Ière partie
Le péage de Sierck et ses comptes
Chapitre I
La navigation mosellane entre Metz et Trêves
La batellerie mosellane des XVe et XVIe siècles est l’héritière d’une longue tradi¬
tion. Au Bas-Empire, époque où Metz possédait un collège de nautae mosallici, la
rivière était utilisée pour le transport des vins, de la poterie, des draps, du sel du
Saulnois et des pierres de construction, et servait au flottage de résineux1. Les
écrits de Grégoire de Tours narrant l’aventure d’un Trévirois venu par bateau ache¬
ter du sel à Metz2 et ceux de son contemporain Venance Fortunat décrivant le
voyage sur la Moselle, au départ de Metz et en direction d’Andernach, du roi Sige-
bert Ier et de son fils Childebert3 attestent la survie du trafic fluvial au lendemain
de l’effondrement du limes rhénan et de la mise en place d’une économie
domaniale. À l’époque carolingienne, de grandes abbayes de la région (Echtemach
et Prüm) et les églises cathédrales de Metz et de Trêves obtiennent des exemptions
générales de tonlieu4.
La chronologie d’apparition des péages entre Metz et Trêves, la protection garantie
par les dynastes de Luxembourg et de Nancy aux marchands et transporteurs
empruntant la voie d’eau, la navigabilité de celle-ci, les bâtiments et les techniques
de navigation, enfin la conjoncture du trafic fluvial aux XVe et XVIe siècles retien¬
dront successivement l’attention.
1. Multiplication des péages
Le péage le plus ancien entre Metz et Trêves est levé à hauteur du palaîium impé¬
rial de Thionville. Le 22 mars 900, Louis IV l’Enfant en exempte les hommes du
chapitre cathédral de Trêves, privilège confirmé à l’archevêque Poppon par l’empe¬
1 Sur la navigation mosellane au Bas-Empire, voir notamment KEUNE, Verkehr; CARREZ, Circulation;
Toussaint, Metz, p. 198-199; Etringer, Aus der Geschichte, p. 9-12: Stiller et Ancel, Thion¬
ville, p. 9-19; Ternes, Vie quotidienne, p. 216.
2 GRÉGOIRE DE TOURS, De virtutibus sancti Martini episcopi, p. 206.
3 VenantiuS FORTUNATUS, De navigio suo, p. 242-244.
4 MRUB, t. I, n° 12, 24, 73 et 101; Wampach, Geschichte, t. 1/2, n° 131 et 138; SCHNEIDER, Ville,
p, 179; Stiller et Ancel, Thionville, p. 23.
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