depuis fut Evêque de liège; et le autres postulèrent Ferri de Lorraine, Evêque
d'orléans, et fils de Ferri III pour lors régnant Duc de Lorraine. Edouard Roi
d'Angleterre appuyoit Thiébaut; et nous avons les lettres qu'il écrivit en sa faveur2.
Les deux Pretendans se pourvurent à Rome: mais le Pape Boniface VIII ne jugea
pas à propos d’admettre ni la postulation pour l’évêque d’Orléans, ni l’élection de
Thiébaut. Celui-ci résigna librement et volontairement entre les mains du Pape, et
renonça à tous les droits qu’il avoit à l’Evêché de Metz, et Boniface y nomma
Gérard de Relanges, Archidiacre de Brabant dans l’Eglise de Cambrai. . . On ignore
la famille et la patrie de Gérard. Il portoit dans ses Armes, étant Evêque, deux
crosses adossées, en pales, et brisées d’une fasce»3. Les Bénédictins de Metz
reprirent l’essentiel de ces données, et émirent un doute sur l’origine lorraine de ce
prélat, ajoutant que «il y a tout lieu de croire qu’il étoit du Brabant, et parent des
Comtes de Hainaut, dont descendoit l’Archevêque de Cambray, qui l’avoit fait son
Archidiacre»4. Cet épisode offre l’occasion de faire le point sur les élections
messines de la fin du XIIle siècle.
Le principe de ces élections est bien connu. La réunion du chapitre a lieu quelque
temps après la mort d’un évêque, dès que l’autorisation de procéder à l’élection est
obtenue. Le vote a été réglé par le concile de Latran IV. Quand une majorité
suffisante s’est dégagée, le résultat est porté à la connaissance de l’archevêque et du
souverain. En cas de conflit, surtout s’il se prolonge, appel est lancé à la papauté
qui intervient, parfois décide. Dans le cas présent les chanoines n’ont pu se
départager, et le pape est intervenu en notifiant le 24 avril 1297 son choix qui
portait sur un archidiacre de Cambrai, Gérard de Réninge.
Depuis la mort de Jacques de Lorraine en 1260, le comte de Bar et le duc de
Lorraine s’affrontaient pour mettre sur le siège épiscopal de Metz des candidats qui
leur fussent favorables. Contre Philippe de Florange, de la maison ducale, Bar avait
présenté Thiébaut de Port-Sailly5, puis le comte Thiébaut II, en excellents rapports
avec l’ancien évêque de Verdun devenu pape sous le nom d’Urbain IV, avait
obtenu le choix d’un parent lointain, Guillaume de Trainel. La crise survenue à la
mort de ce dernier avait amené la nomination d’un candidat neutre, en la personne
de Laurent de Lichtenberg, mais le comte gagna de nouveau en soutenant le
successeur: il s’agissait de Jean de Flandre, fils du comte de Flandre Gui de
Dampierre, lequel avait été beau-frère de Thiébaut II au temps du premier mariage
de ce dernier. Le «Flamand» ne se plaisait pas à Metz et il préféra le siège de Liège
en 1282. En réalité la querelle des maisons d’Avesnes et de Dampierre avait ses
répercussions dans les élections épiscopales. Jean d’Enghien, ami des d’Avesnes,
était devenu évêque à Liège en 1274 grâce à Grégoire X; Jean de Flandre, qui lui
succédait en juin 1282 après un an de vacance liégeoise, appartenait à l’autre clan.
Le siège de Liège fut alors disputé entre Bouchard d’Avesnes et Guillaume
d’Auvergne. Jean fut nommé par Martin IV contre Bouchard d’Avesnes, et ce
dernier obtint en échange le siège de Metz, abandonné par le même Jean de
2 Ces lettres ne sont pas parvenues jusqu’à nous.
3 Dom Calmet, Histoire de Lorraine, 2e éd., t.III, col. 205-206.
4 Histoire générale de Metz, tome second, Metz, 1775, p. 487.
5 Souvent son nom est transcrit par erreur en Thiébaut des Porcelets. Le nom véritable est restitué par
Jean Schneider, La ville de Metz aux XlIIe et XlVe siècles, Nancy, 1952, p. 135.
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