du conduit ne permet cependant d’assigner à la bourgade qu’un rayonnement stric¬
tement régional. Ferry III se réserve par ailleurs le droit d’admettre des Juifs25,
des Lombards et des Cahorsins qui pourront y gager et prêter et marchander selon
ce qu ’il [lui] plaira et monnayer pour faire de la monnaye. En fait, dès le règne de
Mathieu II (1220-1250), les séries monétaires lorraines attestent de l’activité de
l’atelier local26. Un artisanat textile est également bien présent: la charte de fran¬
chises stipule que les drapiers acquitteront deux deniers par pièce et que, sous peine
de confiscation, les draps seront scellés avant d’être attachés aux rames.
Outre la conjoncture générale propice à la multiplication des centres d’échanges
secondaires, deux facteurs concourent à l’essor sierckois à la fin du XIIF siècle et
au XIVe: une solide implantation viticole et la proximité d’une branche du nouvel
itinéraire terrestre entre la Flandre et l’Italie septentrionale.
À une époque où, avec le développement de l’écrit et à la faveur de la constitution
de patrimoines ecclésiastiques, les mentions de vignes se multiplient entre Metz et
Trêves27 28, cette culture constitue une composante importante du paysage sierckois.
En 1236, le duc Mathieu II qui vient de vendre à son beau-frère Henri de Luxem¬
bourg les droits futurs de son épouse sur Thionville, indemnise celle-ci en lui
constituant un revenu de 110 livres sur le chas tel de Sirkes et le bùrch et la
vigne...21. Quinze ans plus tard, la duchesse Catherine et son fils Ferry III
octroient à Henri, seigneur de Houffalize, une rente féodale de 2 charretées de vin
sur la vigne ducale29. Toujours par concession princière, l’abbaye de Villers-
Bettnach reçoit, en 1262, dix journaux de vignes dans le terroir30. La charte
d’affranchissement de 1295 stipule que, lors des vendanges, les bourgeois sont rede¬
vables au duc d’un muid de vin par journal de vignes31.
Alors que, dès le dernier quart du XIIF siècle, les guerres opposant souverains
anglais et français et l’établissement de nouveaux péages en France détournent de
25 On ne sait si des Juifs s’établirent à Sierek au moyen âge. La première mention d’une présence
israélite date de 1609 (Cahen, Juifs, p. 88; Id., Région lorraine, p. 79). Implantation attestée à
Rettel, tout à côté de Sierek, en 1308 (Fray, Communautés, p. 99 et 115, note 56).
26 DE SaULCY, Recherches, p. 27-28; HERMEREL, Numismatique lorraine. Essai d’attribution, p. 12;
ID., Numismatique lorraine. Les monnaies, p. 293.
Des monnaies ont également été frappées à Sierek sous le règne de Ferry III: HERMEREL,
Numismatique lorraine. Essai de classification, p. 31 et 36; libellé d’une somme, en 1294, en moneta
de Sierkes (UQB, t. V, n° 553) et, en 1295, en teilz deniers con on fait a Sierkes (t. VI, n° 575).
27 Carte du vignoble dans le Luxembourg mosellan entre 1200 et 1320 dans Yante, Productions, p.
201.
28 UQB, t. II, n° 309.
29 UQB, t. III, n° 82.
30 DE Wailly, Notice, p. 69-70, n° 83. Autres mentions de vignes à Sierek ou aux environs immédiats
dans les deux dernières décennies du XIIF siècle: ADM, H 479 (farde 1) et H 1714, f° 360r-361r;
BNP, Collection de Lorraine, vol. 976,1. Abbaye de Villers-Bettnach, n° 43; DE Pange, Catalogue,
n° 1012; UQB, t. V, n° 356; FLORANGE, Histoire, p. 16.
31 FLORANGE, Sierek, p. 407. - De plus ou moins longue date, des établissements religieux avaient
obtenu exemption de cens sur leurs vignes (Duvernoy, Catalogue, p. 289, n° 20^””; de Wailly,
Notice, p. 69-70, n° 83).
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