Full text: Le péage lorrain de Sierck-sur-Moselle

sements sidérurgiques à la fin du XIVe44. Sur l’Orne barroise, des "usines" fonc¬ 
tionnent dès la fin du XIIIe siècle44 45. Le fer et l’acier taxés à Sierck - respecti¬ 
vement 2 et 4 mentions - pourraient provenir de ces bassins, tout comme les poêles 
et peut-être certains articles figurant sous le libellé fort général d’ustensiles de 
ménage, voire de mercerie46. Quand on sait par ailleurs que la réputation de 
l’acier disponible à Thionville y attire en 1479 les maîtres de l’artillerie colonaise 
pour acheter des arquebuses47, on peut se demander, en dépit du décalage chrono¬ 
logique, si maître Johan l’armurier de Trêves ne serait pas venu y acheter les épées 
pour lesquelles il acquitte le droit à Sierck en 142648. 
En se gardant d’une énumération exhaustive des articles taxés à une ou deux repri¬ 
ses seulement, mention doit encore être faite de 3 impositions de peaux et surtout 
de 8 passages de nouvelles embarcations. Un seul cas est clair quant au sens de ce 
dernier trafic: le bac déclaré par Henkin de Yutz remonte le cours49. La question 
est beaucoup plus délicate à propos des 4 bateaux conduits par des Trévirois, les 
Lusschart et les Bungart50. À deux reprises, la taxation conjointe d’ardoises, pro¬ 
venant incontestablement des régions en aval de Trêves, incite à conclure à un 
mouvement en direction de Thionville ou de Metz. Les deux autres impositions 
frappent à la fois un nouveau bateau et des cabus (ou des cabus et des pois). Les 
localités spécialisées dans la culture des choux (Berg et Gavisse) se situant en amont 
de Sierck, on pourrait conclure à un trafic en direction de Trêves. Mais d’autres 
terroirs, en aval de Sierck, sont susceptibles de produire des cabus. L’existence de 
chantiers de construction navale est alors attestée à Trêves51, mais il n’est pas 
exclu non plus que des achats ou des ventes s’opèrent, ici ou là, en fonction des 
possibilités ou opportunités du moment. Les trois autres passages n’amènent aucun 
élément décisif52. 
44 GlRARDOT, Forges, p, 9; Yante, Luxembourg mosellan, sous presse. - Mention à Bucherbach 
(Sarre) en 1458-59 de fer acheté à Fontoy (HERRMANN, Saarburger Zollregister, p. 98, note 222). 
45 COLLIN, Aux origines; GlRARDOT, Forges, p, 8; ID., À propos d’un bail, p. 280-281. 
4fi Sur la très large gamme d’articles (habillement, passementerie, quincaillerie..) désignés sous le nom 
de mercerie, voir notamment DUPARC, Péage, p. 166-167; GUÉRIN, Péages, p. 238. 
47 KUSKE, Quellen, t. II, n° 786. 
4* 1426-27, 44. 
49 1424-25, 10. 
50 1424-25, 7; 1425-26, 10, 62 et 65. 
51 Au XIVe siècle, Trêves exportait des bateaux vers l’aval (MATHEUS, Trier, p. 49, note 85). Sur les 
chantiers établis dans la ville aux XVe et XVP siècles: Ib., p. 48; Id., "Stadt am Fluß”, p. 52-53; 
LAUFNER, 2 000 Jahre, p. 96-97. - Les comptes du domaine de Luxembourg mentionnent à plusieurs 
reprises, dans la première moitié du XVIe siècle, des réparations du bac de Remich ou la livraison 
d’un nouveau bac par des spécialistes trévirois: AGR, CC, reg. 6314 (1510-11), f° 38v; 6325 (1530- 
31), f° 45"; 6326 (1532-33), f° 43v, et (1536-37), f* 49v; 6327 (1539-40), f° 46f, et (1542-43), f° 
42"; 6329(1549-50), f° 41". 
Sur les chantiers de construction navale établis à Sierck dans le dernier quart du XVe siècle et la 
première moitié du XVIe, voir supra, p. 25. 
Aucun compte postérieur du péage sierckois ne consigne de taxation de bateau. 
5_ On ignore le domicile de Keynes le batelier (1426-27, 62). Les deux autres taxations sont acquittées 
par le fils du maire d’Eich (1427-28, 20) et Wirich de Gynningen (Guénange, 1427-28, 34). 
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