1486 et 1494 amènent le plus grand nombre de chevaux (239 et 227). La première
de ces années, cet article contribue pour 10,8 % à la recette totale. Metz dont on
a déjà dit la réputation du marché local11, intervient à 31 reprises. On sait que,
début 1475, des hommes du duc de Bourgogne capturent et emmènent au château
luxembourgeois de Soleuvre un marchand de Solingen, au duché de Berg, avec 14
chevaux qu’il venait vendre à Metz, et réservent le même sort à Conrad de
Holstein, natif de Mecklembourg, qui conduisait 17 chevaux de Trêves à Metz12.
Dans les comptes du péage sierckois, Hontheim apparaît 12 fois, Trêves13 et
Luxembourg chacune 4 fois. Plusieurs imposés déclarent une origine plus lointaine:
Solingen (6 fois), le pays de Juliers et la Gueldre.
237 bovins, en 28 taxations, ne représentent qu’un commerce relativement res¬
treint14. Le premier rôle revient cette fois aux Trévirois (8 taxations)15. Ce sont
eux encore qui passent le plus souvent avec des ovins (10 des 31 impositions)16.
Sur un total de 2 414 têtes, 575 sont déclarées en 1483 et 1219 l’année suivante.
Elles alimentent alors la recette à concurrence de 6,6 % et 6,5 %. Des enregistre¬
ments printaniers laissent supposer une transhumance à destination des hautes terres
de l’Eifel ou du Hunsrück. Ceci n’exclut pas l’envoi, à d’autres moments, de bêtes
de boucherie vers d’importants marchés consommateurs, tels Trêves ou Coblence.
Le nombre de taxations de céréales, les quantités transportées et la part de cet arti¬
cle dans la recette totale fluctuent énormément d’un exercice à l’autre. La conjonc¬
ture politique explique l’absence de toute mention en 1474-75. Le 27 février 1475,
Charles le Téméraire approuve la défense faite par Claude de Neufchâtel, gouver¬
neur du Luxembourg, de conduire des vivres dans les pays de l’archevêque de Trê¬
ves ainsi qu’à Cologne17. Totalisant respectivement 106, 214 et 137 mld.18, les
chargements déclarés à Sierck ne retiennent guère l’attention en 1481, 1483 et
1486. Il en va tout différemment en 1484: 40 impositions portent alors sur 1 276
mld. et interviennent pour près de la moitié de la recette (45,6 %). Dix ans plus
tard, le nombre de passages a plus que triplé (126), les quantités ont sextuplé
" Cf. supra, p. 54.
12 Recueil...du Fay, p. 104-105 (n° 17), 107-108 (n° 22-24) et 110-111 (n° 27); SCHNEIDER, Metz,
p. 321.
13 Au XVe siècle, Trêves achète des chevaux à Cologne: mention d’un différend en 1422 entre un
Trévirois et un Colonais, et d’une acquisition de chevaux à Cologne en 1479 (MATHEUS, Trier, p.
60, note 141).
14 BAUTIER constatait en 1967 que les progrès de l’élevage bovin demeuraient mal connus (Mutations,
p. 23). Depuis lors a paru un important ouvrage sur le commerce des bœufs: Intemationaler
Ochsenhandel. Voir aussi les travaux de Vogt, notamment Quelques aspects.
15 Achats par des Trévirois de céréales et de bétail à Sierck en 1431-32 et 1492-93, de bétail à Metz
en 1468-69 (bœufs), 1480 (porcs) et 1481 (moutons). Cf. Matheus, Trier, p. 45 (note 67) et 46
(note 74).
16 Des Trévirois entretiennent des troupeaux ovins, notamment aux confins de l’Eifel (MATHEUS, Trier,
p. 37-39). Voir aussi REINICKE, Élevage.
17 Recueil...du Fay, p. 104-105, n° 17.
18 À titre indicatif, à la fin de l’Ancien Régime, le maldre de Thionville pour le blé vaut 212,32 litres
(TEISSIER, Histoire, p. 240-241); celui de Luxembourg, 204,6 litres (HEUSCHLING, Tables, p. 91-92);
celui de Trêves, 213,28 litres (DOURSTHER, Dictionnaire, p. 246).
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