Racontant la vie d'un prémontré du couvent de Wadgassen, situé au diocèse de
Trêves, Günther Volz a illustré l'embrouillement d’un prêtre dans la période transi¬
toire entre l'Ancien Régime et le temps moderne.
Dans son discours d’ouverture Reinhard Schneider, le président de la Kommission
für saarländische Landesgeschichte und Volksforschung, a mentionné le phénomène
des frontières, leurs origines, leurs effets, les influences réciproques. Nous n’avons
pas entendu un propre exposé sur ce sujet, mais le phénomène fut très souvent cité.
Je n’ai pas l’ambition de conclure par une conférence sur les frontières, je voudrais
seulement rappeler quelques renseignements concernant les frontières en formulant
des thèses:
1° Les limites du diocèse de Metz ne suivent pas celles de l’ancienne civitas Medioma¬
tricorum gallo-romaine, surtout aux parties septentrionales et orientales elles sont
le résultat d’un procès long s'étendant jusqu’au 10e siècle, déterminé par le défri¬
chement des grandes forêts et par l'acquisition d’une grande fortune foncière par
l'église et par la noblesse.
2° Les limites de la compétence spirituelle des évêques Messins et les limites de leur
temporel ne coïncident jamais. Les évêques étaient seigneurs d’un grand nombre
de possessions en dehors de leur diocèse grâce aux dons des rois, des empereurs et
des grands nobles. A partir de la fin du 1 Ie siècle ils devaient avaler des pertes gra¬
ves et abandonner des positions dans leur diocèse, ils devaient supporter que les
archevêques de Trêves étendaient leur puissance au diocèse de Metz en acquérant
les offices de Saint Wendel et de Bliescastel.
3° La formation des limites administratives à l’intérieur du diocèse peut être placée
au 12e siècle. La délimitation curieuse des archidiaconés de Vie, de Marsal et de
Sarrebourg reste une question ouverte. Les essais de l’expliquer par la structure
seigneuriale ou par les grandes voies de communication ne sont pas satisfaisants.
4° On ne peut pas constater une influence de la frontière linguistique à la délimitation
des archidiaconés. Mais on constate un affaiblissement et une diminution des rela¬
tions entre l'archidiaconé de Sarrebourg et les autres parties du diocèse, partielle¬
ment à expliquer par les différences entre la langue et le caractère de la populati¬
on, aussi par les relations économiques et commerciales avec l’Alsace. Une telle
dérivation de l’archidiaconé de Sarrebourg s’accentuait au cours du 16e siècle par
la différence de la confession.
5° Dans la deuxième moitié du 17e siècle les changements politiques effaçaient les
limites confessionelles. On ne peut plus parler d'une limite entre des territoires
catholiques et protestants, seulement entre des territoires catholiques et ceux
d’une population de confession mixte. Les évêques de Metz essayaient de rétablir
leur ancienne compétence au spirituel dans tout le diocèse par les moyens de la
Réforme tridentine, soutenus par les rois de France, mais il ne réussissaient que
309