d’artisanat d’art des Dresdner Werkstätten für Handwerkskunst, en 1908; Hellerau
sera un modèle à suivre pour Strasbourg.
Ajoutons encore un fait local important: la Ville de Strasbourg prépare, depuis 1904
et surtout 1907, la Bauordnung, règlement de construction qui sera publié en 1910 et
deviendra célèbre. Elaboré sous l’influence du concept de zoning, la Bauordnung a
imposé quatre zones de construction: a) des zones protégées ayant une valeur es¬
thétique et pittoresque; b) des zones réservées à l’industrie, à l’artisanat et au com¬
merce; et deux zones de construction résidentielles avec c) des quartiers d’habitation
à bâtiments hauts de 20 m au maximum et d) des quartiers péri-urbains à construc¬
tions isolées limitées à deux étages plus mansarde.
Dans cette dernière zone sera construite la cité-jardin de Stockfeld. Et dès cette
époque il y aura un débat urbanistique serré et passionné sur l’interprétation du
zoning par rapport à la nature urbanistique d’une cité-jardin: devrait-il ou non exister
dans celle-ci des formes modernes de construction, par exemple des mini-bandes?
Pourrait-on de temps en temps y inclure des bâtiments à trois étages avec toiture? En
partant du principe howardien de réunir dans la cité-jardin les avantages de la ville et
de la campagne, les architectes et urbanistes du Werkbund voyaient dans la forme
urbaine de Gruppenbauweise, l’habitat groupé, une forme communautaire plus
appropriée à la nature de la cité-jardin. Mais les tenants régionaux du style du
Heimatschutz refusaient d’aller plus loin que deux maisons jumelées. Le concours sera
le théâtre de cet affrontement. Les concepteurs de la cité-jardin de Stockfeld -
municipalité et coopérative - penchaient pour l’introduction conséquente dans la cité
des mini-bandes de maisons, probablement pour des raisons économiques. En effet,
il est peu probable qu’ils aient déjà pu voir dans la forme ’Gruppenbauweise’ la
forme esthétique et sociologique de la communauté résidentielle parfaite, comme le
voyaient les concepteurs de la cité-jardin de Hellerau à Dresde.15
Le montage financier
Le coût de l’opération était estimé à près de deux millions de Marks. Dans le monta¬
ge financier prévu, le rôle financier de la Ville de Strasbourg a été décisif, voire
indispensable. En effet, d’une part elle n’a pas obligé la Coopérative à utiliser l’Erb-
baurecht, pourtant le moyen le plus sûr pour l’acquisition du sol communal où devait
s’ériger la cité-jardin. Il faut savoir qu’à cette époque, l’Erbbaurecht, c’est-à dire le
droit d’exploitation, était le procédé le plus courant pour ce genre d’opération.
D’autre part, le Dr. Schwander qui a suivi de près l’opération, a vendu 12 hectares de
terrain municipal à 60 Pfennig le mètre carré, le prix le plus bas dans l’histoire des
cités-jardins de l’Allemagne. La formule a paru si satisfaisante par la suite que la Ville
15 "Lorsque l’individu, vivant en communauté, doit, dans une certaine mesure, limiter ses désirs
propres en fonction de cette communauté [...] sa maison ne doit pas être séparée de la maison
voisine, mais doit s’unir à elle, pour donner l’impression d’homogénéité." (Hans Kampffmeyer,
Die Bedeutung der wirtschaftlichen und sozialen Grundlagen der Gartenstadt für den Städte¬
bau. L’importance des bases économiques et sociales de la cité-jardin pour l’urbanisme, cité
par F. Bollerey et K. Hartmann, N. 3, p. 42).
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