taxation unique frappant les différents articles27. Par ailleurs, alors que sont connus
de nombreux cas de détroussements, attaques de convois, détentions de transpor¬
teurs, prises de cargaisons et de chevaux, les archives comptables de cette époque
mentionnent peu d’indemnisations à des marchands, voituriers ou bateliers28. On
est vraisemblablement en droit d’admettre que, intégré au tonlieu, le conduit est
souvent devenu une simple taxe de circulation sans véritable contrepartie29.
3. Navigabilité, bâtiments et techniques de navigation
Les conditions naturelles, les bâtiments et les techniques de navigation sur le cours
moyen de la Moselle n’ont fait, à ce jour, l’objet d’aucune étude pour l’époque en¬
visagée.
Il faudrait savoir si les caractères hydrographiques et hydrologiques du fleuve ont
varié - et dans quelle mesure - entre les XVe-XVIe siècles et les grands travaux de
canalisation au début de la seconde moitié du XXe, si des altérations dues à l’action
de l’homme ont affecté le profil général et le débit de la Moselle, dès lors sa navi¬
gabilité30. Répondant à une question mise au concours de 1769 par la Société
royale des Sciences et des Arts de Metz, plusieurs mémoires dénoncent alors les
obstacles physiques à la navigation, notamment les confluences de ruisseaux - entre
autres à Sierck -, les migrations de méandres, des bancs de sable à Gassion et à
Mailing, des blocs rocheux dans le lit à hauteur de Berg et en amont d’Apach31 *.
À quoi s’ajoutent bien sûr les gels, débâcles, crues hivernales, inondations et séche¬
resses. Les comptes sierckois du XVe siècle et de la première moitié du XVIe révè¬
lent toutefois que, à une exception près, la batellerie ne connaît pas en quelque
vingt ans de véritable période creuse. Ce n’est qu’en 1494 que tout trafic est inter¬
rompu, dans la seconde quinzaine de décembre, à cause de la prise de la Moselle
27 Cf, infra, p, 29 et 30, note 9, - Allusion cependant au paiement d’un conduit pour les porcs dans le
tarif de Remich.
2S Yante, Luxembourg mosellan, sous presse.
29 Sur l’efficacité du conduit: De Craecker-Dussart, Évolution, p. 233-240. - À propos de la répara¬
tion des dommages: Doehaerd, Féodalité, p. 212-215.
30 La question de la navigabilité ancienne des cours d’eau a été posée par Arnould, Navigabilité. -
Sans ignorer les accidents géographiques mineurs provoqués par la dynamique fluviale, SUTTOR esti¬
me que, tout au long de la période historique, les caractéristiques essentielles de la Meuse moyenne
n’ont guère varié (Navigation, p. 31-33). Voir aussi Id., Conditions.
À propos des travaux exécutés pour améliorer la navigabilité des cours d’eau, voir notamment
SUTTOR, Navigation, p. 58; BILLOT, Chartres, p. 245; Bautier, Circulation fluviale, p. 10 et 24-26.
31 Cinq mémoires furent retenus et publiés: Mémoires concernant la Navigation des rivières de la
Province des Trois-Évêchés et le Commerce de la Ville de Metz, lus dans l’assemblée publique de
la Société royale des Sciences et des Arts de Metz, tenue le 18 novembre 1772, Metz 1773. Les
mémoires de Mathis et de Le Brun traitent plus particulièrement des obstacles physiques à la
navigation. Voir leur analyse dans STILLER et ANCEL, Thionville, p. 81-85, - Cf, aussi les considé¬
rations émises en 1803 par le premier préfet de la Moselle, COLCHEN, Mémoire statistique du Dépar¬
tement de la Moselle, adressé au Ministre de l’Intérieur d’après ses Instructions, Paris an XI (mention
dans STILLER et ANCEL, Thionville, p. 93-96).
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