des arguments échangés des deux côtés montre à quel degré des „preuves“
linguistiques peuvent être détournées à des fins politiques et avec quelle obli¬
geance une partie des savants se mettent au service de la propagande politique.
Cette situation linguistique a laissé des traces profondes dans la littérature
française et allemande de cette région jusqu’à nos jours. Elles sont documentées
dans la contribution de Günter Scholdt (Sarrebruck) ,,,Cuius regio, eius
lingua.1 Réflexions littéraires de la politique linguistique dans la région
frontalière franco-allemande depuis 1871“. Selon la position (glotto)politique
ou selon la nationalité ou langue des écrivains la politique linguistique actuelle
était supportée, ignorée ou ressentie comme une mesure de répression. Peu
nombreux étaient ceux qui pouvaient s’imaginer que nationalité et langue ne
devraient pas coïncider. Encore moins nombreux étaient ceux qui voyaient les
avantages de la coexistence des deux langues.
Lors du colloque de Varsovie en 1993 les problèmes des langues slaves avaient
été traités dans plusieurs communications. Le symposium de Sarrebruck
continua cette tradition. Dans sa contribution intitulée „Politique linguistique
dans les régions frontalières du territoire slave“ Roland Marti (Sarrebruck)
donne un tour d’horizon de la situation. Il distingue en particulier deux formes
de politique linguistique, une forme externe envers les langues non-slaves et
une forme interne envers d’autres langues slaves. La politique linguistique
interne est un cas singulier avec des résultats inconnus dans d’autres domaines.
D’un part elle aboutit à la création de langues littéraires nouvelles pour des
régions qui avaient auparavant employé d’autres langues littéraires slaves.
D’autre part on constate des tentatives en vue de réunir deux langues littéraires.
Le cas le plus connu est celui du serbo-croate. Deux contributions examinent la
relation entre l’allemand et le polonais, l’une en Allemagne, l’autre en Po¬
logne. Alicja Nagôrko (Varsovie) analyse „Les Polonais en Allemagne vus par
le miroir de la langue“. Elle prend comme point de départ la situation
linguistique de la migration ouvrière polonaise dans le bassin de la Ruhr à la fin
du 19ème et au commencement du 20ème siècle, situation qui a laissé des traces
permanentes dans la langue régionale. Une comparaison avec la situation de
l’émigration Solidarnosc et des „Aussiedler“ (personnes de souche allemande)
montre des différences significatives. Évidemment l’émigration récente est
prête à s’assimiler beaucoup plus vite et d’une façon plus complète que celle
qui l’a précédée. Dans sa contribution „La politique linguistique envers la
minorité allemande en Pologne“ Marek Laziriski (Varsovie) aborde un pro¬
blème très délicat. Il décrit la situation aux temps de la Pologne socialiste et les
développements qu’elle a subis depuis. Il mentionne les relations assez tendues
entre la minorité allemande et la population polonaise qui s’expliquent par
l’histoire. D’autre part il voit des changements encourageants, avant tout dans
le domaine de l’enseignement de la langue allemande à l’école.
Deux contributions s’occupent de l’état multiethnique (et plurilingue) par
excellence et de son successeur, c’est à dire l’empire austro-hongrois et
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