l’application de ce système de renouvellement jusqu’à l’expiration des pouvoirs de
la première chambre élue, cela afin d’assurer la sécurité nécessaire à la mise en
place du nouveau régime.
L’adoption d’une constitution n’est qu’un prélude. Pour bâtir une Sarre nouvelle il
faut, sur ce seul terrain de la structure politique, un autre travail obscur, long, mais
efficace; ce travail comporte notamment les mesures suivantes:
a) L’établissement d’un cadre administratif. Chaque membre du Conseil de Gou¬
vernement sera comme un directeur sous les ordres duquel il faut prévoir des
services et des bureaux. Il faut sans doute faire davantage et réviser l’organisation
communale dans le sens d’une plus grande autonomie à l'égard de l’assemblée,
cette autonomie devant être un élément favorable à la vie du territoire et au main¬
tien du statut.
b) L'éducation des fonctionnaires sarrois, en commençant par ceux qui pourront,
dans quelques années, prendre des responsabilités au sein des directions. 11
convient sans tarder d'organiser par voie de concours annuel le recrutement d’une
dizaine de jeunes gens qui viendront pendant trois ou quatre ans, suivre des études
en France et pourront ensuite recevoir des fonctions dans les services du territoire.
c) Une organisation juridique orientée vers le droit français. A l’intérieur de la con¬
stitution, ou par une disposition essentielle rapidement adoptée, une organisation
judiciaire à caractère autonome doit être instituée, tant pour les affaires civiles que
pour les affaires pénales ou administratives. Une instruction particulière sera pro¬
chainement établie à ce sujet. Mais cette réorganisation n’est qu’un point de départ,
et un travail de codification comme de transformation de la législation doit être
commencé sans tarder. 11 est capital de doter la Sarre d’un droit qui ne soit pas le
droit allemand et se rapproche autant que possible du droit français.
Face à cette organisation politique sarroise, il est nécessaire d’établir les règles de
la présence française. Celles-ci consisteront sans doute à l’origine dans une simple
transformation du Gouvernement militaire. Elles marqueront toutefois une rupture
de l’allégeance politique à l’égard des autorités françaises et alliées d’occupation
en Allemagne. Elles seront établies peu après la ratification de la constitution et
devront être également voisines dans le temps du dernier échange monétaire.
Ces règles doivent être édictées en fonction des raisons qui motivent notre
présence.
La raison première de notre autorité en Sarre est la nécessité d’assurer le respect de
l’union économique à l’encontre de toutes menées hostiles.
Ce premier motif de notre présence n’est cependant pas le seul. La responsabilité
que prend la France s’étend à la politique intérieure du territoire sarrois. La France
sera jugée sur les résultats tant de la démocratie sarroise que du redressement éco¬
nomique et social du territoire. La France doit donc être en mesure de veiller au
fonctionnement correct des institutions de la Sarre, d’orienter la reconstruction,
d’améliorer le niveau de vie des habitants.
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