Michel Parisse
Une election episcopale disputee a Metz en 1296-1297:
De Bouchard d’Avesnes a Gerard de reninge
A un historien qui a parmi ses premières préoccupations manifesté celle de
présenter l’histoire de l’évêché et des évêques de Metz1, il convenait d’offrir un
moment de cette histoire. Il y a longtemps déjà que le hasard m’a fait découvrir un
fragment du procès-verbal d’une élection épiscopale qui eut lieu à Metz à la fin de
l’année 1296, quand il s’est agi de pourvoir au siège laissé vacant par la mort de
Bouchard d’Avesnes (29 novembre 1296). Cette pièce est la partie inférieure d’un
parchemin, dont on avait coupé un morceau pour servir de couverture à un des
anciens registres de comptes de la prévôté barroise de Foug. Les volumes voisins se
trouvaient protégés d’une manière analogue, l’un par une charte de l’abbaye de
Rangéval datée de 1282, un autre par un extrait de compte datable de 1305-1307.
Ces registres, aujourd’hui conservés aux Archives départementales de la Meuse à
Bar-le-Duc sous les cotes B 2203 à 2206, concernaient le milieu du XIVe siècle et
provenaient de la Chambre des Comptes des comtes de Bar. C’est de ce fonds que
les documents sont sortis, sauf si, hasard improbable, un relieur postérieur est
intervenu. Il apparaît donc que les archivistes du Barrois disposaient d’un fonds de
pièces originales qu'ils n’éprouvaient pas le besoin de conserver dans leur totalité et
dans leur originalité. On ne peut que s’étonner cependant qu’un acte des chanoines
réguliers de Rangéval soit égaré ici, tout comme d'ailleurs ce procès-verbal qui
aurait dû être conservé dans les coffres du chapitre cathédral de Metz. La présence
de ce procès-verbal d’une élection qui mit aux prises un fils du comte de Bar et un
fils du duc de Lorraine conduit à penser que le comte en avait obtenu une
expédition pour ses archives personnelles. Le document soigneusement ligné
s’achève par une mention de notaire avec l’apposition de son seing: un certain
«Guillaume de Belmont, clerc de Metz, notaire public par l’autorité apostolique et
impériale».
On ne saurait dire que de document apporte des éléments nouveaux à l’histoire de
cet épisode messin connu par ailleurs. Voici ce qu’en écrivait dom Calmet:
«Après le décès de Bouchard, arrivé en 1296, le siège demeura quelque teins
vacant, par la division qui se mit parmi les chanoines, qui s’étoient assemblés pour
lui donner un successeur. Les uns choisirent Thiébaut de Bar, chanoine de Metz qui
1 Hans-Walter Herrmann, Zum Stande der Erforschung der früh- und hochmittelalterlichen Geschich¬
te des Bistums Metz, dans: Rheinische Vierteljahrsblätter, 28 (1963), p. 131-199.
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