la Champagne les laines anglaises à destination de l’Italie, deux itinéraires traver¬
sant le Luxembourg gagnent en importance: l’un oblique en Ardenne vers les pays
de la haute Meuse; l’autre passe par Bastogne, Arlon et Luxembourg, franchit la
Moselle, atteint la Sarre près de Siersburg et, via Vaudrevange, Saint-Jean ou
Sarrebruck, Sarreguemines, Rimling et Ingwiller, se dirige vers Strasbourg32. En
1293, un marchand yprois s’engage à ne jamais rien réclamer à Ferry III concer¬
nant une amende de 40 livres qu’il a dû payer pour avoir transité par les terres du
duc, sans acquitter le droit, avec une cargaison de draps. L’intervention de l’abbé
de Rettel en qualité de sigillant permet de supposer un passage à proximité de
Sierck33. Au début du XIVe siècle, des Milanais empruntent la bretelle sarroise34.
Le lieu de traversée de la Moselle n’est pas clairement établi. Plusieurs ont pu exis¬
ter successivement ou simultanément. Sierck est mentionné comme limite pour le
conduit accordé, le 11 mars 1355, par le duc de Luxembourg, les comtes de Sarre¬
bruck, de Deux-Ponts, de Leiningen, de Sponheim et le seigneur de Hohenecken
aux marchands et voyageurs traversant leurs terres35, mais l’existence d’un bac n’y
est connue qu’à la fin du XVe siècle36 37. Encore faudrait-il savoir s’il permettait le
passage de lourds chargements. Schengen apparaît dans l'Itinéraire de Bruges31.
Un acte de 1386 porte sur la circulation entre Schengen et Limbach38. Les droits
des seigneurs du lieu sur le bac sont attestés à plusieurs reprises au XVe siècle39.
Enfin à Remich, le receveur domanial comptabilise en 1403-1404 les revenus du
thonneul, pescherie et bac ou nef de la rivière de Meus elle40. Cette dernière
infrastructure est régulièrement affermée dans la seconde moitié du XVe siècle41.
Même s’ils franchissent la Moselle en aval de Sierck, certains chargements peuvent
ensuite remonter le cours jusqu’à Apach d’où ils atteignent Siersdorf42, voire
jusqu’à Sierck.
32 Schulte, Geschichte, 1.1, p, 426-430; ZELLER, Ancienne voie, p. 291-300; H. HlEGEL, Châtellenie,
p. 449-455; DEROISY, Routes, p. 47-50; MARCHAL, Voies, p. 613-614; De CraeCKER-DUSSART,
Conduit, p. 352-359; ID., Grande route, p. 88 et 90-99.
33 MÜLLER, Quellen, p. 36, n° 46; SCHNEIDER, Ville, p. 187.
34 Deroisy, Routes, p. 43. - Sur les principales liaisons routières entre le Rhin et les régions de la
Moselle et de la Sarre: Herrmann, Handel und Verkehr.
35 De Craecker-Dussart, Conduit, p. 355-356 et 377.
36 Archives de la Ville de Luxembourg, compte de la baumaîtrie 1498-99, f° 44v. - Mention au début
du XVIIe siècle: H. et Ch. HlEGEL, Bailliage, t. II, p. 174, note 10. - Schwingel (Bedeutung, p.
568 et 578) renseigne les passages de Sierck et de Schengen.
37 Itinéraire de Bruges, p. 211. - D’après BAUTIER (Routes, p. 102), cet Itinéraire daterait des environs
de 1380 et non du XVe siècle.
38 PÖHLMANN et DOLL, Regesten, p, 313-314; PÖHLMANN, Geschichte, p. 98.
39 GÜTHLING, Urkunden, p. 274, n° 171; van Werveke, Chartes, n° 1320; Wurth-Paquetet VAN
WERVEKE, Archives de Clervaux, n° 985; WURTH-PAQUET, Table chronologique, in: PSHIL 30
(1875), n° 185.
4(1 ANP, KK 290, f° 13r. La localisation du bac à Remich même résulte de documents légèrement posté¬
rieurs (notamment van Werveke, Archives de Betzdorf, n° 130).
41 Y ANTE, Luxembourg mosellan, sous presse.
42 H. et Ch. HlEGEL, Bailliage, t. II, p. 176 + carte.
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