En 1520, 44 taxations portent sur 240 tonneaux de vin22. Tant en termes de
passages (une bonne vingtaine) qu’en quantités (entre 109 et 185 tonneaux), la
décennie suivante marque un recul. Une reprise est perceptible en 1537 (232 pièces
en 31 taxations), mais les invasions françaises du début des années 1540 ne tardent
pas à la compromettre23. Au cours de ces exercices, les trois cinquièmes des
chargements n’excèdent pas 5 pièces ou tonneaux; une cargaison sur cinq seulement
en compte plus de 10 (tableau XXXI).
Une approche saisonnière du trafic n’est possible que pour les 6 exercices au cours
desquels sont taxés plus de 100 pièces ou tonneaux (graphique XII). La non-concor¬
dance de l’exercice comptable et de l’année-récolte ne facilite pas la tâche. De subs¬
tantiels chargements s’enregistrent de janvier à avril 1524 (64,3 % du total annuel),
de mars à juin 1525 (48,9 %) et de février à mai 1545 (59,5 %). Les mêmes exer¬
cices voient la taxation, en fin d’année, de vins de la nouvelle récolte. En 1530 et
1537, les passages de l’arrière-saison (46,7 % en novembre et décembre 1530, 37
% en décembre 1537) accusent davantage de relief que ceux du début de l’année.
Quantitativement parlant, cet article n’apparaît guère au cours des mois d’été.
Importance et qualité de la récolte précédente, espoirs ou craintes quant à la récolte
future concourent à l’explication de ces mouvements.
Les vins recrutent peu de transporteurs en aval de Trêves, quelques uns entre
Moselle et Sarre (carte X). Pour l’essentiel, on retrouve l’axe mosellan entre Metz
et Trêves. Quelque 400 pièces ou tonneaux sont acheminés par des Trévirois24,
près de 250 par des Thionvillois25. À noter encore le rôle de Rettel (170 unités)
et, dans une moindre mesure, de Metz (97Vi). Les passages de tonneaux vides - 30
impositions au total - s’enregistrent principalement durant les mois d’été.
Dans la gamme des produits agricoles et alimentaires, on mentionnera encore 228
passages de cabus - la plupart concentrés entre octobre et décembre, spécialement
en novembre, et effectués par des transporteurs de Trêves (83 taxations), Metz (49),
Thionville (20), Rettel (14) et Sierck (10)26 -, 54 impositions de harengs (maxi¬
mum de 284 tonnes et 12,9 % de la recette totale en 1525), 27 de foin, 23 de fro¬
mages, 19 de beurre et 13 de miel. Si ce n’est pour le dernier article, les Trévirois
en réalisent le plus grand nombre. Avoine, millet, pois, oignons, riz, guède, huile,
lard, œufs, cervoise, pain d’épice et cire n’apparaissent qu’occasionnellement, géné-
22 À propos de l’équivalence tonneau-pièce et de leur contenance, voir supra, p. 55, note 29.
23 21 chargements de vin (dont 16 en 1565) acquittent le contre-impôt au quartier de Thionville entre
1561 et 1571 (YaNTE, Réactions, p. 206).
24 Importance du commerce du vin à Trêves: MATHEUS, "Stadt am Fluß", p. 44. Voir aussi CLEMENS,
Weinstadt. - En 1535, des individus du pays de Trêves se portent acquéreurs de vins du domaine de
Sierck (ADMM, B 9363, f° 54v).
25 Achat par des Thionvillois, en 1508-09, de vins du pays de Hamm (YaNTE, Commerce, p. 26).
2fi Le compte du contre-impôt luxembourgeois au quartier de Thionville (1561-71) consigne la taxation
de 10 800 choux pommés (Id., Réactions, p. 207).
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