CHAPITRE IV
L’Esprit comme développement
1. Développement de l'unité et de la multiplicité, en tant
qu unité. — La difficulté qui a fait l’objet du dernier cha¬
pitre ne concernait pas seulement le concept de l’esprit,
mais aussi le concept de la réalité, comme il est maintenant
évident, et ne se dresse devant le premier que parce que la
réalité est conçue, dans sa totalité, comme esprit. Car si, en
prenant comme point de départ l’actualité de la conscience
dans laquelle l’esprit se réalise, nous établissons l’infi¬
nité de ce dernier, nous aurons ipso facto établi l'unité de
la réalité en qualité d’esprit.
Le nouvel aspect de cette difficulté ne la rend
pas insoluble. Nous trouverons sa solution dans un con¬
cept déjà exposé. L’esprit n’est ni un être ni une subs¬
tance, avons-nous dit, mais un processus constructif,
un développement, un continuel devenir. Or, développe¬
ment signifie non seulement unité, mais encore multipli¬
cité, et rapport immanent entre l'unité et la multiplicité.
Un défaut immédiat de cette proposition est qu’il
y a plusieurs façons d’entendre ce rapport ; il nous faudra
donc préciser selon laquelle de ces manières nous entendons
concevoir l’esprit comme développement.
2. Conception abstraite du développement. — Une de ces
façons consiste à poser abstraitement l’unité hors de la
multiplicité, en imaginant l'unité du développement au com¬
mencement ou à la fin de ce même développement, comme
principe ou résultat. Le germe d’une plante, par exemple,
sera représenté comme l’antécédent indifférencié du pro-