Des décalages chronologiques ainsi que de problématiques conversions monétaires
et métrologiques empêchent de comparer les droits exigés à Sierck avec ceux perçus
au poste luxembourgeois de Remich10.
La lourdeur du péage sierckois pour la batellerie mosellane est dénoncée dans le
rapport qu’Odot Viron et Jehan van den Dycke, conseillers et maîtres des comptes
à Bruxelles, déposent au terme de leur mission dans le Luxembourg en 1546. Les
transporteurs y paient, notent-ils, plus de droitz que il ne sont puis Trieves a Mectz
nonobstant que a leur jurisdiction (des ducs de Lorraine) en ladite Meuselle ne peult
estre que denviron demye lieue au long de ladite Meuselle encoires enclavé comme
il semble dedens le pays de Luxembourg11.
Mais le péage est-il acquitté par tous les chargements transitant par Sierck ou le res¬
sort de perception12? Tant sur le fleuve que sur les voies terrestres, des commu¬
nautés religieuses pourraient échapper - d’aucunes de fort longue date et en vertu
de privilèges impériaux de portée générale13 - aux droits exigés par les dynastes
lorrains. Les textes concernant des exemptions à Sierck ne sont pas légion. Le tarif
local de 1494 n’y fait aucune allusion. Invoquant la franchise dans les duchés de
Lorraine et de Luxembourg, l’archevêque de Trêves invite, le 10 août 1472, le
receveur sierckois à rembourser les droits indûment exigés de ses sujets de Pfal-
zel14. Dans la seconde moitié du XVF siècle, l’abbé de Saint-Mathias de Trêves
prétend également à la franchise pour les produits de ses domaines de Koenigs-
macker15. Par contre l’abbé d’Echtemach, Wynand de Gluwel, comptabilise
comme dépenses, pour les années 1441-1448, 1 fl. de theloneo in Syrco, Remich
et Macheren de frugibus adducendis16. Le fait que les péagers sierckois précisent,
en 1426, que Henne le foulon a acquitté le droit avant de devenir bourgeois de la
ville17, implique-t-il l’existence, à cette époque, d’exemptions au bénéfice des
bourgeois de la place ou, à tout le moins, des artisans locaux du textile? Dans le
Luxembourg, les ecclésiastiques, les nobles et les sujets du duché - pour autant
qu’ils mènent leurs propres marchandises et n’agissent pas en association avec un
10 Cf. Yante, Luxembourg mosellan, sous presse.
Deux tarifs n’accusant entre eux que de faibles variantes sont conservés pour le péage de Remich:
un texte allemand non daté que son éditeur situe aux alentours de 1500 (Wurth-Paquet, Table
chronologique, in: PSHIL 37 (1884), n° 288) et une ordonnance, en langue française, du Conseil
de Luxembourg du 18.1.1563 (VAN WERVEKE, Quelques détails, p. 93-96).
11 Cf. supra, p. 28, note 4.
12 Des exemptions sont attestées en de nombreux endroits. Voir par exemple Bienvenu, Recherches,
p. 226-227 et 230-238; FANCHAMPS, Étude, p, 247-254; Jappe ALBERTS, Rheinzoll Lobith, p. 34-
36. - Franchises au poste luxembourgeois de Remich: Yante, Fonction, p. 396.
13 À propos d’exemptions générales de tonlieu, cf. supra, p. 9.
14 Wurth-Paquet, Table chronologique, in PSHIL 34 (1880), p. 78-79, n° 329.
15 Stadtbibliothek Trier, ms. 1657/362: cartulaire de l’abbaye Saint-Mathias de Trêves (XVIIF siècle).
Requête de l’abbé de Saint-Mathias au duc de Lorraine et décision de ce dernier en date du
26.III. 1576.
16 UQB, t. X/l, p. 64, n° 57.
17 1425-26, 91.
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