CHAPITRE III
Unité de l'esprit et multiplicité des choses
1. Verum est factum quatenus fit. — Le sujet qui absorbe
l'objet, quand ce dernier est réel d'une réalité spirituelle,
n'est ni un être ni un état de l’être puisque, comme nous
l’avons dit, il n’est rien d’immédiat, mais uniquement ur.
processus constructif. Processus constructif de l’objet, er
tant que processus constructif du sujet avec lequel le
premier est identifié. C’est pourquoi au lieu de verum
et factum convertuntur, il faudrait dire verum et péri conver-
tuntur, ou mieux encore verum est factum quatenus fit, car
le sujet est toujours en rapport avec un objet en tant que
sujet de l’acte qui lui est propre. Ceci est un des
concepts essentiels de notre idéalisme et il est néces¬
saire de s'en rendre parfaitement maître si on veut
éviter les grossières erreurs dont les critiques de cet
idéalisme se contentent trop facilement.
2. Incompatibilité d'être et esprit. — L’idéalisme n’admet
pas qu’une réalité puisse s’opposer au penser ou lui être
présupposée ; bien plus, il nie le penser lui-même,
considéré comme une réalité existant en dehors de son
propre développement, comme une substance indépendante
de sa réelle manifestation. Car pour donner aux mots
leur valeur la plus rigoureusement exacte, nous ne pourrons
dire ni qu'un esprit est, ni que l’Esprit est. Ce sont en effet
deux termes contradictoires entre eux que les mots être et
esprit puisqu’un esprit, une réalité spirituelle, un poète par
exemple, ou une poésie, du fait même d’être ne serait pas
être esprit. Ce qui est, est ce que l'esprit pose devant soi