C’est ainsi que de nouveaux organes de presse en castillan se sont récemment
créés à Barcelone et que la télévision commerciale de son côté, sans doute pour
des raisons de rentabilité économique, continue à miser sur la langue espagnole
- langue internationale majeure, ne l’oublions pas - plutôt que sur des langues
moins employées comme le catalan (cf. le cas, déjà mentionné, des chaînes
privées Antena 3 TV, Tele-5, Canal Plus, etc.). Ainsi, il est évident qu’à partir
du moment où un média doit avoir une audience nationale et surtout
internationale, c’est le castillan qui s’impose tout naturellement. Dans cet ordre
d’idées, on peut se demander si ce n’est pas pour les mêmes raisons (plus
grande audience) que bien des écrivains catalans continuent à écrire et à publier
en castillan (Eduardo Mendoza ou Manuel Vázquez Montalbán, par exemple).
En effet, si l’on excepte le cas tout à fait exceptionnel de la minuscule
Principauté d’Andorre, où le catalan n’a jamais cessé d’être la seule et unique
langue officielle à tous les niveaux et dans tous les domaines, il faut bien dire
que dans le cadre du nouvel Etat espagnol le catalan se trouve, dans trois
Communautés autonomes (Principat, Valence et Iles Baléares), en situation de
co-officialité avec le castillan qui, de ce fait, apparaît comme son grand rival
(cependant qu’au Roussillon, le catalan est dans une situation bien moins
favorable face au français!).
C’est cela peut-être qui faisait dire récemment à l’éditorialiste du magazine
catalan „El Temps“:
„A Catalunya, després de deu anys de suposada normalització lingüística, la
difusió de premsa en català amb prou feines si supera el 10% de la premsa en
castellà (El Temps 1990).
4. 3. line situation conflictuelle
Il n’en demeure pas moins que le catalan et son usage se trouvent actuellement
engagés dans un processus de normalisation, ce qui ne va pas sans tensions ni
conflits. Reniu i Tresseras (1989: 21) avoue franchement en ce qui concerne ce
processus:
„ ... certains le trouvent insuffisant et d’autres, le jugent excessif.“
C’est qu’en réalité, ce que veulent certains extrémistes catalans, c’est la
„catalanització de Catalunya“ (Triadù 1990), si nécessaire, sans respecter les
„autres Catalans“. Que penser de cette attitude?
Après avoir critiqué l’Etat espagnol pour avoir, dans son paroxysme uni¬
ficateur, ignoré volontairement la diversité linguistique de l’Espagne, ils
semblent vouloir transformer la Catalogne en une région monolingue, au
travers de l’extirpation totale et systématique du castillan. Va-t-on, comme
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