Chapitre 3
Le péage de Sierck
Si l’on ignore la date d’instauration du péage de Sierck et, à l’origine, la nature
exacte du droit perçu, on sait que le duc Mathieu Fr de Lorraine (1139-1176) en
exempta les cisterciens de Villers-Bettnach, que l’imposition était levée en 1295
aussi bien sur le trafic terrestre que fluvial, enfin qu’il s’agit au XIVe siècle d’un
conduit, c’est-à-dire un impôt distinct des anciens péages, intégré souvent à ceux-ci
et rémunérant la protection, réelle ou théorique, garantie par le souverain aux mar¬
chands et transporteurs1. Jusqu’au premier quart du XVe siècle, les mentions du
poste sierckois ne sont guère nombreuses - une petite dizaine - mais suffisamment
régulières pour supposer l’existence ininterrompue de ce bureau au moins depuis
le milieu du XIIe siècle.
1. Ressort de perception
Un conduit s’exerce dans une zone déterminée. À une époque de grande mobilité
des itinéraires terrestres, les détenteurs et leurs préposés doivent être attentifs aux
mouvements du trafic et à la propension des voituriers à échapper à toute imposi¬
tion2. Des postes secondaires sont dès lors mis en place dans le ressort sierckois3,
plus précisément le long des routes reliant les vallées de la Moselle et de la Sarre:
les bureaux de Colmen et Schwerdorff sont mentionnés dès 1424, le second n’appa¬
raît plus au compte de 1481, un nouveau est attesté à Schônemberg en 1483, un
autre encore à Numen (Kirschnaumen ou Obemaumen) en 1530. La contribution de
ces filiales à la recette totale du péage s’avère fort variable (tableau XVI): 28,8 %
en 1424-1425, 43,5 % en 1481 (pour le seul bureau de Colmen), 23,5 % en 1483,
15,2 % encore en 1486, mais toujours moins de 10 % après cette date, générale¬
ment même moins de 5 %. La nature des articles taxés sur ces voies terrestres et
le recrutement géographique des transporteurs échappent complètement aux investi¬
gations car les comptes du péage consignent uniquement le rendement annuel ou,
dans le cas de Colmen (tableau XV), trimestriel du droit aux différents bureaux.
1 Cf. supra, p. 10 et 13-14.
2 La création de postes filiales sur les routes importantes rayonnant autour des points de perception
primitifs a été constatée dans de nombreuses régions. Voir notamment Imberdis, Routes, p. 97;
Bautier, Recherches, p. 104; YANTE, Le "haut conduit traversant", p. 318-319. - Le rapproche¬
ment s’impose aussi avec les circonscriptions "winagières" étudiées en Hainaut par GIRARD
D’ALBISSIN, Winages.
3 Le tarif du tonlieu de Siersburg (début du XVIe siècle) mentionne Biringen (A., Sarre, Kr. Saar-
louis, c. Rehlingen-Siersburg) comme limite du ressort sierckois (HERRMANN, Saarburger Zoll-
register, p, 117).
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