Pour 109 taxations sur 114, est précisée ou peut être calculée l’importance des trou¬
peaux (tableau XXXII). 56 d’entre eux (soit 51,4 %) ne dépassent pas les 100 têtes.
18 taxations portent sur un maximum de 25 animaux et 35 sur un maximum de 50.
Une fois sur trois, les imposés déclarent entre 101 et 300 têtes, une fois sur dix
entre 301 et 500. Les passages records sont le fait, en novembre 1427, de Kaufman
d’Épinal acquittant un droit correspondant à 700 porcs et, en septembre 1425, d’un
groupe composé d’un marchand, sujet du sire de Firremberch (Vimeburg?), de bou¬
chers de Trêves et de deux pauvres hommes de Grimburg menant 900 bêtes9. Dans
le dernier cas, s’agit-il bien d’un seul passage? Par commodité, le receveur a pu
fusionner en un article unique plusieurs taxations perçues au cours d’une même
journée. D’une façon générale, on constate la coexistence de troupeaux relativement
restreints conduits par des éleveurs, des porchers ou de petits marchands locaux,
et d’autres forts de plusieurs centaines de têtes et appartenant probablement à de
grands marchands spécialisés.
Au cours des trois premiers exercices, les porcs interviennent pour environ la moi¬
tié de la recette totale (maximum de 53,2 % en 1425-26). Leur part baisse en 1427-
28 (20,3 %).
Faute de connaître la provenance et la destination des troupeaux, on a reporté sur
carte l’origine géographique des imposés (carte III). À côté de 36 localités mention¬
nées à une seule reprise et de 10 autres, deux fois, quelques unes s’avèrent jouer
un rôle régulier dans ce trafic. Avec 30 taxations, Metz vient très largement en tête.
Dès le XIIe siècle, le négoce de bestiaux constitue une des principales activités éco¬
nomiques de la ville. Pour l’alimenter, les Messins pratiquent l’élevage sur une
grande échelle. Lors de la crise du commerce local vers 1400, seul celui du bétail
demeure rémunérateur. Le recensement des domaines ruraux du patriciat en 1404
révèle encore un élevage porcin dépassant souvent les besoins de la maisonnée,
orienté dès lors vers l’approvisionnement urbain en salaisons ou vers l’expor¬
tation10. Des porcs se vendent également à la foire thionvilloise de la Sainte-Croix:
des individus de Boppard, Bemkastel et Trêves en déclarent 500 au retour de celle-
ci, le 15 septembre 142611. Les habitants d’une dizaine de villages au sud et à
l’ouest de Sierck, dont Monneren mentionné 7 fois, acheminent des produits de
l’élevage local. Des Trévirois interviennent à 8 reprises mais jamais, pour autant
qu’on en puisse juger, avec de nombreuses bêtes12. Des Rhénans de Sankt Goar,
Boppard, Coblence (5 taxations) et Andemach, des habitants d’Ahrweiler (11
impositions) et quelques individus des confins méridionaux de l’Eifel mènent
probablement des porcs lorrains. Cette provenance pourrait expliquer la présence
à Sierck de transporteurs d’Épinal (4 mentions), Nancy et Saint-Nicolas-de-Port. On
’ 1427-28, 56; 1425-26, 45.
10 SCHNEIDER, Ville, p. 173-174, 217, 400-401 et 406; ID., Recherches, p. 20.
11 1426-27,45. Autre taxation de 30 porcs, au retourde la foire de Thionville, le 14. IX. 1427 (1427-28,
38). - Sur la foire thionvilloise de la Sainte-Croix: Yante, Commerce, p. 16-18.
!î Les Trévirois achetaient pourtant des porcs au loin, ainsi à Francfort vers 1412 (LERNER, Bedeutung,
p. 211-212 et 216, note 37).
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