sage d’un habitant de Luxembourg et, en janvier 1428, la taxation d’une cargaison
appartenant à un mercier de Coblence23. On ne sait si les grains proviennent de
la région de Thionville (terres alluviales de la vallée ou marnes de part et d’autre
du "fossé"), s’ils ont été achetés à Metz ou dans le Pays messin, voire au-delà. Les
rapports de droits de Trêves, rédigés vers 1190, précisaient déjà les taxes perçues
sur les bateaux amenant des grains de l’amont24.
Au milieu du XIVe siècle, les Messins participent à un important commerce céréa¬
lier à destination des régions du Rhin inférieur. Vraisemblablement faut-il voir dans
ce négoce une des sources de la proverbiale richesse de la ville. Vers 1400, de dif¬
ficiles relations avec les pays rhénans limitent toutefois l’exportation des produits
agricoles vers ce débouché traditionnel25. Aucun Messin ne déclare des céréales
à Sierck dans les années 1424 à 1428. Mais, spécialement lors de mauvaises
récoltes et de cherté des grains, la Lorraine et le Luxembourg continuent à jouer
un rôle important dans l’approvisionnement trévirois. En 1433, alors qu’Ulrich de
Manderscheid assiège la ville et tente vainement de couper toute communication
avec la vallée mosellane en amont, des Trévirois achètent du blé à Thionville?6.
Quelques années plus tard, en 1446 et 1447, le Luxembourg interdit l’exportation
des grains vers l’aval mais des Thionvillois obtiennent des licences pour mener par
la Moselle des céréales et des pois vers les marches d ’Alemaigne27.
Tous les versants des côtes de Moselle ne sont pas également favorables à la viti¬
culture, mais rares sont les localités de la vallée et même de l’arrière-pays ne possé¬
dant pas quelques clos28. Il s’en faut toutefois que le passage des vins soit la
grande affaire au péage de Sierck: 23 taxations en un peu plus de trois ans, 82
pièces - environ 384 hectolitres29 - en 1426-27, un rapport constamment médiocre
(maximum de 4,1 % de la recette en 1426-27) et pas de véritable pointe saison¬
nière. Ce sont encore les Trévirois qui s’adjugent l’essentiel du trafic (12 taxations).
Les localités de la région (Metz, Thionville, Cattenom et Sierck) n’apparaissent
qu’une ou deux fois. Quelques transporteurs attestent un recrutement plus lointain:
23 Mené par Fugel, batelier de Cattenom (1427-28, 72).
24 RUDOLPH et Kentenich, Quellen, p. 5.
25 SCHNEIDER, Ville, p. 185, 213-214 et 406. - À plusieurs reprises, notamment en 1428, 1438, 1450
et 1492, les ducs de Lorraine interdisent toutefois la vente de céréales à des Messins (Id., Recher¬
ches, p. 14).
26 MATHEUS, Trier, p. 42-43.
27 AGR, CC, Acquits, n° 2130.
214 A propos de la difficulté de saisir la conjoncture viticole dans le Luxembourg mosellan dans la
première moitié du XVe siècle: Yante, Activité, p. 104-105; ID., Grains, p. 290.
29 De l’examen des comptes du péage sierckois, il ressort que l’on peut admettre l’équivalence pièce-
tonneau. D’après les recherches menées par MAGUIN pour la Lorraine centrale, la contenance la plus
fréquente du tonneau (ou de la queue) était d’environ 3 muids, soit 468,48 litres (Vigne, p. 61 et 63).
Mesures en usage pour le vin à Sierck en 1477-78:
1 foudre (ou charrée) = 10 muids
1 muid = 16 setiers
1 setier = 4 quartes
1 quarte = 2 pintes
(ADMM, B 9355, f° 46r).
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