment sur notre vitle, protégeant ses habi-
tants et ses remparts...»
Vous pouvez vous imaginer aisément
quel li énissement. ces paroles simples, mais
uettes, ont produit dans l'assistance,
Bien qu’appartenant à la Prusse depuis
1815, Sarrelouis est restés une ville émi-
nemment française, françaises de cœur,
d’esprit et de langue,
Sans doute l'immigration allemande y a
produit des changements notables, surtout
à l’extériear, et la foule des soldats qu'on
soudoie dans les rues indique bien que l’on
est dans une place prussienne.
Mais, après soixante-dix ans, il en est
encore de Sarrelouis comme de Metz, de
Strasbourg et de Colmar. Cet aspect alle-
mand de la ville n’est que superficiel. Quit-
tez la rue, le café, le restaurant, et péné
trez dans l’intérieur des maisons : tout
vous semble transformé comme par enchan-
tement, à moins que votre malechance ne
vous ait fait tomber chez quelque fonction-
aaire, C'est-à-dire chez un Allemand.
Les familles sont en effet encore nom-
breuses à Sarrelouis, où notre langue est
exclusivement parlée et où il n’est jamais
question de la France sans que chacan se
découvre avec respect et manifeste à l’é-
gard de l’Allemagne les sentiments les
moins équivoques.
Sarrelouis a été fondée en 1680. Le 5
août de cette année, on commença sous la
direction de Vanban, les travaux de forti-
Acation, Le ler mars de l’année suivante,
l'enceinte étant presque terminée, on plan-
ta les jalons pour l’alignement des rues. En
"A83. la ville était terminée et remise so-
ETIENNE
1848.
E. FISSEN
Et dans l’ai
ISIDORE
fanterie, dans l’a
REGNIER,
dans la Réserve
reuor
mands s’occupent beaucoup aujourd’hui des affai-
reg du Maroc et des prétendues intrigues des Fran-
çais dans ce pays. La Gazette de Cologne dit que
M. Festa, ministre d’Allemagne au Maroc, a été
maodé a Varzio par le prince de Bismark qui vent
s’entretenir avec lui au sujet de l’avance incessente
des troupes françaises dans la direction nord-ouest
de la frontière aigérienne, ce qui gemblerait indi-
quer un mouvement mensçant pour le Maroc. Ea
sS’occupant des projets de ia France au Maroc, qui
‘éseraient, s'ils étaient exécutés, les intérêts espa-
znole, le chancelier allemand a pour but de mon-
trer a l’Espagne combien l’Allemagne regrette que
des difficultés aient surgi aux îles Carolines ei
soin son anxiété pour les Espagnols est pro-
fonde.
Les élections en France. ‘
PARIS, 18 septembre. — Le nombre des candi-
dats aux élections législatives prochaines est ac-
tuellement de 1,300. Sur ce nombre, 500 ont déja
occupé des sièges a la chambre.
Le conflit hispano-allemand. 8
LoNDRES, 18 septembre. — Un télégramme de
Manille annonce que les Espaguols ont pris posses-
sion effective de Yap.
Marin, 18 septembre. — Le conseil de cabinet
à& été ajourné parce que le roi Alphpnse soufire
d'un rhume.
Maprim, 18 septembre. — Le roi Alphonse pré-
sidait le conseil de cabinet qui a eu lieu aujour-
d’hui. Le conseil a autorisé l’amiral Antaquera y
Bobadilla à acheter deux navires de guerre avec
les crédits qui ont été votés pour augmenter les
‘orces de la marine.
La réponse de l’Allemagne à la note récente de
‘Espagne est attendue la semaine prochaine.
Paris, 18 septembre. — Une dépêche de Madrid
au Zemps dit que d’après des bruits en circulation,
l'Espagne aurait l’intention d’émettre un emprunt
de 30 millions de france pour augmenter sa marine
et compléter les travaux de défense de ses côtes et
de ses colonies.
LONDRES, 18 septembre. — Une dépêche de Ma-
drid au S‘ændard annonce que le gouvernement a
décidé d’employer une forte somme d’argent à
l'amélioration de la marine et des fortifications, en
anticipation de l’emprunt qu’il doit émettre. Il
achètera des croiseurs et des torpilles, et deman-
dera le vote de crédits aussitôt après la réunion
des cortès. Il est certain qu’en l’état actuel de l’opi-
bion publique, un emprunt dix fois plus élevé que
telui en question serait adopté.
PARIS, 18 septembre. — Les socialistes alle-
mands à Paris ont publié un manifeste dans lequel
ils blâment l’attitude de l’Allemagne envers l’Es-
pagne et déclarent que les deux peuples n’ont au-
tune raison pour se quereller.
Le règlement de la question afghane.
SAINT PÉTERSBOURG, 18 septembre. — M. Lessar,
l’envoyé egpécial de Russie en Angleterre, est arri-
vé à Saint-Pétersbourg après avoir accompli sa
mission a Londres. Dans un article satirique au
sujet du règlement de la question afghane le
Novoe Fremya dit: « Le protocole n’est qu’un ar-
rangement conditionnel, Le gouvernement anglais
lerait bien de ne le considérer que comme un gage
de l'amabilité de la diplomatie russe. La Russie
continuera à ne se laisser guider que par ce qu’elle
croira atile à ses intérêts.»
Le programme électoral de M. Gladstone.
LoNp&ES, 18 septembre. — Le programme êlee-
toral de M. Gladstone a désappointé en quelque
sorte les libéraux, tandis que les conservateurs dé
al + natiafe 1 +
lennellement entre les mains de Louis XIV.
En 1815, Sarrelouis fut cédée à la Prus-
se. Cette cession fut effectuée, raconte un
journal de l’époque, le ler décembre 1815,
à neuf heures du matin : la petite garnison
française quitta la place à ce moment. Une
heure après, les Prussiens entraient, et,
au milieu d’un silence sinistre, amenaient
du haut du clocher de l’église l'enseigne
des Bourbons.
, Sarrelouis n’a jamais accepté la situation
qui lui a été faite il y à soixante-dix ans.
Dans une petite brochure clandestine, très
répandue dans l'ancienne ville de Louis XIV
et vigoureusement traquée par les autori-
tés allemandes, un auteur anonyme raconte
ce que les Sarrelouisiens ont fait poar l’an-
cienne patrie depuis qu’un traité inique les
en a géparés. ,
Si aujourd’hui, dit cette brochure, on fai-
saît le récensement de Sarrelouis. et. qu’on
écartât de la statistique les employés da
gouvernement et les militaires, on trouve-
rait difficilement cinquante familles alle-
mandes qui aient pu prendre racine dans
notre milieu.
Voici quelques chiffres caractéristiques à
ce sujet :
Sarrelouis a fourni aux armées de la Ré-
volution et du premier empire :
Un maréchal de France, Ney, le brave
des braves ; treize généraux, parmi les-
quels : Grenier, le héros de Hohenlinden ;
François Muller, qui combaitit à Jemma-
pes et à Fieurus ; Reneauld, Toussaint,
ete. ; huit colonels, dix chefs de bataillon,
quatre-vingts capitaines, etc, etc.
Pendant la. guerre de Crimée, l’armée
française d'Orient ne comptait pas moins
de cinquante-six Sarrelonisiens dans ses
rangs.
Aujourd’hui, l’armée françaises compte
encore une cinquantaine d’officiers nés à
Sarrelouis, parmi lesquels le générai Btien-
ne, commandant la 18e brigade d’infante-
rie à Paris ; le général Paucellier, membre
de l’Académie des sciences, commandant
le génie du 18e corps d’armée à Bordeaux,
atc., etc. Le colonel d'artillerie Samael, qui
est mort l’année dernière, était également
de Sarrelouis.
Quant aux Sarrelouisiens qui servent
dans l’armée prussienne, ils sont au nom-
bre de cing : un lieutenant-colonel de l’ar-
mée active, et quatre lieutenants de ré-
serve.
mands s’occupent beaucoup aujourd’hui des affsi-
res du Maroc et des prétendues intrigues des Fran-
cais dans ce pays. La Gazette de Cologne dit que
M. Festa, ministre d’Allemague au Maroc, a été
mandé a Varzio par le prince de Bismark qui vent
s’entretenir avec loi au sujet de l’avance incessante
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‘de la dernière importance de conserver
spour nous ce bon droit qui, dans le cas,
‘d’ailleurs peu probable, où nos voisins
lriendraient à nous chercher querelle, dou-
'blerait le courage du peuple français,
Certaines feuilles allemandes, qui prati-
quent systématiquement la calomnié vis à-
vis de notre pays, doivent être bien embar-
.rassées pour justifier, par des faits ou par
des citations de journaux, les tendances
qu’elles nous prêtent.
“ La République française donne la note
de l’opinion publique française lorsqu'elle dit :
« Ce que nous demandons peut se résu-
mer en deux mots : Que la France reste en-
tièrement libre de ses décisions et de ges
-mouvements, ‘et que tout titoyen se garde
soigneusement de porter atteinte à cette
tliberté de la nation qui est notre souverain
‘à tous. Soyons Français, et rien que Fran-
ais. n
i La République française a raison. Un
rpeuple n’est vraiment tort que quand il sait
‘rester maître de ses impressions.
Le XIXe Siècle se demande si M. de Bis-
mark est tombé dans un piège du hasard
ou s’il avait prémédité tout ce qui vient
: d'arriver,
: « Les gens qui pensent que M. de Bis-
; mark est au-dessus du hasard, qu’il est la
: providence vivante de l’Europe, n'hésitent
[pas à penser qu’il a tout prévu et tout
- voulu, Pour eux, M. de Bismark sent que
- l’empereur va mourir. {1 se sait peu aimé,
‘redouté même du successeur de Guillaume,
et il veut se rendre indispensable en rou-
vrant l'ère des aventures extérieures.
De là l’expulsion des Polonais du duché de
iMMesen.et ‘e_ Pnananie + de là ce redonhle